Emigrer en France: bientôt le test génétique pour les africains?

Ca devient une obsession. Le sport favori de quelques illuminés de la politique française, qui, faute de pouvoir mener à bien les affaires internes de ce pays pour lesquels ils ont été élus, ont choisi de faire diversion (au mieux) ou de taper sur des faibles (au pire) afin de faire l’actualité et de montrer que « les choses vont bouger » selon l’expression-culte consacrée désormais pour renseigner la volonté et l’action politique des gouvernants français. La dernière trouvaille de ces « élus du peuple », c’est la « traque » des immigrés africains vivant ou désireux de vivre en france. Il faut tout faire pour empêcher l’africain demandeur de visa pour la France d’y arriver un jour. Pourtant, celui-ci n’avait déjà pas la tâche facile quand il souhaitait rejoindre l’hexagone: on lui demande une batterie de documents dont l’utilité de certains n’a jamais été démontrée. Bien plus, il y’avait déjà les tracasseries liées à l’obtention d’un rendez-vous dans les consulats français en Afrique, les cautions financières exorbitantes, les difficultés à trouver un certificat d’hébergement ou d’accueil en France, et bien d’autres encore. Désormais, en plus de tout ceci, il devra en outre « subir » un test ADN s’il veut venir en France dans le cadre du regroupement familial.

C’est la proposition faite par le député UMP Thierry Mariani dans un texte qui a été voté à la commission des lois de l’Assemblée nationale le 12 septembre. Ce texte sera débattu plus tard, en même temps que d’autres amendements relatifs au énième projet de loi proposé sur l’immigration en France. Je dis bien le énième parce que depuis 2002 et le retour de la Droite au affaires, plusieurs textes ont été votés pour « réguler » et « maîtriser » l’immigration en France. Pratiquement chaque année, il y’en a un, nouveau, ou « réchauffé » (amendé), qui est mis sur la place publique. Sans jamais faire le bilan de l’efficacité ou non du précédent les ministres de l’intérieur qui se sont succédés depuis mai 2002 (en fait il y en a eu que deux, Nicolas Sarkozy pendant 4ans et Dominique de Villepin, 1 an), n’ont fait qu’empiler les textes, dans le seul but avoué que de créer les conditions légales pour bouter hors d’ici ceux qui y vivent mal, ou ceux qui veulent venir. A t-on jamais fait le bilan de cette politique depuis cinq (5) ans? S’est-on jamais demandé, par une étude au cas par cas (qui est possible dans ce pays) qui de ces « hors-la-loi » était utile à son niveau à la France? A t-on cherché à orienter, discuter, proposer à ces « gens » des conditions d’épanouissement personnel ici (par la régularisation puis le travail dans le cadre d’un contrat qui leur ferait, à la fin de leur boulot rentrer chez eux avec un peu d’économies)? S’est-on jamais posé la question de savoir si, le « clandestin », après avoir été régularisé ne devenait pas plus un atout, une chance pour la France (pas tous certainement, mais en terme de pourcentage)? Enfin pourquoi n’a t-on jamais voulu suivre l’exemple de ceux des pays qui régularisent en grand nombre ceux qui chez eux travaillent déjà, même si c’est dans la clandestinité, et qui, dès lors, contribuent à l’essor économique du pays dans lequel ils vivent? Autant de questions dont les réponses sont simples et pratiques, mais que personnes, surtout pas les dirigeants actuels ne veulent aborder.

  

Revenons à cette nouvelle choc de Test ADN ou test génétique (c’est selon) dont nous parlions en début de texte. Son initiateur, cité plus haut, affirme que, ce procédé va permettre de traquer la fraude importante qu’on observe dans les documents des demandeurs de visa qui viennent en France au titre du regroupement familial. Il avance pour preuve un argument du rapport d’un sénateur UMP qui affirme que « 30 à 80% en des actes d’états civils fournis dans certains pays d’Afrique (subsaharienne) sont frauduleux ». Et, puisqu’on ne peut pas toujours vérifier l’authenticité de ceux-ci, alors, l’une des solutions « fiables » dit-il, pour savoir si par exemple, un enfant qui désire rejoindre des parents en France est bien leur fils, il faut lui « demander de réaliser à ses frais, un examen génétique montrant son lien de filiation avec ceux-ci ». Poursuivant son argumentaire, et, question de lui ajouter un zeste d’humanité, le député en question avance que « cela fera gagner du temps à ces demandeurs de visa familial qui attendent souvent plus d’un an pour qu’on étudie leur dossier, alors que là, au bout de 2 semaines, les résultats sont connus ».

