Archive de la catégorie ‘Actu du monde’

La Trahison du Parti socialiste français

Lundi 1 décembre 2008

C’est une gifle. Un mauvais coup porté à beaucoup d’admirateurs de la scène politique française, et notamment de l’état de la démocratie dans ce pays en général et dans ses partis politiques en particulier. La tragi-comédie ridicule et idiote (j’arrête là pour les qualificatifs) que nous a servie le Parti socialiste français il y a quelques jours, à la faveur de son Congrès tenu à Reims, a déçu (le mot est faible) beaucoup de personnes, adhérentes, sympathisantes ou non de ce parti. Quand ils se livraient en spectacle pitoyable, les dirigeants et militants socialistes avaient-ils idée du tort qu’ils causaient à leurs admirateurs? Avaient-ils en esprit que, ailleurs, là où la démocratie est un luxe, ils sapaient les efforts de milliers de personnes habitués à les présenter en exemple pour justifier leurs combats? Non, assurément. 

D’abord un rappel. Tous ceux qui ont suivi l’actualité politique française durant les deux dernières semaines ont  du observer que le congrès de Reims avait été un désastre pour l’image du Parti socialiste dans l’opinion nationale, mais aussi au-delà des frontières hexagonales. En Afrique notamment, des milliers de personnes (militants des droits de l’homme, membres des partis « d’opposition », bref, le petit peuple qui aspire au changement) ont vu dans l’attitude autodestructrice des socialistes à Reims une Trahison. Une trahison de leur cause, eux qui se battent au quotidien contre des potentats assis au pouvoir ad vitam aeternam, refusant par tous les moyens des élections claires et transparentes. 

« Quand nos dirigeants entendront que, en France aussi, il y a de la tricherie, du bourrage d’urnes, de la manipulation, ils se diront qu’ils ne sont pas les seuls à le faire » m’écrivait ainsi un ami qui vit sur le continent en début de semaine dernière, en réaction à la situation du PS et ses conséquences dans son pays. Et, de ce fait, déduit-il, ces dirigeants ont déjà l’argumentaire tout trouvé pour justifier les prochaines mascarades électorales: « Nous n’avons pas de leçon de démocratie à recevoir, quand on voit ce qui se passe en France avec l’exemple du PS ». En plus, poursuivait-il, « on a l’impression que dans ce parti, les principaux leaders se battent juste pour leur pouvoir personnel, comme des gens qui ont faim ». 

Au départ, le PS se voulait un parti internationaliste. Le rapport au monde était l’un des thèmes chers à ce parti. Avec le temps, sans doute secoué par les nombreuses défaites à l’élection suprême, ce parti s’est replié sur lui-même. Se coupant de sa base intérieure (les ouvriers, les profs, les couches défavorisées ». Mais aussi, il a tourné le dos à ceux qui l’admiraient dans le monde. En Afrique notamment comme on vient de le voir. En clair, une trahison des ses soutiens nationaux et internationaux. 

Pour la trahison sur le plan national, le Ps a déjà payé, notamment en 2002 où Jospin devancé par Jean-Marie Le Pen. Cette sanction avait provoqué une belle déflagration dont les répercussions se font encore sentir aujourd’hui. Pour la trahison à l’international, on ne sait pas encore quelles formes, quelle puissance, quelles répercussions elles auront. 

 

 

RDC: Un pays en enfer

Lundi 24 novembre 2008

L’histoire se répète en RDC. Une nouvelle guerre, ou plutôt un nouvel épisode de la sale guerre qui sévit dans ce pays depuis le milieu des années 90 a éclaté le mois dernier. Pour l’heure, les chiffres qui nous parviennent de cette région sont absolument terrifiants. En effet, on parle de centaines de milliers de déplacés, et, excusez du peu, « entre 45 000 et 50 000 morts » rien que dans la région du Kivu, zone où sont concentrés les combats en ce moment. Au rang des victimes, on compte surtout les femmes et les enfants; aussi les personnes vulnérables et les civils sans armes sont les plus exposées. 

La lecture de ces chiffres, on conviendra, donne le tournis et le malaise quant à leur gravité. Mais ce qui est encore plus dramatique, c’est la lecture historique de ce conflit; ses raisons, ses causes et, à court et moyen terme, ses conséquences pour le pays, la sous-région et le continent même. Il faudrait toute une thèse pour développer tout çà, c’est vrai. Mais, puisque c’est un sujet urgent, intéressant, voici quelques réflexions à propos. 

Quand en 1997, Laurent Désiré Kabila a chassé le Maréchal-Dictateur Mobutu du pouvoir, il a mis fin à plus de 30 ans de terreur, de pillage et de corruption que l’ancien « Homme-léopard » symbolisait avec son équipe (famille, clan…). Mais, ce qu’on n’avait pas assez dit à l’arrivée du gros Kabila, c’est que sa victoire sur le Mobutisme consacrait aussi la fin de la (pseudo?)Stabilité observée à peu près jusque là dans ce pays et dans la région. 

