Césaire enterré avec son Cahier…

Ca y est. Césaire repose à jamais. Il a été inhumé hier chez lui en Martinique dans la sphère familiale au cimetière La Joyau. Après des obsèques nationales qui auront vu des rassemblements en son honneur à Paris, en Afrique et surtout à Fort-de-France, où une grande manifestation a eu lieu dans le stade de foot de la ville.

L’un des principaux enseignements qu’on retiendra de ces quatre jours de frénésie ouvert avec l’annonce de sa mort jeudi dernier jusqu’à son inhumation hier dimanche, c’est que partout les manifestations d’hommage se sont déroulés dans le calme et conformément à ce que le poète lui-même aurait souhaité. C’est-à-dire dans sous le signe de la fraternité, de l’amitié, de l’universalité, de la culture.

Ceux qui ont organisé ces obsèques ont aussi pris la bonne décision en faisant rythmer de ces textes les différents temps forts des obsèques. Ainsi, on a vu que devant la Place de la Sorbonne Samedi, sur l’esplanade de l’Hôtel de ville à Paris, ou dans le stade de Dillon à Fort-de-France, ce sont des artistes, des comédiens, des écrivains qui ont tenu le haut de l’affiche. Ce sont eux qui ont lu les extraits de textes de Césaire. Des textes forts, lourds de sens, et dont on aura pu, à l’occasion (re)apprécier la beauté. Ils ont lu tour à tour des extraits des Armes miraculeuses, de Soleil cou coupé, Cadastre, Ferrements… Certains ont mimé des scènes de ces pièces de théâtre comme Une Saison au Congo, La Tragédie du roi Christophe. Incontestablement, c’est Cahier d’un retour au pays natal qui a été le plus cité dans ses obsèques; et à juste titre. Ce long poème en prose étant certainement l’ouvrage le plus connu de l’auteur.

A des amis qui me demandaient vendredi dernier « avec lequel de ses livres l’accompagnera t-on dans sa dernière demeure? » Je leur avais répondu « certainement, avec Cahier… » Comme pour Zola, en 1902, où les mineurs descendus du Nord de la France criaient « Germinal » (du nom de son oeuvre principale) en accompagnant sa dépouille au cimetière de Montmartre à Paris, la foule rassemblée pour les obsèques de Césaire pensait et criait…en silence « Cahier d’un retour au pays natal« . 

 

 

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