La Guinée est au devant de l’actualité en cette fin d’année. Et de quelle manière? Le président de la République Lansana Conté, 74 ans, dont 24 de »règne », est mort lundi 22 Décembre dernier, des suites de « longue maladie ». Ce vieux général, grand tyran devant l’éternel est enfin parti. Enfin, parce que depuis quelques années déjà, on l’annonçait régulièrement mort, ou paralysé à vie. Mais l’homme, après de longs mois de silence, tel le phénix, renaissait de ses cendres et continuait d’appliquer son régime de terreur sur ce petit pays de l’Ouest africain.
Un quart de siècle d’exactions donc. Plus de deux décennies de pouvoir sans partage, ou plutôt partagé avec les amis et la famille; le tout au grand dam des populations guinéennes, dont plus de la moitié vit sous le seuil de pauvreté selon la FAO. C’est donc un homme qui a littéralement pillé (le mot est faible) son pays qui disparaît ainsi. Et comme pour ne rien arranger, en confisquant le pouvoir si longtemps, en gérant son pays sans aucune concession, ni pour ses adversaires, n pour l’élite libre, il a brouillé toutes les cartes, détruit toute logique institutionnelle, anéantit toutes les possibilités de stabilité de la Guinée. Bref, il a présidé avec, en tête, l’idée que « Après moi, le CHAOS ».
Et c’st ce qui semble se passer depuis sa disparition. Pendant trois jours, la Guinée s’est retrouvée sans tête exécutive. Car, ni les forces gouvernementales emmenées par le Premier Ministre et le Président de l’Assemblée, ni de l’autre côté les Militaires, ne sont parvenus à assurer, immédiatement après l’annonce de la mort de Conté, la continuité de l’exercice du pouvoir exécutif. Au bout de la confusion, un obscur groupe de militaires de second rang a saisi l’opportunité et, dans le désordre ambiant, s’est autoproclamé « Maître du pays ». En clair, un Coup d’Etat mené par une « Junte ». La composition de cette Junte peut prêter à sourire; en effet, leur chef simple chef de section, qui, par un tour de passe-passe, s’est réveillé Président de la République le 26 Décembre, après s’être couché la veille simple capitaine dans l’armée Guinéenne qui compte pourtant des centaines de soldats plus gradés (généraux, colonels…).
Bref, cette dernière situation n’est que l’un des avatars d’une situation cauchemardesque dans laquelle Lansana Conté a conduit son pays. Car, en ce moment de « transition », personnes n’évoque la situation sanitaire du pays, miné par plusieurs épidémies (onchocercose, paludisme, Sida); pas plus que la situation économique, avec des voyants quasiment au rouge (travailleurs sans salaires depuis de nombreux mois, chômage des jeunes à un niveau record de plus de 70%), sans compter les tensions diplomatiques bien que faibles avec certains pays de la sous-région.
Les guinéens, qui ont rendu « hommage » au vieux dictateur Vendredi 26 ne le regretteront pas beaucoup. Car, à son actif, il n’aura fait aucun cadeau à son peuple. Pas même celui d’une transition claire et cohérente. Jusqu’au bout, il les aura conduit, mieux dans une impasse, pire dans l’antichambre de l’enfer. Pour éviter de basculer complètement dans ce dernier lieu, Guinéens et Guinéennes devront se retrousser les manches dès à présent pour que leur pays, l’un des mieux doté en matières premières au monde (Bauxite notamment), (re)devienne un des moins pauvres de la planète. Un challenge qui va être ardu, au regard de la situation actuelle; mais, qu’il ne sera pas impossible de réaliser. L’année nouvelle qui s’annonce va en donner le ton, et les dirigeants qui seront désignés, la mesure. Bonne année 2009 aux Guinéens et Bon courage.