Archive pour mai 2008

Etrange reconversion de certains Journalistes.

Vendredi 30 mai 2008

Le PSG a un nouveau président. Il s’appelle Charles Villeneuve. Ce dernier n’est pas un inconnu en France. Journaliste, il a été longtemps présentateur d’une des émissions les plus regardées de la 1ere chaîne de télévision TF1 Le Droit de Savoir. Emission « d’enquêtes » et d’investigation, elle aborde les faits divers, le show-biz, mais aussi les coulisses du sport, de la politique et du spectacle (quand ce ne sont pas les deux à la fois politique-spectacle). Ce monsieur était aussi Directeur des sports de
la Une, chaîne détentrice des droits télés de l’Equipe de France de foot, et diffuseuse prioritaire de la league des champions. 

Sont-ce ces dernières prérogatives qui lui donnent aujourd’hui le droit de devenir le président du PSG? Il serait difficile de l’affirmer, son poste le plaçait bien loin des opérations et des contacts avec les joueurs et autres acteurs majeurs du ballon rond. Mais voilà, il a été nommé président du PSG. A la grande surprise de plus d’une personne, moi en premier. Ce n’est pas qu’il soit moins compétent qu’un autre président du PSG (d’ailleurs les derniers en date ont montré l’étendue de leur incompétence); ce qui me semble plus préoccupant, c’est la (nouvelle) parade qu’ont trouvée des journalistes (sportifs surtout) pour échouer à la tête d’Equipe de football ou à des postes importants dans ce milieu. 

Au commencement de cette pratique, il y eut Michel Dénisot. Lorsque Canal+, la chaîne dans laquelle il officie décide de devenir propriétaire du PSG au début des années 90, elle le bombarde à la présidence du club. En 7 ans de présidence, il réussit à bâtir une équipe solide et, sans doute, la plus forte que le club n’ait jamais connu. Un titre de Champion, Une coupe européenne (coupe des coupes) plusieurs coupes nationales (coupe de France et de la ligue). En 1998, il quitte la tête du club et retrouve le micro, mais plus au sport, plutôt à l’information générale. Son successeur est Charles Biétry. 

Ce dernier avait joué des coudes et fait beaucoup d’activisme pour prendre la tête du club. Lui aussi était journaliste à Canal, patron du service des sports. Nommé président, il démissionnera moins d’un an plus tard. Le moins qu’on puisse dire c’est que, entre la théorie qu’il débitait si bien au micro et la pratique comme président du PSG, il vit que le fossé était énorme. Mauvais recrutements (entraîneur et joueurs), mauvaise communication, mauvais en tout. La porte, il la prit en catimini, plein de honte et vanné (presque) à jamais dans le milieu du foot. D’ailleurs il n’est que très peu revenu dans ce milieu depuis, lui qui pourtant avant en était l’un des grands manitou…au micro. 

Après ces deux dinosaures du micro passés à la tête des clubs, la pratique a fait des émules. Certains écumant les petits clubs amateurs ou de seconde zone comme Karl Olive (Canal+) au Fc Poissy, Philippe Doucet (encore Canal) au SCO d’Angers. Pascal Praud (Tf1) quant à lui est allé diriger l’administration du Fc Nantes depuis l’année dernière. Bien d’autres journalistes encore sont impliqués dans des clubs de foot. Le dernier en date étant donc Charles Villeneuve. 

L’embêtant dans toute cette histoire c’est que, dans ces nouvelles reconversions, ils ne font pas la preuve de leur efficacité. Pas plus qu’ils ne la faisait au micro déjà. Du coup, on est en droit de se demander que vont-ils faire dans les clubs de foot?  Du pognon. Certainement 

 

 

Mon « Hommage » à Pascal Sevran

Lundi 26 mai 2008

Pascal Sevran est mort vendredi 9 Mai dernier. Son décès a été longuement commenté dans les médias, de l’animation et le milieu du show-bizz dont il était l’une des figures emblématiques depuis plusieurs décennies. Comme souvent en ce genre de circonstance, et pour une personne aussi connue, les hommages et messages onté été nombreux. Tous, quasiment, ont loué le grand talent, la grande personnalité de celui qui a consacré une grande partie de sa vie à « faire chanter la France », selon l’expression de Jack Lang.

