Archive pour juin 2008

Euro 2008; le triomphe espagnol

Lundi 30 juin 2008

L’Euro 2008 de football s’est achevée hier. En finale, l’Espagne a dominé l’Allemagne par 1 but à 0. Les espagnols sont donc les nouveaux rois du foot en Europe pour 4 ans. Sans vouloir rentrer dans tous les détails techniques et tactiques de cette compétition, la seule chose qu’il soit admis de reconnaître, c’est que, c’est l’équipe la plus accomplie, la plus joueuse, la plus technique et la plus constante qui a remporté la compétition. Quelques stats pour l’illustrer: aucune défaite, 12 buts marqués, 2 buts encaissés, le meilleur buteur de la compétition (David Villa, 4 buts), le meilleur gardien (Casillas), et d’autres joueurs encore meilleurs à leur poste (S. Ramos, Senna, Torres…). Bref des joueurs au top de leur talent et de leur forme physique. Sans oublier un entraîneur atypique Luis Aragones. A 70 ans, on le croyait, passé de mode, vieux et pas très compétent. Il a souvent brillé par ses saillies verbales très limites (comme d’avoir traité Thierry Henry de « sale nègre de merde »), et par ses problèmes d’autorité vis-à-vis des joueurs et des médias. Mais Jamais il ne s’est écarté du jeu, de l’Equipe et de la mission qui était la sienne. Il a réussi son pari avec cette victoire finale, et, à juste titre, il sera considéré comme l’entraîneur espagnol le plus brillant depuis bien longtemps. Car le pays n’avait pas remporté de titres majeurs en sélection depuis… 44 ans et la finale du Championnat d’Europe 1964. 

L’Espagne restera donc comme le principal « Top » de cette compétition. Autres bonnes réussites, toutes les équipes qui ont pratiqué du beau jeu;
la Russie, les Pays-Bas,
la Croatie. Le fair-play aussi a été au rendez-vous avec juste 3 cartons rouges enregistrés et, très peu de tensions ou de bagarres dans les matchs. L’arbitrage a été correct. Mention spéciale à
la Russie qui a fait rêvé pendant deux matchs (contre la Suède et contre les Pays-Bas), et surtout à
la Turquie qui nous a toujours offerts des fins de match à rebondissements (contre
la Suisse, Tchéquie, Croatie et même l’Allemagne). 

Mais cet Euro aura aussi consacré quelques flops; notamment les « stars » qu’on nous a annoncées avant la compétition et qui ont été, sinon transparents, du moins mauvais. Je pense aux Equipes de France et d’Italie (vice championne et championne du monde en titre), au Portugal (auto déclaré favori de l’épreuve). Des joueurs comme C. Ronaldo (Portugal), Luca Toni (Italie), Ibrahimovic (Suède), n’ont pas été à la fête. Quant au joueurs français, et notamment à ceux d’entre-eux dont on nous annonçait monts et merveilles (Benzema, Nasri, Ribéry), ils auront sans doute appris ce que c’est que le haut niveau. 

Et que, en 2010 en Afrique du sud pour
la Coupe du monde, ils devront hausser leur niveau de jeu, tout comme
la France devra proposer autre chose pour ne pas (re)connaître une pareille désillusion que celle de cet Euro 2008. Et le challenge sera encore plus grand car, il y aura deux fois plus de postulants à la victoire finale (32 équipes au lieu de 16 pour l’Euro); avec des champions venus d’Asie, d’Afrique et surtout d’Amérique du sud (Brésil, Argentine…). On attend vivement cette première coupe du monde organisée en Afrique. A laquelle l’Espagne, nouveau roi d’Europe, sera bien entendu l’un des principaux favoris. 

 

 

Euro 2008 de foot: la deuxième mort de Thierry Gilardi

Jeudi 26 juin 2008

Avec cet Euro de foot qui se déroule en Suisse et en Autriche depuis plus de deux semaines et qui s’achève dimanche prochain, il semble que ce soit la 2e mort de Thierry Gilardi. Grand journaliste sportif et surtout commentateur de foot, il est décédé le 25 mars dernier. Pendant de nombreuses années, il a commenté et analysé le foot français et européen sur Canal+ puis sur TF1. Avec cette dernière chaîne, il était devenu la voix de l’Equipe de France dès 2005, en commentant les matchs de l’Equipe de France en lieu et place de Thierry Rolland, l’un de ses mentors.

