Archive de la catégorie ‘Actu du monde’

Koulsy Lamko: Biographe de Sankara et dramaturge de la révolution burkinabé

Mardi 6 juillet 2010

 

Koulsy Lamko aimait beaucoup Thomas Sankara. Il l’avait bien connu. Il l’avait fréquenté et était même devenu son ami.  c’était dans les années 80. le jeune Koulsy, originaire du Tchad, était alors étudiant à l’université nationale du Burkina Faso. Il avait obtenu une bourse offerte par le président Sankara à tous les étudiants (qu’ils soient nationaux ou étrangers). A la mort de l’ancien président burkinabé, Koulsy Lamko a décidé de lui rendre hommage. Et donc, pour célébrer un ami aussi cher, il fallait bien un hommage bien particulier. Ce fut donc un livre. Une pièce de théâtre plus précisément.

Ndo Kela est le nom de cette pièce. Elle porte en sous-titre « l’Initiation avortée« . Si Ndo Kela (titre dans la langue de l’auteur) n’évoque pas grand chose de connu, le sous-titre en revanche est à lui tout seul, un véritable programme. Koulsy Lamko a sans doute choisi cette expression en appoint de son titre pour certaines raisons;  la première étant d’apporter au titre, une information supplémentaire plus accessible. La seconde, c’est précisément de comprendre par les mots qui constituent ce sous-titre qu’on aura une histoire (perceptible via le substantif Initiation), mais une histoire inachevée  voire malheureuse (entérinée ici par le qualificatif Avortée) .

Ainsi donc, dès la première de couverture, l’auteur a voulu  indiquer le sens ou plutôt la direction vers laquelle son histoire s’orientera: l’échec. Ainsi, il ne sera donc pas difficile de deviner que la trame de cette pièce renvoie à une histoire inachevée, inaboutie, négative… Cet inachèvement étant matérialisée , nous l’avons dit plus haut, par le qualificatif  épithète « avortée ». Quant au nom pivot du syntagme nominal (« l’Initiation »), il réfèrera à un apprentissage, une formation, une  éducation Au final, on aura donc affaire ici au récit, ou plutôt, à la mise en scène (genre théâtral oblige) d’un apprentissage de la vie d’un personnage ou d’un groupe, qui s’arrêtera de manière précoce, prématurée. A la lecture de la pièce, vous arriverez sans doute à cette conclusion. La même que nous avons eue.

Pour renforcer notre opinion sur ce livre, nous avons consulter des ouvrages et textes annexes. Les notes paratextuelles que nous avons trouvées disent que Ndo Kela est un hommage à Thomas Sankara. Elles disent aussi que, dans ce livre, l’ancien président burkinabé est fictionnalisé à travers le personnage de Sankadi. »l’Initiation avortée » serait donc la sienne? Assurément. Mais celle de Sankara ou de Sankadi? Nous dirons celle des deux. Car, si Sankadi, est bien un simple être de papier, il n’en demeure pas moins que, dans l’esprit de l’auteur et de ceux qui ont lu cette pièce, il est avant tout un calque , une reproduction de Sankara. Dès lors, la lecture de Ndo Kela se révèle être la lecture d’un compte-rendu de la révolution burkinabé, vue à travers celui qui en fut son personnage principal; c’est-à-dire Thomas Sankara. Les autres personnages qui l’accompagnent (Sou, Tadegui…)? Eux aussi sont des références des compagnons de route Thomas Sankara.

Au final, Koulsy Lamko n’aura rien inventé dans cette pièce. Tout au moins dans le contenu de l’histoire. C’est tout simplement une transcription de l’histoire -quasi- réelle d’un personnage hors du commun (Thomas Sankara) et d’un système (la Révolution burkinabé). Mais le génie de Koulsy Lamko, outre de raconter des anecdotes de l’intérieur, c’est de mettre en mots, avec une musicalité agréable, une empathie de personnages, et, sur scène (pour ceux qui ont eu la chance de voir une représentation de la pièce), une solennité dans le discours et les propos… Bref il a mis son talent à créer de l’originalité et de la passion sur la vie et l’oeuvre de Thomas Sankara. Ce qui est un véritable chef d’oeuvre.

Pour en savoir plus sur l’auteur, consultez cette adresse http://www.lesfrancophonies.com/maison-des-auteurs/lamko-koulsy  

 

Pari pour l’information sur la Culture africaine

Vendredi 5 juin 2009

 

On peut se risquer de l’affirmer. « La culture est l’avenir de l’information ». C’est-là une assertion que beaucoup de médias partagent aujourd’hui et feront encore dans les années à venir. Ils le feront d’autant plus que les autres grands sujets de l’information que sont la politique, l’économie et le sport n’auront plus le vent en poupe. Notamment la politique qui, tous les jours, démontre qu’il y a un énorme décalage, un fossé même entre ses acteurs principaux et les citoyens ordinaires. Quant au sport, à moyen terme, les affaires de dopage auront raison de lui, et les belles histoires de « champions » narrées en boucle à la télé, à la radio et dans les magazines, n’émouvront plus personne. Sur l’économie, il y a pas trop de crainte car elle ne sera jamais un sujet grand public ; trop abstrait, trop loin des gens aussi. Il y aura donc de la place pour la culture, la culture encore et encore.

 

Ce constat a déjà été fait par les grands médias des pays européens. Ils ont bousculé leurs grilles de programme pour y introduire beaucoup plus de culture. Des émissions sur les festivals et les sorties littéraires, des chroniques brèves (entre deux émissions) sur des œuvres d’art célèbres, des biographies littéraires dans des émissions d’informations et bien d’autres formats encore. Certes, ces programmes ne sont pas toujours du qualitatifs et relèvent même plutôt du sensationnel et de la télé-réalité. Qu’importe, ils ont déjà le mérite d’exister et, au fil du temps s’améliorent.