Sans avoir ni le mérite, ni le statut des grands artistes, élus, et hommes de médias qui se sont inclinés devant sa dépouille, qu’il me soit permis de lui rendre également hommage trois semaines après. Hommage, çà n’est pas le mot juste, car il s’agit plutôt d’un point de vue sur cette personnalité récemment décédée. Et, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est aux antipodes des concerts de louanges et bonnes phrases qui ont été adressées jusqu’ici.

En Afrique, comme ailleurs je crois, on n’insulte pas un mort. Qu’il soit criminel, brigand ou malade. Mon propos ne rélèvera donc pas de l’insulte ni du diffamatoire. Simplement, une observation, un commentaire sur les déclarations qu’il a tenues sur les « noirs », que dire, sur les « nègres ».

En réponse à un journaliste qui l’interrogeait, il dit ceci: « L’Afrique crève de tous les enfants qui y naissent sans que les parents aient les moyens de les nourrir. Je ne suis pas le seul à le dire. [...] J’écris ce que je pense, si des gens bien au chaud dans leur certitude ne supportent pas d’entendre ça [...] Oui, il faudrait stériliser la moitié de la planète ».

Dans son livre Le Privilège des jonquilles, il affirme également que « Des enfants, on en ramasse à la pelle dans ce pays [le Niger] — est-ce un pays ou un cimetière ? — où le taux de fécondité des femmes est le plus élevé du monde, neuf enfants en moyenne par couple. Un carnage. Les coupables sont facilement identifiables, ils signent leurs crimes en copulant à tout va, la mort est au bout de leur bite, ils peuvent continuer parce que ça les amuse, personne n’osera leur reprocher cela, qui est aussi un crime contre l’humanité : faire des enfants, le seul crime impuni. On enverra même de l’argent pour qu’ils puissent continuer à répandre, à semer la mort ».
Ces saillies, teintées de racisme et d’eugénisme, il les a revendiquées. Il ne s’est excusé que timidement, et en secret, se vantait même d’avoir dit « tout haut ce que beaucoup pensent bas ». Pour cette raison, pour ces propos, je pense que Pascal Sevran ne méritait pas l’hommage qui lui a été fait.

EMIGRATION EN France : Le Cameroun dit oui au test Adn

Mardi 20 mai 2008

Selon une information du quotidien Le Figaro de mardi 19 mai, le Cameroun serait prêt à accepter un accord de principe pour pratiquer les tests Adn sur ses ressortissants voulant émigrer en France. En visite à Yaoundé la capitale de ce pays en début de semaine, le ministre français de l’Immigration Brice Hortefeux devait finaliser cet accord avec des responsables camerounais. Le Cameroun serait ainsi l’un des premiers pays à accepter ce procédé. D’autres pays d’Afrique seraient également en passe de signer cet accord. 

Il faut rappeler que la loi sur les Tests Adn a été introduite en septembre 2007 dans le projet de loi sur l’immigration en France. Elle avait été proposée par le député UMP Thierry Mariani. Elle stipule que les consulats français à l’étranger, en cas de doute sur l’authenticité d’un état civil, doivent proposer aux demandeurs de visas de plus de 3 mois (dans le cadre du regroupement familial), de recourir au test génétique (Adn) pour prouver leur filiation. Notamment entre les enfants et la mère.   

Cette proposition avait provoqué un tollé et une vague d’indignation dans la classe politique ainsi que chez les scientifiques. D’aucuns fustigeaient le fait que l’on veuille désormais établir la filiation entre un enfant et ses parents par la science plutôt que par la voie administrative, ce qui exclurait les enfants adoptés ou reconnus. D’autres « anti test Adn » rejetait aussi le fait qu’un tel procédé ne puisse s’appliquer qu’aux étrangers (africains notamment) ce qui est contraire au principe républicain d’égalité de tous devant la loi. 

