Nicolas SARKOZY, An I à l’Elysée, suite

« Nicolas Sarkozy Président », c’est une success story littéraire. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour en libraire et de voir le nombre d’ouvrages parus sur lui depuis le début de l’année dernière, date de l’annonce officielle de sa candidature à la présidence de la république française. En effet, nombreux sont les projets éditoriaux qui ont été publiés sur lui. On parle de 76 livres. Un record. Quels sont-ils?

D’abord, il y a eu ceux d’avant l’élection présidentielle. Pour la plupart, ils analysaient de manière assez équilibré, la vie, le caractère, les ambitions… de celui qui n’était encore « que » ministre de l’Intérieur et président de l’Ump. On peut citer en vrac, Sarko star de Michaël Darmon (2004), Nicolas Sarkozy au fond des yeux de Nicolas Domenach (2004), Nicolas Sarkozy, Enquête sur un homme de pouvoir de Frédéric Charpier (2006), Un pouvoir nommé désir, de Cathérine Nay (2006), La Saga Sarkozy de Christophe Barbier (2007)… Candidat parmi d’autres, bien que jouissant d’une force de frappe politique et en terme d’image, il était vu comme un des favoris du scrutin d’avril-mai. Dans son livre Le Rebelle et le roi (Albin Michel, 2004), la journaliste du Monde Béatrice Gurrey analyse les rapports entre Nicolas Sarkozy ministre de l’Intérieur (Le Rebelle) et le président de la République Jacques Chirac (le roi). Rapports difficiles et quasi-conflictuels au quotidien, surtout depuis que, deux ans, plus tôt, M. Sarkozy avait dit ouvertement qu’il serait candidat à l’Elysée en 2007. La suite, on la connaît.

Après ce scrutin de 2007 dont il sortit vainqueur, ont fleuri dans les maisons d’édition un ensemble d’ouvrages panégyriques à son sujet. On a même assisté à une surenchère de flagornerie pour savoir qui racontera le mieux la « fabuleuse histoire » du nouveau président. En majorité, ces livres étaient signés de journalistes et/ou d’écrivains tout acquis à la cause de l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine, ou alors de son bord politique (
la Droite). Dans ce contingent, les livres, les plus sollicités furent sans doute ceux écrits directement sur lui (le « roman » de Yasmina Reza, L’Aube le soir ou la nuit (août 2007), ou alors sur certains de ses proches comme son ex-épouse Cécilia Sarkozy (Cécilia, Portrait de Anna Bitton (2008), Ruptures de Michaël Darmon, Cécilia, la face cachée de l’ex-première dame, (2008)Denis Demonpion et Laurent Léger), ou encore sur Rachida Dati (Je vous fais juges (2007) entretien avec Claude Askolovitch, Rachida Dati, Biographie (2007) de Lionel Cottu) sa ministre de la justice, un temps vue comme l’image resplendissante et triomphante du Sarkozysme, et présente de manière saturante dans les médias.

Après son divorce d’avec Cécilia Sarkozy en fin d’année dernière (novembre), soit moins de six mois après sa victoire, les livres moins sympathiques ont été plus réguliers, dont certains qui avaient été écrits bien avant, mais n’avaient pas eu de rayonnement ni en librairie, ni dans les médias. On peut citer ici Misère du sarkosisme, cette droite qui n’aime pas
la France
de Paul Ariès (2005), Traité de démagogie appliquée : Sarkozy, la récidive et nous de Serge Portelli (2006), ou encore
la Bande dessinée à succès de Philippe Cohen et Richard Malka
La Face Karchée de Nicolas Sarkozy (2006). Il y a aussi ici ceux sur sa rupture avec Cécilia que nous avons cités plus haut. Avec des révélations plus ou moins croustillantes sur le personnage, ses fréquentations, ses qualités, ses défauts. Enfin d’autres hommes politiques sont également allés de leur belle plume sur le président.

Mais, les livres les plus cinglants sont signés de journalistes politiques marqués à Gauche ou de personnalités politiques déçues rapidement par le nouveau président. Dans ce dernier cas, on notera le brûlot devenu best-seller de l’ancien ministre de
la Défense François Léotard, Ca va mal finir (2008), qui l’avait pourtant soutenu lors de la campagne présidentielle. De même, le directeur du quotidien de Gauche Libération, Laurent Joffrin, a signé un tonitruant Le roi est Nu (début 2008). Il s’y attaque notamment à ce qu’il considère comme une  »monarchie républicaine » fustigeant au passage l’écart monstrueux qui existe entre les promesses de campagne du candidat Sarkozy et ses premières réalisations en tant que président de la République.

 

Au final, de quelques côtés qu’on soit, il faut dire que Nicolas Sarkozy a été, continue et sera encore (?) un bon filon littéraire, et très prisés des français. Ne dit-il pas lui-même souvent qu’il « fait vendre »? Les livres sur lui se sont toujours assez bien vendus. Anna Bitton a écoulé 170 000 exemplaires; c’est presque autant pour François Léotard et juste un peu moins Cathérine Nay et Laurent Joffrin. Même la BD de Richard Malka et Philippe Cohen (La face Karchée de Nicolas Sarkozy) s’est bien écoulée. Tantôt héros aimé, adulé ou mal-aimé et mitraillé, Nicolas Sarkozy a le mérite de donner du grain à moudre aux plumitifs, puis d’occuper les rayons des librairies et des grandes surfaces, et surtout de faire vendre tout en enrichissant ceux qui le dépeignent. Quand sera venu l’heure de tirer son bilan, par lui-même ou par d’autres, sans doute que, sa présence en littérature (essayistique ou fictionnelle) occupera une très bonne place.

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