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Archive pour février 2008

Municipales 2008; Quid de la diversité?

Lundi 18 février 2008

Dans moins de 3 semaines (le 9 mars), les français voteront pour le 1er tour des élections municipales et cantonales. La campagne bat son plein depuis plusieurs semaines. Si les français ne se passionnent pas autant pour se scrutin (comparer à la présidentielle de l’année dernière), ils se rendront néanmoins nombreux aux urnes le jour du scrutin. Car, l’élection du maire et de ses conseillers, c’est le scrutin de proximité par excellence. C’est donc une affaire qui les concerne directement.

On compte en France plus de 36000 communes, dont plus de 80% sont des communes rurales (c’est-à-dire avec moins de 2000 habitants). Mais, comme toujours en démocratie, le scrutin sera le plus observé dans les grandes villes. C’est à dire à Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Strasbourg, Lille, Bordeaux, Nantes, Rennes… Il sera aussi regardé de près dans les villes importantes de banlieues, et notamment en région parisienne (Montreuil, Nanterre, Argenteuil…).

S’il est un sujet qui est un peu occulté dans la campagne des municipales qui se déroule en ce moment, c’est celui de la Diversité. Autrement dit, la représentation des citoyens dits des « minorités visibles » (en clair, noirs, arabes, asiatiques) dans les listes électorales. Lors des dernières législatives, le sujet avait été évoqué dans les médias avec beaucoup de publicité. Les grands partis (UMP, PS, PCF, UDF) avaient affirmé avoir fait beaucoup de progrès pour présenter des candidats issus de la Diversité. Au final, presque aucun de ces candidats n’a été élu en métropole, si on excepte l’avocate antillaise Georges-Pau Langevin (PS) dans le 18e arrondissement de Paris. Les français n’étaient t-ils pas près à voter pour des noirs, arabes et asiatiques? Il faut le croire, au regard des résultats de ces législatives. Mais si on observe avec attention, on remarquera que beaucoup de ces candidats avaient été investis à contre-coeur, dans des circonscriptions quasi-ingagnables; et souvent même, certains d’eux avaient du affronter la concurrence d’un candidat dissident du même parti que celui qui les a investis. Tous ces facteurs jumelés peuvent donc expliquer l’échec des candidats de la Diversité aux dernières législatives.

Sera-ce le même scénario pour ces municipales? On ose croire que non. Parce que, contrairement aux Législatives où le nombre de place de députés est limité (577), le scrutin municipal octroie plus de place d’élus. En outre, c’est un scrutin de liste, contrairement aux législatives qui sont nominales. Enfin, c’est dans beaucoup de cas, un scrutin local. Les électeurs seront donc certainement plus enclin à plébisciter un candidat du terroir, qu’il soit de la diversité ou non, à partir du moment où il réside, travaille, s’investit dans leur ville. Et surtout, s’ils pensent que ce candidat est à même de bien gérer la ville, et de lui apporter un certain développement. 

Qu’à cela ne tienne, ce sera toujours un signal fort voir un candidat issu de l’immigration visible élu maire dans une grande ville. Ce sera aussi toujours encourageant d’observer que, le renouvellement de la classe politique tant annoncé depuis des années, et ce par tous les grands partis politiques, puissent s’opérer en intégrant aussi les enfants de la République issus de l’immigration africaine, maghrébine, asiatique. Après son élection en mai dernier, Nicolas Sarkozy, en nommant au gouvernement Rachida Dati, Rama Yade, Fadela Amara, avait cru consacrer l’avènement des enfants de l’immigration au soleil du pouvoir. Si on ne peut le renier, il est judicieux de souligner que, ces nominations étaient « le fait du prince ».

Aujourd’hui, plus que ce « fait du prince », c’est d’une adhésion élective qu’ont besoin les enfants de la Diversité. Ils ont besoin de faire campagne et de gagner leur place au « soleil » par les urnes. Ils en ont d’autant plus besoin que, pour eux comme pour tout le monde, c’est la voie royale pour montrer qu’ils sont des enfants de la République à part entière. Et qu’ils ont eux aussi besoin de légitimer leur action, leur parcours, par le suffrage universel.

Les prochaines municipales revêtent donc, de ce point de vue, un enjeu crucial. Car, elles peuvent (doivent?) être le moment fondateur de l’éclosion par les urnes (à des postes importants du moins), des enfants de la Diversité. On le saura dès le 16 mars au soir.   

Présidentielle US: l’étonnante campagne des médias français

Mercredi 13 février 2008

La campagne présidentielle aux USA bat son plein en ce moment. Dans un système marathonien qui est propre à ce pays, les postulants Démocrates et Républicains font campagne et s’affrontent pour obtenir les suffrages des militants et sympathisants de leur camp, afin de le représenter lors du vote du futur président en Novembre prochain.

Pour l’heure, après un premier tour de piste, où les candidats étaient nombreux dans chacun des camps, seuls restent en piste Mike Huckabee et John Mc Cain (côté Républicain) et Barack Obama et Hilary Clinton (côté Démocrate). Ils en sont rendus à plus de la moitié du vote interne, et doivent encore attendre qui d’eux sera désigné pour porter les couleurs de son parti.

Dans ce commentaire, je souhaite m’exprimer sur la « couverture » de cette campagne électorale (dans les deux camps) dans les médias français. Et principalement à la télévision. Les grandes chaînes de ce pays, ainsi que les chaînes d’infos en continu nous abondent au quotidien d’articles, reportages, interviews, dossiers sur cette campagne. Et même, les jours de grands votes comme le mardi 5 février (appelé Super Tuesday), beaucoup de chaînes ont fait des couvertures spéciales sur cet évènement.

Pour entrer dans les détails, les médias français, comme s’ils s’étaient passés le mot, font une couverture assez bizarre de cette campagne. Notamment celle des Démocrates. Ici, on entend parler tous les jours que de Barack Obama. A lui les bons mots, à Hilary Clinton les mauvais maux. Quand il gagne une primaire, c’est qu’il a convaincu et a séduit. Quand elle l’emporte, on nous explique que l’écart avec son challenger est assez minime et que c’est une victoire à la Pyrrhus.

