Quelques mythes et légendes sur les animaux en Afrique

La légende du loup-garou. C’est une des histoires les plus connues dans le monde et particulièrement dans l’imaginaire des européens. Elle met en scène les rapports entre un homme et une bête, le premier rêvant de partager les capacités de chasseur du second, pour se défendre contre les forces de la nature. Des chroniques de ce genre, qui révèlent le caractère légendaire d’un animal, existent aussi en Afrique. Certes, d’un pays à un autre, et même d’une région à une autre, un même animal peut colporter plusieurs symboles légendaires. Mais, force est de reconnaître que l’existence et la prolifération de ces histoires renseignent sur la place des animaux dans l’histoire des sociétés africaines. A titre d’exemple, les animaux comme la girafe, le lion, la tortue, le lièvre ou encore l’éléphant et les reptiles comme la vipère et le boa, ont une place importante dans plusieurs contes et mythes du continent. De manière générale, ces mythes et légendes sont transmis à travers des récits oraux que les anciens font aux plus jeunes, lors des soirées d’initiation ou à d’autres moments. Il y a aussi un apport considérable de littérature écrite dans la vulgarisation de ces récits, á travers par exemple des ouvrages comme Les contes et nouveaux contes d’Amadou Koumba de Birago Diop, ou encore plus récemment, la saga cinématographique de Kirikou de Michel Ocelot. 

Quand on prend un animal comme la girafe, on se rend compte qu’il véhicule un nombre de mythe important dans plusieurs pays en Afrique. Il se raconte qu’à l’antiquité, l’empereur Jules César en avait le symbole de ses conquêtes africaines. Chez les arabes du Soudan, si un cavalier arrivait à battre à la course une girafe, deux fois le même jour, il devenait digne d’un roi, et avait le respect de tous, s’il parvenait à la tuer. Chez les bantous d’Afrique centrale, la girafe a plutôt suscité admiration et sublimation parce qu’on lui trouvait des pouvoirs magiques ; certains allant même jusqu’à utiliser sa queue comme un attribut de pouvoir pour les chefs de haut rang. Dans d’autres pays, et notamment ceux de la région sahélienne, des peintures rupestres très anciennes qui représentent des girafes attaquées à l’arc et à la lance par des indigènes, constituent un fonds précieux de la culture de ces pays. 

La tortue est un autre animal qui apparaît dans plusieurs mythes africains. Symbole de la lenteur, mais non moins intelligente, elle a nourri une bonne partie des contes pour enfants dans lesquels on veut leur passer la moralité suivante : qui va lentement va sûrement. C’est aussi un bon ami de l’homme. Chez les populations du Mbam au Cameroun, la tortue est un animal sacré qu’on ne mange pas, et dont certains individus redoutent même la vue. Les raisons de cette sacralité, transformée en peur, tiennent au fait que, selon une légende véhiculée dans cette région, un ancêtre héroïque de ce groupement, poursuivi par des ennemis, avait été sauvé par une tortue qui le transporta sur son dos et lui fit traverser le fleuve, se mettant ainsi à l’abri de ses assaillants. 

Le lion est dans beaucoup de régions du continent, l’emblème du pouvoir. Les fables qui les mettent en scène dans cette fonction de chef sont légion. Un peu sur le modèle Des animaux malades de la peste de
La Fontaine, où le lion est le juge chez qui arrivent les plaintes des autres animaux. Dans certains contes chez les Masai, c’est le lion qui réveillait les populations du village ; son rugissement, perceptible à plusieurs Kms, sonnait comme un réveil pour les populations encore endormies, lesquelles devaient alors se lever pour vaquer à leurs occupations traditionnelles. Sur cet animal, on notera aussi la légende du « Lion rouge », projet littéraire récent, qui évoque la destinée d’un chef africain, lequel va combattre le colon et reprendre ainsi la bataille menée par tous ceux qui, de la fin du XIXe au début du XXe siècle, s’opposèrent à l’installation des pouvoirs coloniaux en Afrique. 

Autre symbole du commandement aux symboles nombreux en Afrique, le léopard ou panthère. Recherché pour sa belle fourrure –on se souvient de quelques chefs d’Etat arborant des tenues avec la peau de cet animal- il se pourrait aussi que, d’après un conte bantou, les pygmées utilisaient son foi pour fabriquer des médicaments traditionnels destinés à aider les personnes stériles à avoir des enfants. Plus classique, une légende sud-africaine atteste du fait que certaines populations du nord du pays utilisaient la panthère comme un animal de compagnie, chargé de chasser les babouins et les potamochères qui détruisaient leurs cultures. 