La proposition du député Mariani, on le devine bien, arrive dans un contexte où, le moins qu’on puisse dire, le nouveau pouvoir en place a décidé de partir à la chasse des immigrés clandestins (particulièrement les africains), et de durcir (le mot n’est pas assez fort) les conditions d’entrée des étrangers en France. Nous ne reviendrons pas sur tous les textes et mesures, en ce sens, qui ont été mis en place ces dernières années. Nous insisterons tout simplement sur le fait que, coïncidence (?), cet amendement arrive sur la place publique au lendemain du jour où le ministre de l’immigration a convoqué certains préfets pour leur rappeler de pratiquer plus d’expulsions d’étrangers en situation irrégulière. Cette recommandation, on s’en souvient, était une promesse de campagne du candidat Sarkozy. Il avait exprimé le voeu de reconduire chaque année un nombre important d’étrangers vers leur pays d’origine; pour cette année 2007, le chiffre a été fixé à 25 000. Et l’année prochaine, il sera augmenté, et après encore plus, et toujours plus encore… Jusqu’où? Ceci est un autre sujet que nous aborderons en temps opportun.

La coïncidence que je soulignais tout à l’heure (réunion des préfets et proposition Mariani) ne doit rien au hasard. Elle est une action commandée en haut lieu pour faire oublier les premières difficultés du nouveau gouvernement dans sa gestion des affaires publiques. En quelques semaines effectivement, quelques couacs sont venus troubler la tranquillité et le ronronnement qu’on observait depuis la fin des législatives et qui se sont poursuivis tout au long de l’été. En vrac, on peut citer les ratés diplomatiques (la sortie maladroite de Bernard Kouchner sur le remplacement du Premier ministre irakien, ce qui lui a valu de s’excuser publiquement auprès des autorités irakiennes pour cette immixtion dans leurs affaires internes), le décollage toujours attendu de l’économie, la stagnation du taux de chômage. Bien plus, sur le plan de la sécurité, quelques « affaires » sérieuses comme l’agression sexuelle d’un mineur à Roubaix dans le Nord par un pédophile multirécidiviste, et, aussi, les affrontements entre « bandes » de jeunes (majoritairement originaires d’Afrique, certes) et le meurtre d’un épicier en banlieue parisienne, ont fait rappeler que la baisse de la délinquance et de l’insécurité, annoncée en grande fanfare en mai, n’était peut-être qu’un slogan de campagne. On ajoutera à cela les quelques querelles de personnes entre le Président et son premier ministre, ou encore entre certains ministres entre eux sur des sujets qui pourraient passer pour secondaires, mais dont la médiatisation les a rendus important.

Tout ceci donc ne rend pas le climat de rentrée favorable au pouvoir en place. Et, question de faire oublier cela, ou de les reléguer à l’arrière plan, on assiste donc à une « offensive » sur un sujet qui qu’on juge extérieur, mais dont l’impact dans l’opinion est toujours important. Et c’est ainsi donc que, en l’espace de quelques jours, l’immigration refait surface en première ligne dans l’actualité en France. On ne redira jamais assez que, il est, sinon malsain, du moins complètement stupide de toujours attaquer cette question de cette manière; c’est-à-dire en stigmatisant l’étranger, en le faisant passer pour un fraudeur et un tricheur invétéré. La lecture entre les lignes de la proposition du député Mariani montre en effet que, la quasi-totalité des africains qui sollicitent un visa pour regroupement familial sont des fraudeurs. Et pour cela il faut les tester comme des cobayes pour savoir s’ils disent vrai sur leur filiation ou pas. Peut-on pratiquer, je dirai même proposer cela à d’autres immigrés venus d’ailleurs? Certainement pas. En outre, une telle pratique est contraire à la loi française; l’article 16 du Code civil indique en effet que « l’étude génétique des caractéristiques d’une personne ne peut être entreprise qu’à des fins médicales ou de recherche ». La demande de visa ne fait donc pas partie des situations dans lesquelles le test génétique peut être pratiqué. En outre, comme l’indique un député opposé à cela, « ne le pratiquer que sur les africains, laisserait croire qu’on veule procéder à un fichage ethnique ». C’est peu dire, au regard de tous ce qui est déjà pratiqué sur les immigrés ou les originaires d’Afrique subsaharienne en France. 

Il faut donc espérer désormais que, lorsque ce texte sera débattu en séance plénière à l’assemblée nationale, qu’il soit purement et simplement rejeté. Car, il est contraire à tous les principes éthique, pratique… Car, également, s’il venait à être entériné, alors il deviendrait un précédent qui pourrait, à l’avenir, inspirer d’autres pratiques du genre, où, par exemple, on demanderait, non plus au demandeur de visa cette fois-là, mais à toute personne de faire un test génétique pour justifier que l’enfant qui porte son nom et qu’il élève légalement est bien le sien.

Une réponse à “Emigrer en France: bientôt le test génétique pour les africains?”

  1. anne dit :

    Ce Monsieur s’était deja illustré l’an dernier en suggérant d’instituer un « dépistage » des comportements délinquants, on ne change pas une equipe qui gagne ! ;(

    pour le despistage des cons : c’est ici, va y avoir du boulot et pas qu’au bureau !
    http://www.travailleravecdescons.com

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