Car en effet, après sa prise de pouvoir en 1965, Joseph-Désiré Mobutu est parvenu à se maintenir pendant trois décennies à la tête de cet Etat grand comme 3 fois
la France et 80 fois
la Belgique (son ancienne puissance coloniale). On pourra s’émouvoir sur les moyens qu’il utilisa pour parvenir à ce record de longévité à la tête de cet Etat. Mais, on ne pourra pas contester longtemps le fait que, pendant ce temps-là, le pays était administré en totalité et, hors quelques mouvements d’humeur, les sécessions ou guerres civiles étaient rares. Et ce n’est pas mince comme exploit. 

Un exploit d’autant plus important que
la RDC est un pays immense, présentant toutes les caractéristiques d’une maison ingouvernable. Qu’on se représente bien l’affaire: 2,4 millions de km2, 65 millions d’habitants. A elle seule, Kinshasa compte plus de 6 millions d’habitants. De fait,
la RDC c’est deux pays dans un Etat: Kinshasa et le reste du pays. La capitale Kinshasa n’est pas située au cœur du pays (Centre) mais à l’extrême Est, à la frontière avec le Congo. Kisangani et Lubumbashi, respectivement 3e et 2e ville du pays, sont distantes de la capitale d’au moins 2000 km, sans avoir de voie terrestre ni ferroviaire pouvant les relier. De même, Bukavu et Goma, la capitale du Nord-Kivu, principal lieu d’affrontements entre Rebelles et Loyalistes ces derniers jours, est également très éloignée de Kinshasa. 

Avec une telle configuration, il n’est donc pas surprenant que des mouvements de rebellions de créent un peu partout sur le territoire. La capitale étant loin des principales grandes villes et des principaux lieux de richesse, le pays étant mal administré, les populations vivant pour la grande majorité dans une extrême pauvreté, tous les ingrédients sont donc réunis pour que le pays soit une pétaudière. Ou pire, un enfer. 

Et d’enfer,
la RDC l’est. Là-bas, la débâcle est économique, politique, sociale et même morale. Sur le plan économique, le pays figure est toujours l’un des plus pauvres de la planète. Et pourtant, il avait (a?) l’un des sous-sol les plus riche au monde. Sur le plan politique, les nombreuses guerres survenues depuis plus d’une décennie font peser sur le pays une ambiance d’état de siège permanent, agrémenté par le fait que, dans la sous-région, les bruits de bottes et de chars sont également légion. Outre cela, la querelle du leadership dans la classe politique de la génération post-indépendance n’est pas résolue. Et, des personnalités politiques actuelles, personne n’arrive vraiment à se dégager. 

Sur le plan social et moral, une chose montre bien l’extrême difficulté dans laquelle se trouve le pays. Les congolais se sont refugiés en masse dans la religion, créant çà et là des Eglises réveillées aux doctrines et discours apocalyptiques, sans oublier les traditionnelles pratiques occultes. Aussi, le pays connaît une vraie saignée de ses ressortissants qui, en masse, partent vivre ailleurs. Notamment en Afrique du sud, en Europe aussi. S’ils prient beaucoup, ils ne sont forcément pas plus généreux ou plus solidaires. Bien au contraire, ils rivalisent même d’adresse pour se gruger entre-eux. Les riches (ceux qui ont accès à la fortune de l’Etat) s’enrichissent encore un peu plus tous les jours. Les pauvres, en nombre très importants, s’appauvrissent d’autant plus. Deux mondes existent ainsi que ne réunissent même plus l’amour d’être congolais. 

Eu égard à ce tableau, on comprend bien pourquoi, d’après des chiffres des associations humanitaires,
la RDC est ces dernières années, le pays où la guerre et ses corolaires ont fait le plus de morts. Soit 4 à 5 millions de personnes depuis 1997. On est là sur les bases d’une CATASTROPHE. L’offensive lancée ces dernières semaines par le Général Laurent Nkunda et sa rébellion (appuyé par ses amis Rwandais) ne va qu’envenimer les choses. Et, il est à craindre que, dans les prochains mois, ces chiffres n’explosent encore un peu plus. Car, vu la volonté affichée par ce chef de guerre de renverser le pouvoir en place, vu l’inefficacité de l’armée gouvernementale (dont certains éléments désertent même pour rejoindre les rangs de la rébellion), vu la complicité des pays de la sous-région et du continent qui ne font rien pour aider cet Etat, vu l’incurie et l’inaction des organisations internationales, et surtout de l’Onu qui a dans ce pays une force d’intervention (
la Monuc) qui justement…n’intervient pas contre les belligérants. On pourrait citer à l’ envi le nombre de responsabilités engagées dans ce conflit. Mais on n’arriverait pas à dégager une idée force. C’est que, de nos jours,
la RDC est bel et bien un pays en enfer. 

 

 

Les fous d’Obama

Jeudi 13 novembre 2008

La victoire d’Obama à la présidentielle américaine est entrain de bouleversé le monde. Si certains la prennent, ni plus ni moins, comme l’évènement politique majeur de ce début de 21e siècle (on peut en discuter), d’autres ont choisi de voir dans cette élection une manifestation divine. Rien que çà. Et, dans ce dernier registre, les effets de cette approche sont plutôt atypiques. Comme cette histoire que j’ai vécue il y a trois jours. 

