C’est la fête des mères aujourd’hui. Partout, les gens rivalisent d’ingéniosité pour trouver les bons mots à adresser à leur mère. Quand ils ne le trouvent pas mots, ce sont les objets -je ne veux pas dire « cadeaux »- qui remplacent les bons mots. A tort, assurément. Car, encore une fois, cette initiative magnifique qu’est la fête des mères, beaucoup en conviendront, est complètement noyée dans une surenchère matérielle, de sentiments extérieurs, de faux semblants; de paraître…
Et pourtant, les mots pour dire « Bonne Fête Maman « existent. Ils sont personnels, ils doivent venir du fond du cœur. Et, avec de l’amour, chacun doit pouvoir trouver ces mots qui sont plus justes que les bouquets de fleurs, plus tendres des les colliers, plus réconfortants que tout autre cadeau. Et s’il y en avait qui n’arrivait pas à entendre ses mots internes, ou à les mettre en verbes, alors il pourrait toujours faire recours à la littérature.
En effet, de nombreux écrivains ont mis au cœur de leurs ouvrages l’image de la mère; ils ont célébré la « mère créatrice », « la mère nourricière », « la mère attendrissante », « la mère protectrice » et bien d’autres expressions tant à propos. Pour ma part, j’ai retrouvé un grand classique du genre. L’Enfant noir de Camara Laye. Je cite ici l’entièreté de l’introduction de ce roman paru en 1953.
A MA MERE
Femme noire, femme africaine, ô toi ma mère, je pense à toi…
O Dâman, ô ma mère, toi qui me portas sur le dos, toi qui m’allaitas, toi qui gouvernas mes premiers pas, toi qui la première m’ouvris les yeux aux prodiges de la terre, je pense à toi…
Femme des champs, femme des rivières, femme du grand fleuve, ô toi ma mère, je pense à toi…
O toi Dâman, ô ma mère, toi qui essuyais mes larmes, toi qui me réjouissais le cœur, toi qui patiemment supportais mes caprices, comme j’aimerais encore être près de toi, être enfant près de toi!
Femme simple, femme de la résignation, ô toi, ma mère, je pense à toi…
O Dâman, Dâman de la grande famille des forgerons, ma pensée toujours se tourne vers toi, la tienne à chaque pas m’accompagne, ô Dâman, ma mère, comme j’aimerais encore être dans ta chaleur, être enfant près de toi…
Femme noire, femme africaine, ô toi, ma mère, merci; merci pour tout ce que tu fis pour moi, ton fils, si loin, si près!
Ses mots se passent de commentaires. Ils sont beaux, justes. Un tel hommage, qui ne Ne serait pas fier de le dire à sa mère? Camara Laye avait su les dires en son temps. Et pour ne pas les garder pour lui, il nous les a laissé en « cadeau ». C’est ce genre de cadeau qu’on devrait offrir à nos mères en ce jour si symbolique, mais aussi si important.
PS. Je fais une invitation à lire l’Enfant noir.
je voudrais avoir des mots pour dit bonne fète maman