Un test qui passe mal. Pour l’instant c’est ce qui ressort des différentes réactions enregistrées au sujet d’un amendement à la nouvelle loi sur l’immigration en France, prévoyant de « proposer » à des candidats au regroupement familial un test ADN pour prouver leur filiation. L’amendement en question, déposé par le député Thierry Mariani a déjà été voté (en même temps que le reste du texte) à l’Assemblée nationale, le 20 septembre dernier. Mais il devra encore passer par le Sénat pour un autre vote, et enfin, ce sera au Conseil constitutionnel de l’approuver, le modifier ou le rejeter.
Mais dores et déjà, le sujet déchaîne les passions, comme, du reste, c’est souvent le cas lorsqu’on parle d’immigration dans ce pays. La classe politique dans son ensemble est bouleversée par ce sujet, et, une fois n’est pas coutume, les oppositions d’opinion ne se font pas qu’entre majorité et opposition, mais aussi entre membres d’un même camp. C’est notamment le cas à Droite. Le parti de Nicolas Sarkozy (l’UMP) ne parle pas d’une seule voix sur ce sujet. Certes les voix discordantes sont, en nombre, beaucoup plus faibles que ceux qui soutiennent le texte de loi et son fameux « test ADN ».
Plusieurs députés de la majorité se sont exprimés pour dire, leur gêne face à ce qu’ils considèrent comme une mesure « contraire à la morale », pour certains ; pour d’autres, « instaurer aux étrangers un test ADN pour prouver la filiation, c’est leur imposer quelque chose qu’on ne s’impose pas à nous même. Car en France, ce n’est pas la biologie (le test ADN) qui fonde la filiation, mais plutôt des éléments sociaux et administratifs ». D’autres encore sont allés beaucoup plus loin dans leur condamnation du texte, en dénonçant le fait que ce serait « une mesure discriminante et humiliante pour les étrangers qui veulent venir chez nous ; car on les postule au préalable comme des fraudeurs, qui, doivent faire un test ADN pour prouver leur filiation ».
Bien d’autres arguments encore ont été avancés dans le sens de refuser cet amendement. Ce qui n’a pour l’instant pas beaucoup ému ses partisans, parmi lesquels le président Sarkozy ; ceux-ci avancent comme principaux arguments pour le soutenir, le fait que, d’une part, c’est « un moyen sûr et qui en plus fera accélérer la procédure pour beaucoup de candidats au regroupement familial » ; d’autre part, c’est une mesure qui est déjà applicable dans un grand nombre de pays européens, et, «
la France aurait tort de ne pas la tester » a par exemple dit le ministre chargé du dossier Brice Hortefeux.
Pour l’instant, rien n’est donc tranché dans l’opinion. Le sujet anime bien la rentrée politique et médiatique. Tous les jours, une chronique, une tribune ou un point de vue d’un homme politique, un leader associatif, un psychiatre ou psychanalyste, vient enrichir ce débat. Si on était sur le terrain sportif, on dirait que le match est serré, mais il y a un certain avantage des adversaires au test ADN. Néanmoins, la partie est loin d’être terminée. Car, après la première manche qui a eu lieu à l’assemblée, il faut attendre la deuxième manche qui se tiendra au Sénat. Elle sera décisive, avant le round final du Conseil constitutionnel. Qui, en dernier lieu donc, dira si, en plus de toutes les mesures déjà en vigueur, il faut également « proposer » le test ADN à ceux qui veulent venir en France.
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