Je suis comme beaucoup de monde flatté et séduit par la personne de M. Obama. Mais, comme beaucoup aussi certainement, je me demande si on n’en fait pas des tonnes, dans les médias français surtout, sur lui parce qu’il est noir. Et que de ce fait, on se sente obligé de lui « filer un coup de main » médiatique, pour lui permettre d’arriver sur le toit des USA. En clair, M. Obama doit être dans son pays le chouchou d’une partie de la presse acquise à sa campagne pour des raisons qui lui sont propres. En revanche, en France, il est le chouchou de TOUTE la presse. Pour quelles raisons?

On n’a que peu d’informations sur son programme de politique intérieure; juste plus de protection de l’Etat envers les pauvres (alors qu’il ne veut pas l’engagement de ce même Etat pour assurer une couverture médicale à tous les américains; 46 millions d’américains en sont dépourvus). Sur l’international, on en sait encore beaucoup moins, si ce n’est qu’il n’a pas voté pour la guerre en Irak (alors même qu’il n’était pas sénateur) et qu’il va réconcilier l’Amérique avec le monde (comme si cela était en soi un programme). Bref, on nous survend Obama en Kennedy du 21e siècle (encore que sur Kennedy, il y aurait pas mal de chose à dire aussi), en Sauveur de l’Amérique et du monde de demain.

Et pourtant, pour l’instant, sa campagne se résume à la narration d’une histoire; son histoire personnelle. Elle est argumentée de discours de tribun, très emballant, très enjôleur aussi, mais parfois, à l’extrême limite de la rêverie et de l’apprenti-sorcellerie. Et les médias français nous servent çà à foison comme quelque chose d’extraordinaire. D’ailleurs, d’après eux, il ne fait plus de doute que ce sera lui le candidat officiel des Démocrates à la prochaine élection. Cette prévision que la presse française caresse et affirme sans ambages me fait peur. Ou plutôt me fait rire. Non pas que je ne souhaite pas la victoire de M. Obama (en fait je m’en fiche un peu que ce soit lui ou quelqu’un d’autre, n’étant pas citoyen américain et n’ayant rien à attendre de ce pays), mais davantage parce que, la dernière fois que les journalistes français se sont montrés aussi enthousiastes sur un candidat lors d’un scrutin aux USA, le résultat de leur pronostic s’est avéré faux. C’était le cas en 2004, où la presse française dans son grand ensemble avait fait une propagande anti-Bush et pro John Kerry, à tel point que çà devenait indigeste. Résultat des courses, le candidat démocrate avait été battu à plates coutures par un Bush qu’on décrivait ici comme impopulaire, belliqueux, battu d’avance. La même chose s’est produite en 2006 lors des élections générales en Italie, où on nous a expliqué pareil ici que Berlusconi était un loser et qu’il serait sévèrement battu par M. Romano Prodi. Là aussi, le résultat fut à peu près différent de la campagne menée ici et surtout des prévisions avancées. Car, M. Prodi n’a finalement gagné qu’avec un petit député d’avance (son gouvernement vient d’ailleurs de chuter, faute de majorité suffisante).

Face à ces « erreurs de pronostics » de la presse française, conséquences de couvertures médiatiques tronquées et/ou malveillantes de cette même presse, j’ai décidé de me mettre à suivre la campagne américaine en V.O (version originale). Mon anglais est boiteux, certes, mais il me laisse encore le temps de regarder une émission en anglais, ou de lire un texte dur le site Internet d’un journal américain. Je vous invite à suivre ma démarche, pour sortir de l’intoxication dans laquelle on baigne en ce moment avec les médias français au sujet de la Campagne électorale américaine.

Que veut Ayaan Hirsi Ali?

Lundi 11 février 2008

Ayaan Hirsi Ali, la (comment la qualifier?) députée néerlandaise, d’origine somalienne, mais résidente américaine est en France depuis quelques jours. La raison invoquée de cette présence en terre française, c’est, selon cette dame, venir demander la nationalité française et une protection particulière de la police française. On rappellera que Mme Ali est « menacée » de mort par une Fatwa lancée contre elle par certains intégristes musulmans un peu partout dans le monde, et notamment au Pakistan (par le groupe La Mosquée Rouge). On rapelera aussi que, depuis la mort de son ami cinéaste hollandais Théo Van Gogh, et les menaces qu’elle a subies après cette dramatique affaire, elle vit de manière errante. Se baladant de pays en pays, pour se cacher certes, mais aussi pour poursuivre son combat contre un côté de l’Islam qu’elle décrit comme un fascisme, une barbarie. Ses critiques acerbes, souvent excessives contre l’Islam, et contre son prophète, son les principales causes de son « malheur ». Ce malheur qui la rend aujourd’hui vagabonde, recluse, presque persécutée.

Et c’est pour ces raisons qu’elle est donc arrivée en France, pour demander la nationalité. Elle a mise en avant le statut de « terre de droits de l’homme » de ce pays. Elle sait aussi pouvoir compter sur des personnalités politiques et médiatiques, souvent très sensibles à ce genre de cause. Au rang de celles-ci, Bernard Henri-Levy, les journalistes Philippe Val et Caroline Fourest, Ségolène Royal et Rama Yade, la Secrétaire d’Etat au droits de l’homme du gouvernement français. Tous ces gens étaient d’ailleurs aux côtés de Mme Ali hier à Paris, dans une réunion de soutien qui lui était organisée, et dont le but principal était de lui faire obtenir la nationalité française. Mais se sont-ils tous demandés ce qu’elle veut vraiment? L’ont-ils interrogée sur ce qu’elle souhaite faire à terme, de manière générale, et en tant que française en particulier? 

Si je pose ces questions, c’est que je me demande toujours à quoi joue Mme Ali. Jusqu’ici, elle a été favorisée dans quasiment tout ce qu’elle a entrepris. Née dans une famille un peu à l’abri du besoin, elle a bénéficié d’une instruction de qualité même si une partie de celle-ci s’est passée dans un établissement religieux qu’elle réprouve aujourd’hui. Excisée (comme du reste des millions de femmes) elle a eu la chance de voyager beaucoup à l’étranger, de connaître autre chose que le chaos de Mogadiscio et des autres villes somaliennes. Bien plus même, arrivée en Hollande, elle a obtenu des papiers après avoir menti sur sa situation (combien de personnes sans-papiers pourraient avoir cette chance-là). Dans ce pays, elle a aussi pu suivre des cours de Sciences politiques et être diplômée d’une des meilleures universités du pays. Cooptée dans un cercle de réflexion, élue députée par la suite, elle a pu « faire son chemin » dans ce pays. Même si elle a sans doute du se démener pour en arriver là, il faut avouer que les faveurs dont elle a bénéficiés pendant plusieurs années (et dont-elle parle très peu aujourd’hui) peuvent faire d’elle, à juste titre, une privilégiée.

