Chroniques: mots et expressions de tous les jours (1)

2 septembre 2010

Comme un retour. J’avais un peu délaissé cette page ces derniers temps, tiraillé par mille (pré)occupations. J’avais même songé mettre fin à cette petite aventure d’écriture et fermer ce blog. Mais le plaisir de partager quelques réflexions, même de manière épisodique, a été plus fort que tout. Et , je reviens donc…

 

Dans les 5 prochains textes, je vais publier quelques chroniques que j’ai intitulé mots et expressions de tous les jours. De quoi s’agit-il? De mots, expressions, phrases, entendus çà et là, tous les jours. Des mots et expressions récurrents que vous aussi, vous avez déjà « croisés », sans doute.

 

D’abord je m’explique sur l’initiative. Je ne cherche pas à faire le maître d’école, je ne suis pas non plus un censeur des mots et expressions comme Caton l’Ancien était, dans la Rome antique, celui des moeurs. Je recherche juste le plaisir de partager quelques bons mots. Bénéficiant d’une double formation de Lettres et de presse, j’ai toujours souhaité combiner les deux influences dans une seule et même activité. Et comme mon emploi actuel ne m’en donne pas trop l’occasion, cette page est l’espace idéal où « expérimenter » cette initiative. En clair, il s’agira de commenter, analyser ou corriger des mots et des expressions employés tous les jours dans un sens pas tout à fait exact et que, toi, moi ou d’autres ont envie de voir disparaître.

Cas 1: « Assis-toi »

C’est une expression de plus en plus à la mode.  Qui ne l’a pas encore entendue dans la bouche d’une maman, d’un papa ou d’un aîné demandant, sur le ton de l’ordre, à un enfant un peu turbulent de se calmer et de poser son « derrière dans sa poussette ou sur une chaise »? Dans les transports en commun, au parc de loisir, dans les maisons… »assis-toi » est partout. Elle est utilisée avec une facilité et une assurance certaines (même parfois chez des gens au langage plutôt correct), et pourtant, elle est fausse. En effet, l’expression juste ou plutôt les expressions justes (puisqu’il en existe deux dans ce cas) seraient plutôt « assois-toi » ou « assieds-toi ». Parce que le verbe Asseoir ou s’Asseoir se conjugue ainsi à l’impératif (qui est le mode de l’ordre, en vigueur dans les situations décrites plus haut) même si la forme de conjugaison en « ie » et « ye » (c’est-à dire dans sa formule « assieds », « asseyons ») tend à disparaître.

Pourquoi ceux qui l’utilisent le font donc? « Il sonne bien »,  m’a répondu une connaissance, familière de l’expression. D’autres habitués de cette expression ont sans doute d’autres explications; je ne suis pas aller les recueillir toutes; mais je peux me risquer à ces interprétations: Il y’aurait sans doute une facilité à opérer ce choix parce que beaucoup de personnes le disent sans être corrigées; les formules correctes ayant un air un  peu rébarbatif et donc très peu employées, on opte donc pour la facilité.

D’autre part, il doit aussi y avoir une confusion dans l’esprit de ceux qui l’emploie; en effet ils pensent que la construction morpho-syntaxique de l’ordre pour le cas de ce verbe, se fait à partir de l’adjectif « Assis », (antonyme de « Debout » dans l’expression courante « debout – assis ») auquel il suffit juste de rajouter le pronom « toi ». Certes la tentation est grande de faire ce choix, mais à réfléchir un peu, on constaterait aussi que, « assis », c’est le verbe asseoir au passé (simple, composé…); or pour beaucoup de verbe de ce type (3e groupe en oir) l’impératif se construit sur la base du verbe conjugué au présent de l’indicatif auquel on adjoint le pronom personnel (toi, nous, vous)  équivalent. Ainsi par exemple, pour Voir ou se Voir, on aura « Vois-toi » et non « Vu-toi », ou encore pour Recevoir, « Reçois-toi » au lieu de « Reçu-toi »; et bien d’autres cas encore. Donc, dire « assis-toi », c’est non seulement faux, mais si on change « assis par un autre verbe de la même catégorie, c’est très mal sonnant; essayez de répéter « Vu-toi »…

La dernière explication que j’ai imaginée pour cette fameuse expression « assis-toi », c’est que, peut-être dans l’esprit des gens, il s’agit du verbe « assire »? Comme il existe aussi le verbe « croiver » dans  une autre expression fort récurrente du moment « …ils croivent que… »? Ce sera l’objet de deuxième post.

Koulsy Lamko: Biographe de Sankara et dramaturge de la révolution burkinabé

6 juillet 2010

 

Koulsy Lamko aimait beaucoup Thomas Sankara. Il l’avait bien connu. Il l’avait fréquenté et était même devenu son ami.  c’était dans les années 80. le jeune Koulsy, originaire du Tchad, était alors étudiant à l’université nationale du Burkina Faso. Il avait obtenu une bourse offerte par le président Sankara à tous les étudiants (qu’ils soient nationaux ou étrangers). A la mort de l’ancien président burkinabé, Koulsy Lamko a décidé de lui rendre hommage. Et donc, pour célébrer un ami aussi cher, il fallait bien un hommage bien particulier. Ce fut donc un livre. Une pièce de théâtre plus précisément.

Ndo Kela est le nom de cette pièce. Elle porte en sous-titre « l’Initiation avortée« . Si Ndo Kela (titre dans la langue de l’auteur) n’évoque pas grand chose de connu, le sous-titre en revanche est à lui tout seul, un véritable programme. Koulsy Lamko a sans doute choisi cette expression en appoint de son titre pour certaines raisons;  la première étant d’apporter au titre, une information supplémentaire plus accessible. La seconde, c’est précisément de comprendre par les mots qui constituent ce sous-titre qu’on aura une histoire (perceptible via le substantif Initiation), mais une histoire inachevée  voire malheureuse (entérinée ici par le qualificatif Avortée) .

