GREVE DES SANS PAPIERS

« Régularisation de tous les sans papiers ». C’est le mot d’ordre lancé par 530 immigrés clandestins en grève depuis plus d’une semaine à Paris. Ils sont soutenus par différentes associations de droits de l’homme et de soutien aux immigrés en France. Fait nouveau même, ces travailleurs immigrés clandestins sont également appuyés par leurs patrons, qui ont choisi de les accompagner dans ce mouvement de revendication d’un titre de séjour. 

D’origine africaine (maliens, sénégalais, ivoiriens, camerounais), ces personnes vivent en France depuis plusieurs années. Ils travaillent et paient des impôts. Certains ont des enfants scolarisés. Embauchés après avoir présenté soit un faux papier, soit celui d’un proche, ils sont aujourd’hui excédés de vivre dans une situation de grande précarité administrative et parfois professionnelle. En effet, malgré le fait qu’ils travaillent, ils courent toujours le risque de se faire arrêter et rapatrier à tout moment, pour défaut de titre de séjour. De même, les entreprises qui les emploient courent le risque de lourdes sanctions financières et judiciaires pour « travail dissimulé et aide au séjour irrégulier ». 

 

Commencé à Paris et dans sa région, ce mouvement de grève des sans-papiers a désormais pris de l’ampleur et s’étend à d’autres localités de province. Aussi, il défraie la chronique dans les médias et son traitement occupe une bonne place des journaux télévisés et dans la presse écrite nationale. 

Pour l’instant, l’administration française n’a pas réagi que très timidement à ce « dossier ». Hier lundi, les représentants de ces sans-papiers et des syndicats qui les soutiennent ont été reçus par le directeur de cabinet du ministre de l’Immigration Brice Hortefeux. De cet entretien, il est ressorti que, « sur instruction du ministre », les préfectures traiteront leurs dossiers de régularisation avec « bienveillance ». Une façon de dire qu’ils seront tous régularisés ? Nous le saurons dans les prochains jours. 

Mais dores et déjà, cette grève soulève quelques questions. Alors que Nicolas Sarkozy a déclaré
la France en « chantier », le pays peut-il se priver de personnes qui travaillent de manière assidue et compétente dans des secteurs clés et peu prisés des français comme le BTP, la restauration, l’entretien? Les petits patrons qui emploient ces clandestins et qui peinent à trouver de la main d’œuvre, vont-ils être sacrifier sous l’hôtel de la lutte contre l’immigration clandestine, alors même qu’ils contribuent à leur manière à l’effort de croissance du pays ?
La France peut-elle continuer à faire la politique de l’autruche sur cette question alors même que des études montrent qu’elles a besoin des immigrés pour soutenir sa croissance et assurer son système de retraite ? Serait-ce encore illogique pour les autorités d’entreprendre une vaste campagne de régularisation des sans-papiers conditionnés par leur accès au marché du travail, comme cela s’est fait en Espagne et en Italie ? 

Autant de questions auxquelles, en plus de gérer la situation ponctuelle de ces 530 sans papiers, les autorités françaises devront s’atteler  pour résoudre celle des milliers d’autres clandestins travailleurs qui vivent sur son territoire. 

 

Laisser un commentaire