Dans ce sens, c’est sans doute un privilège de plus qu’elle demande aujourd’hui à la France. Un privilège égoïste même, car il ne concerne que sa seule personne, et non pas d’éventuelles autres personnes qui seraient comme elle menacées de mort pour des critiques envers l’Islam. Un privilège superflu, tant la nationalité néerlandaise qu’elle a en ce moment, le droit de résidence américain, la citoyenneté d’honneur danoise aussi, sont autant de statuts civils qui pourraient l’aider et l’accompagner dans ces différentes démarches. En quoi la nationalité française lui sera t-elle plus importante? En rien certainement. Si ce n’est dans la protection financière qu’elle espère après l’obtention de cette nationalité. Mais, le pays dont « les caisses sont vides » (dixit le président Sarkozy), « l’Etat en faillite » (pour François Fillon), ne vont pas se payer le luxe d’accéder à la demande de cette dame, alors même que, de part ses activités lucratives (experte dans un think thank américain, ancienne députée néerlandaise) devrait le lui permettre.

Si d’aventure cela se fait, alors il sera nécessaire, utile, judicieux d’expliquer à tous ceux qui dans ce pays demande un peu d’aide pour survivre, pourquoi on le leur refuse, pour aider Mme Ali à vivre en privilégiée.

 

APPRENDICE: Que gagne la France à accueillir Mme Ali?

Ce que veut Mme Hirsi Ali, on le sait; c’est obtenir rapidement la nationalité française et une protection afférente. Mais que gagnera la France à lui accorder une telle mesure, je dirai même une telle faveur? A cette question, on ne sait pas grand chose; mais on ne risquerait pas grand chose non plus en disant que ce « beau et vieux pays » qu’est la France n’aurait rien à gagner à une telle mesure envers Mme Ali. 

Je le disais dans le texte qui précède, si d’aventure, une telle mesure était adoptée, et que Mme Ali devenait française dans les jours très prochains, alors, cette décision susciterait le tollé des « souverainistes », des « nationalistes » et autres « patriotes » de ce pays. Et à raison. De même, elle provoquerait aussi l’étonnement, si ce n’est la colère des immigrés (clandestins ou non), dont le souhait d’accéder à la nationalité française s’apparente davantage à une épreuve du feu qu’à un simple caprice comme chez Mme Ali. Au contraire d’elle, beaucoup de ces immigrés vivent dans ce pays, y travaillent, rament paient leurs impôts; bref participent au développement de la France. Sans souvent en demander une protection particulière; sans même demander quelque faveur que ce soit.

Ce qui n’est pas le cas de Mme Ali. D’ailleurs, depuis qu’elle est partie de Hollande, elle vit aux USA; pourquoi n’en demande t-elle pas la citoyenneté, et par la même occasion une protection particulière de ce pays qui est tout vent dehors contre le terrorisme ilslamique? Pourquoi n’accepte t-elle pas la citoyenneté d’honneur danoise et la protection policière de ce pays, qui lui ont été proposées? Autant de questions sans réponses, qui peuvent permettre d’être dubitatif sur le souhait réel que cette dame formule aujourd’hui en demandant la nationalité française. 

Alors, Rama Yade, BHL, Ségolène Royal et les autres n’ont pas raison d’affirmer comme ils le font que « la France s’honorerait de soutenir et d’aider Ayaan Hirsi Ali (…) et au besoin, de lui accorder la nationalité française et la protection nécessaire pour sa sécurité ». Ils ont d’autant plus tort que, outre le caractère éculé d’une telle affirmation (çà veut dire quoi qu’un pays s’honnore d’accueillir une personne plus qu’une autre, comme si on était pas tous égaux), la principale concernée reste floue sur les motivations et les usages à terme de cette nationalité.

 

Les mots de Rama

Lundi 11 février 2008

Rama Yade a du chic. Pas seulement pour son goût pour les fonds de teint et les tenues de jeune fille post-pubère à la mode classe-tailleur. Mais aussi pour les formules et les mots pour évoquer, qualifier, analyser, commenter…certaines situations. Ainsi, dans ce registre, on se souvient de son fameux « la France n’est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits », balancé au sujet de la venue en France au début du mois de décembre 2007. Ouah. La formule choc, qui, en ce temps-là, fit couler beaucoup d’encre et de salive. Je ne listerai pas ici d’autres interventions de la ministresse française des Droits de l’homme; la liste serait trop longue.

Mais sa dernière sortie en date a retenue mon attention. Evoquant la couverture médiatique de la vie privée du président Sarkozy, elle a traité les journalistes de CHAROGNARDS. « Ce qui me frappe c’est l’extrême violence des attaques contre le président de la République. Des attaques personnelles, ciblées, que je trouve indignes et infamantes (…) On a l’impression de voir des charognards qui ont humé l’odeur de leur proie et qui fondent sur lui et qui s’acharnent », a t-elle déclaré à la radio RTL il y a quelques jours. Poursuivant dans sa lancée, elle a même parlé de « chasse à l’homme ».

Il n’est pas nécessaire de faire une étude ni stylistique, ni sémantique de ces propos pour en voir la virulence et la gravité. Il est à peu près sûr que, quand elle les a prononcés, Mme Yade devait être très remontée, très fâchée. J’ose croire que, c’est cette colère, cette fâcherie qui l’ont conduit à de propos aussi déplacés. Car, pour en vouloir à ce point à la presse (elle qui l’a faite d’ailleurs et l’a en grande partie propulsée là où elle est), et sur un sujet qui ne la concerne même pas directement (le président est suffisamment grand pour répondre à ceux qui s’en prennent à lui, en témoigne les procès qu’il a intentés ces derniers temps contre certains médias), elle devait en avoir gros sur le coeur.

