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LE CCFD réunit des experts du Sud à Paris pour parler de la crise alimentaire mondiale

Comment comprendre la crise alimentaire qui frappe plusieurs pays en ce moment ? Quelles en sont les causes ? Et les moyens pour y faire face ? Comment les principaux pays concernés s’organisent-ils ? C’était à l’occasion d’une conférence organisée par le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) dans le cadre des activités marquant son 50e anniversaire, prélude au 5e Congrès national de l’association, des 10 au 12 mai prochain à Grenoble. Intitulée « Crise alimentaire : Points de vue du sud », cette assise a permis de donner la parole à des acteurs principaux du Sud (syndicalistes, personnalités et militants des ONG humanitaires), engagés dans la défense de la souveraineté alimentaire dans leur pays respectif. 

Des interventions de Jean-Baptiste Chenet (Haïti), Arze Glipo (Philippines), Ibrahim Ouédraogo (Côte d’Ivoire/Burkina Faso), et Nicholas Chinnapan (Inde), les principales idées qui ont été avancées pour expliquer cette crise alimentaire sont presque les mêmes. D’abord et surtout, qu’elle n’est pas une « catastrophe naturelle ». Mais, un phénomène conjoncturel et structurel. Conjoncturel parce que cette crise fait suite à une mauvaise santé du tissu agricole (et notamment de l’agriculture vivrière) des principaux pays concernés. En clair, les pays les plus atteints sont ceux qui déjà, ont du mal à s’auto suffire alimentairement. Structurel, du fait des politiques agricoles imposées par les pays du nord au pays du sud, qui ont favorisé les produits d’exportation (bon pour la commercialisation extérieure et pas pour la consommation locale) au détriments des denrées vivrières, pas rentables. 

Jean-Baptiste Clément a ainsi expliqué par exemple qu’à Haïti, l’Agence américaine pour le développement international plus connue sous le nom de Usaid, avait encouragé son pays à accroître sa production des fruits en assurant aux paysans que le marché américain tout proche absorberait toujours ces produits. Malheureusement, c’est au préjudice de cultures plus utiles directement à l’alimentation des haïtiens que s’est développée la culture des fruits destinés au marché américain. 

M. Ibrahim Ouédraogo a fait à peu près le même constat au sujet des deux pays qu’il a présenté. Il a rappelé que, en Côte d’Ivoire, le pays a longtemps privilégié le Cacao et le Café, dont il était respectivement 1er et 3e exportateur mondial. Plus loin même, ici comme au Burkina et au Sénégal qu’il a aussi abordé, le choix d’accentuer le travail des cultures de rentes s’accompagnaient d’une certitude que, les produits de première nécessité (riz et autres céréales) s’achèteraient à bon marché (moins cher en fait) aux pays asiatiques que sont
la Thaïlande et le Vietnam. 

C’est le résultat de ces mauvais choix cités plus haut, combinés à d’autres éléments comme le subventionnement des agricultures des pays du Nord qui rend ainsi toute concurrence impossible avec celle du Sud, plus pauvre et non subventionnée, qui explique en très grande partie les graves problèmes alimentaires dans certains pays du monde en ce moment. La résolution de cette crise est d’une urgence capitale car, en même temps qu’elle fait courir des risques de famine générale (et ses conséquences) à de nombreux Etats, elle a aussi des conséquences socio-politiques. Et les émeutes sanglantes qui ont secoué Haïti, le Cameroun, le Sénégal,
la Côte d’Ivoire et d’autres pays encore sont là pour en témoigner. Malheureusement.  

 

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