Mardi, jour férié, en fin d’après midi, je suis dans un train qui m’amène de ma banlieue à Paris. Dans mon wagon, il y a peu de personnes. A un arrêt intermédiaire, un jeune homme noir monte dans le train et nous rejoint dans notre voiture. Malgré les nombreuses places assises non occupées, il reste debout, l’air soucieux. La trentaine bien portant, il a un sac en bandoulière rempli, sans doute, de livres, à en croire sa forme. Il préfère rester debout malgré les nombreuses chaises vides. Après le buzzer de fermeture de portes et le départ du train, il s’avance au milieu du wagon et attaque: « excusez-moi mesdames messieurs de vous dérangez pendant votre trajet ». A l’écoute de cette première phrase, je me dis qu’il s’agit d’un de ces mendiants qui investissent souvent les trains pour faire l’aumône. Que non. 

L’homme en question est un « born again » tendance Obama. J’en connaissais des allumés en tout genre, mais de Après sa phrase initiale de politesse, l’homme poursuit avec un accent chantant : « Un ami m’a dit que nous avons remporté la victoire. Barack Obama a gagné. Obama notre président, Obama notre sauveur ». A ce moment, j’ai commencé à cerner l’histoire. Car, sans s’interrompre, il a « prêché » ainsi pendant 3 minutes sa bonne parole, mettant au centre de son discours Jésus et Obama, qui doivent certainement voisiner dans sa tête. Comme dans la tête de nombreuses personnes qui, ces derniers jours, portent au pinacle le futur occupant de
la Maison Blanche, en lui tressant des lauriers que seul un être surnaturel ou transcendantal peut avoir. 

Plus « soft », mais tout aussi baroque est l’initiative de certains africains qui ont décidé le week-end dernier d’organiser çà et là en région parisienne, pour « fêter la victoire de Barack Obama », des soirées festives, des séances de prières, et même des rencontres sportives. Bref, des actions d’encouragement et de soutien qui frise bien l’idolâtrie. Or, habituellement, un individu est adulé pour ses œuvres, ses réalisations, son parcours de gestion et/ou de direction. M. Obama est sans doute l’un des rares personnages à être une Légende avant même d’avoir vécu. Bien lui en prenne. Il faut juste espérer que, dans mois ou années à venir,
la Légende, le mythe, ou encore le « sauveur » même, comme le pensait le jeune homme du train, ne déçoive pas ses adorateurs. Et que le héros ne soit pas, par l’absence de résultat à la mission à laquelle il a été élu, un imposteur.  

 

 

La victoire d’Obama, ou la (énième) défaite des femmes en politique?

Mercredi 12 novembre 2008

Dans l’euphorie « obamaniaque » actuelle, a t’on pensé qu’Hilary Clinton aurait pu être à la place du nouvel élu? C’est-à-dire qu’elle serait le prochain Président (ou Présidente?) des USA?
La Première femme à entrer à
la Maison Blanche dans la tenue de « Commandant en chef »? La première femme…  

Non, Personne n’y a pensé. Ou plutôt, ceux qui le pensent, évitent de se faire entendre. Pour ne pas gâcher la fête à Obama? Ou alors pour ne pas mettre tout le monde face à cette évidence? Les deux certainement. Et même plus. Car, (re)évoquer Hilary Clinton en ces jours d’Obamaïsme triomphant, c’est, du moins, une blague de mauvais goût, sinon l’idée qu’on est un mauvais perdant, anti-Obama primaire. Pourtant, il n’en est rien. L’élection d’Obama, qui implique en amont la défaite de Mme Clinton, est à mon sens une nouvelle preuve du fait que, une femme, même compétente et expérimentée, n’est pas sûre d’être élue à la tête d’un pays figurant parmi les grandes puissances mondiales.   

D’abord un rappel. Il me semble important de souligner que, pour cette élection américaine, seul le candidat démocrate pouvait gagner. Après deux mandats de George Bush, et le coup de génie qu’il a eu de faire détester son pays à l’international et son bord politique au plan intérieur, John Mc Cain (ou même tout autre candidat Républicain) aurait été battu, quelle que soit sa campagne. Même si on peut considérer que l’Amérique, avec ses valeurs de puritanisme et de libéralisme, penche davantage à Droite (donc Conservateur, donc Républicain), les Démocrates étaient partis dans cette campagne 2008 avec beaucoup d’atouts et une bonne longueur d’avance. Leur victoire lors du renouvellement du Congrès en 2006 qui avait vu Nancy Pelosi arriver au perchoir de cette chambre en était la meilleure preuve.   

Ceci montre donc que l’élection du futur président américain se jouait lors de la campagne de désignation au sein du Parti Démocrate. Celle-ci a mis aux prises, au début, plusieurs candidats, pour se résumer à la fin à un mano à mano entre Barack Obama et Hilary Clinton. Les deux étaient des « marginaux ». Le premier parce qu’il est Noir; elle, parce qu’elle est une Femme. Et dans cette bataille des marginaux les américains ont choisi Obama.  