On aurait pu ne pas lui en vouloir si elle n’était pas coutumière de ce genre d’excès de langage. Pour s’en justifier, elle se réfugie souvent derrière son « franc-parler ». Soit. Mais ce « franc-parler » exclut-il les mesures de bon sens? Altère t-il son jugement au point où ses propos soient toujours excessifs, à tel point que certains de ces collègues et amis du gouvernement s’en désolidarisent? Assurément pas.

Rama Yade a sans doute été (et continue t-elle de l’être d’ailleurs) bercé par ces commentaires qui faisaient d’elle la benjamine du gouvernement (Le président et le PM ne le disent-ils pas assez souvent?). Elevée à l’africaine, elle sait aussi qu’on passe souvent beaucoup de caprices et de bêtises aux benjamins. Est-ce parce qu’elle sait que MM Sarkozy et Fillon la savent comme benjamine (et aussi une « gamine »?), et semblent être moins exigeant avec elle, qu’elle use et abuse d’un langage parfois très peu convenant? Si elle pense cela, et en joue, elle ne perd rien pour attendre le retour du bâton. Car, comme souvent dans ces cas, quand fini l’Etat de grâce, les « représailles » sont graves et douloureuses.

Rama Yade a certainement beaucoup de qualités à faire valoir, que des propos idiots comme ceux qu’elle a lancés envers les journalistes sur RTL. Elle espère aussi certainement mener une longue carrière politique dans ce pays. Si elle a bien lu ses manuels d’histoire politique, ou même tout simplement les journaux, elle doit donc savoir que, quand on se montre aussi malveillant envers les gens, on ouvre ni plus ni moins une boîte à pandore qu’on aura du mal à refermer. En d’autres termes, en s’attaquant de manière aussi grossière aux journalistes, comme aux élus d’opposition ou à tout autre personne, on s’expose, du moins à une vendetta, sinon à une réplique parfois franche ou discrète de ceux qu’on a attaqués. Les journalistes ne la louperont donc pas à la première occasion venue. Et, à ce moment-là, elle verra sans doute à quoi doivent ressembler des « charognards ». 

Les mots en français ont un sens (plusieurs même). Quand on les utilise on en mesure la portée. Visiblement, ce n’est pas la préoccupation première de MMe Yade ces derniers temps. C’est bien dommage, car, à son tour, elle fera sans doute face à une salve de propos similaires, où l’injure le disputera au grossier et au « malveillant ». 

Foot Africa 8

Dimanche 10 février 2008

Tout est donc terminé ce soir. La 26e Can s’est achevé au Ghana avec le Sacre de l’Egypte. La sélection en rouge et blanc a dompté les Lions du Cameroun par un but à zéro, but marqué par le milieu Mohamed Abou Treika à moins d’un quart d’heure de la fin du match.

L’Egypte empoche avec cette victoire sa 6e Can, et distance son adversaire du jour de deux longueurs au palmarès des lauréats de cette compétition. En outre, les Pharaons se succèdent à eux-mêmes, et par la même occasion, succèdent au…Cameroun, qui est la dernière sélection à avoir remporté le trophée deux fois de suite (2000 et 2002). L’entraîneur égyptien est quant à lui le deuxième entraîneur à avoir gagné la compétition deux fois de suite après un entraîneur ghanéen des années soixante (1963 et 1965).

Pour revenir sur la finale d’aujourd’hui, il faut dire que c’est la meilleure équipe du tournoi qui a gagné. Nous avons dit dans les articles précédents que c’était l’équipe la plus accomplie. Son jeu était sûr. Ses prestations, constantes. Et ses victoires, convaincantes. Au contraire, le Cameroun aura toujours le regret d’avoir perdu une finale. La deuxième de son histoire après celle de 1986, toujours devant l’Egypte.

En outre, les Lions indomptables pourront aussi se mordre les doigts d’avoir été battus sur une erreur individuelle de défense. Et cette erreur, elle est à l’actif de Rigobert Song, le capitaine emblématique des Lions. Pour sa septième Can d’affilée, avec un total de 34 matchs joués dans cette compétition (un record), le guerrier camerounais a certainement signé, avec cette erreur, une bien mauvaise sortie en équipe nationale du Cameroun.

Avec son départ (presque annoncé) et aussi celui de quelques autres cadres de cette équipe, c’est plus qu’une défaite que le Cameroun a encaissé ce soir. C’est la dislocation d’un groupe, en fin de cycle, qu’il faudra dès demain recommencer à reconstruire pour affronter les échéances futures. Et notamment la prochaine Can en Angola en 2010, et surtout la Coupe du monde la même année en Afrique du sud. Bon courage à celui qui prendra la succession de Otto Pfister, le très controversé et « dépassé » entraîneur allemand des Lions, dont le mangement durant ce tournoi aura été plus ou moins sujet à caution.

Que retenir finalement de cette compétition qui s’est achevée? En vrac, on dira que l’Egypte, championne d’Afrique a montré qu’on pouvait encore s’appuyer sur un vivier de joueur local, sur une discipline de groupe, et sur une qualité de jeu, pour remporter un trophée majeur. On retiendra aussi que ses poursuivants immédiats (Cameroun, Ghana, Côte d’Ivoire et d’autres) ont montré par moments de belles choses, mais doivent imiter les Pharaons dans leur discipline sportive et extra-sportive pour arriver à gagner à leur tour plus tard.

On retiendra aussi que cette Can a été placé sous le signe du fair-play et du jeu offensif avec 100 buts marqués, avec Samuel Eto’o en meilleur buteur (5 buts). D’autres éléments sont à retenir sur lesquels nous reviendrons dans d’autres livraisons. En attendant, on ne peut que souhaiter un grand bravo à l’équipe nationale de football de l’EGYPTE, CHAMPIONNE d’AFRIQUE 2008.

Foot Africa 7

Dimanche 10 février 2008

Nous voici au dernier jour de la Can. On saura ce soir qui de l’Egypte ou du Cameroun sera le nouveau champion d’Afrique. Pour l’une ou l’autre de ces deux sélections, une victoire représentera quelque chose de grand. Pas seulement pour le fait de voir son nom inscrit au bas de cette 26e Can. Mais aussi et surtout parce que, l’une comme l’autre n’était pas attendue à ce niveau de compétition. Car, les favoris après le premier tour de compétition étaient le Ghana et la Côte d’Ivoire. Ce sont justement ces deux équipes qui ont été battues en demi-finales, par les deux finalistes d’aujourd’hui. Le Ghana, de manière poussive par le Cameroun, par le plus petite des marques (1 à 0), et la Côte d’Ivoire, corrigée par l’Egypte par 4 buts à 1.

