Ouverture. Ouverture. Voilà un mot qu’on a beaucoup entendu depuis le printemps dernier et l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la république française. Il a notamment été utilisé pour désigner la nomination au gouvernement, par le président Sarkozy, de personnalités extérieures à son parti (UMP) et à son bord politique (la Droite). En l’occurrence, des gens venus de la Gauche (notamment du PS) et/ou de la société civile. C’est le cas des personnalités de Gauche ou ayant des sympathies avec les partis de Gauche comme Martin Hirsch, Fadela Amara, Bernard Kouchner, Jean-Paul Jouyet, Jean-Marie Bockel, pour ne citer que ceux-là. A ces derniers, nommés au gouvernement de François Fillon, il faut ajouter aussi une batterie importante de personnalités du PS ou proche de ce parti, qui ont accepté qui une mission, qui de figurer dans une des nombreuses commissions créées par M. Sarkozy pour « résoudre les problèmes de la France ».
Après avoir occupé le devant de la scène des mots importants de la scène médiatico-politique, on peut se demander, plus de neuf mois après son irruption, Qu’est-ce que l’ouverture? Et aussi, quel premier bilan peut-on tirer de cette opération depuis qu’elle a été mise en oeuvre par Nicolas Sarkozy? Quel avenir ici en France et ailleurs (au Cameroun par exemple) pour une telle démarche?
Ouverture est avant tout un mot à ranger dans la catégorie grammaticale des substantifs, et qui signifie espace vide ou libre qui fait communiquer l’intérieur et l’extérieur d’un lieu. Une ouverture peut aussi désigner l’action d’ouvrir ce qui est fermé (comme un coffre, une porte). Enfin, comme nom commun, ouverture est aussi synonyme de début, de commencement (ex: l’ouverture d’une compétition sportive).
Mais on aura bien compris que l’Ouverture dont il est question depuis l’élection de M. Sarkozy n’a rien avoir avec ces définitions substantivales. En pragmatique politique, il n’avait certainement pas grand chose à faire avec les circonlocutions lexicales, syntaxiques; bref grammaticales. L’ouverture à la sauce du renouveau c’est ce qu’on a défini de la manière suivante: « le processus volontaire et maîtrisé par lequel un groupe organisé en mouvement, parti ou gouvernement permet à des acteurs minoritaires ou présentant des sensibilités qui lui sont opposées sur l’échiquier politique d’exprimer leur opinion et de faire avancer leurs idées en son sein et avec son soutien. En certaines circonstances, il peut s’agir d’une tactique visant à diviser l’adversaire ou à récupérer son offre programmatique. En outre, la méthode peut susciter des résistances au sein du groupe originel sommé de s’élargir ».
Comme on le voit donc dans cette définition, l’Ouverture est une tactique politique dont l’un des buts ultimes est de « foutre la pagaille » chez l’adversaire. Mais, toujours dans cette définition, on lit aussi que l’Ouverture peut se révéler délicate si ce n’est même néfaste pour le camp qui le pratique. Car, en effet, s’il jette le trouble chez les autres, il en va souvent de même dans le camp originel de celui qui pratique cette stratégie. Parce que les membres du camp de base voient passer sous leurs yeux les postes juteux auquels ils postulaient, et pour lesquels ils se sont battus becs et ongles contre…ceux à qui, finalement on confie ces postes.
Dans le cadre de la stratégie d’ouverture lancée par M. Sarkozy après son élection, si elle a été plébiscitée par l’opinion publique (confère les sondages), elle a aussi suscitée beaucoup de remous et grincements de dents dans son camp. Certes, pas autant que au PS, où elle a foutu la vraie pagaille dans les premiers mois qui ont suivi l’élection de Nicolas Sarkozy. Après avoir laissé passé l’orage, ils ont compris que leurs cris d’orfraie au slogan de « débauchage » « achat de conscience » ne marchaient pas. Et qu’il était temps de laisser les concepteurs de l’Ouverture se brûler les ailes avec leur propre gadget et d’en vivre les contradictions. Plusieurs mois après donc, cette stratégie du PS et des sceptiques de l’ouverture est entrain de se montrer payante. Car, l’Ouverture aujourd’hui semble être tout sauf une réussite. On peut la résumer à travers les lignes suivantes:
- Un 1er ministre inconsistant aux capacités limitées à celle d’un collaborateur chef de rayon, même s’il y ‘a du mieux pour lui depuis quelques semaines (essentiellement parce que le président baisse dans les sondages)
- Un cabinet noir qui agite les ficelles en fonction des sondages du jour et qui semble prendre ses ordres auprès des conseillers de l’Elysée. Mais là aussi, ce n’est pas la grande sérénité ces derniers temps.
- Des réformes sans envergure et sans projet lisible derrière la casse sociale systématique avec des sacrifices demandés à ceux qui sont les plus fragiles
- Une arrogance outrancière et une fatuité rare que peuvent dégager le président et certains membres de son camp comme, Jean-françois Copé, qui, malgré sa promesse « d’arrêter la langue des bois » passe pour être titulaire de cette chaire dans le microcosme politique français.
- Un étalage indécent des hochets du pouvoir accouplé au pire mauvais goût de la jet-set milliardaire, certainement de meilleure compagnie que les SDF dont un reportage de Fr2 montrait encore hier combien ils sont dans la « merde » dans ce pays.
- Une vie privée dévoilée jusqu’à l’obcène, avec ses hauts, ses bas… et sur ce terrain, d’autres comme Ségolène Royale semblent avoir rejoint le camp présidentiel. Ouverture?
- Un mépris des convenances, notamment diplomatiques, poussé jusqu’à la familiarité la plus grossière (comme cette tape dans le dos de l’austère Angela Merkel) ou encore cette « complicité » affichée avec l’ancien « caniche de bush » Tony Blair.
- Une Continuité désastreuse dans les relations avec les potentats et dictateurs africains, qui font passer la « rupture » annoncée sur le terrain françafricain pour un mensonge ignoble. D’ailleurs le ministre chargé de ce secteur Jean-Marie Bockel a souhaite que le président change de stratégie avec les pays africains et qu’il en finisse avec les officines de la Françafrique.
Au Cameroun, on a l’habitude de copier ce qui vient de France. Mais, honnêtement, on ne se précipitera pas sur l’Ouverture. Au regard des éléments qui précèdent.