Dès lors, il convient de se poser les questions suivantes: les Electeurs et Electrices des nations riches et démocratiques (Usa, France, Italie, Espagne, Japon…) ne seraient donc t-ils pas prêts à être dirigés par un être en jupon? Les « Vieilles démocraties » auraient-elles du mal à s’offrir le « privilège » d’une femme Chef de l’Etat? Plus généralement, les femmes seraient-elles Inaptes au commandement suprême dans les grands pays? Il faut croire que non.  

Car, exception faite d’Angela Merkel (et encore) en Allemagne, aucune femme ne préside aux destinées d’une des plus grandes puissances mondiales. Et quand on sait dans quelles conditions a été élue
la Chancelière allemande en février 2005, il y a de quoi relativiser sur sa place dans cette catégorie. En France, dans une autre « bataille des marginaux » en 2007, Ségolène Royal s’est cassé les dents dans l’exercice contre Nicolas Sarkozy. Les déboires de Ioulia Timochenko en Ukraine ne sont plus à démontrer. Ailleurs dans le monde, certaines femmes qui sont aux affaires ont un bilan contrastées: Helen Johnson Sirleaf, première femme africaine élue présidente au suffrage universel, dirige un pays (
la Sierra Léone), dirige un pays sous perfusion des Institutions de Brettons Wood, Cristina Kirchner n’est arrivée à la tête de l’Argentine que grâce au bon bilan de son mari qui l’a précédée à la tête de ce pays. Et que dire de Michelle Bachelet, élue au Chili sous les vivats socialistes et qui, aujourd’hui est engluée dans des difficultés qui font dire aux observateurs qu’elle n’est ni mieux, ni pire que ses prédécesseurs hommes? Ailleurs dans le monde, une candidature sérieuse d’une femme à la fonction suprême n’est même pas à envisager. Notamment en Afrique francophone dans les pays arabes du Maghreb ou du Moyen Orient.  

Au regard de ce qui précède donc, la victoire de Barack Obama est donc, in fine, un nouveau revers pour les femmes. Car, en plus des éléments sus-mentionnés, il avait aussi en face de lui, Sarah Palin, une jeune femme choisie comme colistière de son adversaire, sensée entre autre le rivaliser sur le terrain de la « marginalité ». Mais, là aussi, il est sorti vainqueur. Au grand dam des dames, qui, encore une fois, devront passer leur tour. Au regret aussi de ceux qui, comme Marie-Anne Paveau souhaite qu’on passe du féminisme à la « Clitocratie »[1], ou le système politique tenue et gérée par le les femmes (symbolisées ici par le clitoris). Car, expliquent les défenseures de ce système, « il est temps de passer du féminisme militant des années soixante à nos jours, à une révolution totale qui mettrait les femmes aux premiers rôles administratifs et politiques ». Ceci, en référence aux situations d’échecs des femmes candidates-présidentes que nous venons de souligner, restera longtemps encore, un voeu pieu? Un projet (ir)réalisable? 

  



[1] Sur ce thème, lire Marie-Anne Paveau, La langue française. Passions et polémiques, avec Laurence Rosier, Paris, Vuibert, 2008, 380 p. 

LA VICTOIRE D’OBAMA: un cadeau de Noël avant l’heure

Mercredi 5 novembre 2008

C’est l’évènement planétaire de ce jour. Et sans doute des jours à venir. Barack Obama a remporté l’élection présidentielle américaine et devient ainsi le 44e président des USA. Jamais avant, Election américaine n’avait suscité autant d’enthousiasme, tant à l’intérieur du pays, que dans le monde entier. Ceci, en grande partie à cause ou grâce à Obama. Sa personnalité, digne d’une star d’Hollywood a transformé cette présidentielle (d’abord la campagne interne des démocrates, puis la campagne nationale) en long conte de fées. Le conte s’est bien achevé. Pour lui, pour ses camarades démocrates, pour ses nombreux sympathisants… 

« OBama Président » donc. C’est l’expression qui sera à la une des principaux quotidiens du monde entier ce matin. Dans les chaînes de radio et télé, l’heure est aussi à l’obamania depuis que les médias américains ont donné l’estimation presque définitive de sa victoire. On aura donc Obama à toutes les sauces, dans tous les cadres, et à chaque instant de la journée. 

Mais Obama, pour moi, ne reste que le président des USA. Et, en tant que tel, n’aura d’influence directe que sur ce pays. Lors de la campagne interne, j’ai exprimé dans un texte ici même mes réserves sur son programme politique, notamment sur les enjeux économiques et de santé publiques. Bien plus, j’ai même essayé de m’inscrire à contre-courant de la frénésie générale à son sujet. J’ai aussi invité à se méfier du « symbole » et des autres arguments du genre « ce sera le premier noir… » Je dois avouer que, son mérite, c’est d’avoir su mobiliser des millions de personne sur son nom, sur sa personnalité. 

Mon fils de 3 ans le reconnaît à la télé et prononce distinctement son nom, avec une joie non feinte. Pour lui, comme pour tous les nombreux militants et sympathisants, la victoire d’Obama est le cadeau de noël qui est arrivé. Congratulations Mr Président. 