Les deux finalistes d’aujourd’hui se rencontrent donc au terme d’un parcours remarquable (pour le Cameroun) et extraordinaire (pour l’Egypte). Surtout, elles se croisent un peu plus de deux semaines après s’être opposées en match de poule (puisqu’elles faisaient partie du même groupe C). Ce jour-là, l’Egypte avait infligé au Cameroun une sévère défaite (4 buts à 2). Qu’en sera t-il aujourd’hui? Sera-ce la révanche des Lions Indomptables? Ou juste la confirmation des Pharaons égyptiens? Les jeux restent ouverts en tout cas.

Mais, si on voulait se risquer au petit jeu de pronostic, l’Egypte part avec un gros avantage. Celui d’avoir battu le Cameroun en match de poule comme nous le disions; mais aussi celui d’avoir terrassé l’ogre ivoirien et sa pléthore de stars. a cela, on pourrait ajouter le fait que la formation de l’entraineur Hassan Shehata présente un collectif homogène, sans grand déséquilibres, avec un jeu bien huilé et bien construit. C’est, comme nous le disions dans un article précédent, l’Equipe la plus aboutie de ce tournoi.

En face, le Cameroun n’a pas les mêmes arguments. Mais d’autres que beaucoup lui envient. C’est notamment une foi à toute épreuve qui peut lui permettre de revenir de nulle part pour se hisser au moin jusqu’en finale. alors que, après la déculottée du premier match, beaucoup (dont moi-même) ne vendaient plus cher sa peau. En outre, les Lions possèdent avec Samule Eto’o un attaquant de rang mondial, capable de faire la différence à tout moment. Il en est déjà à 5 buts dans la compétition. saura t-il tirer ses coéquipiers, assez besogneux somme toute, vers le sacre ce soir? réponse dans notre prochain article.

Espèrons juste que la finale tiendra toutes les promesses de spectacle et de fair-play qu’on peut attendre d’une pareille occasion, et qu’on a déjà vu dans les autres matchs de la compétition. Pour que la 26e Can se termine en apothéose. Quelque soit le vainqueur. Car c’est l’Afrique qui aura gagné.

La crise tchadienne: suite

Vendredi 8 février 2008

La crise militaire (encore appelée « coup d’Etat ») ouverte au Tchad le week-end dernier (du 1er au 4 février) s’est achevée. Pour un moment certainement. J’en ai parlé dans un article précédent. Le dénouement est arrivé dans la même cacophonie qui avait présidé le déclenchement. C’est-à-dire, dans un flou total, tant sur les « acteurs » réels, que sur les acteurs extérieurs, que sur les implications des uns et des autres. Bref, les seules certitudes qui soient admises sur ce sujet en ce moment, c’est que les rebelles ont battu en retraite (sans trop d’explications), et Idriss Déby est sorti de son bunker présidentiel en chef victorieux (alors que pendant deux jours il était en apnée).

On saura dans les jours à venir toutes les conséquences, tant humaines que politiques et diplomatiques de cette crise. On saura aussi quel est le coût financier, psychologique et moral de cette tragédie. Mais dores et déjà, et ceci est sur le plan diplomatique, on sait que cet épisode bizarre aura marqué un tournant dans les relations entre la France et le Tchad. Dans le conflit du week-end dernier, il est à peu près certain que la France a joué un rôle important pour éviter le pire au soldat Déby. Au nom de quoi? Des accords militaires signés entre les deux pays en 1976, nous dit-on. C’est tout? Autrement dit, c’est uniquement pour des accords aussi vieillots, signés à une autre époque (celle de la Guerre froide), illisibles au regard de la situation socio-politique du Tchad (et même de la France) d’aujourd’hui, que la France a déployé hélicoptères, mirages, et autres armes lourdes et légères pour permettre au petit chef de N’Djamena de garder son poste?

Cette thèse officielle est tellement banale voire grotesque que aucune personne avisée ne pourrait y croire. Pour en savoir plus, on a eu un début de réponse hier (6 février) de la bouche du président tchadien lui-même. Cette raison supplémentaire de « l’aide » française à la  »victoire » de M. Déby c’est la  »grâce » que se dernier serait prêt à accorder aux membres de l’Arche de zoé. L’arche de zoé, vous vous souvenez? Ce groupe « d’humanitaires » qui étaient allés « sauver » des enfants du Darfour, et qui avaient tenté des les « amener » vers la France avant d’être arrêtés. Ces six membres de l’Arche de zoé qui avaient été condamnés au Tchad à huit (8) ans de Travaux forcés et plus de 6 millions d’euros de dommages et intérêts. Ces mêmes gens qui avaient pourtant été transférés après leur condamnation vers la France deux jours après leur condamnation en Afrique. Ces mêmes membres de l’Arche de zoé enfin qui avaient vu leur condamnation tchadienne convertie en huit (8) ans de prison en France le 28 janvier dernier, parce que les Travaux forcés n’existent plus en droit français. 

Ce sont donc eux (les membres de l’Arche de zoé) qui semblent avoir, en partie, motivés la France d’engager son armée et sa diplomatie (voir les gesticulations du French Doctor Kouchner) au Tchad; puisque dès le lendemain de la fin des hostilités, il est désormais question de les gracier. Cette stratégie ou plutôt ce deal est vraiment ignominieux. Car, que la France défende ses ressortissants, c’est son droit le plus absolu. Qu’elle soutienne un roitelet au méthodes de gouvernance obscure, et qui, depuis 18 ans qu’il est en poste, n’a pas montré quelques signes que ce soient de faire sortir son peuple de la misère (malgré la découverte, l’extraction et la commercialisation du pétrole ces dernières années), n’est déjà pas acceptable. Qu’elle intervienne directement dans des affaires intérieures des africains (même s’il s’agit d’une guerre), sous le prétexte « d’accord de coopération » vieillot et éculé, est aussi à peine compréhensible.