 

Si ces bonnes résolutions ont été prises en Europe, dans les pays du Sud, les médias tardent encore à emboiter le pas. Que ce soit dans les médias basés sur place ou ceux qui émettent ou sont publiés depuis l’étranger (les grandes capitales européennes). En clair, tous ces médias se refusent jusqu’ici à tenter le pari du « plus de culture », ou le remettent à plus tard. Il est vrai que beaucoup d’entre eux cherchent encore leur place dans la jungle médiatique existante. Et, que la mesure de leur rôle n’est pas trouvée non plus. En outre, ils manquent  aussi de volonté et surtout de moyen à investir dans ce secteur qu’on n’a jamais pris très au sérieux sur le continent. Mais, pourrait-on déclarer, il est temps aujourd’hui de se lancer. D’embrasser sans crainte le challenge de la promotion et de la culture africaine. C’est une urgence, un impératif même. Le public local ainsi que celui de la diaspora est demandeur ; notamment les jeunes.

 

Apprendre à connaître les auteurs du continent, ceux qui ont donné leur lettres de noblesse à la littérature africaine, et tous ceux qui aujourd’hui encore publient des romans des poèmes et des pièces de théâtre. Découvrir des auteurs inconnus ou des genres littéraires considérés comme mineurs, tel le Mvet ; zoomer aussi sur l’art, la sculpture et même le cinéma de chez nous. Faire confronter les influences de la littérature africaine sur le développement du continent, ou encore confronter ce que peuvent apporter nos domaines culturels à la vie quotidienne des africains… les thématiques sont peut-être floues pour l’instant, mais elles peuvent être affinées, discutées. Ce sont-là autant de sujets qui devraient être pris en compte par nos médias. Et les proposer au public.

 

Mettre les cultures du continent au cœur de l’information africaine est un projet que je formule depuis toujours et que j’envisage de réaliser. L’occasion ne m’a pas encore été donnée d’y parvenir. J’ai proposé une collaboration en ce sens à une jeune et prometteuse chaîne panafricaine. J’ai essayé d’expliquer les ressorts de ce projet et surtout de montrer ses nombreux avantages. Malheureusement, les dirigeants de cette chaîne n’ont pas jugé bon de tenter l’expérience. J’essaierai de le leur proposer de nouveau, avec de nouveaux arguments, avec des éléments palpables et concrets. Mais aussi et surtout, je ferai vivre cette idée sur ce blog, dont j’espère qu’il deviendra dorénavant une référence en matière de promotion et de valorisation et d’information sur
la Culture africaine.

Les victimes de la crise et les autres

Lundi 13 avril 2009

 

La crise financière et économique qui secoue le monde en ce moment a fait plusieurs victimes. Les petits épargnants, les travailleurs pauvres, les femmes seules en emploi partiel, les ouvriers des industries automobiles et sidérurgiques, les bénéficiaires de minimas sociaux, les chômeurs, les camés et toxicos, les voleurs à la petite semaine, les immigrés (avec ou sans papiers)… Mais aussi, dans une certaine mesure, les grands patrons de banque et de d’entreprises du BTP, les traders, les agents et démarcheurs en tous genres, certains sportifs (regardez l’athlète Romain Mesnil, ou les footballeurs de certains clubs en faillite, ou même encore les joueurs d’autres disciplines)… 

Bref, tout le monde, ou presque quoi!!! Il y a même eu des Etats dont les responsables se sont déclarés en « faillite », victimes de la crise? Et d’autres encore qui se sont précipités pour « aider » les banques, les renflouer, afin de lutter contre cette même crise. Ailleurs dans le monde, et notamment dans les pays pauvres, est-il encore possible d’évaluer l’ampleur des ravages de cette crise? Il se dit  par exemple que des pays comme
la RCA, bien des années avant cette crise, n’avaient pas payé leurs fonctionnaires depuis près de 20 mois; la crise a du les achever. Ailleurs encore, cette situation a exacerbé les tensions politiques et sociales (Madagascar en est un des exemples). 

Bref, avec cette crise, le monde semble s’effondrer. C’est une crise de « grande ampleur » nous dit-on, normal donc qu’elle nous « frappe » tous. Tout se beau monde, amputés pour certains de tout leur budget mensuel (les « virés », « renvoyés », « licenciés »), contraints de trouver des plans « B », « C », « D » et que sais-je encore…espèrent-ils en une sortie de crise rapide? Et si ce n’est pas le cas, que feront-ils? Que feront-nous, je dirai même? En attendant, on la trinque tous les jours, cette crise, avec les opérations coup-de-poing dans les usines en France, les plans sauvetage des Etats, mais aussi les « retroussages de manches jusqu’au cou » des petits travailleurs que nous sommes. 

 

 

 

 

La Guadeloupe, ce « pays » du Tiers-Monde

Mercredi 18 février 2009

C’est
la Crise en Guadeloupe. Depuis plusieurs jours ce département français d’Outre-mer est en ébullition. Les manifestants réclament, pêle-mêle, une augmentation de salaire de 200 euros, la baisse des prix de première nécessité (alimentaire, essence), plus de soutien de l’Etat, la lutte contre le chômage, très élevé là-bas, et bien d’autres sujets encore. Bref, protester contre « la vie chère ». Les manifestations avaient débuté dans le calme, se déroulant essentiellement entre syndicats et patronat local. Puis, elles ont pris un tour socio-politique au point que l’Etat central a dépêché là-bas le ministre de l’Outre-mer; puis la situation s’est envenimée et, à ce jour, elle est devenue quasiment incontrôlable. Pillages, attaques de sociétés, entreprises et particuliers, actes de vandalisme, affrontements avec les force de l’ordre; bref, manifestation incontrôlable. 

Pour ceux qui suivent régulièrement l’actualité, ce style de situation se produit très souvent dans des pays qualifiés d’Etas pauvres, du Tiers-Monde. Il y a un an notamment, en début 2008, plusieurs pays d’Afrique, d’Asie et dans une moindre mesure d’Amérique du sud étaient gagnés par ce qu’on qualifia « d’Emeutes de la faim ». Là-bas, la situation était identique, avec, malheureusement, plus de morts. Ainsi, au Cameroun, au Sénégal, au Kenya, en Côte d’Ivoire, en Guinée et bien ailleurs encore, on avait aussi manifesté contre « la vie chère ». 