 

 

Blanc/Noir : La réponse de Fanon

Vendredi 31 octobre 2008

Je reviens à ce blog après quelques jours « d’hibernation » disons. Surtout après les Chroniques de mes vacances que je vous ai proposées. Je mettrai un peu plus d’ardeur à être présent ici, et, à refaire de ce blog, la tribune qu’il était. 

Il y a quelques semaines, je me suis mis en tête de mieux connaître Frantz Fanon. Et pour y parvenir, mieux que des notes biographiques et des textes adjacents, empruntant à sa pensée, j’ai choisi de lire certains de ses ouvrages. Je viens de terminer Peau noire, masque blancs, paru en 1952. Quel régal! Un véritable chef-d’œuvre que je vous recommande vivement. Vous ne serez pas déçu de prendre un peu de votre temps pour le lire. 

De quoi parle t-il? De nombreux sujets. Et comme son titre l’indique, de Blancs et de Noirs; de « races » donc (même si, le politiquement correct d’aujourd’hui « interdit » de considérer que « blanc » « noir » sont des races, je me mets dans la peau de Fanon, qui, en 1952, ne devait pas avoir affaire à ce genres de considérations). Peau noire, masque blanc est un essai qui  a marqué l’histoire des réflexions sur la colonisation en générale, et celle effectuée par
la France en Afrique en particulier. Fanon y analyse le colonialisme sous plusieurs angles: sociologique, philosophique, psychologique et même psychanalytique (on notera qu’il était Médecin psychiatre de formation). 

Ici, l’auteur se place dans la peau du colonisé, du « noir » pour reprendre la distinction de camp qu’il fait dans son titre. Il s’identifie à ce point de vue. Car il en est l’un des membres. Et même si son statut de médecin lui confère une place de privilégiée, Fanon rentre dans les profondeurs des misères des colonisés pour, dans cet ouvrage, restituer un témoignage authentique et inoubliable. je ne rentrerais pas dans les détails des thèmes abordés, car, comme je l’ai dit plus haut, seule la lecture de ce chef d’œuvre vous permettra d’arriver, je n’en doute pas, aux mêmes conclusions que moi. 

L’ouvrage s’ouvre sur une citation de Césaire, extraite du Discours sur la colonisation : « Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme. » Je dirai d’ailleurs que, pour mieux cerner le livre de Fanon, il faut lire également celui de Césaire. Le livre a 5 grandes parties. Dans les 3 premiers chapitres, il parle du Noir moderne. Il scrute ses attitudes, vis-à-vis du blanc, de la femme blanche, des ses frères noirs aussi. Comment existe le nègre? Par quoi? Pour quoi? Que vaut-il au milieu des autres? Ce sont là quelques-unes des questions soulevées par l’auteur dans ces premiers chapitres. Dans les autres, il poursuit dans cette voie. 

Au final, le livre montre que, à cause de la colonisation, le noir est un esclave du mythe nègre, spontané, cosmique, sent à un moment donné que sa race ne le comprend plus, et que, lui non plus ne la comprend plus. C’est l’un des effets de la colonisation que Fanon a voulu dénoncer dans ce livre et, bien plus, dans Les damnés de la terre, son autre livre phare.  

 

 

Chroniques…7

Samedi 11 octobre 2008

Signé « Vi » 

J’ouvre une parenthèse dans le récit linéaire de mes vacances pour parler d’une histoire particulière qui a rythmé cette période. C’est une correspondance épistolaire avec une personne avec qui j’ai échangé des courriers électroniques pendant tous les jours (ou presque) de ces vacances. Des messages professionnels et personnels. Basée dans le 77 (mon département de résidence en France), elle m’informait du temps et de l’ambiance dans la région en mon absence. Nos activités professionnelles étant les mêmes, et vu qu’elle bossait pendant que moi j’étais en vacances, elle me tenait aussi au courant des journées de travail et de leur contenu. Elle signait tous ses courriers à peu près de la manière suivante: 

« Bonnes vacances, 

Bisous, 

Vi ». 

Sans entrer dans les détails profonds de ces échanges, il est important de noter qu’ils m’ont été d’un très grand soutien et réconfort. Quand on est loin, on a besoin d’avoir des nouvelles du lieu qu’on a quitté. Et, quand quelqu’un s’investit pour apporter ces informations au quotidien, quoi de plus normal que de dire Merci. Bien plus, si la personne fait preuve de compréhension, d’écoute, de curiosité et de sollicitude dans ces échanges, alors on ne peut qu’être satisfait. 

Dopé à l’Internet quand je suis en France, j’avais besoin de conserver mes petites habitudes chez moi au Cameroun. Ainsi, quelque soit la ville dans laquelle je me trouvais, je faisais l’effort de chercher un cybercafé pour surfer quelques minutes. Notamment pour dépouiller mon courrier, vérifier qu’il n’y a rien d’urgent, consulter quelques annonces, parcourir un peu l’information française sur les sites des principaux journaux, et bien entendu donner des informations sur mon séjour aux proches restés en Europe. 