Ainsi donc, dès la première de couverture, l’auteur a voulu  indiquer le sens ou plutôt la direction vers laquelle son histoire s’orientera: l’échec. Ainsi, il ne sera donc pas difficile de deviner que la trame de cette pièce renvoie à une histoire inachevée, inaboutie, négative… Cet inachèvement étant matérialisée , nous l’avons dit plus haut, par le qualificatif  épithète « avortée ». Quant au nom pivot du syntagme nominal (« l’Initiation »), il réfèrera à un apprentissage, une formation, une  éducation Au final, on aura donc affaire ici au récit, ou plutôt, à la mise en scène (genre théâtral oblige) d’un apprentissage de la vie d’un personnage ou d’un groupe, qui s’arrêtera de manière précoce, prématurée. A la lecture de la pièce, vous arriverez sans doute à cette conclusion. La même que nous avons eue.

Pour renforcer notre opinion sur ce livre, nous avons consulter des ouvrages et textes annexes. Les notes paratextuelles que nous avons trouvées disent que Ndo Kela est un hommage à Thomas Sankara. Elles disent aussi que, dans ce livre, l’ancien président burkinabé est fictionnalisé à travers le personnage de Sankadi. »l’Initiation avortée » serait donc la sienne? Assurément. Mais celle de Sankara ou de Sankadi? Nous dirons celle des deux. Car, si Sankadi, est bien un simple être de papier, il n’en demeure pas moins que, dans l’esprit de l’auteur et de ceux qui ont lu cette pièce, il est avant tout un calque , une reproduction de Sankara. Dès lors, la lecture de Ndo Kela se révèle être la lecture d’un compte-rendu de la révolution burkinabé, vue à travers celui qui en fut son personnage principal; c’est-à-dire Thomas Sankara. Les autres personnages qui l’accompagnent (Sou, Tadegui…)? Eux aussi sont des références des compagnons de route Thomas Sankara.

Au final, Koulsy Lamko n’aura rien inventé dans cette pièce. Tout au moins dans le contenu de l’histoire. C’est tout simplement une transcription de l’histoire -quasi- réelle d’un personnage hors du commun (Thomas Sankara) et d’un système (la Révolution burkinabé). Mais le génie de Koulsy Lamko, outre de raconter des anecdotes de l’intérieur, c’est de mettre en mots, avec une musicalité agréable, une empathie de personnages, et, sur scène (pour ceux qui ont eu la chance de voir une représentation de la pièce), une solennité dans le discours et les propos… Bref il a mis son talent à créer de l’originalité et de la passion sur la vie et l’oeuvre de Thomas Sankara. Ce qui est un véritable chef d’oeuvre.

Pour en savoir plus sur l’auteur, consultez cette adresse http://www.lesfrancophonies.com/maison-des-auteurs/lamko-koulsy  

 

Karen Blixen, fermière africaine

4 juillet 2010

 

Voici un livre à lire. La ferme africaine, que j’ai terminé il y a quelques jours est un ouvrage fort intéressant que je recommande au plus grand nombre d’entre vous. Il y a là, un condensé de romantisme, d’invitation au voyage et à l’aventure, mais aussi d’exploration d’une région, d’un peuple, d’une personne, au travers de ses activités quotidiennes. On est aussi aux confluents de la littérature, de la sociologie de l’histoire aussi et de la géographie. Bref c’est un livre (presque) encyclopédique… 500 pages de récit rythmé et qui tiennent en haleine; à chaque page ouverte, on a envie d’arriver à la suivante.
Paru en 1937 sous la plus de Karen Blixen, une écrivaine danoise, La ferme africaine est connue par beaucoup comme étant le film qui a inspiré le film Out of Africa (1985). Je n’en parlerai pas, car je ne l’ai jamais vu. par contre le livre je l’ai bien lu, et j’ai savouré. J’ai apprécié cette relation d’amour qui lie l’auteure au continent noir et qui transparaît tout au long du texte. J’ai aimé aussi la précision, la rigueur avec laquelle elle narre les différents éléments qui lui viennent à l’esprit; que ce soient les paysages, les peuples, les rites, les animaux…

 

Il y a chez même chez l’auteure un grand attachement pour les indigènes (noirs). de cet attachement naît une fascination comme lorsqu’elle affirme au début du livre « Dès que j’ai connu les noirs, je n’ai eu qu’une envie, celle d’accorder à leur rythme celui de la routine quotidienne que l’on considère souvent comme le temps mort de la vie ». Mais l’attachement lui impose aussi une franchise dans certains de ces jugements qui est touchante, même si, aujourd’hui, ils feraient bondir les défenseurs de la cause noire. Par exemple, elle les trouve anti-animaux: « En général, les Noirs n’ont guère des sentiments pour les animaux… » (p58). Pire même, elle fait voler en éclat la belle idée de solidarité et de compassion entre Indigènes, car pour elle « les Noirs ont une tendance naturelle et irrépressible à se réjouir du malheur d’autrui, ils éprouvent une véritable joie quand quelque chose tourne mal… » (p55).

 

Mais toutes ces idées ne la rendaient pas moins amoureuse du continent et très proche de « ses » domestiques. Avec une attention particulière pour les jeunes garçons dont un certain Kamante, qui « l’accompagne » tout au long du roman. On notera aussi les moments de complicités avec d’autres indigènes, notamment au moment de la cente de sa ferme.