Mais, le pire est à venir. Car si la France a marchandé la « défense » de son « ami » Déby contre la libération (même par grâce) des membres de l’Arche de zoé, alors qu’on sait ce qu’ils ont fait, c’est à tout le moins se foutre de la gueule du monde. A commencer par les 103 enfants et leur famille, principaux VICTIMES dans l’aventure des « humanitaires » de Zoé. C’est aussi se foutre de la gueule des tchadiens (la jeunesse, la justice, les forces de sécurité…) pour qui, un tel marchandage s’apparente, au moins à une insulte, au pire à un bras d’honneur. Ce bras d’honneur s’adresse aussi à toute la jeunesse africaine, qui s’est appropriée l’affaire des enfants malmenés dans  »l’affaire de l’Arche de zoé ».

Il viendra un jour où, la France sera plus amie avec l’Afrique et les africains. Ce jour-là, c’est celui où elle n’en fera plus qu’à sa tête sur le continent. Ce jour-là, c’est celui où, tout en préservant de manière ouverte et claire ses intérêts, elle ne sabordera pas ceux des africains. Ce jour-là, ce sera celui où, au détriment des populations nombreuses, elle ne continuera plus à soutenir des petits potentats qui ne servent que leurs intérêts, et qui, par leur mauvaise gestion, provoquent de graves crises humaines, dont l’une des conséquences immédiates est l’immigration des jeunes africains vers la France et les autres pays d’Europe. Ce jour-là, doit vite arriver, sinon, des évènements comme ceux du Tchad, de la Côte d’Ivoire en 2004, du Rwanda l’an dernier, où la population (les jeunes notamment) ont du faire des grandes manifestations aux cris et slogans anti-français, recommenceront demain, au Togo, au Bénin, au Cameroun, et un peu partout. Ce qui serait bien dommage, pour les africains, mais aussi et surtout pour la France.  

La crise tchadienne; quelques enseignements

Mercredi 6 février 2008

Depuis quelques jours, le Tchad est ébranlé par une guerre civile entre une rébellion armée qui veut chasser du pouvoir le président Idriss Déby, et les forces loyalistes. L’épisode actuel, est le énième d’une longue série qui date de pratiquement l’arrivée au pouvoir de M. Déby en 1990. Lui-même ancien chef de guerre, ayant pris le pouvoir par la guerre à la tête d’une rébellion. Dès lors, il s’exposait déjà alors à une chute quasi-identique. Si pour l’heure, les assaillants d’aujourd’hui ne sont pas encore parvenus à faire partir M. Déby, ce n’est que partie remise. Ils y arriveront bien à un moment ou un autre. Et si ce n’est eux, d’autres se chargeront de cela, certainement. Assurément même.

Non pas parce qu’ils ont ou auront raison ; ou encore parce qu’ils ont ou auront de meilleurs arguments de gouvernance que le président actuel ; mais, essentiellement pour deux choses : d’abord parce que, dans la configuration actuelle de ce pays (et dans beaucoup d’autres sur le continent), aucune autre possibilité n’existe pour envisager arriver au pouvoir. Les élections, des municipales à la présidentielle, en passant par les législatives et les sénatoriales, sont confisquées. Gagnées de manière récurrente par les mêmes qui sont en poste, parfois depuis plusieurs années. L’administration publique est « vérolée », contrôlée par les amis ou cadres du parti au pouvoir. Les leviers de la richesse échoient pour grande partie à ceux (minoritaires) qui sont proches du président et du parti qu’il préside. Or, ces gens qui « mangent » ne représentent pas la majorité, mais plutôt une petite minorité. Et dans le même temps, ceux qui « ne mangent pas » sont les plus nombreux. Et c’est souvent eux qui grossissent les rangs des rébellions pour réclamer juste un peu de « pain ». La rébellion, la guerre civile est donc d’abord et avant tout une question de survie (alimentaire, existentielle…)     Le deuxième élément qui peut permettre d’expliquer la situation actuelle à N’djamena et dans les autres villes du pays est propre à l’histoire politique de ce pays. C’est celle qui tend à venir confirmer, voire valider la logique de prise du pouvoir par les armes, qui semble avoir fait son lit dans ce pays depuis l’indépendance en 1960. En effet, jamais aucun président n’est arrivé au pouvoir au Tchad par un autre moyen que par les armes. La guerre, la rébellion, semblent donc inscrit dans une espèce de continuité dans ce pays. Les époques, les années aussi changent, mais cette vision de la conquête du pouvoir ne change pas visiblement chez les tchadiens. Ce n’est certes pas une fatalité ; mais une habitude. Une habitude donc une seconde nature. Est-ce compréhensible ? Hier, François Tombalbaye, puis Felix Maloum, puis Goukouni Oueddei, puis Hissène Habré, ensuite Idriss Déby et peut-être maintenant Mahamat Nour (ou un autre chef rebelle), peuvent-ils justifier pourquoi choisir toujours la voie des armes pour la conquête du pouvoir ? Les réponses sont dans les éléments que nous avons avancés plus haut. Elles sont aussi dans les ambitions personnelles de ceux qui veulent arriver au pouvoir. Enfin, elles existent aussi dans l’attitude des pays voisins, des pays alliés et/ou de la communauté internationale (voir encadré). Le Tchad ébranlé aujourd’hui, c’est quelque chose de normal donc, que seuls les myopes n’auraient pas pu voir venir. La seule question qui soit pertinente en ce moment, c’est de savoir à qui le tour après ce pays ? 

ENCADRE: Le rôle de la « communauté internationale » dans la crise tchadienne

Que fait la « communauté internationale » au Tchad ? La question mérite d’être posée. D’après les derniers rebondissement de la crise qui frappe ce pays ces derniers jours, on a cru entendre que « la communauté internationale » condamne la tentative de prise du pouvoir par la force au Tchad. En clair,
la France, l’Union africaine, les pays de l’Union européenne et bien d’autres encore, refusent de valider un probable coup d’Etat dans ce pays. On croit rire à cette idée. Car, si cette « communauté internationale » devait refuser tous les coups de force dans les pays africains, il y a longtemps qu’elle ne parlerait plus avec beaucoup des dirigeants passés ou actuels du continent. L’un des derniers en date est François Bozizé de Centrafrique. En 2003, à la suite de son coup d’Etat contre le président élu Ange-Félix Patassé, lui et son pays avait été mis au ban des institutions internationales ; avant d’être réintégré au plus vite. Il est certain que, si les mutins de N’Djamena réussissent leur coup, c’est sans doute ce qui adviendra également. Et, en toute logique, on ne voit même pas pourquoi cela serait autrement. 

