Après la victoire d’une équipe, le partage des lauriers entre les joueurs. Après la battue des chasseurs, le partage du gibier aussi. Après un casse, le partage du butin entre les malfrats. Après la victoire électorale, le partage des postes de « mangeoire » entre « camarades ». Ces équations sont connues. Elles sont aussi vieilles que le monde, et, de tout temps, les humains y ont souscris. Dans la société actuelle, personne n’y déroge. surtout pas dans le dernier cas cité. En effet, les succès électoraux permettent toujours à ceux qui ont gagné (partis, coalition, associés…) de s’arroger le « gâteau » et de se le repartir, morceaux par morceaux, souvent jusqu’au miettes.
En Afrique, l’Equipe victorieuse (très souvent le parti au pouvoir) est souvent constituée de militants du partis, qui, dans leur majorité, ne sont en fait que tous les fonctionnaires (des grands directeurs aux simples agents de l’Etat), les hommes d’affaires (des rentiers pour la plupart), les petits opportunistes, les « opposants » retournés (qu’on ne voit qu’en période électorale), mais surtout tous les « frères » du village. Ces derniers, qu’ils soient actifs ou pas, qu’ils aient un emploi ou non, ils ont toujours le bon réflèxe de voter pour le « frère » du village. Celui dont on leur aura dit à l’avance qu’il va résoudre tous leurs problèmes: chômage, électricité, eau, établissements scolaires, hôpital, terrain de foot… Parfois, pour ces petites gens, leurs récompenses, après qu’ils aient voté en masse pour ce « frère », est une récompense en trompe-l’oeil. Quelques sacs de riz, des pagnes et des bidons d’huile (en fait des produits de première nécessité) distribués au petit bonheur la chance. Cette distribution de cadeaux électoraux ne dépassera pas quelques jours, voire quelques semaines.
Pour les « gens plus sérieux », et quelques opportunistes zélés, la « mangeoire » sera plus consistante et durera plus longtemps. Des promotions dans l’administration pour les fonctionnaires, avantages fiscaux et marchés publics gagnés pour les « opérateurs éconiques » du privé, et quelques missions à l’étranger pour d’autres encore. Partout et pour tous, la manne se présentera et, en même temps que l’argent, d’autres avantages en nature viendront grossir le nombre de récompenses. Il va sans dire que tout ceci s’accompagnera de démesure totale, avec une folie dépensière qui ne se justifiera que par « les efforts consentis » pendant la campagne, ainsi que l’affirmeront les bénéficiaires. Eux, comme les petites gens à leur niveau, tout le monde se remplira donc la panse ainsi, pour savourer ce temps fastueux de la récompense électorale.
En France et en Europe, on est bien sûr loin de ce phénomène. Du moins dans cette version si caricaturale, villageoise voire complètement stupide. Après un sacre électoral, en discours, on ne (re)distribue pas les récompenses, les lauriers ou les prix au « amis », « camarades », « frères »… Mais dans la réalité, est-ce vrai? Qui peut penser que, après la victoire d’une équipe, même les joueurs défaillants ou remplaçants ne soient pas primés? Et quand cela se fait, est-ce de bonne guerre? Doit-on trouver normal que des gens puissent avoir des avantages administratifs, financiers, fiscaux…juste pour leur soutien à une candidature (alors même que chacun n’apporte qu’une seule voix)? Cette façon de procéder n’entérine t-elle pas le « système de rente » et ses avantages qui explique que certaines personnes soient souvent engagées avec beaucoup de « ferveur » et d’ostentation vers une candidature? Enfin, si on admet cela comme noramal et logique, peut-on arriver à faire avancer la démocratie de cette manière? Ou encore faire renouer les citoyens ordinaires avec la politique et ceux qui la font? Ceci est un autre sujet que je commenterai dans un prochain article.
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