Archive de la catégorie ‘Actu du monde’

BETANCOURT : La France célèbre bruyamment sa libération

Jeudi 3 juillet 2008

Ingrid Betancourt est libre depuis avant-hier 2 juillet. Et en France la libération de l’otage colombienne (qui possède aussi la nationalité française) a été célébrée de fort belle manière. Trop ? Peut-être que oui, peut-être que non. Il n’est pas encore temps de le dire. On savait le pays de Voltaire et Molière « terre des Droits de l’Homme ». Et à ce titre, d’une part, c’est un lieu privilégié pour s’approprier, porter, incarner et surtout soutenir les souffrances de certaines personnalités brimées et martyrisées dans d’autres régions du monde. D’autre part, l’hexagone s’est toujours voulu un endroit « refuge idéal » pour ceux dont la cause est menacée ou presque perdue chez eux. Sur cette dernière idée, aujourd’hui, on peut légitimement en douter, au regard de la politique actuelle d’entrée et d’accueil réservée aux étrangers (notamment ceux du sud) souhaitant vivre dans ce pays. Mais là est une autre histoire sur laquelle nous reviendrons dans un autre article. 

Car pour l’instant, l’heure est aux réjouissances marquant la fin de la captivité de cette femme retenue otage par les guérilleros des Farc depuis janvier 2002, soit depuis plus de 6 ans. Six ans d’attente pour ses proches et pour ses amis. Six ans de souffrance aussi pour elle-même et pour d’autres otages enlevés en même temps, avant ou après elle, et qui ont également été libérés par une opération délicate et « parfaite », selon ses mots, de l’armée colombienne. A Paris, l’annonce de sa liberté a fait l’effet d’un feu d’artifice. Un énorme feu d’artifice même. Si dans la rue, les gens n’étaient pas mobilisés comme lors des grandes victoires de l’Equipe de France, il reste que Dans certains beaux quartiers de Paris, réputés proches de la cause de la sénatrice colombienne, on a sabré le champagne. Comme aux sièges des nombreux Comités de soutien qui s’étaient créés pour faire connaître son histoire et travailler à sa libération. 

Mais là où on a touché des sommets en termes d’appropriation de la libération de cette dame, c’est dans les médias. Dès l’instant de l’officialisation de sa libération, les radios, Internet et surtout les chaînes de télévision étaient sur le pont pour relater, commenter et analyser le sujet. Sur les chaînes d’informations en continu et même la principale chaîne du service public Fr 2, les programmes normaux ont été interrompus dès la confirmation de la bonne nouvelle pour laisser place à des « soirées spéciales » au sujet de Mme Betancourt, qui ont duré jusqu’à plus de 2 h du matin. Avec des « directs » à différents endroits (au Palais de l’Elysée, à
la Mairie de Paris, à l’Ambassade de Colombie à Paris, à Bogota…) On a frôlé l’overdose. Et on n’en est pas sorti. 
Car dès le lendemain (hier) les tranches d’information et même plus de tous les médias audiovisuels et de la presse écrite ont eu pour unique sujet « la libération d’Ingrid Betancourt ». 

Dans l’après-midi de jeudi, des mini manifestations on eu lieu dans les villes française à ce sujet. la plus importante étant celle organisée par
la Mairie de Paris, qui a accolé à la large effigie de l’ex-otage colombienne déjà présente sur son fronton, l’adjectif « LIBRE ». D’autres manifestations auront-elles lieu dans les jours qui viennent ? Il faut croire que oui. 
Car, déjà, il s’annonce que Mme Betancourt sera à Paris dès demain après-midi, où elle sera reçue à sa descente d’avion par le président dela République Nicolas Sarkozy. Qui, à l’occasion, ne manquera pas de l’élever au rang le plus important de la dignité française. Il l’a déjà fait en discours. D’autres hommes politiques de premier plan y sont aussi allés de leur petit couplet. De Jacques Chirac à François Fillon le premier ministre, l’ensemble du gouvernement, les ténors de l’opposition ; bref quasiment tout ce que
la France compte de personnalités politiques d’envergure.
La France a donc fait sienne l’histoire de cette dame durant ces deux derniers jours, mais aussi, depuis le premier jour de sa captivité. 

Parce que, sans doute, elle en a la nationalité ; et que d’autre part, la famille d’Ingrid a toujours eu des liens assez étroits avec le pays de Nicolas Sarkozy. Elle y a vécu jeune avec son père diplomate, elle y est revenue étudier les sciences politiques au début des années 80. Et, fait ultime dans cette relation avec
la France, elle avait épousé un français (comme sa sœur du reste) avec qui elle a eu ses deux seuls enfants. C’est donc un pays à qui elle doit beaucoup. Aujourd’hui âgée de 47 ans, et après 6 ans et demi de captivité, Ingrid Betancourt oit se reconstruire. Nul doute que
la France, au regard de l’intérêt manifestée à sa personne et à sa cause que nous venons de relater, l’aidera encore et toujours dans cette nouvelle étape de sa vie qui commence. 

