La scène pourrait rappeler une de celle qu’on voit au carrefour Warda à Yaoundé ou d’un autre carrefour de Douala, au Cameroun, avec leurs nombreux mendiants. Pourtant on est à Paris. Gare de Châtelet-Les-Halles, l’un des points névralgiques de la ville, situé dans le 1er arrondissement de la capitale française. Au bas d’un escalier roulant, se tient une femme avec trois enfants. Le plus âgé doit faire 4 ans, alors que le plus jeune, dans les bras de sa mère, à peine 1 an. La femme est assise au sol. Devant elle, une petite pancarte en carton avec un message inscrit dessus. On peut y lire « nous avons faim, aidez-nous ». Elle fait la manche. De temps en temps, elle interpelle les passants, dans un français approximatif, pour décliner oralement le même message. Dans d’autres endroits de cette grande gare, il y a d’autres personnes comme elle. Ce sont en général des femmes, avec des enfants, mais aussi parfois seules. Ce sont des mendiants « immobiles », car ils se tiennent dans un lieu fixe pour chercher leur pitance journalière.
Il existent aussi des « mendiants mobiles ». Notamment dans les trains. Dans les rames qui passent de manière récurrente dans l’une des nombreuses lignes de cette gare (3 lignes régionales, 5 métros) à la desserte d’autres lieux de Paris ou de sa région, d’autres personnes font également la manche. Ce sont surtout des hommes. Il y a ceux qui interpellent oralement les passagers. Leur message est à peu près celui-ci : « Bonjour messieurs et dames. Excusez-moi de vous dérangez pendant votre voyage. Je suis actuellement sans abri ni travail et j’ai des difficultés pour me nourrir. Si certains d’entre-vous voudraient bien me dépanner d’une petite pièce ou d’un ticket restaurant, cela m’évitera de passer la journée sans rien manger». Eux, ce sont les « mendiants mobiles parlant ». Ils sont sans doute français, si l’on se réfère à leur niveau de langue.
On distingue aussi des « mendiants mobiles non parlant ». Ce sont des personnes qui ne s’expriment pas ou très peu en français. Ce sont surtout des étrangers (réfugiés sans doute), venus de pays en guerre (Irak, Afghanistan, Kosovo) ou des peuples nomades et marginaux comme les Roms (tziganes) venus de Roumanie. Eux, ils distribuent des petits tracts aux voyageurs présents dans les wagons. Le message inscrit sur ce tract appelle (« je suis réfugié, j’ai deux enfants, aidez-nous») également à la générosité et à la compassion des voyageurs.
Enfin, même si ce n’est pas exactement la même chose, il existe aussi des personnes qui sollicitent la charité des gens, mais en échange d’un petit livre (Le guide des bons plans de restos ou de cinés de paris, mots fléchés ou croisés…), ou d’un petit morceau de musique accompagné de leur guitare ou d’un autre instrument.
Ces différents cas (on pourrait multiplier par centaines les exemples) montrent bien que les mendiants foisonnent dans les gares et transports en commun parisiens. Le phénomène n’est pas nouveau, semble t-il. Mais il s’est accru au fil des dernières années. Ceux qui font la manche, qu’ils soient « mobiles » ou « immobiles », « parlant » ou pas, sont de plus en plus nombreux. A quoi le phénomène est-il du ? Quelle est la réaction des usagers et des autorités publiques compétentes ? Qui sont vraiment ces mendiants ? Vivent-ils de cette « activité » ? A ces questions, nous n’avons pas de réponses précises. La seule chose qui est sure, c’est que peu d’entre ces gens sont des africains (d’origine ou de nationalité).
L’autre certitude sur ce sujet, c’est que la majorité des usagers qui empruntent les transports en commun parisiens (près de 2 millions par jour) sont de plus en plus exaspérés par cette situation. S’il y a bien une petite minorité de personnes qui accèdent de temps à autre à la demande de ces démunis, en leur offrant une pièce d’argent ou un ticket restaurant, beaucoup de voyageurs ne prêtent pas ou plus attention aux mendiants qui les interpellent, d’une façon ou d’une autre. Certains usagers se montrent même désagréables en leur faisant la morale ou en les menaçant du regard ou par des invectives. Pire même, les personnes mécontentes déversent désormais leur bile sur Internet. Ils ont créé plusieurs forums sur la toile pour en parler, comme par exemple www.clubic.com, www.forum-auto.com, www.tizel.free.fr. En observant les sentiments ô combien négatifs développés sur ce sujet, on peut conclure sans trop de peine que, les mendiants ne sont pas la bienvenue dans les gares et les transports en commun parisiens. D’ailleurs, le sont-ils ailleurs ?
