Le célèbre footballeur camerounais Samuel Eto’o du Fc Barcelone en Espagne vit sans doute l’une des périodes les moins glorieuses de sa vie et de sa carrière de sportif. Blessé en début de cette année, il a été éloigné des terrains plusieurs semaines. A son retour sur les pelouses, ses performances individuelles et celles de son club ont (le moins qu’on puisse dire) été moyennes, voire mauvaises. Résultat de cette situation pour lui, il est désormais banni, voire chassé de ce club qui veut absolument s’en débarrasser lors de cette trêve estivale. Et les candidats (essentiellement des clubs anglais de milieu de tableau et le Milan Ac, ancien grand d’Europe, aujourd’hui formation vieillissante) pour le récupérer ne sont pas très nombreux. Où souvent, ils ne sont pas du même calibre que l’équipe qu’il quitte, si l’on excepte le Milan AC, qui n’aura même pas droit de disputer la Champions League la saison prochaine, ayant terminé juste 5e de son championnat.
Si les grands clubs ne se bousculent pas pour récupérer la star camerounaise, c’est que ses performances sont loin d’être celles qu’elles étaient il y a encore deux saisons. Le joueur tournait alors à plus de 20 buts en championnat chaque saison, avec la plupart du temps des actions d’éclat et une régularité constatée. Aujourd’hui, c’est un joueur épisodique, figurant certes encore parmi les attaquants les plus doués au monde, mais qui n’est plus transcendant. Bien plus, et c’est là le côté le moins glorieux de sa mauvaise passe, son comportement extra-sportif est des moins reluisants. En effet, il ne se passe pas beaucoup de temps pour qu’il brille par une saillie ou une déclaration tapageuse envers ses coéquipiers, certains de ses adversaires ou des journalistes. Ces derniers sont souvent ceux sur qui il aime bien s’essuyer les pieds.
Dernière « perle » en date, le Coup de boule qu’il a asséné vendredi dernier à un journaliste camerounais à Yaoundé, sans raison apparente. Ce jour-là, réunis pour une conférence de presse d’avant-match devant opposer le lendemain les Lions indomptables du Cameroun à la modeste équipe du Cap Vert, le joueur a perdu son sang froid face au refus des hommes de presse locaux de couvrir les activités de l’Equipe nationale. Selon les commentaires, emportée par une furie d’une rare violence, il a vitupérer contre nos confrères, et, pour conclure, est allé porter un coup de tête à Philippe Boney de la RTS (une chaîne locale), lui cassant une dent. ses « gardes du corps » se sont chargés de poursuivre la bastonnade sur le malheureux journaliste qui s’en est sorti avec un arrêt de travail de plusieurs jours.
Le plus surprenant dans cette « affaire Eto’o », ce sont…les suites qu’elle a connues. L’on a ainsi appris que le journaliste frappé par la star, au lieu d’aller déposer une main courante immédiatement à la police, attendait l’accord préalable des ses confrères et de sa famille. Pour quoi faire, alors que les faits sont avérés et sus de tous? Lui seul en a la réponse. Bien plus, et plus effarant encore, la télévision nationale, dans une programmation spéciale hier mercredi, a consacré toute une émission, non pas à l’affaire elle-même, mais au joueur. Un peu une prime à son acte? Assurément. Car, présentée par l’une des plus brillantes plumes de la chaîne, Charles Ndongo (bien que plus habitué aux faits politique et à l’action du Président de la République qu’au football ou au people) et diffusé à une heure de grande écoute (après le journal de 20h30).
Il semblerait que le joueur ait profité de cette tribune en prime-time pour s’excuser du bout des lèvres de sont geste envers notre confrère Philippe Boney. Et qu’il a aussi révélé qu’ensemble, chez un « grand-frère », ils avaient trouvé une espèce de gentlemen-agreement pour clore l’affaire. Le journaliste retirant sa plainte, le joueur prenant en charge les frais médicaux de sa « folie ». On peu s’étonner de ce genre de dénouement au regard de l’importance de l’affaire, et surtout des symboles qu’elle colporte.
Et en terme de symbole, en posant cet acte (qui n’est pas une première) il y avait sans doute chez Samuel Eto’o l’idée que « personne ne peut rien lui faire ». D’autre part, qu’avec son statut de star du foot (et la fortune considérable qu’il a par ce statut), qu’il lui est tout permis, notamment de « casser la gueule » à une tierce personne. Aussi, et cela ne lui est pas singulier, le fait que, au Cameroun, les grands sportifs fortunés, mais aussi les universitaires, des hommes politiques bien en cour dans le sérail, considèrent les journalistes (notamment ceux de la presse privée) comme des « vauriens », des gens sans valeur, à qui on ne répond pas ou alors juste par charité et/ou par condescendance. Pour ces raisons, cette affaire devait aller en justice et Samuel Eto’o sanctionné comme il se doit. Une juste issue pour cette affaire.
Que la télévision nationale lui ait ouverte ses portes pour une séance d’autopromotion, et je dirai même auto-glorification reste une bien triste initiative. Qu’il ai saisi cette occasion pour demander des excuses mièvres à sa victime, on s’en moque. Il y avait dans cette émission de tartuffe, une volonté pour lui de se montrer gentleman. Et aussi pour notre chaîne nationale, une (maladroite) intention de se montrer comme…?
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