Au final, ce roman livre un message sur l’humanisme. Celui d’une femme amoureuse de l’Afrique, amoureuse du monde. Il y a d’autres enseignements que La ferme africaine véhicule.C’est à chacun d’aller les découvrir. Bonne lecture

Halte au « Négriers du foot »

26 mai 2010

 

Elle a franchi une nouvelle barre. Et d’une manière fracassante. L’ancienne championne d’athlétisme franco-camerounaise Maryse Ewanje-Epée vient de publier un livre[1] coup de poing qui dévoile des coulisses d’un des aspects encore méconnu mais non moins dangereux du football : le trafic des jeunes footballeurs mineurs du continent africain vers l’Europe. Le message principal du livre est le suivant : beaucoup d’enfants sont extirpés du continent à un âge très jeune, par des pseudo-managers, avec la complicité des familles et de nombreux intermédiaires (dont les autorités administratives et sportives) pour venir tenter de faire une carrière sportive en Europe. Au bout du voyage, les réussites se comptent sur les doigts de la main, les échecs en revanche, par centaine voire par milliers. Comment s’organise cette traite ? Qui en sont les tenants, les bénéficiaires et les victimes ? Qu’arrivent-ils à tous ceux qui voient leur rêve se briser ? Ce sont-là quelques-unes des questions que l’ancienne recordwoman française de saut en hauteur (depuis reconvertie dans la communication et le journalisme) se pose et apporte certaines réponses.

Parmi celles-ci, elle prône une meilleure gestion des dossiers sportifs dans les fédérations nationales en Afrique, dont certains des dirigeants sont le plus souvent les premiers à offrir les documents nécessaires pour la sortie du pays ; avec la complicité des services de police et d’établissement de documents de voyage. En outre, elle interpelle les familles qui, de manière naïve ou pas, sont toujours prête à « confier » leur enfant au premier « agent » venu leur faire miroiter une carrière en or pour leur rejeton. Enfin, exiger des agents de recrutement de clubs européens qui « prospectent » partout dans le monde les futurs stars du ballon, des pratiques responsables et respectueuses de la vie de ces jeunes (en leur assurant par exemple une formation dans le cas où leur carrière sportive ne pourrait pas se faire). Bref, selon elle, il faut casser cette dynamique de trafic qui, à ce rythme-là, et au regard des conséquences, constitue un préjudice pour chacun de ces enfants, leur famille, leur pays et même tout le continent.

La publication de ce livre tombe bien dans le timing ; il arrive en effet à quelques mois de la 19e Coupe du monde de foot qui se déroulera en Afrique du sud. Ce sera la première sur notre continent, particulièrement atteint par le phénomène que décrit le livre de Mme Ewanje-Epée et dont elle s’insurge. Cette compétition devrait donc être une occasion, entre les coups de sifflets des matchs, les ateliers culturels et autres manifestations organisées, de poser les jalons voire de trouver des solutions à ce problème, qui, à terme, risque de devenir un véritable fléau sur le continent. D’autant plus que, le trafic des jeunes du continent vers l’Europe ne touche pas que les jeunes footballeurs, mais aussi désormais ceux d’autres sports ou même ceux n’ayant aucun rapport avec le sport. Mais là on tombe dans un autre problème, celui de l’immigration des jeunes du Sud vers le Nord et de la gestion des flux migratoires. Tout un programme.

 



[1] Négriers du foot, Maryse Ewanje-Epée, Paris, Editions du Rocher, Mai 2010,

l’Affaire mutations deux ans plus tard

9 décembre 2009

L’AFFAIRE MUTATIONS : Deux ans plus tard

Durant les mois de juin et juillet 2007, déclenchait « l’affaire Mutations », du nom d’un important quotidien camerounais. A l’époque, voici ce que j’avais publié (http://aubingeorges.unblog.fr/2007/07/23/ou-va-mutations/). Deux ans plus tard, je m’intéresse de nouveau à ce sujet. Qu’est devenue cette affaire ? Qu’a-t-elle entraîné comme répercussions dans le paysage médiatique du pays ? Que sont devenus les principaux protagonistes ? Cette affaire a-t-elle livré tous ses ressorts ? Ce sont-là quelques-unes des questions auxquelles je vais essayer de répondre.

S’il est une des prédictions que je faisais, et, en réalité, que je craignais, c’est que l’affaire Mutations n’entraîne dans ses dégâts la mort de ce journal. Dieu soit loué, une telle catastrophe n’est pas survenue. Car si Muta avait disparu à la suite de cette crise, cela aurait été une vraie Catastrophe, tant ce journal est important dans le paysage médiatique du pays. Evité la disparition, il n’y a eu « que » scission de l’équipe, ce qui peut ressembler à un moindre mal par rapport à ma crainte initiale. Bien plus même, de cette scission, est né un autre titre, Le Jour, un journal venu enrichir les rangs des quotidiens nationaux. Ce journal a été lancé par Haman Mana (voir interview à venir), l’ancien directeur de Mutations, suivi dans cette nouvelle aventure par certains anciens collaborateurs. En résumé, d’un seul journal, on est passé à deux. En effet, après quelques jours de balbutiements au plus fort de la crise (avec notamment la décision des deux équipes de publier leur journal sous le même titre Mutations, ou encore la judiciarisassions de l’affaire) les choses se sont arrangées par la suite. Désormais, chacun vit sa vie désormais. Avec plus ou moins de réussites et de joies. Nous n’avons pas tous les détails précis concernant chacun de ces titres (bilans financiers, audience quotidienne, statuts et traitements des salariés…). Mais à en croire leur principaux dirigeants et des observateurs avertis de l’univers médiatique local, ces deux quotidiens se portent plutôt bien aujourd’hui ; c’est l’une des bonnes choses issues de cette crise. A vrai dire même la seule même.