Mieux que ce dernier, il a su faire vivre et faire aimer davantage le foot à ceux qui en étaient amoureux et qui suivaient les matchs en directs à la télé. Son ton était juste, ses anecdotes sur le jeu ou les joueurs, juste et importantes aussi. Notamment lorsqu’il prit en charge les directs de l’Equipe de France.

Il aurait commenté l’Euro en cours et continué de communiquer sa passion de ce sport et ses analyses intéressantes aux téléspectateurs. Dommage qu’il soit parti si tôt, à 50 ans seulement. Son décès est encore plus lourd à supporter aujourd’hui quand on regarde la piètre prestation de ceux qui lui ont succédé pour les commentaires des matchs de l’Equipe de France (et des autres matchs aussi) lors de cet Euro 2008. Quelle bouillie! Quelle nullité. Que ce soit sur M6 avec « l’ancien » Thierry Rolland, refusant inexorablement la retraite mais qui est dépassé par tous les enjeux du foot moderne, ou sur TF1, ou Christian Jeanpierre se démène comme un beau diable pour, à chaque prestation, être aussi fade et presque inintéressant.

Si ce dernier peut se targuer d’être entouré de consultants de choix comme Arsène Wenger et Jean-Michel Larqué, qui apportent une certaine touche de compétence à ses prestations, Thierry Rolland quant à lui s’est adjoint d’un consultant (Franck Leboeuf pour ne pas le nommer), dont les remarques, les analyses ou les reparties aux blagues de son binôme, sont d’une légèreté, voire d’une nullité affligeante. Je ne ferai pas ici un petit listing des « perles » dégotées par ces deux compères lors des matchs diffusés sur M6. Ceux qui ont eu la chance (la malchance même) de regarder un des matchs de l’euro sur cette chaîne ont du se rendre compte que c’est pas là-bas qu’ils trouveraient les commentaires du siècle. Pas plus sur TF1 d’ailleurs.

Et comme moi, ils ont du regretter encore une fois de plus la disparition de Thierry Gilardi, à qui je rends un ultime hommage. Qu’il repose en paix.

Mendicité, suite

Mardi 10 juin 2008

J’ai publié ici il y a quelques temps un article sur les mendiants dans les transports en commun en région parisienne. Quelques commentaires me sont parvenus à ce sujet. L’un d’eux ma particulièrement intéressé, parce que fouillé, documenté. Bref, un témoignage de quelqu’une de bien informé. Je publie donc entièrement ici cette réaction.

 