Sur ce dernier point, je devais donc rassurer ceux qui s’inquiétaient pour mon fils, mes parents et moi. Leur dire ce que nous faisions au quotidien; leur raconter les menus détails de nos déplacements, de nos rencontres de nos réalisations là-bas. Mais aussi et surtout, rassurer sur notre état de santé, et celle de nos proches. 

De tout cela, Vi me le demanda chaque fois qu’elle écrivait. Par curiosité? Ou pour d’autres raisons? Difficile à dire. Nos échanges furent courtois, francs et plein d’enthousiasme. Normal. Quand on partage la passion d’écrire, de communiquer, de jouer… Normal aussi quand, réciproquement, chacun cherche à apprendre de l’autre, sur la région, sur le pays, sur les gens… 

A mon retour de vacances, l’échange s’est arrêté. Normal, c’était un échange de vacances. Un échange d’absence; le genre de situation qui n’est commandée que par le fait que, votre interlocuteur est loin; donc mystérieux, donc intéressant aussi. Ne dit-on pas que la distance sublime? Qu’elle affole? Qu’elle étourdit même? Et pourtant, venu le rapprochement (mon retour de vacances), et la fin de la distance (l’éloignement), cet intérêt à l’échange, cet attrait de la discussion et tout le charme qui va avec, ont disparu. Pour (re)laisser place à l’indifférence des rapports habituels du quotidien. Logique? Certainement que non. Mais normal; c’est la vie. 

L’avantage de tenir ce genre de rapport, c’est d’être à certains moments, porté par une certaine sublimation, une adrénaline de la joie, de l’enthousiasme, du désir, de l’aventure, de la vie in fine. Mais il paraît que ce n’est qu’une illusion. Un doux rêve qu’il faut vite oublier une fois le tarmac de l’aéroport de la réalité (re)touché. Message entendu. 

Merci « Vi » pour cette illusion. 

PS: demain, le chapitre 8 des Chroniques abordera le résumé de ma première semaine de séjour au pays, el l’angoisse permanente qu’il y a à être sur les routes.  

 

 

Jo: La fin du cirque

Lundi 25 août 2008

Il était temps. Les JO, ou plutôt le Cirque de Pékin s’est achevé hier. Ouf. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il était temps que se termine cette compétition, devenue au fil du temps (et pas seulement cette année) la manifestation grandeur nature des égoïsmes nationaux, des délires de continents, régions, pays, disciplines… Bref, une surenchère de puissance, très très éloigné de l’esprit olympique. 

Pékin a offert au monde
la Puissance de
la Chine en grandeur nature. Mais aussi, l’édition 2008 a démontré encore une fois que, les grandes manifestations sportives, et les JO en tête, sont, à plusieurs égards, de magnifiques occasions pour éloigner les gens de leurs préoccupations quotidiennes afin de leur (sur)vendre le sport. Et rien d’autre. 

Ainsi, en France, la télévision nationale, qui avait mobilisé pour cela 3 de ses chaînes, une batterie de journalistes, de commentateurs, consultants et autres experts, a parfaitement servi de caisse de résonnance à cette grande Comédie humaine qui a duré Quinze jours. Je n’ose pas imaginer le budget investi dans ses centaines voire milliers d’heures de « Direct » proposées aux citoyens sur Fr 2, Fr 3 et Fr 4, dans un pays où, quasi-officiellement, on s’apprête à entrer en Récession. Et tout çà pour quoi? Pour une médaille d’or en BMX, curieuse discipline sans aucun attrait ni charme? Pour 1 médaille (en argent) en athlétisme, alors qu’il y avait une cinquantaine d’athlètes français? 

Pour peu de choses en fait. On a investi des centaines de milliers d’euros, pour avoir le droit de montrer des images de la propagande chinoise, des athlètes français médiocres, des cubains non fair play et tricheurs, ou de quelques athlètes africains s’offrant en ridicule dans des disciplines comme la natation, où ils n’ont ni connaissance, ni expérience. 

Ces quelques clichés cités plus haut, auxquels on pourra ajouter la volonté maniaque des chinois de nous vendre le rêve à travers cette Olympiade (cf les cérémonies d’ouverture et de clôture), ainsi que leur souhait (dément aussi) de dominer les Usa au classement général des médailles, la volonté des athlètes de certains athlètes des s pays pauvres à vouloir faire le « show », folklore idiot (regarder Usain Bolt et ses chichis) à chacune de leur apparition, l’entêtement des autorités olympiques à ne jamais donner une suite favorable à une requête (mauvais arbitrage, erreur…) chaque fois qu’elle est interpellée, la mauvaise humeur de certains athlètes qui se trouvent toujours meilleurs que d’autres, même après avoir perdu, le triomphe immodeste de certains athlètes vainqueurs qui jubilent et dansent au nez et à la barbe des perdants, et enfin,
la LACHETE générale de tous (athlètes, officiels, médias), pendant la compétition, sur la situation des Droits de l’homme en Chine et dans ses « colonies », le Tibet notamment. 