Bonjour,
je voulais réagir sur le cas de ces femmes qui mendient avec des enfants. J’ai l’impression, à la lecture de votre article, que vous cédez facilement à la pitié quand vous les voyez. Ce n’est pas mon cas. La question que je voudrais vous poser est la suivante: avez vous déjà vu une famille immigrée africaine, arabe, indienne ou autre, ne pas mettre ses enfants à l’école? Non, bien sûr. Seuls les roms refusent de mettre leurs enfants à l’école. Mais ce qui me choque encore plus dans votre article c’est que vous semblez incapable de voir que ces personnes se servent d’enfants innocents et incapables de faire valoir leurs droits, pour gagner de l’argent. Comment appelle-t-on cela déjà? Ha oui, de l’exploitation d’enfant, de l’esclavagisme! Il est encore plus choquant de constater que ces situations durent parfois depuis plusieurs années sans que qui que ce soit ne réagisse. Je connais bien le cas d’une petite fille de 11 ans qui n’a jamais été scolarisée et qui est chaque jour dans le rer à chanter avec son père, et ce depuis cinq ans. Père que nous (moi et une amie roumaine dont la jeunesse a été gâchée de 15 à 19 ans, forcée de chanter dans le rer par son frère; elle avait demandé à aller à l’école en arrivant en france, cette demande a été rejetée par sa famille qui, force de constater que c’était elle qui rapportait le plus d’argent, n’allait pas laisser le pactole lui échapper.), avons essayé de le persuader d’inscrire sa fille à l’école, en vain. On lui a dit mille fois, deux mille fois, que l’école est gratuite et obligatoire…rien n’y fait. Le plus ignoble n’est pas qu’il ait peur que sa fille soit raillée par les autres enfants, non, ça c’est la bonne excuse, le pire c’est qu’il a peur de ne plus faire pitié aux gens sans sa fille. Il faut savoir que les pouvoirs publics lui avait donné un logement,pour qu’il puisse offrir à sa fille une vie normale, logement qu’il a quitté parce que c’était trop loin du rer dans lequel il mendie, ramenant sa fille dans des squat sans eau ni électricité.
Vous semblez avoir une vision bien naïve des mendiants qui utilisent leurs enfants pour éveiller notre pitié. Vous devriez regarder de plus près et vous verriez que ces situations sont, certes, tristes, mais aussi sordides. Les gens qui se fâchent avec les mendiants sont intolérants, mais il y a aussi des gens comme moi qui commencent à avoir envie de dénoncer l’esclavagisme des enfants qui se fait sous nos yeux, et pour cela, il faut cesser d’idéaliser le mendiant comme une victime, et commencer à le voir comme un irresponsable. Ce sont les adultes qui doivent chercher de l’argent pour faire vivre les enfants, pas le contraire. Où avez vous perdu votre sens des réalités? Nous vivons dans un pays qui défend les droits de l’Homme, alors, si vous voulez faire quelque chose pour ces mendiants accompagnés d’enfant, surtout, cessez de leur donner de l’argent et parlez leur des solutions qui peuvent leur permettre de respecter les droits fondamentaux de leurs enfants, plutôt que de condamner le ras le bol des usagers. Après tout, comment voulez vous qu’ils se sentent face à des enfants qui mendient?
Allez, ne prenez pas mal la petite remontrance que je vous fait, je fréquente des roms depuis assez longtemps pour savoir que, sans les connaître, on ne peut avoir qu’une image idéalisée de leurs situations. Ils sont très pauvres et rejetés, mais, encore une fois, n’est-ce pas le cas de millions de familles immigrées dont les enfants vont pourtant à l’école? Ce qu’il faut c’est considérer les roms comme des sujets de droit. A partir de là, ils ont aussi des devoirs. Considérer qu’ils ont une dérogation au respect des droits de l’enfant sous prétexte qu’ils sont pauvres, c’est accuser leur rejet en dehors de la sphère des sujets de droit. Il faut tout faire pour que ces enfants soient scolarisés. Je garde sous mon lit un cartable que j’aimerais tant pouvoir donner à la petite fille de 11 ans dont je vous parlais. chaque jour je vois le cartable qui dépasse de dessous le lit, et chaque jour je me dis qu’il y a urgence.
Pour le droit à l’éducation! Réagissez!
J’éspère pouvoir continuer cette conversation avec vous!
A bientôt,
Pauline