JO: la France et la malédiction de ses « petites fiancées »

Dur d’être la petite fiancée de
la France. En sport notamment. Laure Manaudou vient d’en faire la triste expérience. Avant elle, Colette Besson (dans une moindre mesure) et surtout Marie-Jo Pérec en avait été victimes du syndrome de la petite princesse aimée d’abord et vilipendée par la suite. Dans un pays où la médiocrité, en sport, est souvent érigée en règle d’or, gagner l’or dans une discipline rendquasiment « prisonnier ». Prisonnier des médias en particulier, prisonnier du public en général. Et ceci pour cause…

L’histoire de ces athlètes, c’est un peu l’histoire d’un pays en admiration (excessive) devant elles après qu’elles aient remporté des succès internationaux dans leur discipline. Colette Besson avait été médaillée d’or aux JO de 1968 à Mexico. Marie-Jo Pérec, vainqueur du 400 m en 1992 et 1996, et du 200m en 1996. Laure Manaudou, triple médaillée; or (400m nage libre), argent (100m dos) et bronze (relais 4x100m 4 nages) à Athènes en 2004. 

Après ses succès, et d’autres intermédiaires (Pérec et Manaudou ont été en plus, championnes d’Europe et du monde, ces athlètes ont été élevées au rang de Stars. Chouchou d’un public briefé et bourré par les médias, qui ont toujours raconté, de manière démesurée, les succès de ces championnes. Mais aussi, sortant de l’arène sportive, les mêmes médias, avec la complicité tacite de ces athlètes, donné à voir au public la vie privée de ces championnes. Et là aussi, jamais la mesure n’a été respectée. 

Résultats, un étrange mélange de genre entre sportif et privé (pour ne pas dire « people »). Les romances heureuses ou malheureuses de Pérec et Manaudou ne sont un secret que pour ceux qui vivent loin de la radio, la télé ou ne lisent jamais les journaux (même les plus sérieux). Les invitations dans des émissions radio ou télé pour parler de toute autre chose que le sport ont aussi été servies à ces sportifs. Tout ceci, et bien d’autres raisons encore, ont contribué à installer l’image de ces athlètes dans le quotidien des français. Avec un certain succès et une certaine réussite d’ailleurs. 

Ainsi, Besson, Pérec et Manaudou ont été  souvent « désignées », entre autres, « Championnes des championnes » françaises, « Meilleure sportive de l’année », « sportive préférée des français », « sportive la plus sexy »… avouons qu’avec une telle déferlante de titres, la tête a du leur montée et les chevilles, enflées. 

Conséquence, au premier faux pas, à la première désillusion, c’est le lynchage. Les journalistes politiques américains avaient théorisé en une formule (« lèche, lâche et lynche ») le fait pour les médias et/ou le public d’apprécier au début, puis de prendre ses distances après, avant de critiquer violement enfin les hommes politiques ou d’autres personnalités célèbres. 

C’est sans doute ce qui s’est passé pour Marie-Jo Pérec et qui va se passer pour Laure Manaudou. Pour la première citée, son temps de gloire dans les médias et dans le cœur des français a été plus long. Presque 8 ans, depuis sa médaille d’or aux jeux de Barcelone en 1992, elle sera la « petite fiancée » de la nation toute entière. La consécration étant bien entendue en 1996 où elle conserva son titre sur 400m, et, cerise sur le gâteau, y ajouta une autre sur 200m, au nez et à la barbe des américaines et jamaïquaines, grandes spécialistes du sprint mondial et trustant tous les lauriers. En 2000, lors des jeux de Sydney, ce fut la fin de l’idylle entre « Marie-Jo » et les médias et le public. Sous pression, traquée, harcelée, elle avait fini par « péter les plombs » et s’enfuir d’Australie sans avoir même foulé la piste d’athlétisme, alors qu’elle était double championne olympique (400m et 200m) en titre. Les jours qui avaient suivi cette pantalonnade australienne avait été terrible pour la « gazelle antillaise ». Des informations diffamatoires, railleuses, salaces, bref méchantes, avaient été sorties sur son compte. Dans une surenchère de méchanceté et de mauvaise foi, de nombreux journalistes s’étaient lancés dans une recherche effrénée de scoops et d’images dévalorisantes. La traque dura longtemps.  »Marie-Jo » ne s’en remis jamais. Elle prit sa retraite en 2003, à 35 ans. Fermez le ban. On passe à autre chose. 

Depuis la fin des « noces » avec « Marie-Jo »,
la France s’était enamourée de Laure Manaudou. Avec presque le même succès, si ce n’est plus même. Manaudou a apporté, en peu de temps, une panoplie de titres majeurs (olympique, européen, mondial) à son pays. Elle était très jeune en plus (18 ans) lors de ses premières grandes victoires. Simple également, belle aussi, à la parole rare. Et quand elle parlait, ce n’était pas avec le verbe haut. Tout le cocktail donc pour être la « fiancée idéale ». Grâce à tous ces éléments, l’accord d’amour (ou d’estime) entre la championne et le public a été passé dès 2004, avec la « médiation » très active des médias. A la différence de « Marie-Jo », Laure a ajouté une petite touche glamour à sa relation avec ses compatriotes. Présence en Une des grands magazines « people », contrats avec des grosses boites, notamment avec Gaz de France (avec une pub audacieuse où elle nage de France à Pékin) et surtout la holding Artemis de l’homme d’affaires François Pinault (5 millions d’euros sur 5 ans sans contrepartie). Ajoutons à cela ses histoires d’alcôve régulières. 

Mais aujourd’hui, il y a Pékin 2008, et les résultats catastrophiques de Laure Manaudou. Nous en avons déjà parlé dans un article précédent. Son idylle va-t-elle résister à cette déconvenue? Assurément, et malheureusement non (même si je souhaite le contraire). D’ores et déjà, le journal l’Equipe, quotidien sportif de référence dans ce pays, a déjà annoncé la fin de l’histoire d’amour entre Laure et les français. Là aussi, Fermez le ban. Jusqu’à la nouvelle histoire. 

 

 

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