Après quelques retouches et amendements, ce projet de loi a tout de même été voté et adopté en Novembre 2007. C’est donc à sa phase de mise en application que le ministre Brice Hortefeux s’investit en ce moment avec l’accord qu’il a fait signer au Cameroun et qu’il fera bientôt dans d’autres pays. Les Tests Adn seront donc bel et bien pris en compte désormais comme « pièces au dossier » pour ceux qui voudront émigrer durablement en France, et sans doute, ailleurs en Europe. Car, on apprend que l’Italie, où

la Silvio Berlusconi vient de reprendre la tête du pays bien aidé par le parti xénophobe de
la Ligue du nord, va aussi pratiquer les mêmes tests. Lors de sa présidence de l’Union européenne qui commence le 1er juillet,
la France proposera certainement à ses partenaires européens de généraliser cette pratique.   
 

Nicolas SARKOZY, An I à l’Elysée, Fin

Vendredi 16 mai 2008

Avec quelques jours de retard, voici le dernier article sur la trologie « Sarkozy à l’Elysée; An I ».

 

Un an déjà donc que le président Sarkozy a été élu. Pour quel bilan ? On ne saurait le dire, puisque son mandat ne s’achève que dans cinq ans (2012) et c’est à ce moment-là qu’il faudra tirer tous les enseignements. Mais déjà, on peut dire que les douze premiers mois de Nicolas Sarkozy à la tête de la France se sont déroulés sur un rythme soutenu. Tellement soutenus que, adversaires et même amis politiques n’ont pas pu suivre le rythme. Une vitesse, une frénésie d’action et de discours qui lui ont valu le joli surnom « d’Hyperprésident », trouvé par Laurent Fabius.

« J’ai été élu pour réformer
la France », avait-il dit dès son élection. Depuis, il s’évertue à le (re)dire régulièrement. Pour cette raison, il a donc engagé la France sur plusieurs chantiers à la fois. L’économie, l’éducation, les institutions, les retraites, l’assurance maladie, la justice et bien d’autres secteurs encore. Même s’il n’ont pas encore produit les résultats escomptés (et c’est le moins qu’on puisse dire), ils ont au moins été amorcés.

Sur le plan économique, un « paquet fiscal » a été voté quelques mois après l’arrivée au pouvoir de M. Sarkozy. Celui-ci prévoyait une défiscalisation des heures supplémentaires effectuées par les travailleurs de tous les secteurs, ainsi qu’une exonération du salaire du travail des étudiants. Ces deux aspects ont été bien perçus par les français. Mais dans cette loi, il y avait aussi un allègement des droits de succession, un crédit d’impôt sur les emprunts immobiliers et un aménagement sur l’Impôt sur la fortune. Ces dernières mesures elles ont été perçues comme des « cadeaux au riches », car, ne concernant qu’une petite minorité de la population. Le coût financier de cette loi a été si élevé qu’il a rogné la marge de manœuvre du président et de son gouvernement pour agir sur le pouvoir d’achat des plus pauvres. Pourtant, il avait annoncé qu’il voulait être « le président du pouvoir d’achat, des ouvriers, des pauvres. » Cette première année n’en a pas trop donné l’illustration.

Pour le reste des domaines de la politique intérieure dans lesquels M. Sarkozy s’est investi, on notera une grande réforme des institutions avec un accroissement du rôle du Président de
la République qui pourra désormais s’adresser au Parlement (ce qui n’était pas possible avant) et plus de responsabilités aussi pour les députés. Sur la justice, de nombreux amendements ont été votés qui rendent l’appareil judiciaire plus répressif, notamment pour les jeunes (qui n’auront plus l’excuse de minorité) et pour les multirécidivistes (qui pourront être internés même après avoir purgé leur peine).

S’il est un secteur ou la première année de présidence de Nicolas Sarkozy a atteint son paroxysme, c’est dans la politique « politicienne ». D’abord avec « l’ouverture » (le débauchage de personnalités politiques des autres camps), qui a mis un « joyeux bordel » selon l’expression d’un confrère, chez ses adversaires politiques. Puis avec un mélange de genre entre vie publique et vie privée avec l’étalage (volontaire ou pas) de ses problèmes de cœur dans la presse en général. Résultat de tout ceci, une défaite de son camp lors des municipales en mars, et surtout, depuis le début de l’année, une cote de popularité qui ne cesse de descendre jusqu’à atteindre ce mois le niveau historique le plus bas jamais enregistré par un président français.