Aujourd’hui, plus de deux ans après, a-t-on suffisamment de recul pour disséquer les éléments ayant entraîné cette affaire ? Quelles erreurs, individuelles et collectives, ont poussé à la crise ? Quelles furent les conséquences ? Quels enseignements les uns et les autres en ont tirés ? Difficile d’avoir ici toutes les réponses. Une chose est certaine néanmoins ; dans ce pays, l’affaire Mutations aura dénudé notre belle profession. Elle avait donné à voir une guéguerre détestable entre journalistes où, dans des tribunes et autre interviews, l’insulte le disputait à l’invective, à la menace et autres calomnies. L’on avait pu apprendre que certains des protagonistes de l’affaire s’en voulaient à mort parce que, les uns comme les autres, ils avaient transformé des activités de plume (leur boulot de base) en activités de rente, où seule la recherche du profit et l’enrichissement comptait.

D’autre part, cette affaire avait aussi inhibé pendant un moment la presse dans son ensemble dans son rôle de 4e pouvoir face aux puissances administratives et politiques, qui, dans ce pays, n’en manquent pas une pour fustiger les « journaleux ». Le cadeau de la discorde, de l’embrouille, de la « guerre » qui avait été offert aux politiques était trop beau pour qu’ils ne s’en saisissent pas pour, sinon attiser les flammes, du moins moquer voire humilier notre profession. Quelle crédibilité pour les journalistes à pointer les travers des députés, les escroqueries des Directeurs généraux ou la duplicité d’opérateurs économiques sans scrupules, alors que précisément dans le même temps, eux-mêmes déversaient sur la place publique leurs habitudes en matière de gestion pas toujours irréprochables ?

Aujourd’hui, la tempête est passée. Mais le vent doit continuer de souffler, en interne du moins, pour les principaux protagonistes de cette affaire qui doivent sans doute regretter un tel gâchis. Mais il faut croire aussi que, au-delà des batailles de personnes et autres problèmes nés de cette affaire, dont nous avons parlé plus haut, la crise du journal de
la Rue de Repiquet restera gravée dans les annales. Si à l’avenir, une autre entreprise de presse connaissait pareil tumulte, nul doute que les chroniqueurs et analystes des médias ne manqueront pas de rapprocher ces faits avec ceux de Mutations. Un précédent fâcheux donc que chacun de ceux qui ont été plongés au cœur de cette affaire devra apprendre à gérer. En espérant que ce ne soit pas un boulet ni un mistigri

PS : Contactés par nous à s’exprimer pour enrichir cette « suite de l’affaire », certains n’ont pas répondu ; d’autres en revanche font encore attendre leur réaction. Je vous les ferai partager dès que possible.

REACTIONS: ci-joint un extrait de l’échange (par courriel) que j’ai eu avec Haman Mana à propos de cette « affaire »

-          Quels étaient les principales raisons ayant causé la crise de votre ancien journal? 

 

Je crois qu’en tant que professionnel, j’avais atteint la phase de saturation dans un système (que j’ai moi même bâti) et j’avais besoin d’autres défis, d’autres perspectives. Mes associés et partenaires ne me les offraient plus. il fallait donc que chacun prenne sa route… 


- Quelle est à ce jour la situation de « l’affaire Mutations » (suites judiciaires, professionnelles, humaines…)? 

 

Les suites judiciaires? Je n’en sais rien. Mais les suites humaines sont perceptibles. Il y avait de belles amitiés dans l’équipe Elles en ont souffert. Le traumatisme et les commotions ont été forts. 


- Avec le recul, ne fallait-il pas que cette situation arrives pour vous (et les autres collègues qui vous ont suivi) permettre d’aller vers un nouveau challenge (Le Jour)? 

 

Avec ou sans recul, cette situation était absolument nécessaire. Tout le monde en a profité. D’abord pour se remettre en question, ensuite pour pouvoir repartir sur autre chose. Le nouveau challenge dans lequel Nous nous sommes engagés parle de lui-même. Et il y a d’autres horizons à conquérir encore… 


- Quels enseignements le milieu de la presse et celui des medias en général ont tiré de cette affaire? 


Les enseignements que je tire de cette affaire, c’est qu’il y a de la place dans l’univers médiatique Camerounais pour les projets où il y a du souffle. Contrairement à ce que tout le monde dit, C’est encore ouvert, pour toutes sortes d’expériences, de folies et de rêves

Origine et identité

25 novembre 2009

Origine et identité. Voilà qui pourrait être un très beau sujet de réflexion dans plusieurs disciplines (littérature, sociologie, psychologie, philosophie…). Sans doute, beaucoup de grands penseurs se sont intéressés, de manière séparé ou jumelé à ces notions. 

Quelle est la part de l’origine (ethnique ou raciale) dans l’identité des individus? Peut-on être ou se définir indépendamment de ses origines? Y’a t-il possibilité d’échapper ou de renoncer, ou même de refuser une part ou tout de son origine? Ce sont quelques questions qui me sont venues sur ces notions. et ces interrogations sont parties de l’actualité récente autour de la romancière Marie Ndiaye, Prix Goncourt 2009 pour son ouvrage Trois femmes puissantes. 

