Appendice à l’article sur le Dr Dopsoumna que j’ai publié il y a quelques jours. a la suite de ce papier, j’ai reçu quelques commentaires dont un, publié ci-dessous, qui m’ont amené à rédiger cette suite.
Parce qu’elle s’est terminée par un happy-end, « l’affaire Dopsoumna » si on peut ainsi l’appeler a fait des heureux et des malheureux. Au rang des premiers cités, il y a le médecin camerounais lui-même, ses collègues de l’hôpital de Belley, ainsi que tous les patients et habitants de ce village qui l’ont côtoyé et le tiennent en estime. Par extension, il y a aussi tous ceux qui, dans une situation similaire, espèrent à présent une issue semblable à celle du Dr Dopsoumna. Et ils doivent être nombreux dans ce pays. Ce sont tous ceux qui espèrent que, la fameuse politique « d’immigration choisie » de M. Sarkozy est une aubaine pour eux. Ils doivent se dire que la France, pays déclaré « en chantier » par son nouveau président, a besoin de toutes leurs compétences pour se développer davantage et se REFORMER (c’est l’expression à la mode).
En revanche, l’issue de « l’affaire Dopsoumna » a rendu plus d’une personne sceptique, voire amère. Car, une telle décision fait naître chez cette deuxième catégorie de personne la suspicion de la volonté pour la France de continuer à piller les « cerveaux » africains pour soutenir son développement à elle, et de laisser pendant ce temps-là l’Afrique sombrer dans l’obscurité du sous-développement. Selon eux, si la France accueille et/ou régularise à tour de bras tous les « cerveaux » africains qui arrivent ou sont déjà présents sur son territoire, elle ferait une bonne affaire pour elle, mais, amputerait les pays africains de bon nombre de ses élites. Un raisonnement qui n’est ni bête, ni faux. Mais qui sonne de plus en plus comme une vieille resucée que certains sortent tous le temps quand pareille situation se présente.
Un raisonnement qui, à mon avis, n’est plus ni pertinent ni opérant aujourd’hui. Car, les Etats africains qui invoquent le patriotisme de leurs concitoyens qui s’installent en France ou ailleurs en occident comme le Dr Dopsoumna, ne se posent jamais assez la question de ce qu’ils ont fait, font, ou peuvent faire pour ces concitoyens. Dans la plupart des pays africains, il n’y a plus ni bourse, ni aide de l’Etat. Et quand bien même il y en a, cela va aux « amis » du sérail, aux enfants et autres proches des décideurs. La plupart des jeunes qui quittent le continent pour aller étudier, le font le plus souvent sur fonds personnels (l’argent des familles), ou alors nanti d’une bourse d’un organisme international ou d’un pays étranger. Ils poursuivent leur formation dans des difficultés matérielles et financières que seuls leurs proches ou eux-mêmes par des petits boulots arrivent à soutenir. Bien plus, ils se mettent sur le marché du travail européen avec tous les handicaps liés à leur statut administratif et autres encore. Et ils réussissent aussi à braver cela.
Au nom de quoi doivent-ils se sentir « obliger » d’aller exercer dans leur pays? En récompense de quel investissement de leur pays d’origine? Et quand bien même ils opteraient pour cette solution du retour au pays natal, quelles garanties auraient-ils de trouver un emploi convenable, à la hauteur de leur espoir, à la mesure des sacrifices psychologiques et financiers consentis pendant leur formation? Quelles assurances auraient-ils de pouvoir s’exprimer, entreprendre, investir librement dans un pays qui ne leur a fait aucun cadeau si ce n’est celui de les voir naître? Quel sens peut-on donner au repli chez soi, au retour au bercail dans un monde qu’on nous dit de plus en plus « mondialisé »? A toutes ces questions, il y a peu de réponses en fait.
La voie choisie par le Dr Dopsoumna, diplômé de médecine en Tunisie (après une formation qu’il a du financé tout seul avec sa famille) est respectable et louable. Elle est aussi tout à fait justifiée par son ambition personnelle d’exercer là où il veut, là où il peut, et surtout là où il pense que ce sera pour lui le plus rentable professionnellement, humainement et financièrement. Ceux qui décideront de l’imiter, et qui connaîtront le même succès que lui, auront tout aussi raison. Aussi nombreux qu’ils seront. Aussi longtemps que cela pourra se produire.
Il faut juste espérer qu’ils rompront avec la tradition des anciens des années soixante-dix et quatre-vingt qui, une fois installé à l’étranger avec succès, rompait quasiment tous liens avec le pays d’origine. Et qu’ils sauront, entre les deux positions exposées plus haut, trouver une troisième (nouvelle?) voie. Cette troisième voie serait celle de s’installer où ils en ont envie, d’y exercer et de faire profiter de leur expérience ponctuellement ou plus tard à leur pays d’origine. C’est-à-dire pour le Dr Dopsoumna par exemple, d’aller de temps à autre au Cameroun (et pourquoi pas dans ce nouvel hôpital de Maroua dont parle le commentaire ci après) et d’y apporter son expérience et/ou sa contribution matérielle ou financière. Beaucoup le font déjà. Notamment ceux qui exercent dans l’enseignement et surtout les sportifs. C’est là la voie de la sagesse. La voie de la modernité.
COMMENTAIRE PUBLIE A LA SUITE DU PREMIER ARTICLE
odiga | kohmichel@yahoo.fr | odiga.unblog.fr | IP : 41.204.76.213
Pendant ce temps il manque près de 30 000 personnels de santé au Cameroun . Nous respectons le choix du Dr Dopsoumna de rester en France plutôt que de retourner au Cameroun. Choix que de nombreux camerounais ont fait. Un choix contraire au sien .
Notons également que le Premier Ministre Camerounais a inauguré il y a 2 semaines un hôpital dans l’extrême – NOrd. Cet hôpital à vu le jour grâce aux efforts tenaces d’une femme américaine médecin, qui arrivée au Cameroun il y a des dizaines d’années c’était donnée pour mission de mettre sur pied un hôpital dans cette partie du pays. Nos compatriotes peuvent également donner du leur tout en restant en France. Il faut réfléchir à des solutions de E-médecine, des partenariats avec les hôpitaux qui les accueillent en Europe pour que dans l’année ils puissent prendre un mois ou deux pour venir soigner leur frères au pays.
Amicalement.
Vous ai cité dans cette tentative de « mise en perspective » :
Vers une xénophobie étatique ?