Tous ces éléments me font qualifier cette dernière olympiade de grande mascarade. Pour Marx, et même Mao,
la Religion était l’opium du Peuple. Aujourd’hui, de manière incontestable, le sport a, du moins remplacé, sinon égalé
la Religion dans son rôle drogue (dure) des humains. Triste. 

 

 

JO: l’Afrique lésée

Mercredi 20 août 2008

Que valent les JO pour l’Afrique? Pas grand chose. Assurément. L’édition de cette année est encore là pour le démontrer. Et, comble de tartufferie et d’injustice, les prochaines éditions de cette soi disant « fête mondiale du sport » seront encore taillées sur mesure pour ceux qui paient, ceux qui financent cette kermesse (américains, européens, chinois et australiens notamment). Autant dire, pas pour les pays africains. Je reviendrais sur ce point plus tard; Pour l’instant, je vais expliquer pourquoi je dis que l’Afrique est lésée aux JO. 

D’abord dans la constitution du programme olympique, et notamment, dans le choix des disciplines retenues pour cette « fête ». En observant bien, je me demande si tout n’est pas fait pour que certains pays se partagent continuellement le gâteau olympique à travers la présence de certaines disciplines. Par exemple, le Baseball. Depuis don introduction aux JO, les américains ont, à chaque fois, remporté la médaille d’or. Trop fort. Tellement fort que, le CIO a décidé qu’en 2012, cette discipline ne serait pas reprogrammée. Pour ne plus attribuer une médaille en or gratuitement aux américains, qui n’en demandent pas tant, pourtant. 

La liste des disciplines monopolisées par une seule nation est longue: La gymnastique pour
la Chine et
la Russie, le Plongeon,
la Natation synchronisée et en eau vive aussi. Les sports de combat (hors le judo) pour les pays asiatiques. Ajoutons à cela un bon nombre d’autres disciplines où le « tournoi » olympique tourne, chaque fois, à l’affrontement entre deux, trois voire quatre nations. je cite l’Escrime, le Badminton, le Softball, l’Aviron, le Water polo… Une nouvelle discipline a même fait son entrée cette année: le BMX. J’ai beau chercher ce que c’est, je n’ai pas trouvé. A l’observation, je vois que c’est une espèce de moto cross en vélo. Pourquoi une telle discipline aux JO? N’y a t-il pas déjà, sur le vélo, le cyclisme classique, le cyclisme sur piste, le Contre-la-montre et le Vtt?  

On me répondra que ce ne sont pas les mêmes disciplines. Mais, rétorquerais-je, vu le nombre limité de pays qui participent à cette discipline, ne peut-on pas la laisser juste en démonstration? Ou alors, serait-on prêt à faire rentrer aussi des sports de chez-nous comme
la Balle à la sagaie, le Pousse-pion…? Certainement que non. Alors, si les JO veulent (re)devenir universel, eh bien que les gens du CIO diminuent la liste de disciplines réservées à quelques pays, et notamment les pays occidentaux. Afin que les pays africains n’aient plus à venir aux Jeux pour attendre la 2e semaine avant de compétir, parce que la 1ere semaine est réservée à la natation et à d’autres disciplines (presque) pas pratiquées chez nous. 

L’autre niveau d’imposture de ces JO, c’est le nombre de médailles remportées par des athlètes africains portant les couleurs d’autres pays que le leur. Il y avait déjà tous les jeunes africains nés et grandis dans les pays occidentaux (France, USA, Royaume Uni). Il faut désormais y ajouter les petits émirats du Golfe. En effet, grâce à leurs pétrodollars, les EAU, Qatar, Bahreïn, Oman et autres Arabie Saoudite pillent désormais, années après années, la fine fleur de l’athlétisme africain. Le Marocain Ramzy remporte l’or olympique du 1500 m pour…Bahreïn; Une panoplie de kenyans et d’Ethiopiens s’alignent sous les couleurs qataries et saoudiennes. Et j’en passe. Personne n’ose pointer cette imposture, cette injustice. A cette allure, entre les sportifs d’origine africaine défendant les couleurs des anciennes puissances coloniales ou d’autres nations riches et, ceux plus récents qui acceptent de chausser les pointes pour quelques pétrodollars, il n’y aura, à l’horizon 2020, plus aucun athlète africain pour défendre les couleurs de son propre pays. 

N’y aurait-il pas eu les JO, ces mouvements des jeunes africains vers les pays leur assurant un « meilleur avenir » se ferait-il? Sans être sûr que leurs nouveaux citoyens feraient briller leurs couleurs dans les grands rendez-vous, les petits pays du Golfe arabo-persique se précipiteraient-ils pour « offrir » la nationalité aux africains? Ou même, le Portugal, l’Espagne,
la GB, qui, chacun, a au moins un ancien athlète nigérian dans ses rangs? 