Petit rappel. Marie Ndiaye est une écrivain française. Née d’un père sénégalais et d’une mère française, elle a été élevée par cette dernière, en France, après que son géniteur ait quitté sa femme et ses enfants pour retourner vivre au Sénégal. Marie avait alors Un (1) an. de ce père, elle dit ne rien garder, n’avoir que peu de souvenirs. Du pays et du continent duquel il vient, elle ne dit ne pas connaître grand chose. Son univers à elle, affectif, instructif éducationnel a été celui de sa mère, issue elle-même d’une famille de la campagne française. Marie s’est donc construite dans ce contexte-là, avec des valeurs, des références, des réalités hexagonales, franchouillardes mêmes. Ce sont ces valeurs là qu’elle transmet sans aucun doute à ses enfants. Ce sont également ces références qu’elle dit consigner dans ses ouvrages; c’est enfin la réalité de
la France des villes, de la banlieue, de la campagne qu’elle dit raconter. Bref Marie Ndiaye dit qu’elle est française, simplement française et seulement française. 

Pourtant, comme une provocation, une bonne partie de la critique littéraire, certains journalistes aussi, l’assimilent régulièrement à l’Afrique. « Auteur franco-sénégalaise » parfois, « écrivain d’origine africaine » écrit-on là-bas. Pourquoi? Parce qu’elle s’appelle Ndiaye et qu’un tel nom ne peut provenir ni du Cantal, ni de Bretagne, ni de Provence…? Parce qu’elle a le teint métissé? Parce que certains des personnages de ses romans s’appellent Khadi, Fanta ou encore Nora? Certes, ces raisons pourraient permettre de valider l’étiquette africaine qu’on lui colle. Mais, en France comme ailleurs, peut-on se fonder sur de seuls arguments pareils pour classifier un auteur voire tout simplement un citoyen? Est-il possible d’attribuer une origine (synonyme d’identité) à un individu à partir d’éléments qu’il juge lui-même extérieurs à sa vie, à son identité? Enfin, peut-on contraindre quelqu’un à porter une origine contre son gré? 

Les réponses à ces questions ne sont pas simples. Marie Ndiaye s’appelle précisément Ndiaye et pas De Charette ou Lemonnier; en cela elle ne peut reprouver l’africanité de son nom, à défaut d’être celui de sa personne. De même, grâce (ou à cause?) de la nationalité de son père et partant, de son teint métissée, difficile de nier une autre part d’Afrique en elle. de même aussi, pourrait-on dire que, situer des scènes certains de ces ouvrages en Afrique (Dakar dans Trois femmes puissantes) et « affubler » certains de ces personnages de patronymes exotiques, concourent également à porter l’Afrique. Marie Ndiaye a donc beau refuser d’être une fille africaine, elle a beau ne pas avoir l’Afrique au cœur, mais ce continent est dans ses gènes. Bien plus que dans ses gènes même, il est dans son être, dans son identité. Qu’elle le veule ou pas, qu’elle le revendique ou non, les éléments susmentionnés le démontrent. 

Et si ces éléments ne suffisent pas, des gens sont là pour lui rappeler cette réalité. A preuve, un fameux député de la majorité française -Eric Raoult, pour ne pas le nommer – qui lui conseilla, sur fond de remarque nauséabonde, un « droit de réserve » dans ses réactions publiques. Une remarque teintée de paternalisme et même de discrimination. En effet, en s’attaquant à elle, et en la mettant en parallèle dans la même phrase avec « Noah Yannick et Lilian Thuram », ce monsieur a tout simplement signifié qu’elle n’était à considérer que par la couleur de sa peau (les deux autres personnages cités dans la même phrase étant aussi « de couleur »). Bref, en l’attaquant de la sorte, cet élu UMP a choisi, de façon euphémique, de lier l’origine de Marie Ndiaye à son identité. Une preuve de plus que, bon gré mal gré, ces deux notions font bien souvent, trop souvent même, chemin ensemble.  

 

 

Omar Bongo: Géant en politique, nain en littérature

29 août 2009

Omar Bongo est mort le 8 juin 2009. Il y a bientôt 3 mois. Si Hampâté Bâ était encore vivant, sans doute qu’il aurait utilisé à son sujet sa citation restée célèbre, « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Cette citation, serait allée comme un gant à l’ancien président gabonais. A l’heure où, aujourd’hui, ses compatriotes votent pour lui élire un successeur, que reste t-il d’Omar Bongo? Quel souvenir garder de lui? Quelle image retiendra t-on de lui? Avant sa mort, et dans les jours qui ont précédé celle-ci, de nombreuses voix se sont fait entendre, au niveau local et international, pour dire qu’Omar Bongo Ondimba était « un grand homme d’Etat », « un fin stratège en diplomatie », un « Géant politique en Afrique ». Sans doute, ses jugements provenaient du fait que l’homme aura passé les trois-quarts de sa vie sur terre à la tête de son pays; soit 42 ans. Plus de Quatre décennies donc à présider, avec ce que cela comporte de prestige, de simplicité et toutes les facilités que cela procure. 

Bongo a théorisé et pratiqué jusqu’à l’extrême
la Jouissance du pouvoir. Arrivé aux affaires à 32 ans à peine (âge où beaucoup commencent juste leur vie professionnelle), il aura eu tout le temps pour se construire la réputation qu’il s’est construite. Franc-tireur, homme d’une grande générosité et d’une grande largesse avec les deniers publics, il a transformé son pays en grand village dont il était le chef. Et ce, pendant 42 ans. Durant ce temps, il aura connu vu naître et mourir des générations de gabonais, dont la majorité vivait dans la plus grande pauvreté. Il aura été aussi par exemple le « collègue » de tous les présidents de
la Ve République en France (De Gaulle, Pompidou, VGE, Mitterrand, Chirac, Sarkozy). Il a été, dit-on, un négociateur infatigable ainsi que le facilitateur attitré dans de nombreux conflits sur le continent (Biafra, RCA, Côte D’Ivoire, Madagascar…). En France, avance t-on, sa générosité et ses largesses financières ont assuré le financement des campagnes électorales de plusieurs partis (Droite comme Gauche). Sur le plan intérieur local, il a partagé le « gâteau » (entendez les finances publiques) avec presque toutes les tribus ou clan de
la République, avec qui il avait tissé soit un lien de cousinage, soit un lien d’affaires. Bref, il aura occupé tout l’espace public dans son pays et une bonne partie ailleurs. Normal donc que, en retour, il ait bénéficié de tous les compliments sur son action publique, et qu’on lui ait érigé une stature de « Baobab, Géant, Mythe, ou même Légende de la politique africaine ». Bref un surhomme. 

