Les textes choisis pour la Célébration Eucharistique aujourd’hui (Hébreux 12, 18-24; Ben Sirac 3, 17-29; Evangile de LUC 14, 1-14) révèlent tous une idée essentielle de notre condition humaine: l’Humilité. Qu’est-ce-que l’humilité? Quel sens lui donner dans notre monde d’aujourd’hui?
D’abord un petit rappel étymologique: le terme humilité est à rapprocher du mot humus, qui en est la source étymologique, et qui a donné par ailleurs le terme homme. Cela semble signifier que l’humilité consiste, pour l’homme, à se rappeler qu’il est poussière (ou littéralement : « fait de terre », c’est-à-dire de la matière la plus commune). Cela semble indiquer aussi que l’humilité est une attitude proprement humaine : et de fait, si l’homme n’est pas le seul être dont on puisse dire qu’il fut tiré du limon, il paraît bien être le seul à le savoir.
Dans la Bible, et précisémment dans les textes d’aujourd’hui, l’Humilité est présenté comme la principale force du chrétien. Elle lui donne toute sa plénitide, car, le Sage (Ben sirac) la préconise dans son texte. Le Christ en fait de même dans le texte de Luc; Il va prendre son repas chez le chef des pharisiens. On se souvient aussi que dans d’autres passages, il dialogue avec une prostituée, il recommande de tendre la deuxième joue après que la première ait été frappée, il se fait aussi le serviteur de ses disciples et des hommes et femmes qui le suivent. Les exemples sont nombreux pour montrer que le Fils de Dieu a voulu que personne ne soit mis à la marge ou rejeté définitivement, quelque soit ce qu’il a fait. En cela, il a donné tout son sens à l’humilité; mieux même, « il a incarné l’humilité ».
Depuis toujours, pour le chrétien et même pour d’autres croyants et non-croyants, l’humilité est une des choses que les Hommes recherchent à atteindre. Mais parfois en vain. L’Homme n’y arrive presque jamais; pourquoi? Est-ce, par faiblesse? Par renoncement? Se peut-il que notre condition humaine s’améliore si l’humilité devienne la chose du monde la mieux partagée, contrairement au bon sens cartésien?
Personnellement, je n’en sais rien. Mais une intuition me fait croire que si l’homme actuel, s’attache moins à la matière, croit moins que la vie est éternelle, donne un autre sens à « profiter de la vie » que celui de faire la fête, verse moins dans la course effrénée à la matière et aux choses qui passent, bref devient plus humble, alors certainement que notre monde sera meilleur.
Pour « rendre l’homme meilleur », certains penseurs avaient cru bon de faire le procès de l’humilté. Nietzsche par exemple considérait en gros que l’humilité était une invention de la Religion pour ramollir l’homme. Que l’homme humble était forcément l’homme soumis, dépendant et faible. Au contraire de quoi, lui proposait la « volonté de puissance » (ce que certains appeleraient aujourd’hui le volontarisme), seule capable de produire des hommes fiers, debouts, insoumis, forts; en clair des « surhomme ». On sait ce que cette « théorie du surhomme » a joué dans l’idéologie nazie. Que ce soit dans son élaboration, sa propagande que sa mise en acte.
Pour rendre l’homme meilleur aujourd’hui, que faut-il, si ce n’est l’Humilité?
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