JO 1: Des primes et des hommes…

Les Jeux Olympiques ont commencé à Pékin voici déjà 3 jours. Faute de pouvoir être au pays de Mao pour vous en faire vivre les moments les plus insolites, je le fais de chez moi. Ceci est donc le premier article d’une longue série qui mettra l’accent sur les à-côté de cette compétition immense. Des articles décalés donc, que je vous invite à commenter et critiquer comme bon vous semble. 

Premier acte: Les primes 

Les JO offrent l’occasion à certains sports de se faire connaître du très grand public. Dans le même temps, pour les athlètes de ces disciplines mineures, c’est aussi l’occasion de convertir le rendez-vous en bonne affaire financière. Ainsi, des sportifs qui triment à l’année pour ne récolter qu’à peine le SMIC et parfois même moins ou juste un peu plus, ont l’occasion avec les JO, s’ils accrochent une médaille, de voir leurs fins de mois immédiats être moins compliqués qu’à l’accoutumée. Je dirai même qu’ils empochent un petit pactole considérable et inespéré. 

Indépendamment de ce que doit leur verser le Comité international olympique, chaque médaillés (or, argent, bronze) recevra une belle enveloppe accordé par son pays. Et comme les JO sont une compétition sportive et politique aussi, les pays profitent pour faire de la surenchère sur ce domaine, et d’augmenter considérablement (je dirai même démesurément) les primes pour leurs champions. Personne n’est en reste, des grands Etats aux petits. Et, quand on observe bien, on se rend compte que ce ne sont pas toujours les pays riches qui offriront les plus fortes récompenses. 

Ainsi par exemple, un médaillé français recevra 50 000 euros pour l’or, 20 000 et 15 000 respectivement pour l’argent et le bronze. Dans le même temps, la Georgie, pas spécialement riche (même si elle a du pétrole) et qui est d’ailleurs englué en ce moment dans une guerre bête en Ossétie contre des forces locales pro-russes, a promis de donner à ses médaillés 715 000 dollars US (soit 476 400 euros). Une telle somme représente je ne sais combien d’années de travail (toute une vie pour certains). 

Toujours dans le même registre de démesure, Russie et le Royaume-Uni ont respectivement promis 100 000 euros et un peu plus de la moitié pour les sujets de sa Gracieuse majesté. Le Canada avec sa promesse de ne verser « que » 20 000 euros aux médaillés fait pratiquement office de nain. Quant à Israël, le pays est allé plus loin. Les primes seront versés aux médaillés (45 000 euros pour l’or, la moitié pour l’argent, et un peu moins du tiers pour le bronze), mais aussi à tous ceux qui auront au moins atteints la finale dans leur discipline; c’est à dire ceux qui seront sortis entre la 4e et la 8e place. Eux aussi auront leurs primes. 

Les pays africains ne sont pas à la marge de ce mouvement. On sait tous les problèmes que peuvent avoir un grand nombre d’athlètes du continent à bénéficier de bourses de leur fédération ou de conditions d’entraînements correctes dans leur pays, mais quand arrivent les JO, chaque gouvernement se bouge pour faire bonne figure et promettre des sommes, qui, en rapport avec le pouvoir d’achat local, sont carrément une fortune. Ainsi, l’Algérie va offrir pas moins de 45 000 euros à ses potentiels médaillés d’or. Le Kenya, 8000 euros. Dans d’autres pays, les sommes sont tout aussi importantes, même si elles ne sont pas dévoilées au grand public. 

Il faut noter néanmoins que, dans certains pays, et c’est le cas notamment dans les petits pays, les promesses de primes faramineuses ressemblent du moins à de l’intox, sinon à de l’arnaque; car les responsables savent que, dans le contingent de leurs athlètes, très très peu sont ceux qui peuvent arriver à accrocher une breloque lors de ces jeux. Comment feront les athlètes équato-guinéens, béninois ou le nageur ivoirien -eh oui il y en a un à ces Jeux) pour dominer les spécialistes de leur discipline? Combien de sportifs l’Algérie espère voir atteindre les sommets, pour gagner les 45 000 euros individuels promis? certainement pas beaucoup. Ceci permet donc de relativiser considérablement les sommes avancées, qui, au final, iront à une petite poignée de chanceux ou plutôt de « héros ».  

Promettre une fortune aux athlètes en cas de médaille, alors même qu’on sait que très peu réussiront à l’obtenir, c’est un grand classique des responsables sportifs et politiques. Une arnaque en quelque sorte. Et les JO actuels, sur ce chapitre-là au moins, sont dans la continuité des précédents. Une grosse arnaque aux primes, avec des inégalités incroyables. Là est un autre sujet sur lequel je reviendrait plus tard. 

  

 

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