Dans ces pays, les raisons avancées pour expliquer ces émeutes étaient qu’elles étaient provoquées par des raisons structurelles (celles des pays en question, aux économies sous-perfusion, aux potentiels d’investissement léger ou nul, aux mauvaises gestions) et des raisons conjoncturelles (celles d’une pénurie mondiale de certaines denrées, liée à la sécheresse). Les analystes disaient aussi que les émeutes de la faim ne peuvent survenir que dans des régions à forte démographie, parce que les bouches à nourrir sont de plus en plus nombreuse, alors que dans le même temps les portefeuilles ne se remplissent pas davantage; en clair, que ce genre de situation ne peuvent pas avoir lieu dans les pays développés.  

Ce qui se passe en Guadeloupe aujourd’hui tel que je l’ai relaté plus haut, et tel que chacun le voit dans l’actualité, vient contredire cette vision.  Car,
la Guadeloupe c’est
la France. Un Pays qui n’est pas du Tiers-Monde. A moins que ce ne soit
la Guadeloupe elle-même qui ne soit un « pays » du Tiers-Monde!!! 

 

 

Demain la francophonie?

Mercredi 28 janvier 2009

Une surprise. Une vraie surprise. La semaine dernière, un ami rédacteur en chef dans un journal spécialisé (que je ne citerai pas) me demande de lui produire un article sur
la Francophonie; l’angle sur lequel il souhaite que je travaille, c’est celui du devenir, ou plus simplement, de l’avenir de la francophonie. « Quel avenir pour la francophonie? », voilà le sujet. 
A première impression, j’étais un peu embarrassé par la question, voire tout le sujet. Pour ceux qui consultent régulièrement ce blog depuis son lancement, ils ont du s’apercevoir que j’avais déjà planché plusieurs fois sur ce sujet. Pour ceux qui voudraient s’y reporter, ils les trouveront aux adresses suivantes: 

Pour revenir à la « commande » de cet ami, j’étais donc un peu embarrassé. Car, il fallait résoudre deux écueils: ne pas paraître trop « rentre dedans » sur la francophonie et son horizon presque inexistant (ce qui est mon sentiment profond), et d’un autre côté, trouver des arguments construits et cohérents qui accréditent ou discréditent cette question. Et, pour dire vrai, ce ne fut pas facile de solutionner ces a priori. Mais au final, je lui ai pondu un texte. Il ressemblait un peu à ceci: 
A l’heure où le monde se (re)prend d’amour pour l’Amérique à la faveur de l’élection à sa tête de Barack Obama, à l’heure où
la France s’engage tous les jours un peu plus dans la (re)construction de l’Europe au détriment de ses relations avec le monde francophone, à l’heure où l’Afrique francophone et anglophone s’enamoure de
la Chine, « La francophonie a-t-elle un avenir » ? La question n’est pas nouvelle, et, le moins qu’on puisse dire, est même devenue très régulière ces dernières années. Elle est présente dans les milieux intellectuels, associatifs et même institutionnels depuis plusieurs années déjà. En France comme dans d’autres pays membres. En Suisse et au Canada surtout, du fait de la place quasi-minoritaire du français, beaucoup de détracteurs de la francophonie se sont demandé ouvertement s’il ne fallait pas y renoncer, considérant qu’elle est un « vestige du passé ». La même critique s’entend aussi en Afrique, de manière moins virulente cependant, mais qui pose aussi la question de la pertinence de la francophonie dans le futur, alors que le monde globalisé de demain sera aussi « anglicisé ». 

En effet, depuis plusieurs années, de nombreuses voix s’élèvent pour affirmer que « 
la Francophonie est mal partie ». La prédominance de la langue anglaise sur la science, l’économie, les nouvelles technologies de l’information et de la communication n’est plus à démontrer. De plus, des sujets internes aux grand pays membres font craindre aussi pour l’essor de notre langue. On en veut pour preuve la sempiternelle question politique entre flamands et wallons en Belgique, qui a des incidences sur la langue française dans ce pays ; ou encore, l’offensive menée par les langues régionales en France, qui contestent l’hégémonie du français et qui ont obtenu, l’année dernière, d’être inscrite dans
la Constitution comme faisant partie du « patrimoine linguistique national ». 

Pourtant, la francophonie se porte bien de nos jours. Sur le plan culturel, elle est une réalité bien vivante à travers le monde. On estime à plus de 175 millions le nombre de locuteurs francophones dans le monde. Ce nombre est en hausse permanente, car chaque année, de nouvelles personnes apprennent notre langue. Il y a certes ceux qui vivent dans les pays où le français est très largement utilisé (comme langue officielle ou courante). Mais, et de plus en plus, il y a aussi de nombreux apprenants dans des pays non francophones. Notamment en Afrique anglophone et lusophone, en Amérique du sud, en Asie et dans les pays d’Europe de l’est récemment entrés dans l’Union européenne. A titre d’exemples, les pays comme le Soudan (arabophone et anglophone) comptent aujourd’hui près d’un demi-million de locuteurs francophones. En Ukraine, en Lettonie et dans les pays des Balkans, on peut aussi noter une hausse exponentielle. 

Tout ceci est du aux efforts conjugués des différentes sections locales de
l’Alliance française (dont la mission est la promotion de la langue et de la culture françaises à l’étranger) et, au plan académique, des initiatives de l’AUF qui accueille désormais en son sein de nombreuses universités de pays non-francophones. A cela, on peut aussi ajouter le rôle joué par les grands médias comme TV5 Monde, France 24 ou RFI, dont la diffusion s’étend dans le monde entier, et sur le plan économique, l’influence des grandes multinationales des pays-phares de la francophonie (Suisse, Canada, France).
L’arrivée de tous ces nouveaux locuteurs, favorisée pas les éléments sus-mentionnés, mais aussi par l’attractivité de
la France (son histoire, ses monuments, sa gastronomie…) montre bien la vitalité et le dynamisme de la langue française, et partant, de la francophonie. Grâce à cela, la francophonie peut se targuer d’avoir un avenir devant elle ; car la présence plus accrue de personnes qui connaissent sa langue lui assure donc une certaine viabilité.
 

S’il existe un secteur où les craintes sur l’avenir de la francophonie sont sans doute légitimées, c’est celui de sa vitrine institutionnelle et politique. Car dans ces derniers domaines,
la Francophonie a du mal à être audible ou plutôt à inscrire son action dans l’efficacité. Que ce soit dans son implication dans la recherche de la paix, ou dans ses prises de positions dans la résolution de certaines crises politiques qui surviennent dans certains de ces pays membres. Ainsi, les crises politiques survenues au Togo et en Guinée en sont des exemples patents. 

