Merci les cheminots. Voilà le mot d’ordre qu’il faudrait retenir en ce jour de début « décrue » de la grève dans les transports publics en France. Merci les cheminots? Certains me demanderont si je ne suis pas un peu fou pour avoir pareille idée dans la tête. Non, je ne suis pas fou. Pas avec cette idée, ou encore pour toutes autres idées.
Je veux rendre hommage aux cheminots. Oui à ces braves cheminots de France. Non pas pour leurs activités quotidiennes (familiales ou professionnelles), encore moins pour je ne sais quoi d’autres. Je veux saluer le courage qu’ils ont eu en organisant la grève dont on vient de vivre quelques jours terribles. Neuf (9) jours de durs débrayages, en effet, viennent de nous être proposé par les cheminots de France. A cause d’eux, ou plus exactement de cette grève, beaucoup on bavé. Beaucoup de personnes ont bien galéré des retards ou de l’absence de trains durant ces jours.
Ils ont su monter au créneau, battre le pavé, « prendre en otage » tout le monde. Pourquoi? Parce que, pour aller vite, ils s’opposent à la remise en question de leurs « Régime spéciaux de retraite » . C’est un dossier très complexe et technique que je n’exposerai pas ici, chacun pouvant aller se faire son opinion sur ce sujet dans tous les articles qui ont été publiés dans la presse (en voici un http://www.orange.fr/bin/frame.cgi?u=http%3A//actu.orange.fr/articles/dossier/Le-regime-special-de-retraite-des-cheminots.html).
Mais au delà de cette histoire de Régime de retraite, c’est bien à un sujet plus global que les Cheminots, par leur grève, ont protesté: celui du pouvoir d’achat. Si la grève initiale (celle sur les Régimes de retraite) a été jugée par beaucoup comme un combat d’arrière-garde et impopulaire en plus (en atteste les sondages réalisés sur la question), le débrayage organisé, en jonction avec les fonctionnaires et d’autres salariés, sur le pouvoir d’achat est quant à lui un combat d’avant-garde, et même, de salut public.
Car, c’est le véritable sujet qui inquiète et mobilise la plupart des citoyens de ce pays. S’il est une chose qui est indiscutable, c’est bien celle de la dégradation du niveau de vie des gens. Manque de moyens nécessaires pour se nourrir, se divertir, se soigner; bref vivre. Et dans ce contexte donc, comment améliorer les conditions de vie des gens? Plus simplement, comment faire pour vivre mieux? Ce sont les réponses, ou même tout simplement les propositions de réponses à ces questions que les cheminots se sont mis en tête d’obtenir. Et ceci, à leur manière. C’est-à-dire en arrêtant le travail; leur travail.
Bien sur, lorsqu’il cesse leur activité, cela se ressent énormément dans tout le fonctionnement du pays. Preuve de l’importance de celle-ci. Et ils en sont conscients. C’est pour cela qu’ils se sont fait les porte-parole du malaise social cristallisé autour du pouvoir d’achat. Et s’ils ont choisi de devenir les porte-voix de tous ceux qui demandent une amélioration du pouvoir d’achat, c’est aussi parce que, ils sont les derniers aujourd’hui à pouvoir avoir la possibilité de le faire. Imagine t-on les courtiers, les footballeurs professionnels, les avocats et autres professions libérales prendre la tête d’un mouvement de réclamation pour tous les citoyens? Imagine t-on les journalistes, les soldats, les flics, et même les profs et instits se mettre en tête du cortège de tous les crève-la-faim? Certainement pas. Seuls les cheminots ont donc cette capacité et cette possibilité.
Au 19e siècle, et même dans la première moitié du 20e, ce sont les mineurs et les ouvriers en règle générale qui étaient les têtes de proue des requêtes sociales. Qui ne se souvient des mineurs de Germinal (1884) d’Emile Zola réclamant « du pain » pour eux et pour leur famille? Certes, les mineurs de Zola, et, de manière plus générale, les mineurs se battaient ainsi dans un scénario appelé « luttes des classes ». C’était une autre époque. On ne peut pas dire qu’on vive aujourd’hui dans le même contexte. Mais en quoi leur demande diffère t-elle des cheminots et des autres précaires d’aujourd’hui? N’est-ce pas pour du « pain » qu’ils se battaient hier et qu’on se bat aujourd’hui? Ne sont-ce pas toujours les mêmes injustices sociales qu’on dénonce?
Les cheminots de la Sncf et de la Ratp (et d’autres Régies de transport en France) nous ont rendu la vie difficile (et c’est peu dire) ces derniers jours. Moi, comme beaucoup d’autres, nous avons trinqué, ramé, bavé… Mais leur action de ces jours-ci ouvre des espoirs pour eux (et pour leur famille), si jamais leurs revendications sur leur Réforme de retraite aboutissent à des avancées notoires. Mais au delà d’eux, elle montre aussi que tous les autres travailleurs pourront (désormais) compter sur les cheminots pour ne plus être seuls dans leur demande de « pain », bref d’une vie un peu moins galère. En cela donc la grève des cheminots ouvre donc aussi des espérances pour tous les travailleurs de ce pays, parmi lesquels moi-même.
C’est en cela, c’est pour cela je dirai même, que je voulais leur dire Merci.
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