Car, dans le même temps, que fait cette « communauté internationale » quand il s’agit de coups d’Etat électoraux ; ou encore, phénomène de mode en ce moment sur le continent, quand il s’agit de coups d’Etat constitutionnels ? Lorsque au Tchad, au Gabon, au Cameroun, au Togo et ailleurs encore, les dirigeants organisent des révisions de la loi fondamentale pour s’éterniser au pouvoir, que dit la « communauté internationale », France en tête ? Que pense t-elle, des scrutins organisés dans la violence et où les résultats créditent toujours les vainqueurs de majorités très absolus, avec des pourcentages de suffrages engrangés tutoyant les 100% ? Que disent les pays de la « communauté internationale » lorsque certains régimes pratiquent encore la torture, le chantage, la prise d’otage d’Etat, le racket généralisé et font du bien être de leur peuple le cadet de leur souci ? Où est cette communauté internationale pour condamner l’analphabétisme, les coutumes rétrogrades, la famine, la prostitution et surtout la corruption dans les pays comme le Tchad et d’autres encore ? 

Personne en Afrique n’est dupe ; notamment en ce qui concerne les raisons qui peuvent pousser les gens à créer une situation comme celle du Tchad en ce moment. C’est essentiellement la désespérance face à un pouvoir en place depuis longtemps, et qui charrie son monde en se projetant comme un « pouvoir à vie ». 

La communauté internationale n’avait presque pas bougé, en dehors des condamnations de principe. A la suite de cet épisode, le président tchadien s’était fait (re)élire dans un scrutin émaillé d’incidents et d’irrégularités. Encore une fois, la même communauté internationale n’avait pas fait de zèle pour dénoncer, et au besoin exiger de nouvelles élections. Depuis quelques jours, la même communauté internationale déploie un trésor d’énergie pour condamner, menacer et même combattre les forces rebelles, au prétexte qu’elles n’ont pas le droit de prendre le pouvoir par les armes. Comment comprendre cette attitude de deux poids, deux mesures  appliquée dans ce pays par
la France et les grandes puissances, qui avalisent un coup d’Etat constitutionnel et électoral, et condamne une tentative de coup d’état militaire ? Si l’incursion de ces jours ne réussit pas, il est à espérer qu’elle recommencera ; car, quand un peuple n’a aucune possibilité légale d’espérer le changement et l’alternance, il ne lui reste que les armes. Et dans le cas des tchadiens, et de bien d’autres africains, c’est le cas. Il y a à craindre qu’après le Kenya, le Tchad, d’autres foyers naîtront sur le continent, que la « communauté internationale » aura du mal à éteindre, si elle continue d’être si partisane et si peu inspirée. 

 

 

Foot Africa 6

Mardi 5 février 2008

Ils ne sont plus que quatre (4) à pouvoir espérer remporter le trophée de cette 26e Can. Par ordre alphabétique ce sont le Cameroun,
la Côte d’Ivoire, l’Egypte et le Ghana, pays organisateur. Et si l’ordre alphabétique suivant devenait tout simplement l’ordre réel de cette compétition ? Pour le savoir, il va encore falloir attendre quelques jours pour savoir qui de ces nations ramènera la coupe à la maison. En demi-finale jeudi prochain, le Cameroun sera opposé au Ghana, tandis que l’Egypte tentera de se défaire de
la Côte d’Ivoire pour accéder en finale et, pourquoi pas, conserver son titre acquis il y a deux ans au Caire.

Aux petits jeux des pronostics, avantage est donné sans hésitation à
la Côte d’Ivoire. On savait avant le début de la compétition que la bande à Didier Drogba faisait office d’épouvantail. Notamment pour le grand nombre de leurs joueurs évoluant au très niveau en Europe (Drogba, Kalou, Dindane, Koné (Aruna et Baky), les frères Touré (Kolo et Yaya) et bien d’autres encore). La puissance de feu de l’attaque ivoirienne a encore frappé en quart de finale contre

la Guinée. Résultat, une punition de 5 buts à 0. Le plus lourd score de cette compétition pour l’instant. Avec cette demi dizaine de buts passés au pauvre gardien Kemoko Camara, les ivoiriens portent leur total de buts marqués à 13 buts en quatre matchs ; soit un ratio d’un peu plus de trois buts par match. C’est énorme. En plus de marquer des buts, les joueurs du coach Gili produisent du jeu.

Mais en demi-finale, la partie ne s’annonce pas facile contre l’Egypte, dont la sélection, de tous les pays participants, produit le jeu le plus cohérent et le plus accompli de cette Can. Certes, les pharaons ont du s’employer pour sortir les volontaires –mais limités- angolais, par 2 buts à 1. Avec peu d’individualités, mais un collectif redoutable, articulé autour d’un gardien de qualité (certainement le meilleur du tournoi), des défenseurs et des milieux de terrain très expérimentés et des attaquants très opportunistes, les champions en titre semblent être les seuls à pouvoir vraiment inquiéter les ivoiriens. En plus, pour pimenter un peu cette rencontre, les uns et les autres se rappelleront que ce fut l’affiche de la finale de la dernière Can, où l’Egypte ne s’était imposée qu’au tirs au buts ; au bout d’un match pourtant dominé par les joueurs de Côte d’Ivoire.