Dominique Wolton est un grand spécialiste de Francophonie. Dans son dernier livre, Demain, la francophonie, il avance plusieurs pistes sans lesquelles la francophonie aurait un avenir compromis, il préconise la consolidation d’une francophonie politique qui irait au-delà de la forme actuelle de l’OIF. Mais ce nouvel espace ne serait pas un environnement institutionnel clos, mais plutôt un espace ouvert qui ferait la promotion d’une « francophonie vivante ». Ceci passerait par un renforcement des investissements sur le terrain culturel et universitaire. La création d’un « Erasmus francophone » par exemple serait un bon signe. Il faudrait aussi créer des outils pour permettre plus de mobilité en Francophonie; notamment en acceptant la création d’un passeport francophone pour les étudiants, chercheurs et autres scientifiques. Ces propositions rejoignent celles de l’universitaire canadien Jean-Louis Roy, auteur de l’Encyclopédie de la francophonie. Il avance que la priorité principale pour une viabilisation de la francophonie serait de lutter contre l’illettrisme en Afrique. En outre, il faut « créer un espace culturel commun à la francophonie, qui associe les pouvoirs publics, les grandes entreprises, les universitaires les associations et les ONG. Enfin, il serait aussi utile de renforcer la place du français dans les grandes institutions internationales. 

Nonobstant toutes ces propositions, peut-on espérer que la viabilité de la francophonie culturelle ne se fera qu’à travers l’augmentation de ses locuteurs à travers le monde ? Est-il possible aussi de ne compter que sur l’implication de
la France ou encore de l’éradication de l’illettrisme en Afrique? Bref, ces différentes propositions peuvent-elles, à ce jour, suffire pour assurer à la francophonie un avenir doré ? C’est là tout l’enjeu du problème qui se pose à l’Organisation internationale de la francophonie. Afin que « Demain la francophonie » ne se termine plus par un point d’interrogation. 

Quelques mythes et légendes sur les animaux en Afrique

Lundi 26 janvier 2009

La légende du loup-garou. C’est une des histoires les plus connues dans le monde et particulièrement dans l’imaginaire des européens. Elle met en scène les rapports entre un homme et une bête, le premier rêvant de partager les capacités de chasseur du second, pour se défendre contre les forces de la nature. Des chroniques de ce genre, qui révèlent le caractère légendaire d’un animal, existent aussi en Afrique. Certes, d’un pays à un autre, et même d’une région à une autre, un même animal peut colporter plusieurs symboles légendaires. Mais, force est de reconnaître que l’existence et la prolifération de ces histoires renseignent sur la place des animaux dans l’histoire des sociétés africaines. A titre d’exemple, les animaux comme la girafe, le lion, la tortue, le lièvre ou encore l’éléphant et les reptiles comme la vipère et le boa, ont une place importante dans plusieurs contes et mythes du continent. De manière générale, ces mythes et légendes sont transmis à travers des récits oraux que les anciens font aux plus jeunes, lors des soirées d’initiation ou à d’autres moments. Il y a aussi un apport considérable de littérature écrite dans la vulgarisation de ces récits, á travers par exemple des ouvrages comme Les contes et nouveaux contes d’Amadou Koumba de Birago Diop, ou encore plus récemment, la saga cinématographique de Kirikou de Michel Ocelot. 

Quand on prend un animal comme la girafe, on se rend compte qu’il véhicule un nombre de mythe important dans plusieurs pays en Afrique. Il se raconte qu’à l’antiquité, l’empereur Jules César en avait le symbole de ses conquêtes africaines. Chez les arabes du Soudan, si un cavalier arrivait à battre à la course une girafe, deux fois le même jour, il devenait digne d’un roi, et avait le respect de tous, s’il parvenait à la tuer. Chez les bantous d’Afrique centrale, la girafe a plutôt suscité admiration et sublimation parce qu’on lui trouvait des pouvoirs magiques ; certains allant même jusqu’à utiliser sa queue comme un attribut de pouvoir pour les chefs de haut rang. Dans d’autres pays, et notamment ceux de la région sahélienne, des peintures rupestres très anciennes qui représentent des girafes attaquées à l’arc et à la lance par des indigènes, constituent un fonds précieux de la culture de ces pays. 

La tortue est un autre animal qui apparaît dans plusieurs mythes africains. Symbole de la lenteur, mais non moins intelligente, elle a nourri une bonne partie des contes pour enfants dans lesquels on veut leur passer la moralité suivante : qui va lentement va sûrement. C’est aussi un bon ami de l’homme. Chez les populations du Mbam au Cameroun, la tortue est un animal sacré qu’on ne mange pas, et dont certains individus redoutent même la vue. Les raisons de cette sacralité, transformée en peur, tiennent au fait que, selon une légende véhiculée dans cette région, un ancêtre héroïque de ce groupement, poursuivi par des ennemis, avait été sauvé par une tortue qui le transporta sur son dos et lui fit traverser le fleuve, se mettant ainsi à l’abri de ses assaillants. 

Le lion est dans beaucoup de régions du continent, l’emblème du pouvoir. Les fables qui les mettent en scène dans cette fonction de chef sont légion. Un peu sur le modèle Des animaux malades de la peste de
La Fontaine, où le lion est le juge chez qui arrivent les plaintes des autres animaux. Dans certains contes chez les Masai, c’est le lion qui réveillait les populations du village ; son rugissement, perceptible à plusieurs Kms, sonnait comme un réveil pour les populations encore endormies, lesquelles devaient alors se lever pour vaquer à leurs occupations traditionnelles. Sur cet animal, on notera aussi la légende du « Lion rouge », projet littéraire récent, qui évoque la destinée d’un chef africain, lequel va combattre le colon et reprendre ainsi la bataille menée par tous ceux qui, de la fin du XIXe au début du XXe siècle, s’opposèrent à l’installation des pouvoirs coloniaux en Afrique. 

