Laure Manaudou a gagné. Pas la médaille d’or olympique bien sûr. Mais elle a gagné le droit de s’imposer comme la seule véritable nageuse de France. Jusqu’à ces olympiades, elle était le porte-étendard de la natation française, garçons et filles réunies. Après ses contre-performances chinoises, elle est (re)descendue de son piédestal et de son trône de n°1 incontestée de la natation française. Il faut dire qu’à Pékin, elle a été l’ombre d’elle-même, laminée par la concurrence, pas dans le coup (même si, à l’heure où j’écris, il lui reste encore une compétition dans le 200m dos). En sus de cette déconvenue sportive, elle a aussi offert aux spectateurs et téléspectateurs une de ces scènes dont sont friands les champions déchus ou en voie de l’être: Les larmes, les pleurs, de déception, de tristesse. Sur ce dernier élément, chacun est libre de faire son commentaire; je ne m’intéresserai qu’au côté sportif.
Je disais en début de texte, que, malgré ses échecs, Laure a gagné. En France, son pays, on a beaucoup glosé sur ses échecs en finale du 400m nage libre (elle était championne olympique en titre) où elle a terminé dernière, et avant-dernière au 100m dos. Mais dans le même temps, qui a fait mieux? Quelle autre nageuse française a réussi à gagné une médaille?
Il y a une évidence. Lors de ces jeux, on a vu une mauvaise Manaudou, pas préparée, blasée, surclassée donc logiquement. Mais dans le même temps, il ne faut pas oublier que, quand on avait une bonne Laure, l’or était assuré. Comme en 2004, 2005, 2007 où, pourtant très jeune, elle explosait les performances et ramenait à ce pays des nombreuses médailles olympiques, continentales et mondiales. Pour Pékin, quelques journalistes avisés nous avaient prévenus qu’il ne fallait pas attendre grand chose de Manaudou. Mais en revanche, poursuivaient-ils, il va falloir compter avec Aurore Mongel, Coralie Balmy, Camille Muffat, Malia Metella et d’autres encore. Car, certaines avaient réalisés des temps « excellents » en préparation et notamment lors des Championnats de France, qualificatifs pour les JO. A cette occasion, certaines d’entre-elles avaient même battu Manaudou sur ses distances fétiches. Ou sont-elles aujourd’hui? Que sont-elles devenues à Pékin? Se sont-elles perdues dans le « cube d’eau », la piscine olympique chinoise? N’était-on pas endroit d’attendre d’elles, meilleures cette année que Laure, la même chose, si ce n’est même plus? En lieu de quoi, elles n’ont fait que des performances de témoignage, sans aucune médaille ni individuelle, ni par équipes.
Tant que la France ne se sera pas trouvées de nouvelles vraies championnes, capables de gagner des trophées, des médailles, comme Laure le fit entre 2004 et 2007, alors, Manaudou sera toujours la reine de la natation française. Et donc, ses courses, ses fréquentations, ses envies, ses déceptions, ses projets, ses caprices, ses bêtises…continueront d’être plus importantes que les prestations honorables, mais guerre gagnantes, de ses rivales nationales. C’est ainsi la loi du sport. Ou plutôt, c’est ainsi une conception du sport.
PS: Une autre désillusion en 200m dos
Elle a bu le calice jusqu’à la lie. Alors que je disais hier qu’elle n’avait pas tout perdu, Laure s’est faite distancée en demi-finale de 200m dos ce matin. C’est sa plus cruelle désillusion dans ces JO, car, dans les deux autres distances, elle aura au moins atteint la finale. Même si beaucoup verront dans cette autre déconvenue le signe qu’elle est finie (j’ai même lu un journal qui an titré « Manaudou, le chant du cygne), je persiste à dire que Laure manaudou reste, avant ses jeux et même après, la meilleure nageuse française. Bonne ou mauvaise nouvelle, elle a annoncé qu’elle allait faire un « long break », une pause en quelque sorte. De manière à revenir bientôt et plus forte? C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Car, à 22 ans, elle a encore un bel et grand avenir devant elle, avec, probablement, de nombreuses médailles olympiques à la clé.
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