Dans l’euphorie « obamaniaque » actuelle, a t’on pensé qu’Hilary Clinton aurait pu être à la place du nouvel élu? C’est-à-dire qu’elle serait le prochain Président (ou Présidente?) des USA?
La Première femme à entrer à
la Maison Blanche dans la tenue de « Commandant en chef »? La première femme…
Non, Personne n’y a pensé. Ou plutôt, ceux qui le pensent, évitent de se faire entendre. Pour ne pas gâcher la fête à Obama? Ou alors pour ne pas mettre tout le monde face à cette évidence? Les deux certainement. Et même plus. Car, (re)évoquer Hilary Clinton en ces jours d’Obamaïsme triomphant, c’est, du moins, une blague de mauvais goût, sinon l’idée qu’on est un mauvais perdant, anti-Obama primaire. Pourtant, il n’en est rien. L’élection d’Obama, qui implique en amont la défaite de Mme Clinton, est à mon sens une nouvelle preuve du fait que, une femme, même compétente et expérimentée, n’est pas sûre d’être élue à la tête d’un pays figurant parmi les grandes puissances mondiales.
D’abord un rappel. Il me semble important de souligner que, pour cette élection américaine, seul le candidat démocrate pouvait gagner. Après deux mandats de George Bush, et le coup de génie qu’il a eu de faire détester son pays à l’international et son bord politique au plan intérieur, John Mc Cain (ou même tout autre candidat Républicain) aurait été battu, quelle que soit sa campagne. Même si on peut considérer que l’Amérique, avec ses valeurs de puritanisme et de libéralisme, penche davantage à Droite (donc Conservateur, donc Républicain), les Démocrates étaient partis dans cette campagne 2008 avec beaucoup d’atouts et une bonne longueur d’avance. Leur victoire lors du renouvellement du Congrès en 2006 qui avait vu Nancy Pelosi arriver au perchoir de cette chambre en était la meilleure preuve.
Ceci montre donc que l’élection du futur président américain se jouait lors de la campagne de désignation au sein du Parti Démocrate. Celle-ci a mis aux prises, au début, plusieurs candidats, pour se résumer à la fin à un mano à mano entre Barack Obama et Hilary Clinton. Les deux étaient des « marginaux ». Le premier parce qu’il est Noir; elle, parce qu’elle est une Femme. Et dans cette bataille des marginaux les américains ont choisi Obama.
Dès lors, il convient de se poser les questions suivantes: les Electeurs et Electrices des nations riches et démocratiques (Usa, France, Italie, Espagne, Japon…) ne seraient donc t-ils pas prêts à être dirigés par un être en jupon? Les « Vieilles démocraties » auraient-elles du mal à s’offrir le « privilège » d’une femme Chef de l’Etat? Plus généralement, les femmes seraient-elles Inaptes au commandement suprême dans les grands pays? Il faut croire que non.
Car, exception faite d’Angela Merkel (et encore) en Allemagne, aucune femme ne préside aux destinées d’une des plus grandes puissances mondiales. Et quand on sait dans quelles conditions a été élue
la Chancelière allemande en février 2005, il y a de quoi relativiser sur sa place dans cette catégorie. En France, dans une autre « bataille des marginaux » en 2007, Ségolène Royal s’est cassé les dents dans l’exercice contre Nicolas Sarkozy. Les déboires de Ioulia Timochenko en Ukraine ne sont plus à démontrer. Ailleurs dans le monde, certaines femmes qui sont aux affaires ont un bilan contrastées: Helen Johnson Sirleaf, première femme africaine élue présidente au suffrage universel, dirige un pays (
la Sierra Léone), dirige un pays sous perfusion des Institutions de Brettons Wood, Cristina Kirchner n’est arrivée à la tête de l’Argentine que grâce au bon bilan de son mari qui l’a précédée à la tête de ce pays. Et que dire de Michelle Bachelet, élue au Chili sous les vivats socialistes et qui, aujourd’hui est engluée dans des difficultés qui font dire aux observateurs qu’elle n’est ni mieux, ni pire que ses prédécesseurs hommes? Ailleurs dans le monde, une candidature sérieuse d’une femme à la fonction suprême n’est même pas à envisager. Notamment en Afrique francophone dans les pays arabes du Maghreb ou du Moyen Orient.
Au regard de ce qui précède donc, la victoire de Barack Obama est donc, in fine, un nouveau revers pour les femmes. Car, en plus des éléments sus-mentionnés, il avait aussi en face de lui, Sarah Palin, une jeune femme choisie comme colistière de son adversaire, sensée entre autre le rivaliser sur le terrain de la « marginalité ». Mais, là aussi, il est sorti vainqueur. Au grand dam des dames, qui, encore une fois, devront passer leur tour. Au regret aussi de ceux qui, comme Marie-Anne Paveau souhaite qu’on passe du féminisme à la « Clitocratie »[1], ou le système politique tenue et gérée par le les femmes (symbolisées ici par le clitoris). Car, expliquent les défenseures de ce système, « il est temps de passer du féminisme militant des années soixante à nos jours, à une révolution totale qui mettrait les femmes aux premiers rôles administratifs et politiques ». Ceci, en référence aux situations d’échecs des femmes candidates-présidentes que nous venons de souligner, restera longtemps encore, un voeu pieu? Un projet (ir)réalisable?
[1] Sur ce thème, lire Marie-Anne Paveau, La langue française. Passions et polémiques, avec Laurence Rosier, Paris, Vuibert, 2008, 380 p.
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