Autre symbole du commandement aux symboles nombreux en Afrique, le léopard ou panthère. Recherché pour sa belle fourrure –on se souvient de quelques chefs d’Etat arborant des tenues avec la peau de cet animal- il se pourrait aussi que, d’après un conte bantou, les pygmées utilisaient son foi pour fabriquer des médicaments traditionnels destinés à aider les personnes stériles à avoir des enfants. Plus classique, une légende sud-africaine atteste du fait que certaines populations du nord du pays utilisaient la panthère comme un animal de compagnie, chargé de chasser les babouins et les potamochères qui détruisaient leurs cultures. 

Mais dans cette saga des mythes et légendes animaliers en Afrique, les petits animaux ont aussi leur histoire. A l’exemple de la souris ; dans un conte arabe du poète Al Ibshihi (1388-1446), il se trouve qu’une souris du désert vint habiter chez un homme, invitée par une souris de logis. La première succomba à un piège tendu par le maître de maison à l’aide d’un aliment. La deuxième, voyant le malheur qui était arrivé à l’autre, s’enfuit vers les champs en se disant que, chez le maître, «je vois une grande abondance, mais aussi une grande affliction ; la santé avec la pauvreté me sont plus douces que la richesse qui conduit à ma perte ». Belle moralité. 

Dans un tout autre registre, il y a les légendes sur les reptiles et particulièrement sur les serpents. On a par exemple longtemps assimilé, en Afrique centrale, l’arc-en-ciel à un serpent à deux têtes, qui boit simultanément dans deux rivières, et dont la présence dans le ciel peut signifier l’imminence d’un grand malheur. Alors que les Zoulous d’Afrique du sud le nomme « The Queen  Arch », parce que pour eux, c’est une des charpentes qui soutient la maison de la reine du ciel. Le peuple Luyia du Kenya, croit lui que pour arrêter la pluie qu’il a créée, Dieu fait deux arcs-en-ciel ; le plus étroit étant le mâle et le plus large la femelle. Chez les Fang – Béti du Sud Cameroun et du Nord du Gabon, la vipère est un met qu’on sert à manger aux personnes privilégiées et de grande valeur. Idem pour le boa, qui représente aussi une certaine force brute chez certains peuples. En outre, son image est associée à celle de guérisseurs et de tradi-praticiens qui s’en servent parfois pour des démonstrations ésotériques. 

Dans son livre Sagesses et malices de M’Bolo, le lièvre d’Afrique, l’auteur Marie-Félicité Ebokéa narre sous forme de légende, les aventures d’un petit lièvre appelé M’Bolo. Cet animal, appelé dans d’autres histoires Leuk – comme dans La belle histoire de Leuk-le-lièvre de Senghor – est réputé comme étant le plus rusé de la forêt. Dans les différents récits où il apparaît, on lui attribue fanfaronnades, ruses et autres coups tordus. Il partage ces qualités avec le renard, dont la variante du nord de l’Afrique appelé fennec apparaît souvent comme le gardien de la maison, en ce sens qu’il chasse et tue les souris, les lézards, les oiseaux et les autres petites bêtes vivant en milieu domestique. Tout le contraire de l’hyène, appelée Bouki, décrite dans les contes comme maladroite, brutale et irréfléchie. 

En somme, si le compagnonnage entre les hommes et les animaux en milieu naturel est moins fréquent aujourd’hui partout dans le monde, il reste que, en Afrique, on peut encore se targuer de vivre l’illusion de cette relation, grâce au contes et légendes impliquant les bêtes aux côtés des individus. Faire revivre les histoires des animaux parleurs, vivant en société organisée, c’est la tâche à laquelle se sont intéressés certains auteurs et réalisateurs contemporains. Le but ultime pour eux étant de permettre aux africains et à d’autres de s’intéresser à ce riche aspect du patrimoine culturel africain. 

Les animaux d’Afrique

Lundi 26 janvier 2009

L’Afrique est un continent riche en… animaux. Combien y en a-t-il d’espèces sur le continent? « Beaucoup », répondrait-on logiquement. Effectivement, il y a beaucoup d’espèces d’animaux différents sur le continent africain. Des grands, des petits, des connus et des pas connus du tout, bref une multitude de bêtes qui ont chacune une histoire et un lieu de résidence précis sur le continent. Cette grande variété d’animaux en Afrique peut s’expliquer par la géographie du continent et la présence en son sein de tous les types de reliefs (désert, savane, forêt). Pendant longtemps, la plupart de ces animaux ont vécu en milieux sauvages, notamment dans les forêts tropicales d’Afrique centrale et dans une partie de l’Afrique australe. Sous l’effet conjugué de plusieurs facteurs (déforestation, braconnage, chasse, maladies), ils certaines espèces ont vu leur nombre considérablement diminuer au point d’être aujourd’hui protéger par des Conventions internationales (voir encadré) qui sont sensées les protéger d’une disparition totale. Malgré cela, pour qui va en Afrique aujourd’hui, il est encore possible de rencontrer, soit en milieu naturel, soit dans des parcs ou des réserves, des éléphants, des lions, des hippopotames, des rhinocéros, des grands oiseaux comme l’autruche et des reptiles de tous genres parmi lesquels les boas et python. Nous n’allons pas dresser ici la liste exhaustive de tous ces animaux. Simplement, nous allons établir pour certains d’entre-eux, une fiche d’identité, comprenant leur histoire, leur localisation, le mode de vie et de reproduction de ceux-ci et bien d’autres renseignements encore. 

Les plus grands d’abord. Parmi ceux-ci, les éléphants sont ceux qui sont présents à peu près sur tout le continent au sud du Sahara. Plus grands que ceux d’Asie, les éléphants d’Afrique vivent surtout dans les plaines boisées, les vallées fluviales et les savanes du continent. On en retrouve des troupeaux importants dans les pays comme le Kenya, le Botswana,
la Tanzanie, et dans une moindre mesure,
la Côte d’Ivoire, le Cameroun. Ce sont des herbivores qui doivent consommer beaucoup de nourriture (200 kg) et d’eau (150 l) par jour. Ils vivent en troupeaux dirigés par une femelle grande et âgée. Celle-ci « régente » la vie des autres membres du troupeau. Leur fécondation peut intervenir á tout moment de l’année, et, pendant sa gestation qui dure jusqu’à 21 mois, la femelle est couvée et protégée par le mâle, jusqu’à la naissance du petit. Les rapports de cohabitation entre les éléphants et les hommes sont plutôt tendus ; tandis que les premiers sont souvent responsables de destruction des cultures dans les champs, les hommes eux, les chassent pour consommer la viande et, accessoirement pour vendre leurs défenses d’ivoire qui servent comme trophées ou pour sculpter des objets ornementaux. 