Dans l’autre demi-finale, le Cameroun, revenu de nulle part, et vainqueur de
la Tunisie en quart (3 à 2) va tenter de renvoyer le Ghana à…la maison. Autant dire d’ores et déjà que la tâche ne s’annonce pas facile pour Samuel Eto’o et ses coéquipiers. Car, en plus de jouer le pays organisateur, ils devront surtout montrer beaucoup plus que ce qu’ils n’ont donné à voir jusqu’ici. Le jeu de Lions est entaché de trop de déchets ; avec une défense vieillissante, un milieu expérimental à chaque rencontre, et un gardien pas au meilleur de sa forme. Résultat, même si le Cameroun a déjà inscrit 13 buts dans cette Can, il en a encaissé 7. C’est beaucoup pour un postulant au titre. Jamais aucune nation avec de telles lacunes défensives n’a réussi la prouesse d’arracher la victoire finale. Mais, bon, « le Cameroun c’est le Cameroun » a-t-on coutume de dire. Et, il n’est pas exclut que, comme dans certaines occasions par le passé, les Lions ne redeviennent « indomptables » et gagnent leur cinquième Can. En face, les ghanéens, qui comptent le même nombre de trophée que le Cameroun (4), mais dont la dernière victoire remonte à 1982 et la dernière finale à 1992, auront à cœur devant leur public de montrer qu’ils sont une équipe redoutable capable du meilleur et du… meilleur. Elément piquant épicé de ce match (il y en a toujours), c’est Claude Le Roy. Actuel sélectionneur du Ghana, il a officié au Cameroun de 1985 à 1988, et plus tard il est revenu pendant
la Coupe du monde 1998 sur le banc des Lions. D’ailleurs, c’est à cette occasion qu’il avait lancé dans le grand bain un petit de 17 ans, Samuel Eto’o, devenu aujourd’hui la grande star du foot africain. Le Roy connaît donc bien le Cameroun et ses joueurs. Pour sûr, qu’il tentera tous les coups tactiques pour remporter ce match.

 

Les quarts de finale se sont joués comme les matches de poule. Beaucoup d’enjeu, mais beaucoup de jeu et de buts aussi. Espérons que les demi-finales soient de la même facture. Pour que la fête du foot africaine continue d’être belle.

 

 

ENCADRE : « L’affaire Drogba »

 

En marge de cette Can, il s’est produit un petit incident dont le foot africain en raffole. C’est ce qu’on appelera désormais « l’affaire Drogba ». L’attaquant vedette de Eléphants a décidé de ne plus participer à la désignation du Ballon d’or africain. Motif, il y’aurait eu des magouilles dans l’édition de cette année, qui a consacré l’attaquant Malien Frédéric Kanouté devant Drogba et Essien du Ghana. Selon toute vraisemblance, et d’après plusieurs informations concordantes, c’est Drogba qui devait être désigné. Mais, ayant refusé de se rendre à Lomé vendredi dernier où la cérémonie de remise de ce prix avait lieu, les dirigeants du foot africain lui ont préféré l’attaquant malien. Ce qui a donc provoqué le coup de colère du double D (Didier Drogba).

On ne va pas (re)polémiquer sur ce sujet qui a déjà déchaîné suffisamment de passions. Le joueur, comme du reste les autres encore engagés dans la compétition doivent rester concentrer pour gagner les matchs qui leur reste. Après, on pourra toujours revenir sur cet épisode malheureux, écouter les différentes parties concernées, et tenter d’y faire toute la lumière. D’ores et déjà, on peut juste souhaiter que, quelque soit l’issue de cette « affaire », Drogba reviendra sur sa décision de ne plus participer à cette disctinction qui fait honneur aux footballeurs africains. Parce que, lui aussi précisément, il fait honneur au foot africain et à sa jeunesse.

Foot Africa 5

Lundi 4 février 2008

A chacun sa célébration. A chacun sa gestuelle ausi. La can ghanéenne offre une opportunité aux joueurs de montrer toutes sortes de gestes et d’attitudes. Pas seulement sur le plan technique. Mais aussi et surtout même pour célébrer un but et/ou pour approuver ou réprouver une décision de l’arbitre.

Au chapitre des ges tes accompagnant les décisions d’arbitrage, les joeurs se sont surtout manifestés par des formes d’humeur dont les expressions notoires étaient symbolisées par le mouvement du bras ballant projeté vers le dos, de bas en haut, avec la main grande ouverte. Le genre de geste pour dire « je m’en fiche ». Quelques courageux ont même plutôt réagi en pointant un doigt vers leur propre tempe, comme pour signifer à l’arbitre qu’il est « fou »; geste auquel les arbitres ont le plus souvent répondu par une sanction administrative (avertissement verbal ou carton jaune). Plus curieux étaient ces régards fixes (facon « je te maudis » ou je te « déteste » de joueurs accompagnant l’arbitre après que celui-ci eut donné un carton.

C’est Mahamadou Diarra, le capitaine du Mali qui a sans doute eu le geste le plus inattendu dans cette catégorie. Averti lors du 2e match (contre le Nigeria) il s’est mis à genou pour prier pendant de longues secondes. Et ceci pour cause; cette sanction devait le priver du 3e match de son équipe contre la Côte d’Ivoire. Sans lui, ses coéquipiers se sont lourdement inclinés (3 à 0) et ont été éliminés de la compétition. Sa prière, sans doute pour demander à Dieu de préserver les siens s’était donc révélée veine.

De prière, il est d’ailleurs beaucoup question dans cette compétition. Ainsi, depuis le premier match, on a vu toutes sortes de prières et/ou méditations, individuelles ou collectives. Désormais grand classique des équipes de foot, et même d’autres sports collectifs, le rassemblement groupé d’avant-match dans sa moitié de terrain, où les joueurs se disent quelaues mots avant de terminer par un cri d’encouragement. Les joueurs égyptiens ont choisi eux de poursuivre la prière commune après chaque but marqué par un des leurs.

Dans d’autres sélections, les buts se fêtent aussi en équipe. Chez les ghanéens, on aura observer que, à la suite du buteur, les autres joueurs accourent avec un mouvement de la main qui imitent la position d’un serpent (cobra?), avant de se regrouper pour un pas de danse dont la partie la plus sollicitée est le postérieur (cul, pour dire simple). Dans le genre « dansons ensemble », les ivoiriens ne sont pas en reste; encore moins les camerounais. Le plus souvent, ces joueurs dansent sur les pas d’un genre musical en vogue dans leurs pays respectif (Coupé décalé en Côte d’Ivoire, Zingué au Cameroun…).

Il reste néanmoins des joueurs qui célèbrent leur but en solitaire, dans une joie retenue (comme le malien Kanouté, nouveau Ballon d’or africain) ou encore les nombreux joueurs dont le but ne signifiait qu’une réduction du score. Enfin, on a encore vu les capacités accrobatiques de nos joueurs, dont beaucoup expriment encore leur joie par des pirouettes et des salto avant et arrière.

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