En clair, à ce jour, la première année de Nicolas Sarkozy à l’Elysée n’est ni la « rupture », ni la « révolution », ni le « succès assuré » annoncés par lui et ses contempteurs. Mais il y a encore quatre ans pour redresser la barre et faire de
la France le pays « fort, dynamique et moderne » qu’il appelait de ses vœux lors de ses vœux à la nation le 31 décembre 2007. Au rythme d’une annonce quasiment tous les jours sur le plan national, les premières semaines de mandature ressemblait un peu à une opération d’annonce perpétuelle. Après les couacs des municipales, la récession de la conjoncture internationale, la grogne au sein de son parti (et notamment chez les parlementaires), le président a du lever le pied. Pour combien de temps? Est-on en droit de s’interroger. Va t-il abandonner en rase campagne l’essentiel de ses promesses électorales? Va t-il s’imposer aux français par les résultats de sa politique? Ou alors, va t-il tout simplement, comme ses prédecesseurs dont les premiers mois de présidence ont été parfois tout aussi tonitruants, (re)devenir un président « normal », dans la tradition de la Ve République? On le verra au cours de cette deuxième année de mandat.

 

LE CCFD réunit des experts du Sud à Paris pour parler de la crise alimentaire mondiale

Lundi 12 mai 2008

Comment comprendre la crise alimentaire qui frappe plusieurs pays en ce moment ? Quelles en sont les causes ? Et les moyens pour y faire face ? Comment les principaux pays concernés s’organisent-ils ? C’était à l’occasion d’une conférence organisée par le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) dans le cadre des activités marquant son 50e anniversaire, prélude au 5e Congrès national de l’association, des 10 au 12 mai prochain à Grenoble. Intitulée « Crise alimentaire : Points de vue du sud », cette assise a permis de donner la parole à des acteurs principaux du Sud (syndicalistes, personnalités et militants des ONG humanitaires), engagés dans la défense de la souveraineté alimentaire dans leur pays respectif. 

Des interventions de Jean-Baptiste Chenet (Haïti), Arze Glipo (Philippines), Ibrahim Ouédraogo (Côte d’Ivoire/Burkina Faso), et Nicholas Chinnapan (Inde), les principales idées qui ont été avancées pour expliquer cette crise alimentaire sont presque les mêmes. D’abord et surtout, qu’elle n’est pas une « catastrophe naturelle ». Mais, un phénomène conjoncturel et structurel. Conjoncturel parce que cette crise fait suite à une mauvaise santé du tissu agricole (et notamment de l’agriculture vivrière) des principaux pays concernés. En clair, les pays les plus atteints sont ceux qui déjà, ont du mal à s’auto suffire alimentairement. Structurel, du fait des politiques agricoles imposées par les pays du nord au pays du sud, qui ont favorisé les produits d’exportation (bon pour la commercialisation extérieure et pas pour la consommation locale) au détriments des denrées vivrières, pas rentables. 

Jean-Baptiste Clément a ainsi expliqué par exemple qu’à Haïti, l’Agence américaine pour le développement international plus connue sous le nom de Usaid, avait encouragé son pays à accroître sa production des fruits en assurant aux paysans que le marché américain tout proche absorberait toujours ces produits. Malheureusement, c’est au préjudice de cultures plus utiles directement à l’alimentation des haïtiens que s’est développée la culture des fruits destinés au marché américain. 

M. Ibrahim Ouédraogo a fait à peu près le même constat au sujet des deux pays qu’il a présenté. Il a rappelé que, en Côte d’Ivoire, le pays a longtemps privilégié le Cacao et le Café, dont il était respectivement 1er et 3e exportateur mondial. Plus loin même, ici comme au Burkina et au Sénégal qu’il a aussi abordé, le choix d’accentuer le travail des cultures de rentes s’accompagnaient d’une certitude que, les produits de première nécessité (riz et autres céréales) s’achèteraient à bon marché (moins cher en fait) aux pays asiatiques que sont
la Thaïlande et le Vietnam. 

