La victoire d’Obama à la présidentielle américaine est entrain de bouleversé le monde. Si certains la prennent, ni plus ni moins, comme l’évènement politique majeur de ce début de 21e siècle (on peut en discuter), d’autres ont choisi de voir dans cette élection une manifestation divine. Rien que çà. Et, dans ce dernier registre, les effets de cette approche sont plutôt atypiques. Comme cette histoire que j’ai vécue il y a trois jours.
Mardi, jour férié, en fin d’après midi, je suis dans un train qui m’amène de ma banlieue à Paris. Dans mon wagon, il y a peu de personnes. A un arrêt intermédiaire, un jeune homme noir monte dans le train et nous rejoint dans notre voiture. Malgré les nombreuses places assises non occupées, il reste debout, l’air soucieux. La trentaine bien portant, il a un sac en bandoulière rempli, sans doute, de livres, à en croire sa forme. Il préfère rester debout malgré les nombreuses chaises vides. Après le buzzer de fermeture de portes et le départ du train, il s’avance au milieu du wagon et attaque: « excusez-moi mesdames messieurs de vous dérangez pendant votre trajet ». A l’écoute de cette première phrase, je me dis qu’il s’agit d’un de ces mendiants qui investissent souvent les trains pour faire l’aumône. Que non.
L’homme en question est un « born again » tendance Obama. J’en connaissais des allumés en tout genre, mais de Après sa phrase initiale de politesse, l’homme poursuit avec un accent chantant : « Un ami m’a dit que nous avons remporté la victoire. Barack Obama a gagné. Obama notre président, Obama notre sauveur ». A ce moment, j’ai commencé à cerner l’histoire. Car, sans s’interrompre, il a « prêché » ainsi pendant 3 minutes sa bonne parole, mettant au centre de son discours Jésus et Obama, qui doivent certainement voisiner dans sa tête. Comme dans la tête de nombreuses personnes qui, ces derniers jours, portent au pinacle le futur occupant de
la Maison Blanche, en lui tressant des lauriers que seul un être surnaturel ou transcendantal peut avoir.
Plus « soft », mais tout aussi baroque est l’initiative de certains africains qui ont décidé le week-end dernier d’organiser çà et là en région parisienne, pour « fêter la victoire de Barack Obama », des soirées festives, des séances de prières, et même des rencontres sportives. Bref, des actions d’encouragement et de soutien qui frise bien l’idolâtrie. Or, habituellement, un individu est adulé pour ses œuvres, ses réalisations, son parcours de gestion et/ou de direction. M. Obama est sans doute l’un des rares personnages à être une Légende avant même d’avoir vécu. Bien lui en prenne. Il faut juste espérer que, dans mois ou années à venir,
la Légende, le mythe, ou encore le « sauveur » même, comme le pensait le jeune homme du train, ne déçoive pas ses adorateurs. Et que le héros ne soit pas, par l’absence de résultat à la mission à laquelle il a été élu, un imposteur.
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