Mais dans cette saga des mythes et légendes animaliers en Afrique, les petits animaux ont aussi leur histoire. A l’exemple de la souris ; dans un conte arabe du poète Al Ibshihi (1388-1446), il se trouve qu’une souris du désert vint habiter chez un homme, invitée par une souris de logis. La première succomba à un piège tendu par le maître de maison à l’aide d’un aliment. La deuxième, voyant le malheur qui était arrivé à l’autre, s’enfuit vers les champs en se disant que, chez le maître, «je vois une grande abondance, mais aussi une grande affliction ; la santé avec la pauvreté me sont plus douces que la richesse qui conduit à ma perte ». Belle moralité. 

Dans un tout autre registre, il y a les légendes sur les reptiles et particulièrement sur les serpents. On a par exemple longtemps assimilé, en Afrique centrale, l’arc-en-ciel à un serpent à deux têtes, qui boit simultanément dans deux rivières, et dont la présence dans le ciel peut signifier l’imminence d’un grand malheur. Alors que les Zoulous d’Afrique du sud le nomme « The Queen  Arch », parce que pour eux, c’est une des charpentes qui soutient la maison de la reine du ciel. Le peuple Luyia du Kenya, croit lui que pour arrêter la pluie qu’il a créée, Dieu fait deux arcs-en-ciel ; le plus étroit étant le mâle et le plus large la femelle. Chez les Fang – Béti du Sud Cameroun et du Nord du Gabon, la vipère est un met qu’on sert à manger aux personnes privilégiées et de grande valeur. Idem pour le boa, qui représente aussi une certaine force brute chez certains peuples. En outre, son image est associée à celle de guérisseurs et de tradi-praticiens qui s’en servent parfois pour des démonstrations ésotériques. 

Dans son livre Sagesses et malices de M’Bolo, le lièvre d’Afrique, l’auteur Marie-Félicité Ebokéa narre sous forme de légende, les aventures d’un petit lièvre appelé M’Bolo. Cet animal, appelé dans d’autres histoires Leuk – comme dans La belle histoire de Leuk-le-lièvre de Senghor – est réputé comme étant le plus rusé de la forêt. Dans les différents récits où il apparaît, on lui attribue fanfaronnades, ruses et autres coups tordus. Il partage ces qualités avec le renard, dont la variante du nord de l’Afrique appelé fennec apparaît souvent comme le gardien de la maison, en ce sens qu’il chasse et tue les souris, les lézards, les oiseaux et les autres petites bêtes vivant en milieu domestique. Tout le contraire de l’hyène, appelée Bouki, décrite dans les contes comme maladroite, brutale et irréfléchie. 

En somme, si le compagnonnage entre les hommes et les animaux en milieu naturel est moins fréquent aujourd’hui partout dans le monde, il reste que, en Afrique, on peut encore se targuer de vivre l’illusion de cette relation, grâce au contes et légendes impliquant les bêtes aux côtés des individus. Faire revivre les histoires des animaux parleurs, vivant en société organisée, c’est la tâche à laquelle se sont intéressés certains auteurs et réalisateurs contemporains. Le but ultime pour eux étant de permettre aux africains et à d’autres de s’intéresser à ce riche aspect du patrimoine culturel africain. 

2 Réponses à “Quelques mythes et légendes sur les animaux en Afrique”

  1. emule dit :

    une fois , quand j `ai ete ne senegal, dans le saloum, une hiene ete morte pour un voiture, le matin suivante ne reste pas que rien, tu sais, on a demande, et le gens de là bas nous ons raconte que les animistes sont venues pur le couper tous ses parties du corpe parce que chaque une signifie un truc diferent,:le nez, la virilité,le front le courege….et comme ca..tout…pour moi ..c`etait incroyable..et ca marche, il m`ont offer de cadeaux avec qq1s symblos et jusqu`à aujourd`hui…ils me protegent.

  2. Jeanmi dit :

    Bonjour
    Je suis un auteur amateur de l’étrange. Je n’ai encore rien écrit sur l’Afrique, elle me semble pourtant une mine inépuisable de légendes. Venez me visiter, vous pourrez télécharger mon livre en partant de mon blog

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