C’est le résultat de ces mauvais choix cités plus haut, combinés à d’autres éléments comme le subventionnement des agricultures des pays du Nord qui rend ainsi toute concurrence impossible avec celle du Sud, plus pauvre et non subventionnée, qui explique en très grande partie les graves problèmes alimentaires dans certains pays du monde en ce moment. La résolution de cette crise est d’une urgence capitale car, en même temps qu’elle fait courir des risques de famine générale (et ses conséquences) à de nombreux Etats, elle a aussi des conséquences socio-politiques. Et les émeutes sanglantes qui ont secoué Haïti, le Cameroun, le Sénégal,
la Côte d’Ivoire et d’autres pays encore sont là pour en témoigner. Malheureusement.  

 

Nicolas SARKOZY, An I à l’Elysée, suite

Samedi 10 mai 2008

« Nicolas Sarkozy Président », c’est une success story littéraire. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour en libraire et de voir le nombre d’ouvrages parus sur lui depuis le début de l’année dernière, date de l’annonce officielle de sa candidature à la présidence de la république française. En effet, nombreux sont les projets éditoriaux qui ont été publiés sur lui. On parle de 76 livres. Un record. Quels sont-ils?

D’abord, il y a eu ceux d’avant l’élection présidentielle. Pour la plupart, ils analysaient de manière assez équilibré, la vie, le caractère, les ambitions… de celui qui n’était encore « que » ministre de l’Intérieur et président de l’Ump. On peut citer en vrac, Sarko star de Michaël Darmon (2004), Nicolas Sarkozy au fond des yeux de Nicolas Domenach (2004), Nicolas Sarkozy, Enquête sur un homme de pouvoir de Frédéric Charpier (2006), Un pouvoir nommé désir, de Cathérine Nay (2006), La Saga Sarkozy de Christophe Barbier (2007)… Candidat parmi d’autres, bien que jouissant d’une force de frappe politique et en terme d’image, il était vu comme un des favoris du scrutin d’avril-mai. Dans son livre Le Rebelle et le roi (Albin Michel, 2004), la journaliste du Monde Béatrice Gurrey analyse les rapports entre Nicolas Sarkozy ministre de l’Intérieur (Le Rebelle) et le président de la République Jacques Chirac (le roi). Rapports difficiles et quasi-conflictuels au quotidien, surtout depuis que, deux ans, plus tôt, M. Sarkozy avait dit ouvertement qu’il serait candidat à l’Elysée en 2007. La suite, on la connaît.

Après ce scrutin de 2007 dont il sortit vainqueur, ont fleuri dans les maisons d’édition un ensemble d’ouvrages panégyriques à son sujet. On a même assisté à une surenchère de flagornerie pour savoir qui racontera le mieux la « fabuleuse histoire » du nouveau président. En majorité, ces livres étaient signés de journalistes et/ou d’écrivains tout acquis à la cause de l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine, ou alors de son bord politique (
la Droite). Dans ce contingent, les livres, les plus sollicités furent sans doute ceux écrits directement sur lui (le « roman » de Yasmina Reza, L’Aube le soir ou la nuit (août 2007), ou alors sur certains de ses proches comme son ex-épouse Cécilia Sarkozy (Cécilia, Portrait de Anna Bitton (2008), Ruptures de Michaël Darmon, Cécilia, la face cachée de l’ex-première dame, (2008)Denis Demonpion et Laurent Léger), ou encore sur Rachida Dati (Je vous fais juges (2007) entretien avec Claude Askolovitch, Rachida Dati, Biographie (2007) de Lionel Cottu) sa ministre de la justice, un temps vue comme l’image resplendissante et triomphante du Sarkozysme, et présente de manière saturante dans les médias.