Mais, hors ce plébiscite de sa dimension politique et diplomatique, faites par les journalistes et autres analystes des affaires publiques, que retiendra  par exemple la littérature d’OB? Quelles images et représentations, en fiction notamment, a t-on ou aura t-on de lui? Je m’interroge sur cet aspect parce que je sais que, dans la constitution des images surhumaines (mythe, légende…), la littérature joue un rôle majeur. Il peut s’agir d’un personnage de la mythologie, mais aussi d’une personne issue du milieu public (politique, sport, show biz). La littérature va parfois forger l’image en la construisant sur la bases d’éléments inventés, soit en empruntant aux éléments réels pour en faire une fiction. Le but ici étant, non pas de reproduire fidèlement ou infidèlement l’histoire de la personne représentée, mais d’en présenter une autre facette, et surtout, d’être un document fiable, témoignant de la personne illustrée pendant de longues années encore après sa mort. Des exemples nombreux existent dans ce cas. Ailleurs dans le monde et même en Afrique aussi. Par exemple, autour d’Ernest Guevara, le « Che », s’est constituée toute une fiction littéraire. Dans une moindre mesure, Patrice Lumumba, Thomas Sankara sont à classer dans la même catégorie. Mais pas Omar Bongo. 

Mes recherches, à ce jour, ne m’ont rien révélé de ce côté. Passons sur les biographies littéraire romancées qui ressemblent plus a des livres « sur commande », voire des tracts de propagande qu’à des ouvrages à la littérarité affirmée. Ses actions en politique, dans les affaires, en dans les domaines diplomatiques et économiques ont bien été passées narrer par quelques thuriféraires. Comme un certain Josué Koloko, qui a publié, à compte d’auteur, deux livres aux titres étonnement louangeurs:  El Hadj Omar Bongo ou l’art et la manière de gouverner le Gabon et El Hadj Omar Bongo Ondimba, un bilan inégalé, une histoire exemplaire. Hors cet auteur, citons aussi deux livres écrits par deux anciens protégés d’OB; Une éthique du pouvoir : l’art politique d’Omar Bongo Ondimba, de Guy Nzouba-Ndama et, Omar Bongo Ondimba l’insoumis. Livre I, Le rêve d’un nouvel ordre international pacifique et consensuel de Grégoire Biyogo.  

Ces ouvrages ne feront pas oublier qu’aucun auteur sérieux n’a jamais utilisé la figure d’OB comme personnage principal ou même secondaire d’une fiction. Aucun roman, aucun recueil de poèmes ou de nouvelles, aucune pièce de théâtre d’envergure. Les écrivains de fiction l’auraient-ils snobé? Son personnalité n’était-elle pas transformable en personnage? Ses nombreux « faits d’armes » et le rayonnement qu’on s’est accordé à lui attribuer, ne suffisaient-ils pas à constituer la trame d’une véritable oeuvre de fiction (littéraire ou cinématographique)? Pour l’heure, la réponse à ces différentes questions est négative. Comme une (ultime?) preuve de son insignifiance, de sa petitesse… Lors des obsèques d’OB, de nombreux gabonais étaient inconsolables. Certains ont versé beaucoup de larmes sur celui qu’ils appelaient « papa bongo ». Mais avec le recul, et eu égard à ce qui précède, sur quoi ou qui pleuraient-ils? Sur le « Géant de la politique » ou sur le « nain de la littérature »? Sur son image policée et dithyrambique construite par les journalistes politiques ou sur sa non-image chez les écrivains?   

 

 

Des mots pour dire Bonne fête maman

7 juin 2009

C’est la fête des mères aujourd’hui. Partout, les gens rivalisent d’ingéniosité pour trouver les bons mots à adresser à leur mère. Quand ils ne le trouvent pas mots, ce sont les objets -je ne veux pas dire « cadeaux »- qui remplacent les bons mots. A tort, assurément. Car, encore une fois, cette initiative magnifique qu’est la fête des mères, beaucoup en conviendront, est complètement noyée dans une surenchère matérielle, de sentiments extérieurs, de faux semblants; de paraître… 

Et pourtant, les mots pour dire « Bonne Fête Maman « existent. Ils sont personnels, ils doivent venir du fond du cœur. Et, avec de l’amour, chacun doit pouvoir trouver ces mots qui sont plus justes que les bouquets de fleurs, plus tendres des les colliers, plus réconfortants que tout autre cadeau. Et s’il y en avait qui n’arrivait pas à entendre ses mots internes, ou à les mettre en verbes, alors il pourrait toujours faire recours à la littérature. 

En effet, de nombreux écrivains ont mis au cœur de leurs ouvrages l’image de la mère; ils ont célébré la « mère créatrice », « la mère nourricière », « la mère attendrissante », « la mère protectrice » et bien d’autres expressions tant à propos. Pour ma part, j’ai retrouvé un grand classique du genre. L’Enfant noir de Camara Laye. Je cite ici l’entièreté de l’introduction de ce roman paru en 1953. 

