Batailles de poules au gouvernement français

Des femmes politiques se crêpent le chignon en France. Il y a quelques jours, les médias nous informaient de bisbilles entre Rachida Dati et Rama Yade, deux membres du gouvernement. Depuis une semaine, c’est au tour de Fadela Amara (autre membre du gouvernement) et Nadine Morano (députée UMP et porte-parole du parti présidentiel) de s’engueuler à ciel ouvert, par médias interposés.

Autant les deux premières, chouchoutes l’une et l’autre du président Sarkozy (qui se comporte avec elles, et d’autres, comme Charly et ses drôles de dames), n’avait pas étalé leur mouvement d’humeur dans les médias, (ce qui me pousse à penser que c’était une « affaire » montée de toutes pièces par des confrères en mal de sensations et d’histoires pipolo-politique à deux sous), autant les deux dernières citées nous offrent un régal de bêtises et d’idioties depuis quelques jours.

Genèse. Après la mort, à Villiers-le-Bel en banlieue parisienne de deux jeunes Moushin, 15 ans et son ami Larami, 16 ans, des émeutes s’en sont suivies.  Pendant trois jours, des écoles et autres bâtiments publics et privés ont été brûlés; des voitures incendiés, des passants molestés, et, plus grave, des policiers ont été attaqués à coups de pierres, cocktails molotov et… fusils de chasse. Toute la classe politique française s’est mise en émoi contre les cassages et autres actes de vandalisme perpétrés par les jeunes de cette ville. Paradoxalement, ni le président Sarkozy, ni Fadela Amara ne se sont exprimés au plus fort de ces incidents.

Or, cette dernière est chargée de la politique urbaine et des quartiers dans le gouvernement actuel. Elle est donc, en théorie, la première responsable officielle de ce secteur. Et, naturellement, l’une de celles qui aurait été les premières à s’exprimer sur les incidents de Villiers-le-Bel, et même à descendre sur le terrain. Elle ne l’a fait que plus de trois jours après le déclenchement des émeutes. Trop tard pour certains.

Et notamment pour Mme Morano, qui a profité de l’occasion pour instruire le procès de Mme Amara. Dénonçant son silence, la porte-parole de l’UMP a profité pour dire au passage que, selon elle, l’ancienne président de l’association Ni pute ni soumise « n’a rien à faire au gouvernement ». Motif: « elle est incompétente ». Pour expliquer davantage son opinion, Mme Morano a avancé que «  Ce que je lui reproche, c’est d’encourager les jeunes de banlieue à s’enfermer dans une caricature en adoptant leur comportement et leur vocabulaire. Quand on utilise des expressions comme “à donf” ou “je kiffe” dans un entretien d’embauche, on n’est pas pris.» Elle fait ainsi référence au parler de banlieue (langage « cash » comme on dit aussi) qu’emploie Mme Amara pour montrer qu’elle vient des « quartiers » et qu’elle connaît les cités.

Face à ces accusations, la réponse de dame Amara n’a pas tardé; lundi 3 décembre, elle a traité Nadine Morano de « Castafiore », vous savez l’un des personnages récurrents des aventures de Tintin. Poussant plus loin son mépris pour son interlocutrice, la ministre Amara a ajouté que « Nadine Morano, elle est sympa, mais elle énerve tout le monde, tout le monde la fuit.» Ambiance. Mme Morano est revenue à la charge le lendemain dans une autre réaction en disant que « Quand on n’est pas d’accord avec Fadela Amara, on se fait insulter ! remarque Nadine Morano. C’est déplorable, mais ce n’est pas le plus grave. Les parlementaires commencent à en avoir l’habitude, puisqu’elle est coutumière de ce genre de dérapages ». Pour sûr que Mme Amara reviendra également à la charge demain ou après ou après encore, toujours dans un média.

Au regard des propos cités ici, et face à ce genre d’agissements, que conclure? Que certaines personnalités phares de la classe politique française ont des réactions de commères, si ce n’est de jeunes filles pucelles se discutant le même mec? Plus sérieusement, que ces deux dames, et bien d’autres encore (les hommes ne sont pas exclus) s’adonnent à des querelles d’égos alors que les dossiers auxquels ils sont commis (banlieue, logement, emploi) sont d’une urgence et d’une gravité extrêmes. Je ne voudrais pas plonger dans l’analyse tentée par certains confrères qui affirment que le « différend » entre ces deux dames est, tantôt celui de la « vraie France » représentée par Morano contre celle de la « racaille et des immigrés », que symboliserait Mme Amara, tantôt qu’il serait la première grande conséquence de la politique « d’ouverture » voulue par le nouveau président.

Ces hypothèses sont sans aucun doute, à mon avis, des pistes d’analyses stupides. Reste que, si ces deux dames, ou d’autres membres du gouvernement encore, continuent à reproduire de tels scénarios, il sera alors fort probables que ces hypothèses ne soit plus du tout stupides. Et ce serait bien dommage d’en arriver-là. Car la France a besoin dd se « reformer » dans le silence et « l’union ». Pas dans la chamaillerie.

 

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