Après son divorce d’avec Cécilia Sarkozy en fin d’année dernière (novembre), soit moins de six mois après sa victoire, les livres moins sympathiques ont été plus réguliers, dont certains qui avaient été écrits bien avant, mais n’avaient pas eu de rayonnement ni en librairie, ni dans les médias. On peut citer ici Misère du sarkosisme, cette droite qui n’aime pas
la France
de Paul Ariès (2005), Traité de démagogie appliquée : Sarkozy, la récidive et nous de Serge Portelli (2006), ou encore
la Bande dessinée à succès de Philippe Cohen et Richard Malka
La Face Karchée de Nicolas Sarkozy (2006). Il y a aussi ici ceux sur sa rupture avec Cécilia que nous avons cités plus haut. Avec des révélations plus ou moins croustillantes sur le personnage, ses fréquentations, ses qualités, ses défauts. Enfin d’autres hommes politiques sont également allés de leur belle plume sur le président.

Mais, les livres les plus cinglants sont signés de journalistes politiques marqués à Gauche ou de personnalités politiques déçues rapidement par le nouveau président. Dans ce dernier cas, on notera le brûlot devenu best-seller de l’ancien ministre de
la Défense François Léotard, Ca va mal finir (2008), qui l’avait pourtant soutenu lors de la campagne présidentielle. De même, le directeur du quotidien de Gauche Libération, Laurent Joffrin, a signé un tonitruant Le roi est Nu (début 2008). Il s’y attaque notamment à ce qu’il considère comme une  »monarchie républicaine » fustigeant au passage l’écart monstrueux qui existe entre les promesses de campagne du candidat Sarkozy et ses premières réalisations en tant que président de la République.

 

Au final, de quelques côtés qu’on soit, il faut dire que Nicolas Sarkozy a été, continue et sera encore (?) un bon filon littéraire, et très prisés des français. Ne dit-il pas lui-même souvent qu’il « fait vendre »? Les livres sur lui se sont toujours assez bien vendus. Anna Bitton a écoulé 170 000 exemplaires; c’est presque autant pour François Léotard et juste un peu moins Cathérine Nay et Laurent Joffrin. Même la BD de Richard Malka et Philippe Cohen (La face Karchée de Nicolas Sarkozy) s’est bien écoulée. Tantôt héros aimé, adulé ou mal-aimé et mitraillé, Nicolas Sarkozy a le mérite de donner du grain à moudre aux plumitifs, puis d’occuper les rayons des librairies et des grandes surfaces, et surtout de faire vendre tout en enrichissant ceux qui le dépeignent. Quand sera venu l’heure de tirer son bilan, par lui-même ou par d’autres, sans doute que, sa présence en littérature (essayistique ou fictionnelle) occupera une très bonne place.

Nicolas SARKOZY, An I à l’Elysée

Vendredi 9 mai 2008

Il y a un an, Nicolas Sarkozy était élu triomphalement (53%) par les français à la présidence de la République. Douze mois plus tard, que peut-on dire de cette première année de gestion du pays? Pas grand chose et beaucoup à la fois. Pas grand chose parce que, le mandat pour lequel il a été plébiscité (le mot n’est pas fort) est de 5 ans. Et en un an, il n’est même pas encore à mi-parcours. Il serait donc illusoire et même maladroit de le juger sur un temps si court alors que le meilleur ou le pire (c’est selon) peuvent arriver après. On pourrait aussi dire beaucoup de chose car, son élection s’est réalisée dans une espèce de liesse démocratique populaire (plus de 85% de participation, Record), qui, naturellement ont créé des attentes nombreuses chez les français. En plus, son accession à la présidence de la République était la continuité quasi-logique d’une carrière politique menée tambour battant, au cours de laquelle il aura trusté la plupart des grands postes de responsabilités de ce pays (maire, député, président de conseil général, président de parti, plusieurs fois ministres dont Intérieur, Budget, Economie…). Enfin, élu pour faire (bouger la France » selon ses propres termes, il avait aussi décidé de sortir de la posture de « président-arbitre » pour être « président-acteur ». En cela, en un an, il devrait avoir réalisé ou non certaines actions. Est-ce le cas?

Je proposons ici une modeste lecture de ce que j’ai pu observer de cette première année de mandat de Nicolas Sarkozy à l’Elysée sur trois points: à l’international, en politique intérieure, et en librairie.