A MA MERE 

Femme noire, femme africaine, ô toi ma mère, je pense à toi… 

O Dâman, ô ma mère, toi qui me portas sur le dos, toi qui m’allaitas, toi qui gouvernas mes premiers pas, toi qui la première m’ouvris les yeux aux prodiges de la terre, je pense à toi… 

Femme des champs, femme des rivières, femme du grand fleuve, ô toi ma mère, je pense à toi… 

O toi Dâman, ô ma mère, toi qui essuyais mes larmes, toi qui me réjouissais le cœur, toi qui patiemment supportais mes caprices, comme j’aimerais encore être près de toi, être enfant près de toi! 

Femme simple, femme de la résignation, ô toi, ma mère, je pense à toi… 

O Dâman, Dâman de la grande famille des forgerons, ma pensée toujours se tourne vers toi, la tienne à chaque pas m’accompagne, ô Dâman, ma mère, comme j’aimerais encore être dans ta chaleur, être enfant près de toi… 

Femme noire, femme africaine, ô toi, ma mère, merci; merci pour tout ce que tu fis pour moi, ton fils, si loin, si près! 

  

Ses mots se passent de commentaires. Ils sont beaux, justes. Un tel hommage, qui ne Ne serait pas fier de le dire à sa mère? Camara Laye avait su les dires en son temps. Et pour ne pas les garder pour lui, il nous les a laissé en « cadeau ». C’est ce genre de cadeau qu’on devrait offrir à nos mères en ce jour si symbolique, mais aussi si important. 

  

PS. Je fais une invitation à lire l’Enfant noir. 

 

 

Pari pour l’information sur la Culture africaine

5 juin 2009

 

On peut se risquer de l’affirmer. « La culture est l’avenir de l’information ». C’est-là une assertion que beaucoup de médias partagent aujourd’hui et feront encore dans les années à venir. Ils le feront d’autant plus que les autres grands sujets de l’information que sont la politique, l’économie et le sport n’auront plus le vent en poupe. Notamment la politique qui, tous les jours, démontre qu’il y a un énorme décalage, un fossé même entre ses acteurs principaux et les citoyens ordinaires. Quant au sport, à moyen terme, les affaires de dopage auront raison de lui, et les belles histoires de « champions » narrées en boucle à la télé, à la radio et dans les magazines, n’émouvront plus personne. Sur l’économie, il y a pas trop de crainte car elle ne sera jamais un sujet grand public ; trop abstrait, trop loin des gens aussi. Il y aura donc de la place pour la culture, la culture encore et encore.

 

Ce constat a déjà été fait par les grands médias des pays européens. Ils ont bousculé leurs grilles de programme pour y introduire beaucoup plus de culture. Des émissions sur les festivals et les sorties littéraires, des chroniques brèves (entre deux émissions) sur des œuvres d’art célèbres, des biographies littéraires dans des émissions d’informations et bien d’autres formats encore. Certes, ces programmes ne sont pas toujours du qualitatifs et relèvent même plutôt du sensationnel et de la télé-réalité. Qu’importe, ils ont déjà le mérite d’exister et, au fil du temps s’améliorent.

 

Si ces bonnes résolutions ont été prises en Europe, dans les pays du Sud, les médias tardent encore à emboiter le pas. Que ce soit dans les médias basés sur place ou ceux qui émettent ou sont publiés depuis l’étranger (les grandes capitales européennes). En clair, tous ces médias se refusent jusqu’ici à tenter le pari du « plus de culture », ou le remettent à plus tard. Il est vrai que beaucoup d’entre eux cherchent encore leur place dans la jungle médiatique existante. Et, que la mesure de leur rôle n’est pas trouvée non plus. En outre, ils manquent  aussi de volonté et surtout de moyen à investir dans ce secteur qu’on n’a jamais pris très au sérieux sur le continent. Mais, pourrait-on déclarer, il est temps aujourd’hui de se lancer. D’embrasser sans crainte le challenge de la promotion et de la culture africaine. C’est une urgence, un impératif même. Le public local ainsi que celui de la diaspora est demandeur ; notamment les jeunes.

 

Apprendre à connaître les auteurs du continent, ceux qui ont donné leur lettres de noblesse à la littérature africaine, et tous ceux qui aujourd’hui encore publient des romans des poèmes et des pièces de théâtre. Découvrir des auteurs inconnus ou des genres littéraires considérés comme mineurs, tel le Mvet ; zoomer aussi sur l’art, la sculpture et même le cinéma de chez nous. Faire confronter les influences de la littérature africaine sur le développement du continent, ou encore confronter ce que peuvent apporter nos domaines culturels à la vie quotidienne des africains… les thématiques sont peut-être floues pour l’instant, mais elles peuvent être affinées, discutées. Ce sont-là autant de sujets qui devraient être pris en compte par nos médias. Et les proposer au public.

 

Mettre les cultures du continent au cœur de l’information africaine est un projet que je formule depuis toujours et que j’envisage de réaliser. L’occasion ne m’a pas encore été donnée d’y parvenir. J’ai proposé une collaboration en ce sens à une jeune et prometteuse chaîne panafricaine. J’ai essayé d’expliquer les ressorts de ce projet et surtout de montrer ses nombreux avantages. Malheureusement, les dirigeants de cette chaîne n’ont pas jugé bon de tenter l’expérience. J’essaierai de le leur proposer de nouveau, avec de nouveaux arguments, avec des éléments palpables et concrets. Mais aussi et surtout, je ferai vivre cette idée sur ce blog, dont j’espère qu’il deviendra dorénavant une référence en matière de promotion et de valorisation et d’information sur
la Culture africaine.

