Archive pour mai 2009

Dieu et La religion, refuges des grands délinquants?

Lundi 11 mai 2009

« Dieu et la religion, nouveaux refuges des grands délinquants et autres criminels » C’est du moins ce qui peut ressortir de l’observation d’un certains nombres d’ « Affaires » qu’on a pu observer dans les médias ces derniers temps. Comme par exemple le procès du dénommé Youssouf Fofana qui s’est ouvert il y a deux semaines. D’emblée, une scène est venue, sinon corroborer, du moins aller fortement dans le sens de l’assertion citée plus haut. Cette scène n’est pas passée inaperçue, et, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas échappé à ceux qui suivent ce procès. mercredi 29 avril, au premier jour de son procès, le dénommé Youssouf Fofana, a lancé « Allah Akhbar » (Dieu est grand) en entrant dans la salle d’audience. Comme une affirmation de sa foi? Ou tout simplement comme une rengaine de tous ceux qui savent que, perdus d’avance à cause de leurs actes, ils n’ont plus qu’à convoquer Dieu? Ce sont-là deux hypothèses que nous allons essayer d’analyser, en prenant appui sur l’histoire de ce jeune homme. 

Fofana est jugé en ce moment avec une vingtaine d’amis ou connaissances pour le meurtre d’Ilan Halimi. Ce dernier, jeune homme de confession juive, avait été enlevé en 2006 par un mystérieux « gang de barbares », dirigé par Youssouf Fofana. Battu, humilié, bref torturé de la pire des façons, Ilan Halimi est mort après avoir été relâché par ses ravisseurs. Cette histoire sordide a traumatisé toute
la France entière. Depuis mercredi dernier donc, le procès des auteurs présumés de cette tragédie s’est ouvert. La justice devra déterminer les responsabilités des uns et des autres, les mobiles du crime, les répercussions et conséquences aussi. 

Comme je l’ai indiqué plus haut, au-delà de l’aspect purement technique du dossier Fofana, il est intéressant d’analyser l’aspect « divino-religieux » qu’il essaie lui-même d’introduire dans ce procès qui devait être jugé uniquement dans ses connotations de crime crapuleux et/ou antisémite. Il s’est donc présenté un « combattant de l’Islam et d’Allah ». Invoquer Dieu comme il l’a fait, renseigne au moins déjà sur le fait qu’il en connaisse l’existence, qu’il l’invoque à son secours et même qu’il aide à se sortir des entrailles de la justice. Dès lors, quand il crie  »Allah Akhbar », il espère donc atteindre les triples objectifs sus-cités. Mais on peut se demander s’il avait la même connaissance de Dieu au moment d’ourdir son projet? Se pensait-il encore  »enfant de Dieu » quand lui et ses amis administrait des humiliations et des tortures innommables au jeune homme qu’ils ont séquestré? Le Dieu qu’il invoque  désormais de manière aussi tonitruante, était-il présent dans sa vie au moment où, après avoir accompli son forfait, il s’était enfui, et, bien pire, avait revendiqué son acte, nargué la justice et la famille de sa victime? A toutes ces questions, on peut répondre par la négative. 

Ce genre d’attitude qui consiste à convoquer la providence (quelques soient les religions) est désormais commune de beaucoup de grands délinquants. Certes on la retrouvait déjà chez les brigands de l’époque de Christ; le plus emblématique ici étant celui qui était à la droite de Jésus lors de sa crucifixion et qui, en demandant à ce dernier « d’intercéder pour lui auprès du Père, tentait ainsi de gagner la rédemption à la dernière minute, ou encore  »voler le ciel » dans un dernier acte de pénitence. Cette tradition, si on peut ainsi la nommer, s’est poursuivie durant de nombreux siècles. 

Aujourd’hui aussi, on l’observe donc. En effet, il n’est plus rare de croiser des petits ou grands voyous se déclarer « combattants de Dieu » et justifier leurs bêtises par son service. Plus loin encore, ils sont nombreux également ceux qui, après avoir été pris dans les rêts de la justice font la même démarche. Mais dans un monde de plus en plus sécularisé, où la recherche de Dieu et l’adhésion aux religions sont déjà quasiment taboues chez nombre de personnes, y a t-il un sens réel à ces phénomènes? Peut-on faire grâce à ceux qui en appellent à la clémence divine pour s’excuser, ou justifier, ou revendiquer leurs délits? Quelles attitudes adopter, quand on est juge, ou simple spectateur, de ce type de situation? Si pour les juges, ils doivent appliquer
la Loi et rien que
la Loi, pour les citoyens, ne faut-il que vilipender, agonir, condamner? Par exemple, sans le dédouaner, par son invocation de la « grandeur de Dieu », Fofana pourra t-il trouver grâce aux yeux de certains? La famille Halimi, et notamment sa mère qui se revendique comme pieuse et très pratiquante, pourra t’elle entendre ce cri, et, sans le dédouaner, accorder une quelconque mansuétude? Etant donné que, dans toutes les religions, dans tous les textes sacrés, le pardon est un sujet qui est recommandé aux Hommes (le Christ conseille par exemple qu’il faut pardonner 77 X 7; en d’autres termes toujours).   

La religion, Dieu même aussi, serviront toujours de paravent, voire de refuge à tous ceux qui veulent donner un sens certain ou contraire à leurs actes. Pour ceux dont la vie est sans difficultés comme pour ceux qui sont en galère; pour ceux qui vivent décemment et dans le respect des autres, comme pour tous ceux qui commettent forfaits et crimes. On peut le regretter ou s’en féliciter. Qu’importe, c’est une évidence.