Bonjour,

Je voulais réagir sur le cas de ces femmes qui mendient avec des enfants. J’ai l’impression, à la lecture de votre article, que vous cédez facilement à la pitié quand vous les voyez. Ce n’est pas mon cas. La question que je voudrais vous poser est la suivante: avez vous déjà vu une famille immigrée africaine, arabe, indienne ou autre, ne pas mettre ses enfants à l’école? Non, bien sûr. Seuls les roms refusent de mettre leurs enfants à l’école. Mais ce qui me choque encore plus dans votre article c’est que vous semblez incapable de voir que ces personnes se servent d’enfants innocents et incapables de faire valoir leurs droits, pour gagner de l’argent. Comment appelle-t-on cela déjà? Ha oui, de l’exploitation d’enfant, de l’esclavagisme! Il est encore plus choquant de constater que ces situations durent parfois depuis plusieurs années sans que qui que ce soit ne réagisse. Je connais bien le cas d’une petite fille de 11 ans qui n’a jamais été scolarisée et qui est chaque jour dans le rer à chanter avec son père, et ce depuis cinq ans. Père que nous (moi et une amie roumaine dont la jeunesse a été gâchée de 15 à 19 ans, forcée de chanter dans le rer par son frère; elle avait demandé à aller à l’école en arrivant en france, cette demande a été rejetée par sa famille qui, force de constater que c’était elle qui rapportait le plus d’argent, n’allait pas laisser le pactole lui échapper.), avons essayé de le persuader d’inscrire sa fille à l’école, en vain. On lui a dit mille fois, deux mille fois, que l’école est gratuite et obligatoire…rien n’y fait. Le plus ignoble n’est pas qu’il ait peur que sa fille soit raillée par les autres enfants, non, ça c’est la bonne excuse, le pire c’est qu’il a peur de ne plus faire pitié aux gens sans sa fille. Il faut savoir que les pouvoirs publics lui avait donné un logement,pour qu’il puisse offrir à sa fille une vie normale, logement qu’il a quitté parce que c’était trop loin du rer dans lequel il mendie, ramenant sa fille dans des squat sans eau ni électricité. 
Vous semblez avoir une vision bien naïve des mendiants qui utilisent leurs enfants pour éveiller notre pitié. Vous devriez regarder de plus près et vous verriez que ces situations sont, certes, tristes, mais aussi sordides. Les gens qui se fâchent avec les mendiants sont intolérants, mais il y a aussi des gens comme moi qui commencent à avoir envie de dénoncer l’esclavagisme des enfants qui se fait sous nos yeux, et pour cela, il faut cesser d’idéaliser le mendiant comme une victime, et commencer à le voir comme un irresponsable. Ce sont les adultes qui doivent chercher de l’argent pour faire vivre les enfants, pas le contraire. Où avez vous perdu votre sens des réalités? Nous vivons dans un pays qui défend les droits de l’Homme, alors, si vous voulez faire quelque chose pour ces mendiants accompagnés d’enfant, surtout, cessez de leur donner de l’argent et parlez leur des solutions qui peuvent leur permettre de respecter les droits fondamentaux de leurs enfants, plutôt que de condamner le ras le bol des usagers. Après tout, comment voulez vous qu’ils se sentent face à des enfants qui mendient? 
Allez, ne prenez pas mal la petite remontrance que je vous fait, je fréquente des roms depuis assez longtemps pour savoir que, sans les connaître, on ne peut avoir qu’une image idéalisée de leurs situations. Ils sont très pauvres et rejetés, mais, encore une fois, n’est-ce pas le cas de millions de familles immigrées dont les enfants vont pourtant à l’école? Ce qu’il faut c’est considérer les roms comme des sujets de droit. A partir de là, ils ont aussi des devoirs. Considérer qu’ils ont une dérogation au respect des droits de l’enfant sous prétexte qu’ils sont pauvres, c’est accuser leur rejet en dehors de la sphère des sujets de droit. Il faut tout faire pour que ces enfants soient scolarisés. Je garde sous mon lit un cartable que j’aimerais tant pouvoir donner à la petite fille de 11 ans dont je vous parlais. chaque jour je vois le cartable qui dépasse de dessous le lit, et chaque jour je me dis qu’il y a urgence. 
Pour le droit à l’éducation! Réagissez!
J’éspère pouvoir continuer cette conversation avec vous!

 A bientôt,

Samuel Eto’o en plein désarroi

Jeudi 5 juin 2008

Le célèbre footballeur camerounais Samuel Eto’o du Fc Barcelone en Espagne vit sans doute l’une des périodes les moins glorieuses de sa vie et de sa carrière de sportif. Blessé en début de cette année, il a été éloigné des terrains plusieurs semaines. A son retour sur les pelouses, ses performances individuelles et celles de son club ont (le moins qu’on puisse dire) été moyennes, voire mauvaises. Résultat de cette situation pour lui, il est désormais banni, voire chassé de ce club qui veut absolument s’en débarrasser lors de cette trêve estivale. Et les candidats (essentiellement des clubs anglais de milieu de tableau et le Milan Ac, ancien grand d’Europe, aujourd’hui formation vieillissante) pour le récupérer ne sont pas très nombreux. Où souvent, ils ne sont pas du même calibre que l’équipe qu’il quitte, si l’on excepte le Milan AC, qui n’aura même pas droit de disputer la Champions League la saison prochaine, ayant terminé juste 5e de son championnat.