Dieu et La religion, refuges des grands délinquants?

11 mai 2009

« Dieu et la religion, nouveaux refuges des grands délinquants et autres criminels » C’est du moins ce qui peut ressortir de l’observation d’un certains nombres d’ « Affaires » qu’on a pu observer dans les médias ces derniers temps. Comme par exemple le procès du dénommé Youssouf Fofana qui s’est ouvert il y a deux semaines. D’emblée, une scène est venue, sinon corroborer, du moins aller fortement dans le sens de l’assertion citée plus haut. Cette scène n’est pas passée inaperçue, et, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas échappé à ceux qui suivent ce procès. mercredi 29 avril, au premier jour de son procès, le dénommé Youssouf Fofana, a lancé « Allah Akhbar » (Dieu est grand) en entrant dans la salle d’audience. Comme une affirmation de sa foi? Ou tout simplement comme une rengaine de tous ceux qui savent que, perdus d’avance à cause de leurs actes, ils n’ont plus qu’à convoquer Dieu? Ce sont-là deux hypothèses que nous allons essayer d’analyser, en prenant appui sur l’histoire de ce jeune homme. 

Fofana est jugé en ce moment avec une vingtaine d’amis ou connaissances pour le meurtre d’Ilan Halimi. Ce dernier, jeune homme de confession juive, avait été enlevé en 2006 par un mystérieux « gang de barbares », dirigé par Youssouf Fofana. Battu, humilié, bref torturé de la pire des façons, Ilan Halimi est mort après avoir été relâché par ses ravisseurs. Cette histoire sordide a traumatisé toute
la France entière. Depuis mercredi dernier donc, le procès des auteurs présumés de cette tragédie s’est ouvert. La justice devra déterminer les responsabilités des uns et des autres, les mobiles du crime, les répercussions et conséquences aussi. 

Comme je l’ai indiqué plus haut, au-delà de l’aspect purement technique du dossier Fofana, il est intéressant d’analyser l’aspect « divino-religieux » qu’il essaie lui-même d’introduire dans ce procès qui devait être jugé uniquement dans ses connotations de crime crapuleux et/ou antisémite. Il s’est donc présenté un « combattant de l’Islam et d’Allah ». Invoquer Dieu comme il l’a fait, renseigne au moins déjà sur le fait qu’il en connaisse l’existence, qu’il l’invoque à son secours et même qu’il aide à se sortir des entrailles de la justice. Dès lors, quand il crie  »Allah Akhbar », il espère donc atteindre les triples objectifs sus-cités. Mais on peut se demander s’il avait la même connaissance de Dieu au moment d’ourdir son projet? Se pensait-il encore  »enfant de Dieu » quand lui et ses amis administrait des humiliations et des tortures innommables au jeune homme qu’ils ont séquestré? Le Dieu qu’il invoque  désormais de manière aussi tonitruante, était-il présent dans sa vie au moment où, après avoir accompli son forfait, il s’était enfui, et, bien pire, avait revendiqué son acte, nargué la justice et la famille de sa victime? A toutes ces questions, on peut répondre par la négative. 

Ce genre d’attitude qui consiste à convoquer la providence (quelques soient les religions) est désormais commune de beaucoup de grands délinquants. Certes on la retrouvait déjà chez les brigands de l’époque de Christ; le plus emblématique ici étant celui qui était à la droite de Jésus lors de sa crucifixion et qui, en demandant à ce dernier « d’intercéder pour lui auprès du Père, tentait ainsi de gagner la rédemption à la dernière minute, ou encore  »voler le ciel » dans un dernier acte de pénitence. Cette tradition, si on peut ainsi la nommer, s’est poursuivie durant de nombreux siècles. 

Aujourd’hui aussi, on l’observe donc. En effet, il n’est plus rare de croiser des petits ou grands voyous se déclarer « combattants de Dieu » et justifier leurs bêtises par son service. Plus loin encore, ils sont nombreux également ceux qui, après avoir été pris dans les rêts de la justice font la même démarche. Mais dans un monde de plus en plus sécularisé, où la recherche de Dieu et l’adhésion aux religions sont déjà quasiment taboues chez nombre de personnes, y a t-il un sens réel à ces phénomènes? Peut-on faire grâce à ceux qui en appellent à la clémence divine pour s’excuser, ou justifier, ou revendiquer leurs délits? Quelles attitudes adopter, quand on est juge, ou simple spectateur, de ce type de situation? Si pour les juges, ils doivent appliquer
la Loi et rien que
la Loi, pour les citoyens, ne faut-il que vilipender, agonir, condamner? Par exemple, sans le dédouaner, par son invocation de la « grandeur de Dieu », Fofana pourra t-il trouver grâce aux yeux de certains? La famille Halimi, et notamment sa mère qui se revendique comme pieuse et très pratiquante, pourra t’elle entendre ce cri, et, sans le dédouaner, accorder une quelconque mansuétude? Etant donné que, dans toutes les religions, dans tous les textes sacrés, le pardon est un sujet qui est recommandé aux Hommes (le Christ conseille par exemple qu’il faut pardonner 77 X 7; en d’autres termes toujours).   

La religion, Dieu même aussi, serviront toujours de paravent, voire de refuge à tous ceux qui veulent donner un sens certain ou contraire à leurs actes. Pour ceux dont la vie est sans difficultés comme pour ceux qui sont en galère; pour ceux qui vivent décemment et dans le respect des autres, comme pour tous ceux qui commettent forfaits et crimes. On peut le regretter ou s’en féliciter. Qu’importe, c’est une évidence. 

 

 

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