 

SARKOZY AN I : le bilan à l’international 

 

30. C’est environ le nombre de déplacements officiels que Nicolas Sarkozy a effectué à l’étranger depuis son élection il y a un an. Dans ce nombre, on compte moins d’une dizaine de séjours en Afrique (Libye, Algérie, Maroc, Tunisie, Sénégal, Gabon, Afrique du Sud). Le président français snoberait-il le continent noir ? Officiellement non, même si, de manière officieuse, il a toujours été confessé que l’Afrique n’était pas sa tasse de thé. Soit.Mais, s’il n’est pas allé énormément sur ce continent au cours de sa première année de mandat, c’est que, dans le domaine international, Nicolas Sarkozy s’est beaucoup investi dans d’autres régions du monde. Sans doute, en fonction d’une certaine hiérarchisation des priorités.

Ainsi, c’est d’abord l’Europe qui a été explorée. En grande partie grâce à lui, les 27 pays membres de l’UE se sont mis d’accord, le 23 juin 2007, sur un « traité simplifié » pour l’Europe communautaire. Il faut dire que le large rejet (55%) en 2005 du Traité constitutionnel par
la France ne lui donnait pas d’autres choix que de s’y investir prioritairement. En effet, son pays portait par ce rejet, une grande partie de l’échec ou du blocage des institutions européennes pendant 2 ans. Cet accord est sans doute l’une des plus belles réussites internationales de cet cette première année de mandat.

 

Toujours au chapitre des relations remises en bon ordre, l’alliance Franco-allemande. Même si elle ne battait pas particulièrement de l’aile sous l’ancienne présidence (notamment entre Jacques Chirac et Gerhard Schröder), M. Sarkozy, en recevant officiellement douze (12) fois en un an la chancelière allemande Angela Merkel, a voulu montrer que rien en Europe ne pouvait se faire sans une coopération (très) renforcée entre les deux pays. Le « moteur franco-allemand » tient donc ainsi toujours malgré les différences de style entre les deux leaders.

 

En plus de son voisin d’Outre-rhin, Nicolas Sarkozy a aussi choyé ses voisins d’Outre-manche, les Britanniques. En campagne électorale, il avait déjà dit vouloir appliquer le modèle économique britannique en France (avec juste 5% de chômage,
la France en compte presque 10%). En visitant ce pays il y a quelques semaines, renouvelé ce vœu. De plus, autant il a été séduit par le Premier ministre Tony Blair (même si celui-ci a quitté ses fonctions peu après), autant son volontarisme est apprécié là-bas à Droite comme à Gauche. Cerise sur le gâteau, sa nouvelle épouse Carla Bruni a séduit les britanniques lors de cette visite.

 

Ce tour d’horizon des bonnes actions à l’international serait incomplet si on n’évoquait pas le renouveau des relations entre
la France et les États-Unis d’Amérique que M. Sarkozy, atlantiste et fervent admirateur du modèle de vie américain, a entrepris de (re)séduire. Les deux pays étaient fâchés depuis l’épisode de l’entrée américaine en Irak, en 2003, que Jacques Chirac et Dominique de Villepin (alors ministre des Affaires étrangères) avait condamnée. Aujourd’hui, cette brouille appartient au passé et, Nicolas Sarkozy a pu le dire lors de son discours très acclamé au Congrès le 7 novembre 2007. Bien plus, il s’est même engagé à aller plus loin que cette simple « renormalisation » des rapports entre les deux pays en décidant il y a un mois de l’envoi de 1000 soldats français supplémentaires en Afghanistan aux côtés des troupes américaines qui combattent les Talibans dans ce pays.

 

Hors ces cas sus cités, les autres terrains étrangers que Nicolas Sarkozy a visités n’ont pas été autant de succès. S’il a semblé être dicté par des raisons diplomatiques et/ou économiques dans ses déplacements en Chine, en Inde, en Libye et au Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc) par exemple, il a été en revanche moins regardant sur les problèmes de démocratie, de libertés de la presse et surtout des Droits de l’homme. Lui qui déclarait pourtant dans son discours du soir de son élection vouloir que la « France (soit) aux côtés de tous ceux qui souffrent de l’arbitraire dans le monde » en est encore bien loin. De cette déclaration de principe très idéaliste, le chef de l’Etat français a du se résoudre depuis, bon gré mal gré, à la réalité pratique des relations diplomatiques et tout ce qu’elle comporte de renoncements et désistements.

