• Accueil
  • > Archives pour juillet 2010

Archive pour juillet 2010

Koulsy Lamko: Biographe de Sankara et dramaturge de la révolution burkinabé

Mardi 6 juillet 2010

 

Koulsy Lamko aimait beaucoup Thomas Sankara. Il l’avait bien connu. Il l’avait fréquenté et était même devenu son ami.  c’était dans les années 80. le jeune Koulsy, originaire du Tchad, était alors étudiant à l’université nationale du Burkina Faso. Il avait obtenu une bourse offerte par le président Sankara à tous les étudiants (qu’ils soient nationaux ou étrangers). A la mort de l’ancien président burkinabé, Koulsy Lamko a décidé de lui rendre hommage. Et donc, pour célébrer un ami aussi cher, il fallait bien un hommage bien particulier. Ce fut donc un livre. Une pièce de théâtre plus précisément.

Ndo Kela est le nom de cette pièce. Elle porte en sous-titre « l’Initiation avortée« . Si Ndo Kela (titre dans la langue de l’auteur) n’évoque pas grand chose de connu, le sous-titre en revanche est à lui tout seul, un véritable programme. Koulsy Lamko a sans doute choisi cette expression en appoint de son titre pour certaines raisons;  la première étant d’apporter au titre, une information supplémentaire plus accessible. La seconde, c’est précisément de comprendre par les mots qui constituent ce sous-titre qu’on aura une histoire (perceptible via le substantif Initiation), mais une histoire inachevée  voire malheureuse (entérinée ici par le qualificatif Avortée) .

Ainsi donc, dès la première de couverture, l’auteur a voulu  indiquer le sens ou plutôt la direction vers laquelle son histoire s’orientera: l’échec. Ainsi, il ne sera donc pas difficile de deviner que la trame de cette pièce renvoie à une histoire inachevée, inaboutie, négative… Cet inachèvement étant matérialisée , nous l’avons dit plus haut, par le qualificatif  épithète « avortée ». Quant au nom pivot du syntagme nominal (« l’Initiation »), il réfèrera à un apprentissage, une formation, une  éducation Au final, on aura donc affaire ici au récit, ou plutôt, à la mise en scène (genre théâtral oblige) d’un apprentissage de la vie d’un personnage ou d’un groupe, qui s’arrêtera de manière précoce, prématurée. A la lecture de la pièce, vous arriverez sans doute à cette conclusion. La même que nous avons eue.

Pour renforcer notre opinion sur ce livre, nous avons consulter des ouvrages et textes annexes. Les notes paratextuelles que nous avons trouvées disent que Ndo Kela est un hommage à Thomas Sankara. Elles disent aussi que, dans ce livre, l’ancien président burkinabé est fictionnalisé à travers le personnage de Sankadi. »l’Initiation avortée » serait donc la sienne? Assurément. Mais celle de Sankara ou de Sankadi? Nous dirons celle des deux. Car, si Sankadi, est bien un simple être de papier, il n’en demeure pas moins que, dans l’esprit de l’auteur et de ceux qui ont lu cette pièce, il est avant tout un calque , une reproduction de Sankara. Dès lors, la lecture de Ndo Kela se révèle être la lecture d’un compte-rendu de la révolution burkinabé, vue à travers celui qui en fut son personnage principal; c’est-à-dire Thomas Sankara. Les autres personnages qui l’accompagnent (Sou, Tadegui…)? Eux aussi sont des références des compagnons de route Thomas Sankara.

Au final, Koulsy Lamko n’aura rien inventé dans cette pièce. Tout au moins dans le contenu de l’histoire. C’est tout simplement une transcription de l’histoire -quasi- réelle d’un personnage hors du commun (Thomas Sankara) et d’un système (la Révolution burkinabé). Mais le génie de Koulsy Lamko, outre de raconter des anecdotes de l’intérieur, c’est de mettre en mots, avec une musicalité agréable, une empathie de personnages, et, sur scène (pour ceux qui ont eu la chance de voir une représentation de la pièce), une solennité dans le discours et les propos… Bref il a mis son talent à créer de l’originalité et de la passion sur la vie et l’oeuvre de Thomas Sankara. Ce qui est un véritable chef d’oeuvre.

Pour en savoir plus sur l’auteur, consultez cette adresse http://www.lesfrancophonies.com/maison-des-auteurs/lamko-koulsy  

 

Karen Blixen, fermière africaine

Dimanche 4 juillet 2010

 

Voici un livre à lire. La ferme africaine, que j’ai terminé il y a quelques jours est un ouvrage fort intéressant que je recommande au plus grand nombre d’entre vous. Il y a là, un condensé de romantisme, d’invitation au voyage et à l’aventure, mais aussi d’exploration d’une région, d’un peuple, d’une personne, au travers de ses activités quotidiennes. On est aussi aux confluents de la littérature, de la sociologie de l’histoire aussi et de la géographie. Bref c’est un livre (presque) encyclopédique… 500 pages de récit rythmé et qui tiennent en haleine; à chaque page ouverte, on a envie d’arriver à la suivante.
Paru en 1937 sous la plus de Karen Blixen, une écrivaine danoise, La ferme africaine est connue par beaucoup comme étant le film qui a inspiré le film Out of Africa (1985). Je n’en parlerai pas, car je ne l’ai jamais vu. par contre le livre je l’ai bien lu, et j’ai savouré. J’ai apprécié cette relation d’amour qui lie l’auteure au continent noir et qui transparaît tout au long du texte. J’ai aimé aussi la précision, la rigueur avec laquelle elle narre les différents éléments qui lui viennent à l’esprit; que ce soient les paysages, les peuples, les rites, les animaux…

 

Il y a chez même chez l’auteure un grand attachement pour les indigènes (noirs). de cet attachement naît une fascination comme lorsqu’elle affirme au début du livre « Dès que j’ai connu les noirs, je n’ai eu qu’une envie, celle d’accorder à leur rythme celui de la routine quotidienne que l’on considère souvent comme le temps mort de la vie ». Mais l’attachement lui impose aussi une franchise dans certains de ces jugements qui est touchante, même si, aujourd’hui, ils feraient bondir les défenseurs de la cause noire. Par exemple, elle les trouve anti-animaux: « En général, les Noirs n’ont guère des sentiments pour les animaux… » (p58). Pire même, elle fait voler en éclat la belle idée de solidarité et de compassion entre Indigènes, car pour elle « les Noirs ont une tendance naturelle et irrépressible à se réjouir du malheur d’autrui, ils éprouvent une véritable joie quand quelque chose tourne mal… » (p55).

 

Mais toutes ces idées ne la rendaient pas moins amoureuse du continent et très proche de « ses » domestiques. Avec une attention particulière pour les jeunes garçons dont un certain Kamante, qui « l’accompagne » tout au long du roman. On notera aussi les moments de complicités avec d’autres indigènes, notamment au moment de la cente de sa ferme.

Au final, ce roman livre un message sur l’humanisme. Celui d’une femme amoureuse de l’Afrique, amoureuse du monde. Il y a d’autres enseignements que La ferme africaine véhicule.C’est à chacun d’aller les découvrir. Bonne lecture