Autre grand animal qui représente un symbole fort du continent africain, le lion. Lui aussi est présent dans plusieurs régions du continent. Plusieurs pays en ont d’ailleurs fait le symbole de leur nation. Les lions en Afrique vivent dans les régions semi-désertiques et les plaines boisées. Les pays d’Afrique australe (Botswana, Namibie, Afrique du sud) et de l’est (Kenya, Ethiopie) comptent encore des contingents intéressants de cet animal. Le lion est présenté comme un animal social qui vit en groupe (jusqu’à 30 parfois), avec les femelles qui chassent pour les petits et les mâles. Vu la dangerosité de l’animal, les contacts avec l’homme sont forcément très limités. 

Le lion est un animal fort, et depuis toujours, il a été le symbole de la puissance et du pouvoir en Afrique. Enfin, c’est un carnivore (environ 7 kg de viande par jour), comme du reste le léopard (ou panthère) et le guépard, le lycaon, le serval, autres félins carnivores qu’on retrouve en Afrique, et particulièrement dans des pays aux régions forestières. Le premier, réputé pour être le félin le plus intelligent, vit surtout dans les forêts d’Afrique du sud, et dans des pays comme le Kenya, le Nigeria et même le Bénin. Le lycaon, communément appelé aussi chien sauvage, ainsi que le serval, sont plus petits que les premiers cités. Leur corpulence ne dépasse pas les 20 kg, et on les trouve surtout dans les régions sémi-désertiques du continent. Sérieusement menacé d’extinction, le lycaon, qui ressemble beaucoup à l’hyène, vit aujourd’hui essentiellement dans les pays d’Afrique du sud. Et particulièrement au Botswana, dans la région de Moremi. L’hyène et le lycaon sont traqués par les chasseurs, car jugés responsables de la mort du bétail des fermes. Ces deux animaux vivent en bandes, pouvant atteindre le nombre de cent chez les lycaons. 

Pour le touriste qui va en Afrique, il existe d’autres types d’animaux spécifiques à ce continent ; comme l’hippopotame ou le rhinocéros. Ce sont deux gros pachydermes, herbivores qu’on peut voir dans les réserves et les parcs de certains pays d’Afrique (Mali, Kenya, Cameroun…). Ils vivent par troupeaux de dix à trente. Les rhinocéros (le blanc et le noir), se nourrissent des herbes et des feuilles des arbustes qu’ils coupent et broutent immédiatement. Les hippopotames quant à eux, c’est près des cours d’eau, des lacs et même de la mer qu’on les retrouve. De jour, ils vont en groupe brouter les herbes sur les berges aux alentours du cours d’eau dans lequel ils vivent. Par contre, de nuit, certains mâles se déplacent en solitaire pour pouvoir mieux s’approvisionner en nourriture. Tout le contraire des girafes, qui, bien que herbivores aussi, vivent toujours en groupe d’une dizaine d’éléments. La girafe est présente dans les endroits où il y a des grands arbres florissants. On en retrouve dans le centre et le sud de l’Afrique, principalement dans les lieux touristiques comme la région de Mombassa au Kenya, ou le nord du Cameroun. La girafe, telle qu’elle se présente aujourd’hui, est avec l’okapi, les deux derniers représentants de l’ordre des artiodactyles (animaux dont les sabots comportent un nombre pair de doigts). Ils seraient apparus en Afrique et en Europe il y a plus de 50 millions d’années. Ils sont porteurs de symboles très forts en Afrique, et leur voisinage avec les hommes est sans heurts. Car, les girafes ne sont pas des animaux offensifs. Comme les zèbres, autres herbivores au pelage tacheté en noir et blanc ; seuls quelques pays sur le continent abritent encore des groupes de zèbres. Il s’agit de l’Ethiopie, de l’Angola, de
la Namibie, de l’Afrique du sud et du Kenya, où, vit une espèce particulière appelée zèbre grévy. 

Sur le continent africain, il est aussi possible de voir plusieurs espèces de reptiles : des serpents (boas, vipères, couleuvres, pythons), des crocodiliens (crocodile, alligator, caïman, gavial). Si les premiers sont surtout dans les régions équatoriales du continent, privilégiant les forêts denses et les rivières sauvages, les deuxièmes, le crocodile notamment, se retrouvent surtout dans les abords du fleuve Nil (Burundi, Tanzanie, Soudan Egypte). Il n’y a aucune copinerie entre les hommes et ces espèces, qui peuvent parfois tuer plusieurs individus. En Afrique, les crocodiles seraient aussi anciens que les hommes, comme l’atteste la découverte récente dans le désert tchadien d’un squelette ancien de cet animal à côté de Toumai, un hominidé vieux de plus de 7 millions d’années. 

Pour terminer ce tour d’horizon des principales espèces animales en Afrique, citons également les oiseaux ; notamment les grands, à l’instar du vautour oricou, qu’on retrouve dans les pays du nord de l’Afrique, les gris d’Afrique, les éperviers et autres hiboux et chouettes, vivant particulièrement en Afrique centrale ; et enfin, l’autruche, le plus gros et grand des oiseaux, dont on peut encore voir quelques modèles dans les steppes arides et les savanes situées juste au dessus du Sahara. Les oiseaux sont l’espèce animale la plus nombreuse sur le continent. Des pays comme, l’Angola, le Kenya, le Congo, le Cameroun voient passer chaque année sur leur territoire, près de 1000 espèces différentes (source : www.oiseaux.net). Une telle présence suppose que l’harmonie est plutôt bonne ici entre hommes et animaux. 

La Guinée à la Une

Dimanche 28 décembre 2008

La Guinée est au devant de l’actualité en cette fin d’année. Et de quelle manière? Le président de la République Lansana Conté, 74 ans, dont 24 de  »règne », est mort lundi 22 Décembre dernier, des suites de « longue maladie ». Ce vieux général, grand tyran devant l’éternel est enfin parti. Enfin, parce que depuis quelques années déjà, on l’annonçait régulièrement mort, ou paralysé à vie. Mais l’homme, après de longs mois de silence, tel le phénix, renaissait de ses cendres et continuait d’appliquer son régime de terreur sur ce petit pays de l’Ouest africain. 