Si les grands clubs ne se bousculent pas pour récupérer la star camerounaise, c’est que ses performances sont loin d’être celles qu’elles étaient il y a encore deux saisons. Le joueur tournait alors à plus de 20 buts en championnat chaque saison, avec la plupart du temps des actions d’éclat et une régularité constatée. Aujourd’hui, c’est un joueur épisodique, figurant certes encore parmi les attaquants les plus doués au monde, mais qui n’est plus transcendant. Bien plus, et c’est là le côté le moins glorieux de sa mauvaise passe, son comportement extra-sportif est des moins reluisants. En effet, il ne se passe pas beaucoup de temps pour qu’il brille par une saillie ou une déclaration tapageuse envers ses coéquipiers, certains de ses adversaires ou des journalistes. Ces derniers sont souvent ceux sur qui il aime bien s’essuyer les pieds.

Dernière « perle » en date, le Coup de boule qu’il a asséné vendredi dernier à un journaliste camerounais à Yaoundé, sans raison apparente. Ce jour-là, réunis pour une conférence de presse d’avant-match devant opposer le lendemain les Lions indomptables du Cameroun à la modeste équipe du Cap Vert, le joueur a perdu son sang froid face au refus des hommes de presse locaux de couvrir les activités de l’Equipe nationale. Selon les commentaires, emportée par une furie d’une rare violence, il a vitupérer contre nos confrères, et, pour conclure, est allé porter un coup de tête à Philippe Boney de la RTS (une chaîne locale), lui cassant une dent. ses « gardes du corps » se sont chargés de poursuivre la bastonnade sur le malheureux journaliste qui s’en est sorti avec un arrêt de travail de plusieurs jours. 

Le plus surprenant dans cette « affaire Eto’o », ce sont…les suites qu’elle a connues. L’on a ainsi appris que le journaliste frappé par la star, au lieu d’aller déposer une main courante immédiatement à la police, attendait l’accord préalable des ses confrères et de sa famille. Pour quoi faire, alors que les faits sont avérés et sus de tous? Lui seul en a la réponse. Bien plus, et plus effarant encore, la télévision nationale, dans une programmation spéciale hier mercredi, a consacré toute une émission, non pas à l’affaire elle-même, mais au joueur. Un peu une prime à son acte? Assurément. Car, présentée par l’une des plus brillantes plumes de la chaîne, Charles Ndongo (bien que plus habitué aux faits politique et à l’action du Président de la République qu’au football ou au people) et diffusé à une heure de grande écoute (après le journal de 20h30).

Il semblerait que le joueur ait profité de cette tribune en prime-time pour s’excuser du bout des lèvres de sont geste envers notre confrère Philippe Boney. Et qu’il a aussi révélé qu’ensemble, chez un « grand-frère », ils avaient trouvé une espèce de gentlemen-agreement pour clore l’affaire. Le journaliste retirant sa plainte, le joueur prenant en charge les frais médicaux de sa « folie ». On peu s’étonner de ce genre de dénouement au regard de l’importance de l’affaire, et surtout des symboles qu’elle colporte.

Et en terme de symbole, en posant cet acte (qui n’est pas une première) il y avait sans doute chez Samuel Eto’o l’idée que « personne ne peut rien lui faire ». D’autre part, qu’avec son statut de star du foot (et la fortune considérable qu’il a par ce statut), qu’il lui est tout permis, notamment de « casser la gueule » à une tierce personne. Aussi, et cela ne lui est pas singulier, le fait que, au Cameroun, les grands sportifs fortunés, mais aussi les universitaires, des hommes politiques bien en cour dans le sérail, considèrent les journalistes (notamment ceux de la presse privée) comme des « vauriens », des gens sans valeur, à qui on ne répond pas ou alors juste par charité et/ou par condescendance. Pour ces raisons, cette affaire devait aller en justice et Samuel Eto’o sanctionné comme il se doit. Une juste issue pour cette affaire.

Que la télévision nationale lui ait ouverte ses portes pour une séance d’autopromotion, et je dirai même auto-glorification reste une bien triste initiative. Qu’il ai saisi cette occasion pour demander des excuses mièvres à sa victime, on s’en moque. Il y avait dans cette émission de tartuffe, une volonté pour lui de se montrer gentleman. Et aussi pour notre chaîne nationale, une (maladroite) intention de se montrer comme…?