 

De même, il a du se résoudre à ce même pragmatisme diplomatique au sujet de l’Afrique noire, et notamment de l’ancien pré-carré français. Juste élu, il avait souhaité la « rupture » d’avec les vieilles pratiques de

la Françafrique. Pourtant, à la première occasion de venir sur notre continent, il est allé rendre à celui qui incarne le mieux ces vieilles habitudes, Omar Bongo du Gabon. Outre cela, il a même réussi à renvoyer en mars dernier, son ministre de
la Coopération (des Affaires africaines) Jean-Marie Bockel, au motif que ce dernier lui avait juste rappelé de tenir son engagement de mettre fin à une certaine vision de
la France en Afrique, incarnée par
la Françafrique ; comme par exemple, l’intervention de soldats français au Tchad pour sauver le régime d’Idriss Déby. Le clou de l’impair ou de la maladresse (pour ne pas dire plus) avec notre continent reste sans conteste son séjour au Sénégal en juillet 2007. dans son discours à cette occasion, devenu le fameux « Discours de Dakar », il avait eu des mots très peu aimables (pour dire le moins) envers « l’homme noir » qui, selon lui « n’est pas assez entré dans l’histoire ». Le Pr Achille Mbembé, dans deux commentaires (qu’on peut lire aux adresses ci-bas), en avait montré toute  l’inanité, les contresens, les bizarreries…  

 

Il reste quatre ans au président Sarkozy pour changer ou continuer ( ?) sa gouvernance tant nationale qu’internationale. Il lui reste surtout 4 ans pour changer ou continuer sa politique diplomatique avec le continent africain. Qu’elle soit de « rupture » ou de « continuité » peut importe ; les africains espèrent juste qu’elle soit moins ténébreuse, moins condescendante, moins paternaliste…mais plus claire, plus juste. Et pour y parvenir, 4 ans ne sont pas de trop. Afin de briser son image quasi-détestable qui s’installe dans la jeunesse africaine notamment après le Discours de Dakar. Afin de mettre également la pression, ouvertement, sur les pays africains amis qui boycottent encore régulièrement les principes démocratiques les plus élémentaires comme les élections libres et transparentes. Afin enfin de faire de
la France l’amie de ces pays et non sa tutrice ou son ennemie. Y arrivera t-il ? On en saura un peu plus dans un an, quand il faudra célébrer « l’An II » de Nicolas Sarkozy à la tête de
la République française. 

 

 

http://www.congopage.com/article4872.html

http://www.africamaat.com/Achille-MBEMBE-demonte-le-mensonge

 

 

 

CRISE ALIMENTAIRE MONDIALE : des experts des pays du sud se concertent à Paris

Mercredi 7 mai 2008

Jean-Marc Bikoko, président de
la Centrale syndicale du secteur public du Cameroun planchera vendredi prochain à Paris sur la grave crise alimentaire que connaissent certains pays du monde actuellement. Ce sera à l’occasion d’un atelier-conférence organisé vendredi 9 mai par le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement) à
la Place du Châtelet, dans le 1er arrondissement de Paris.

Avec l’expert camerounais, seront également présents des experts venus de Haïti, des Philippines, de Côte d’Ivoire, du Nicaragua, du Guatemala… Tous essayeront d’analyser les causes et les raisons de l’actuelle crise alimentaire. Aussi, ils présenteront chacun aussi la situation qui prévaut à ce sujet dans leur pays respectif. Sans doute qu’ici, M. Bikoko évoquera la cherté des produits de premières nécessité au Cameroun (Riz, Huile, Poisson, Viande…) et l’impossibilité pour les populations au faible pouvoir d’achat, de faire face à l’augmentation croissante des prix de ces produits.

Nous présenterons ici les grandes résolutions et pistes de cette réunion de Paris dans un autre article.