Un quart de siècle d’exactions donc. Plus de deux décennies de pouvoir sans partage, ou plutôt partagé avec les amis et la famille; le tout au grand dam des populations guinéennes, dont plus de la moitié vit sous le seuil de pauvreté selon la FAO. C’est donc un homme qui a littéralement pillé (le mot est faible) son pays qui disparaît ainsi. Et comme pour ne rien arranger, en confisquant le pouvoir si longtemps, en gérant son pays sans aucune concession, ni pour ses adversaires, n pour l’élite libre, il a brouillé toutes les cartes, détruit toute logique institutionnelle, anéantit toutes les possibilités de stabilité de la Guinée. Bref, il a présidé avec, en tête, l’idée que « Après moi, le CHAOS ». 

Et c’st ce qui semble se passer depuis sa disparition. Pendant trois jours, la Guinée s’est retrouvée sans tête exécutive. Car, ni les forces gouvernementales emmenées par le Premier Ministre et le Président de l’Assemblée, ni de l’autre côté les Militaires, ne sont parvenus à assurer, immédiatement après l’annonce de la mort de Conté, la continuité de l’exercice du pouvoir exécutif. Au bout de la confusion, un obscur groupe de militaires de second rang a saisi l’opportunité et, dans le désordre ambiant, s’est autoproclamé « Maître du pays ». En clair, un Coup d’Etat mené par une « Junte ». La composition de cette Junte peut prêter à sourire; en effet, leur chef simple chef de section, qui, par un tour de passe-passe, s’est réveillé Président de la République le 26 Décembre, après s’être couché la veille simple capitaine dans l’armée Guinéenne qui compte pourtant des centaines de soldats plus gradés (généraux, colonels…). 

Bref, cette dernière situation n’est que l’un des avatars d’une situation cauchemardesque dans laquelle Lansana Conté a conduit son pays. Car, en ce moment de « transition », personnes n’évoque la situation sanitaire du pays, miné par plusieurs épidémies (onchocercose, paludisme, Sida); pas plus que la situation économique, avec des voyants quasiment au rouge (travailleurs sans salaires depuis de nombreux mois, chômage des jeunes à un niveau record de plus de 70%), sans compter les tensions diplomatiques bien que faibles avec certains pays de la sous-région. 

Les guinéens, qui ont rendu « hommage » au vieux dictateur Vendredi 26 ne le regretteront pas beaucoup. Car, à son actif, il n’aura fait aucun cadeau à son peuple. Pas même celui d’une transition claire et cohérente. Jusqu’au bout, il les aura conduit, mieux dans une impasse, pire dans l’antichambre de l’enfer. Pour éviter de basculer complètement dans ce dernier lieu, Guinéens et Guinéennes devront se retrousser les manches dès à présent pour que leur pays, l’un des mieux doté en matières premières au monde (Bauxite notamment), (re)devienne un des moins pauvres de la planète. Un challenge qui va être ardu, au regard de la situation actuelle; mais, qu’il ne sera pas impossible de réaliser. L’année nouvelle qui s’annonce va en donner le ton, et les dirigeants qui seront désignés, la mesure. Bonne année 2009 aux Guinéens et Bon courage. 

 

 

France: Le temps de la diversité?

Lundi 22 décembre 2008

 

Diversité, diversité et encore diversité. Depuis quelques semaines, ce mot est à la Une de l’actualité francaise. A la faveur de plusieurs évènements notamment, il a envahi les ondes des medias audio-visuels et les colonnes de la presse tout entière: 

C’est que les acteurs politiques, et le président Nicolas Sarkozy en tête s’en sont saisis de manière très officielle: Et un peu trop floklorique, de l’avis de beaucoup d’observateurs. On pourrait l’affirmer sans trop de risques: Pour l’instant, mon propos ici n’est pas d’étayer cette dernière hypothèse, mais plutôt de démontrer à travers quelques arguments que les arguments avancés ces derniers jours ne sont, ni une nouveauté, ni une chance pour les représentants de la  »Diversité francaise ». 

D’emblée, il faut dire que, chaque fois que les dirigeants politiques de ce pays (toutes tendances confondues) se réveillent en sursaut sur un sujet précis, comme cela a été le cas sur la question de la diversité ces derniers jours, c’est qu’ils sont, soit mal à l’aise, ou génés aux entournures, soit tout smplement qu’ils font semblant (?) de découvrir le sujet sur lequel ils s’expriment. Car, comment comprendre autrement la batterie de propositions et autres mesures pondue récemment pour « promouvoir » la diversité en France? Comment analyser et mettre en perspective ces mesures dans un contexte de crise augmenté au fait que aucune concertation n’a eu lieu avec les associations travaillant dans ce domaines (exceptées celles qui font de l’activisme zélé comme le CDR ou Africagora)? Comment enfin justifier que ce grand chantier s’ouvre dans une année dépourvue d’enjeux électoraux nationaux où se font souvent les grandes promesses et/ou les meilleures concessions? 

D’autre part, il faut aussi avoir à l’esprit que ce sujet est pris par un bout qui ne permettra pas au plus grand nombre de s’y reconnaître. Il s’agit de celui de la nomination à une haute fonction (Préfet, Sous-ministre, journaliste-présentateur), présentée comme le point d’aboutissement ultime de toute bonne carrière. En clair, pour réussir dans la vie, il faut se battre pour atteindre l’un de ces postes cités plus haut. Est-il légitime ou fondé de croire cela? Pourquoi devenir Préfet, ou sous-ministre, ou présentateur du 20h sur une chaîne de télé serait-il synonyme de réussir? Et meme si c’était le cas, en quoi, Mmes D. ou Y. ou M. N, membres de la « diversité », et qui auraient atteint l’une de ces fonctions auraient-ils réussi, et serviraient-ils de modèles aux autres membres (jeunes ou vieux) de la « diversité »? Une association de jeunes de banlieue ne déclarait-elle pas dernièrement dans une lettre ouverte publiée sur le net ceci: « M. le Président, nous ne voulons pas tous êtres ministres ou préfets ». Sera t-elle entendue? 

