55 ans biens sonnés. Ca fait un bel âge. Un âge du respect, de l’expérience, du bilan aussi quelque part. Le bilan de la vie. Pas un bilan en terme d’évaluation finale; mais plutôt un point sur les années vécues, sur les années d’activités, tant professionnelle que familiale.
Mon père doit être à ce niveau. Mais tel que je le connais, il ne va pas s’arrêter pour s’évaluer. Il va continuer à vaquer à ses occupations. Pied au plancher, il l’est toujours. Parfois même, à la limite du surmenage. Mais, il a la chance de n’avoir jamais franchi la ligne de saturation; la ligne de rupture de fatigue. Car, sa force, moins que dans le physique, elle est d’abord dans le spirituel. En un mot, dans sa Foi.
Mon père ne vit pas, des fois; il prie. Il a tout dans la prière. Il croit tout possible par la Foi. La sienne est forgée sur du roc. Elle n’est pas qu’une attitude pieuse qui se manifeste dominicalement; elle est une façon de vivre au quotidien. Sa façon de vivre. Pas un sujet sur lequel il ne réfèrerait à la volonté de Dieu. Pas une affaire ou il ne demanderait pas à Dieu d’apporter l’intelligence et le soutien. Dieu est une panacée avec lui; assurément. Il n’y a de vie, d’espoir, de réussite, de santé, de bonheur qu’en Dieu. Il le croit. Il s’attelle (et se plaît aussi) à le dire. Presque chaque jour.
Dans son entourage, il force le respect. Ses convictions sont tellement chevillées au corps que, toute personne aux idées tordues se rendrait compte immédiatement à quel point il est dans sa « bulle ». Je parle de bulle, car il donne souvent le sentiment de vivre à part. Mais cette façon de vivre n’entame pas ou même ne bride pas sa joie de vivre. Elle ne lui enlève pas le goût d’une bonne blague, ou d’un bon moment de compassion. Moins encore, elle ne lui fait pas être déconnecté des réalités, que ce soit au boulot, ou à la maison, ou au quartier, ou ailleurs où il peut aller. Sa foi lui donne plutôt la force, la motivation permanente pour être le même partout.
Nous sommes cinq (5) ses enfants. Enfin 6 avec sa fille qu’il a eue avant de se marier à ma mère. A chacun de nous tous, il accorde la même importance, la même chaleur, le même amour. Il le fait tellement bien que des fois, il se trompe de nom entre nous en m’appelant par exemple Alain (du nom de mon jeune frère), ou une de mes soeurs, par une autre. Pour lui, m’a t-il dit, les noms n’ont que peu d’importance. Son plaisir c’est de nous avoir et de pouvoir nous témoigner tout son amour, de la même manière, avec la même force. Il dit trouver cette justesse, je dirai même cette justice de traitement dans la Foi.
Et s’il est juste envers nous, il l’est aussi avec ma mère, son épouse depuis 31 ans. Leur histoire serait longue à narrer ici. J’y reviendrai un jour. Mon père aussi équitable avec ses deux soeurs et son frère, tous beaucoup plus âgés que lui. Il est leur cadet, leur « fils » même. Tant les relations entre lui et ses aînés sont du genre enfant et parents. Et ce n’est que normal, je dirai. Ils sont plus âgés que lui je le disais tantôt (de 10, 15, 19 ans respectivement). En outre, il a perdu son père avant d’être né (sa mère était enceinte) et sa mère quand il avait juste huit (8) mois. Ce sont ces aînés qui l’ont donc élevé. Dans l’amour et dans le respect. En compensant joyeusement les places laissées vides par ses parents.
Il a toujours vécu avec l’idée selon laquelle, sans leur présence, sans leur participation, il serait mort après le décès de sa mère. Ils lui ont donc sauvé la vie. Et aujourd’hui, il ne manque pas une occasion de les remercier pour cela. Il va leur rendre visite assez souvent. Ils s’occupent d’eux, à sa manière et avec la même fierté et joie. Cela ne plaît pas toujours à d’autres, mais lui n’en a cure. C’est un devoir, un honneur même me dit-il. Avec ses cousins et cousines, de même que d’autres membres éloignés de la famille il a le même rapport et force le respect. Ses collègues de disent pas autre chose et lui tressent assez souvent des lauriers.
Ils ne sont pas les seuls, car moi aussi, il me fascine cet homme. Par sa simplicité, par sa profondeur aussi. Honnêtement, je me suis toujours rêvé en lui. J’ai toujours nourri le rêve d’être comme lui, avec ses qualités, sa Foi surtout. Je n’en suis pas c’est vrai. Mais j’essaie. J’essaie surtout aujourd’hui de lui rendre hommage, pour ce qu’il est, pour ce qu’il continuera d’être.
Car, je pense et je souhaite qu’il soit plus tard (beaucoup plus tard même) comme il était hier, ou comme il est aujourd’hui à 55 ans. Joyeux anniversaire Papa
Aubin, ton fils
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