UN JOUR DANS MA VILLE
Nkongsamba, ma ville. Une « ville morte » donc tel que je l’ai décrit dans
la Chronique précédente. J’y suis resté 70% du temps de mon séjour de vacances. Que faisais-je dans cette « ville morte »? Je me pose moi-même la question. Des amis me l’ont demandé également. En fait, je pense qu’un attachement indescriptible me lie à cette ville. Comme un amour passionnel. La passion d’un homme à sa terre nourricière, au lieu de ses 400 premiers coups, au territoire où une partie de son histoire s’est écrite. Bref, Nkongsamba et moi, c’est une histoire d’amour forte.
Raison pour laquelle, durant ce séjour, je ne pouvais ne pas y rester le plus de temps possible. Ainsi, je me suis baladé dans les coins et recoins de la ville, à la rencontre de vieux amis, de proches ou d’autres personnes. J’ai été faire du sport avec des amis. Je suis allé au champ avec mes frères. Mais je suis aussi allé dans mes anciens établissements. Au foyer des jeunes aspirants de la Congrégation des prêtres du Sacré-Cœur, où j’ai revu un pote de promotion qui est aujourd’hui prêtre, curé du Sanctuaire.
Je suis passé au Lycée du Manengouba, où j’ai obtenu le Bac. Mais c’est au Collège Jeanne d’Arc, établissement où je suis passé de 1994 à 1996 que j’ai passé plus de temps. Certains de mes amis du collège, avec qui nous sommes allés à la fac de Yaoundé, sont désormais enseignants là-bas. Ils disent faire de leur mieux pour dispenser le savoir aux jeunes élèves. Leur grande difficulté ce sont les salaires. « Trop maigres, pas réguliers ». Certains voudraient aussi pouvoir bénéficier des conditions de travail plus modernes, c’est à dire avoir un ordinateur dans chaque classe, avec une connexion Internet. Un doux rêve en somme, que ne peut s’offrir le collège, ni d’autres établissements de ce type d’ailleurs.
Dans la ville, seul l’Ismam est équipé d’une grande salle multimédia, qui tient lieu de cybercafé également. C’est le lieu de rendez-vous de plusieurs profs et élèves des collèges environnants, mais aussi de tous ceux qui veulent avoir accès à Internet pour un quelconque service. Pour consulter mes mails, c’est donc au cyber de l’Ismam que je venais régulièrement. Le temps semble s’être arrêté à Nkongsamba. Ceux qui vivent dans la ville, n’ont pas ce sentiment. Car pour eux, les choses ont toujours été comme çà. Pour moi qui suis allé ailleurs, revenir voir la ville dans un tel état a été une épreuve difficile. Et ce n’est pas la seule épreuve pénible de mon séjour. La prolifération des mototaxis dans toutes les villes du pays en est une autre. J’en parlerai demain.
Eh bien Cher Aubin
C’est la triste réalité de notre Nkongsamba. Tu l’as si bien decrite. Maintenant, assez pleuré. Laissons la nostalgie derrière nous. Faisons quelque chose. Tu as parlé de ISMAM. J’en suis le promoteur. Que chacun des enfants, que tous les enfants de Nkongsamba partant de cet amour indescriptible pour la ville agissent, chacun avec son projet, ses moyens, son coeur. Nkongsamba renaîtra. Mais agissons
Fraternellement