Municipales 2008; Quid de la diversité?

Dans moins de 3 semaines (le 9 mars), les français voteront pour le 1er tour des élections municipales et cantonales. La campagne bat son plein depuis plusieurs semaines. Si les français ne se passionnent pas autant pour se scrutin (comparer à la présidentielle de l’année dernière), ils se rendront néanmoins nombreux aux urnes le jour du scrutin. Car, l’élection du maire et de ses conseillers, c’est le scrutin de proximité par excellence. C’est donc une affaire qui les concerne directement.

On compte en France plus de 36000 communes, dont plus de 80% sont des communes rurales (c’est-à-dire avec moins de 2000 habitants). Mais, comme toujours en démocratie, le scrutin sera le plus observé dans les grandes villes. C’est à dire à Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Strasbourg, Lille, Bordeaux, Nantes, Rennes… Il sera aussi regardé de près dans les villes importantes de banlieues, et notamment en région parisienne (Montreuil, Nanterre, Argenteuil…).

S’il est un sujet qui est un peu occulté dans la campagne des municipales qui se déroule en ce moment, c’est celui de la Diversité. Autrement dit, la représentation des citoyens dits des « minorités visibles » (en clair, noirs, arabes, asiatiques) dans les listes électorales. Lors des dernières législatives, le sujet avait été évoqué dans les médias avec beaucoup de publicité. Les grands partis (UMP, PS, PCF, UDF) avaient affirmé avoir fait beaucoup de progrès pour présenter des candidats issus de la Diversité. Au final, presque aucun de ces candidats n’a été élu en métropole, si on excepte l’avocate antillaise Georges-Pau Langevin (PS) dans le 18e arrondissement de Paris. Les français n’étaient t-ils pas près à voter pour des noirs, arabes et asiatiques? Il faut le croire, au regard des résultats de ces législatives. Mais si on observe avec attention, on remarquera que beaucoup de ces candidats avaient été investis à contre-coeur, dans des circonscriptions quasi-ingagnables; et souvent même, certains d’eux avaient du affronter la concurrence d’un candidat dissident du même parti que celui qui les a investis. Tous ces facteurs jumelés peuvent donc expliquer l’échec des candidats de la Diversité aux dernières législatives.

Sera-ce le même scénario pour ces municipales? On ose croire que non. Parce que, contrairement aux Législatives où le nombre de place de députés est limité (577), le scrutin municipal octroie plus de place d’élus. En outre, c’est un scrutin de liste, contrairement aux législatives qui sont nominales. Enfin, c’est dans beaucoup de cas, un scrutin local. Les électeurs seront donc certainement plus enclin à plébisciter un candidat du terroir, qu’il soit de la diversité ou non, à partir du moment où il réside, travaille, s’investit dans leur ville. Et surtout, s’ils pensent que ce candidat est à même de bien gérer la ville, et de lui apporter un certain développement. 

Qu’à cela ne tienne, ce sera toujours un signal fort voir un candidat issu de l’immigration visible élu maire dans une grande ville. Ce sera aussi toujours encourageant d’observer que, le renouvellement de la classe politique tant annoncé depuis des années, et ce par tous les grands partis politiques, puissent s’opérer en intégrant aussi les enfants de la République issus de l’immigration africaine, maghrébine, asiatique. Après son élection en mai dernier, Nicolas Sarkozy, en nommant au gouvernement Rachida Dati, Rama Yade, Fadela Amara, avait cru consacrer l’avènement des enfants de l’immigration au soleil du pouvoir. Si on ne peut le renier, il est judicieux de souligner que, ces nominations étaient « le fait du prince ».

Aujourd’hui, plus que ce « fait du prince », c’est d’une adhésion élective qu’ont besoin les enfants de la Diversité. Ils ont besoin de faire campagne et de gagner leur place au « soleil » par les urnes. Ils en ont d’autant plus besoin que, pour eux comme pour tout le monde, c’est la voie royale pour montrer qu’ils sont des enfants de la République à part entière. Et qu’ils ont eux aussi besoin de légitimer leur action, leur parcours, par le suffrage universel.

Les prochaines municipales revêtent donc, de ce point de vue, un enjeu crucial. Car, elles peuvent (doivent?) être le moment fondateur de l’éclosion par les urnes (à des postes importants du moins), des enfants de la Diversité. On le saura dès le 16 mars au soir.   

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