Au regard des lois sur l’entrée et le séjour dans ces différents pays, je vous laisse vous faire une réponse sur ces questions posées plus haut. Pour ma part, j’affirme sans trop de doute que la réponse, à la dernière question notamment, est NON. Non parce que les pays riches et les nouveaux riches d’Arabie, ne visent rien d’autre que de piller l’Afrique de ses meilleurs athlètes. Ainsi, pour nos pays, les JO ressembleront de plus en plus à une compétition où nous venons amuser la galerie et être spectateurs des « records du monde » en BMX, Aviron et autre machin chouette. Rien que çà, et rien d’autre. Quelle honte! Quelle imposture!  

 

 

JO 1: Des primes et des hommes…

Dimanche 10 août 2008

Les Jeux Olympiques ont commencé à Pékin voici déjà 3 jours. Faute de pouvoir être au pays de Mao pour vous en faire vivre les moments les plus insolites, je le fais de chez moi. Ceci est donc le premier article d’une longue série qui mettra l’accent sur les à-côté de cette compétition immense. Des articles décalés donc, que je vous invite à commenter et critiquer comme bon vous semble. 

Premier acte: Les primes 

Les JO offrent l’occasion à certains sports de se faire connaître du très grand public. Dans le même temps, pour les athlètes de ces disciplines mineures, c’est aussi l’occasion de convertir le rendez-vous en bonne affaire financière. Ainsi, des sportifs qui triment à l’année pour ne récolter qu’à peine le SMIC et parfois même moins ou juste un peu plus, ont l’occasion avec les JO, s’ils accrochent une médaille, de voir leurs fins de mois immédiats être moins compliqués qu’à l’accoutumée. Je dirai même qu’ils empochent un petit pactole considérable et inespéré. 

Indépendamment de ce que doit leur verser le Comité international olympique, chaque médaillés (or, argent, bronze) recevra une belle enveloppe accordé par son pays. Et comme les JO sont une compétition sportive et politique aussi, les pays profitent pour faire de la surenchère sur ce domaine, et d’augmenter considérablement (je dirai même démesurément) les primes pour leurs champions. Personne n’est en reste, des grands Etats aux petits. Et, quand on observe bien, on se rend compte que ce ne sont pas toujours les pays riches qui offriront les plus fortes récompenses. 

Ainsi par exemple, un médaillé français recevra 50 000 euros pour l’or, 20 000 et 15 000 respectivement pour l’argent et le bronze. Dans le même temps, la Georgie, pas spécialement riche (même si elle a du pétrole) et qui est d’ailleurs englué en ce moment dans une guerre bête en Ossétie contre des forces locales pro-russes, a promis de donner à ses médaillés 715 000 dollars US (soit 476 400 euros). Une telle somme représente je ne sais combien d’années de travail (toute une vie pour certains). 

Toujours dans le même registre de démesure, Russie et le Royaume-Uni ont respectivement promis 100 000 euros et un peu plus de la moitié pour les sujets de sa Gracieuse majesté. Le Canada avec sa promesse de ne verser « que » 20 000 euros aux médaillés fait pratiquement office de nain. Quant à Israël, le pays est allé plus loin. Les primes seront versés aux médaillés (45 000 euros pour l’or, la moitié pour l’argent, et un peu moins du tiers pour le bronze), mais aussi à tous ceux qui auront au moins atteints la finale dans leur discipline; c’est à dire ceux qui seront sortis entre la 4e et la 8e place. Eux aussi auront leurs primes. 

Les pays africains ne sont pas à la marge de ce mouvement. On sait tous les problèmes que peuvent avoir un grand nombre d’athlètes du continent à bénéficier de bourses de leur fédération ou de conditions d’entraînements correctes dans leur pays, mais quand arrivent les JO, chaque gouvernement se bouge pour faire bonne figure et promettre des sommes, qui, en rapport avec le pouvoir d’achat local, sont carrément une fortune. Ainsi, l’Algérie va offrir pas moins de 45 000 euros à ses potentiels médaillés d’or. Le Kenya, 8000 euros. Dans d’autres pays, les sommes sont tout aussi importantes, même si elles ne sont pas dévoilées au grand public. 

Il faut noter néanmoins que, dans certains pays, et c’est le cas notamment dans les petits pays, les promesses de primes faramineuses ressemblent du moins à de l’intox, sinon à de l’arnaque; car les responsables savent que, dans le contingent de leurs athlètes, très très peu sont ceux qui peuvent arriver à accrocher une breloque lors de ces jeux. Comment feront les athlètes équato-guinéens, béninois ou le nageur ivoirien -eh oui il y en a un à ces Jeux) pour dominer les spécialistes de leur discipline? Combien de sportifs l’Algérie espère voir atteindre les sommets, pour gagner les 45 000 euros individuels promis? certainement pas beaucoup. Ceci permet donc de relativiser considérablement les sommes avancées, qui, au final, iront à une petite poignée de chanceux ou plutôt de « héros ».  

Promettre une fortune aux athlètes en cas de médaille, alors même qu’on sait que très peu réussiront à l’obtenir, c’est un grand classique des responsables sportifs et politiques. Une arnaque en quelque sorte. Et les JO actuels, sur ce chapitre-là au moins, sont dans la continuité des précédents. Une grosse arnaque aux primes, avec des inégalités incroyables. Là est un autre sujet sur lequel je reviendrait plus tard. 

  

 

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