COMMENT LE CAMEROUN MAINTIENT-IL A LA MARGE DES DROITS SES CITOYENS DE LA DIASPORA

Hors le Cameroun, pas de droits. Ainsi pourrait-on résumer la situation des camerounais de la diaspora. En effet, qu’ils soient installés en Afrique, en Europe ou dans d’autres coins du monde, les camerounais de la diaspora sont privés de deux droits importants. Il s’agit du droit de vote et du droit à la double nationalité. 

Commençons par le deuxième, la double nationalité. Un camerounais qui prend une autre nationalité perd de fait et de droit sa nationalité camerounaise. En effet, aussi bête que cela puisse paraître, un article de la loi fondamentale du pays l’exprime clairement. Il s’agit de l’article 31 de la loi du 11juin…1968 qui stipule que, « (…) perd la nationalité camerounaise, le Camerounais majeur qui acquiert ou conserve volontairement une nationalité étrangère, et celui qui, remplissant un emploi dans un service d’un organisme international ou étranger, le conserve nonobstant l’injonction, faite par le gouvernement camerounais, de le résigner faite ». 

En ce qui concerne le « droit de vote », il n’y a pas texte de loi qui officialise l’exclusion des citoyens camerounais de la diaspora des élections. Mais, ceux-ci ont toujours été écartés des différents processus électoraux organisés dans le pays. Que ce soit à l’ère du parti unique ou même depuis le retour du « multipartisme » au début des années quatre-vingt-dix. Pourquoi ? Aucune raison officielle du côté des autorités nationales. 

Avec ces deux « exclusions », le Cameroun est certainement l’un des rares pays au monde où ses citoyens sont victimes de ce genre de pratiques. Anachroniques, discriminatoires aussi, elles sont également infondées en droit. Car, quelque soit les dispositions de droit international, il n’est pas possible que des individus soient privés de tels droits primaires. Mais, « le Cameroun c’est le Cameroun », comme on a coutume de le dire à Douala, Yaoundé et dans les autres villes du pays. Un pays pas comme les autres. Où, certaines choses inexplicables ailleurs, semblent être admises par les gens, qui le font en plus sans rechigner, limite même avec le sourire aux lèvres. Sans même lever le petit doigt, avec en prime ce fatalisme bien local, ponctué par le fameux «on va faire comment ? ». 

Depuis quelques années, des initiatives se font pour obtenir la « levée » de ces interdictions. Pas au pays, mais essentiellement à l’Etranger. En France et en Grande-Bretagne par exemple, des associations de camerounais s’organisent, chaque fois qu’elles le peuvent, pour manifester contre ces mesures. Ils souhaitent que la double nationalité et le droit de vote puissent être reconnus à tous les camerounais sans exclusive. Certes, leurs revendications sont encore brouillonnes et parfois peu relayées par les grand médias. Mais, la détermination que certains affichent à ce sujet laisse penser qu’ils la poursuivront pendant longtemps. Mais à quoi devrait servir des manifs à l’étranger, même organisée par des camerounais, si elles ne rencontrent pas un écho au pays ? Que faire (à l’intérieur comme à l’extérieur du pays), pour pousser le pouvoir politico-administratif du pays, jusqu’ici sourd et muet sur ces questions, à lâcher du lest ? Comment faire par exemple, pour montrer à ce pouvoir-là que la jouissance de ces deux droits par les camerounais, pour le pays tout entier, en termes d’investissement, de mobilités, de dynamisme économique, culturel… ? On peut dérouler ainsi, sur ces sujets, une multitude d’interrogations, qui ne trouveront réponses que dans la volonté des autorités de ce pays de mettre fin à ces interdictions. Bientôt ? 

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