Chroniques…7

Signé « Vi » 

J’ouvre une parenthèse dans le récit linéaire de mes vacances pour parler d’une histoire particulière qui a rythmé cette période. C’est une correspondance épistolaire avec une personne avec qui j’ai échangé des courriers électroniques pendant tous les jours (ou presque) de ces vacances. Des messages professionnels et personnels. Basée dans le 77 (mon département de résidence en France), elle m’informait du temps et de l’ambiance dans la région en mon absence. Nos activités professionnelles étant les mêmes, et vu qu’elle bossait pendant que moi j’étais en vacances, elle me tenait aussi au courant des journées de travail et de leur contenu. Elle signait tous ses courriers à peu près de la manière suivante: 

« Bonnes vacances, 

Bisous, 

Vi ». 

Sans entrer dans les détails profonds de ces échanges, il est important de noter qu’ils m’ont été d’un très grand soutien et réconfort. Quand on est loin, on a besoin d’avoir des nouvelles du lieu qu’on a quitté. Et, quand quelqu’un s’investit pour apporter ces informations au quotidien, quoi de plus normal que de dire Merci. Bien plus, si la personne fait preuve de compréhension, d’écoute, de curiosité et de sollicitude dans ces échanges, alors on ne peut qu’être satisfait. 

Dopé à l’Internet quand je suis en France, j’avais besoin de conserver mes petites habitudes chez moi au Cameroun. Ainsi, quelque soit la ville dans laquelle je me trouvais, je faisais l’effort de chercher un cybercafé pour surfer quelques minutes. Notamment pour dépouiller mon courrier, vérifier qu’il n’y a rien d’urgent, consulter quelques annonces, parcourir un peu l’information française sur les sites des principaux journaux, et bien entendu donner des informations sur mon séjour aux proches restés en Europe. 

Sur ce dernier point, je devais donc rassurer ceux qui s’inquiétaient pour mon fils, mes parents et moi. Leur dire ce que nous faisions au quotidien; leur raconter les menus détails de nos déplacements, de nos rencontres de nos réalisations là-bas. Mais aussi et surtout, rassurer sur notre état de santé, et celle de nos proches. 

De tout cela, Vi me le demanda chaque fois qu’elle écrivait. Par curiosité? Ou pour d’autres raisons? Difficile à dire. Nos échanges furent courtois, francs et plein d’enthousiasme. Normal. Quand on partage la passion d’écrire, de communiquer, de jouer… Normal aussi quand, réciproquement, chacun cherche à apprendre de l’autre, sur la région, sur le pays, sur les gens… 

A mon retour de vacances, l’échange s’est arrêté. Normal, c’était un échange de vacances. Un échange d’absence; le genre de situation qui n’est commandée que par le fait que, votre interlocuteur est loin; donc mystérieux, donc intéressant aussi. Ne dit-on pas que la distance sublime? Qu’elle affole? Qu’elle étourdit même? Et pourtant, venu le rapprochement (mon retour de vacances), et la fin de la distance (l’éloignement), cet intérêt à l’échange, cet attrait de la discussion et tout le charme qui va avec, ont disparu. Pour (re)laisser place à l’indifférence des rapports habituels du quotidien. Logique? Certainement que non. Mais normal; c’est la vie. 

L’avantage de tenir ce genre de rapport, c’est d’être à certains moments, porté par une certaine sublimation, une adrénaline de la joie, de l’enthousiasme, du désir, de l’aventure, de la vie in fine. Mais il paraît que ce n’est qu’une illusion. Un doux rêve qu’il faut vite oublier une fois le tarmac de l’aéroport de la réalité (re)touché. Message entendu. 

Merci « Vi » pour cette illusion. 

PS: demain, le chapitre 8 des Chroniques abordera le résumé de ma première semaine de séjour au pays, el l’angoisse permanente qu’il y a à être sur les routes.  

 

 

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