Enfin, a t-on, dans les déclarations publiques et les commentaires qui se sont succédés sur cette question, essayé de mettre en perspective la « Diversité » et l’immigration? Ou tout au moins, les aspects de ce dernier sujet les plus présents dans l’actualité comme la « traque » des sans-papiers, le durcissement des lois sur l’Asile et le Regroupement familial ou encore la situation dans les Centres de rétention comme à Mayotte? En d’autres termes, comment se persuader que les discours actuels sont des avancées pour les membres de la diversité, majoritairement issus de l’immigration (récente ou lointaine) alors que dans le même temps on déshumanise, traque, malmène de nombreux immigrants qui seront demain les membres de la Diversité? 

  

Ce sont donc là quelques idées simples qui permettent, à défaut de réduire à néant, relativiser les flonflons et autres discours lénifiants entendus, à Gauche et à Droite, chez les politiques comme chez les journalistes, sur le fait que le « Temps de la diversité » est arrivé. Un leurre. 

 

 

Vu à la télé

Samedi 13 décembre 2008

 

D’abord une question; avez-vous regardé l’édition du 10 décembre de l’émission C dans l’air sur France5? Si vous ne l’avez pas fait, séance de rattrapage via ce lien. http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-fr.php?page=resume&id_rubrique=1038 

Le sujet abordé va certainement en intéresser plus d’un. Pour aller vite, il était question de la « bataille de la garde de(s) enfant(s) » dans les couples séparés, et notamment quand ceux-ci sont de nationalités différentes, ou même tout simplement quand ils vivent dans des pays différents. Bien entendu, l’émission ne parlait pas des cas où çà se passe bien, mais plutôt des quelques cas hyper médiatisés de conflits durs entre parents au sujets des enfants. 

Pour parcourir le sujet, un militant associatif présenté comme Président de « SOS papa » (ne riez pas!), une pédopsychiatre, un avocat spécialisé dans ce genre de dossier, et une dame invitée pour apporter son témoignage sur ce genre de situation, car elle l’a elle-même vécue. Cette dame n’est autre que Nathalie Gettliffe. 

Beaucoup doivent se souvenir d’elle, car elle a défrayé la chronique il y a deux ans par son arrestation et sa condamnation au Canada. Elle était accusée de substitution d’enfants (les siens) par son ancien mari canadien. L’affaire avait fait grand bruit, mobilisant médias, politiques, diplomatie… Car, facteur émouvant en plus, elle s’était retrouvé derrière avec un nourrisson d’Un an, et, en plus, avait accouché en prison de son dernier bébé. Seuls ses deux plus grands enfants âgés de 13 et 11 ans à l’époque des faits n’étaient donc pas avec elle. Ils avaient été renvoyés à leur père, canadien, par une décision de justice canadienne, confirmée par la justice française. Pour en savoir plus sur son histoire, allez vers le lien suivant (http://fr.wikipedia.org/wiki/Nathalie_Gettliffe

Lors de l’émission d’hier, elle a livré une bien triste « copie ». Toutes ses interventions étaient empreintes d’émotion (feintes ou réelles) à la limite de la puérilité. Des pleurs et des larmes pour ponctuer toute prise de parole. Des propos accusateurs en guise d’arguments, avec en toile de fond, la théorie du complot contre elle. Bref, une « prestation » décevante pour une femme dont l’expérience réelle de ce genre de situation, et surtout le statut d’universitaire (elle est titulaire d’un doctorat et enseigne dans une université de Bordeaux) auraient exigé mieux. Surtout dans une émission comme C dans l’air qui brille tous les jours par le sérieux et la compétence des intervenants invités à débattre. Mme Gettliffe a sans doute cru qu’elle était dans les talk-shows télévisuels comme chez Fogiel (On ne peut pas plaire à tout le monde), Ardisson (Tout le monde en parle) ou encore chez Mireille Dumas (Vie privée, Vie publique) ou chez Jean-Luc Delarue et ses émissions confessions-émotions (Ca se discute, Toute une histoire). 

Mis à part ce cas, le reste de l’émission était plutôt assez satisfaisante. Les autres intervenants ont tous reconnu que beaucoup d’enfants se retrouvent aujourd’hui  »tiraillés » dans le cadre des séparations de couples binationaux; parce que les couples de ce type existent de plus en plus, parce que aussi, pour des raisons professionnelles, familiales et surtout religieuses, ils sont souvent amenés à se séparer, parce qu’enfin, quand ils se séparent, ils s’éloignent également. 

Et c’est cet éloignement qui, surtout quand il y a eu des enfants, rend les choses difficiles. La garde alternée, qui régit souvent la vie des enfants de couples vivant dans le même pays, n’étant pas trop possible dans ces cas (par exemple lorsqu’un des conjoint vit de l’autre côté de
la Méditerranée où Outre-Atlantique). Du coup, comme l’expliquait l’avocat présent sur le plateau, la possibilité de voir un seul parent vivre avec l’enfant est donc très grande dans ces cas. Mais cette possibilité crée aussi des effets pervers, car, l’autre parent (celui qui n’a pas obtenu la garde, où qui est parti vivre dans son pays d’origine) est souvent tenté, en l’absence de décision de justice en sa faveur, de « récupérer » l’enfant. Dès lors, il procède donc par enlèvement, refus de restitution… Tout ceci souvent en utilisant la force (rapt), la ruse, mais aussi et surtout le mensonge, la simulation (comme ce père de Rouen qui a mis en scène la disparition de ses filles adolescentes parce qu’elles devaient retourner en Italie auprès de leur mère). 

Au final, l’émission d’Yves Calvi n’aura pas réussi à elle-seule à décortiquer et rendre plus compréhensible tout ce sujet. Mais, on y est ressorti un peu plus renseigné qu’avant de la visionner. Avec pour principale information que les « batailles pour la garde des enfants », tant dans les couples binationaux que dans les couples du même pays, n’existent et ne perdurent que quand il y a conflit. Chaque fois que le dialogue prévaut entre les adultes, les enfants ne sont pas querellés. Leur éducation est plus stable, leur avenir, sans doute, plus radieux aussi. 

 

 

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