Parce que Ingrid Betancourt est avant tout une « création » française. Une « création » en ce sens que c’est en France et en France seulement qu’elle a bénéficiée d’une hyper-médiatisation, en tant que otage et depuis qu’elle est libre. Que valait-elle avant son arrestation? Que représentait-elle en Colombie, en France et à l’échelle du monde? Pas grand chose. Petit indice pour le confirmer, avant son arrestation, alors qu’elle était en pleine campagne électorale pour la présidentielle colombienne, elle était créditée de 0,4% des intentions de vote. « Enorme » capital de confiance donc de la part de ces concitoyens. Pour sur que, après les malheurs qu’elle a vécues dans la jungle pendant plus de six ans, elle aura démultiplié sa cote de confiance par dix, cent voire mille. Dont la moitié accordée, donnée, offerte par la France.

Ingrid Betancourt (libre) et nous

Mercredi 2 juillet 2008

Libre. Ingrid Betancourt a été libérée par les Forces armées révolutionnaires colombiennes (Farc) qui la retenaient otage depuis plus de six (6 ans). 6 ans de captivité, à vivre dans des conditions difficiles certainement (dans la jungle colombienne). Il était temps que cela se termine, pour elle, pour d’autres prisonniers (une dizaine a été libérée avec elle). Mais aussi et surtout pour ses proches, ses enfants, ses amis et…pour nous. 

Personnellement, je ne la connais pas. Ni d’Adam, ni d’Eve, pour reprendre une expression consacrée. Mais, pas un jour sans avoir une « trace » d’elle. A la télé, à la radio, dans la presse écrite, sur Internet. Pas un jour sans avoir une déclaration, un message, un texte parlant d’elle. 

Ingrid Betancourt est devenue, en quelque sorte, l’une des consciences des médias occidentaux et notamment français depuis son enlèvement. Dans ce pays, dont elle avait aussi la nationalité (elle a été mariée à un français avec qui elle a eu ses deux seuls enfants), Ingrid Betancourt était une affaire d’Etat. Des présidents de
la République (Chirac et Sarkozy), des Premiers ministres (notamment D. De Villepin, qui a été son prof et ami à Sciences pô Paris), des hauts dignitaires politiques associatifs et médiatiques de ce pays en avaient fait leur affaire personnelle. 

Pas une voix (en dehors de celle de J.M Le Pen) n’a été discordante sur le soutien de l’Etat français aux actions visant à libérer cette dame. Même l’opinion publique, souvent si nombriliste dans ce pays, a quasi toujours adhéré en grande majorité aux actions menées au nom de
la Sénatrice colombienne, ancienne candidate à la présidentielle de son pays en 2002. 

Avec sa libération survenue aujourd’hui, il est désormais possible de se demander pourquoi
la France et ses dirigeants ont-ils déployé autant d’énergie, de moyen aussi pour cette dame? Est-ce tout simplement parce qu’elle en avait en partie la nationalité? Est-ce pour son action politique dans son pays? On pourrait multiplier les questions a l’envi. Mais les réponses ne lèveraient pas toutes les équivoques. Toutes les incompréhensions. Tous les présupposés et les zones d’ombre de cette « affaire ».  

Ce qu’on peut dire, c’est que les nations (grandes comme petites) aiment à se trouver des égéries, des « légendes », des « héros ». Un point de fixation pour se donner bonne conscience, surtout quand il vient de si loin. Dans ce registre, citons la birmane Aun Sang Suu Kyi, la pakistanaise Benhazir Butho et donc désormais Ingrid Betancourt. C’est davantage pour leur image, bref pour des éléments marginaux que les pays occidentaux leur font la publicité. Ceci parfois au détriment du peuple dont ces personnalités se revendiquent. Dans le cas d’espèce, à Paris, Madrid et Londres par exemple, on se fout pratiquement du quotidien des petites dames colombiennes et birmanes aux prises avec les pires difficultés de la vie au quotidien. Seules comptent les symboles, les légendes qu’on a choisies et dont on veut parler absolument. 

C’est en grande partie en cela donc qu’on a eu du Ingrid Betancourt à toutes les sauces depuis cinq ans. Matin, midi et soir. Avec parfois des pics d’information qui frisaient le bourrage de crâne. Il est donc merveilleux qu’elle soit libérée. Entendra t’on parler d’elle un peu moins? Il faut croire, hélas, que non. Dès l’annonce de sa libération, les chaînes de télés ont commencé des « éditions spéciales » avec moult invités d’honneur, notamment les hommes politiques. Alors que les citoyens se battent pour leur pouvoir d’achat, alors que de nombreux problèmes existent dans le pays, notamment dans l’immobilier, sur le pétrole… il faut craindre que les jours à venir ne soient, dans la sphère politique et médiatique, complètement mobilisée par le sort, certes particulier et triste, d’Ingrid Betancourt. 

Pour ma part, je lui souhaite un bon retour au milieu des siens, et qu’elle demande avec force et courage, qu’on la laisse en paix. Elle le mérite bien après les années de galère qu’elle vient d’endurer.  

 

 

Euro 2008; le triomphe espagnol

Lundi 30 juin 2008

L’Euro 2008 de football s’est achevée hier. En finale, l’Espagne a dominé l’Allemagne par 1 but à 0. Les espagnols sont donc les nouveaux rois du foot en Europe pour 4 ans. Sans vouloir rentrer dans tous les détails techniques et tactiques de cette compétition, la seule chose qu’il soit admis de reconnaître, c’est que, c’est l’équipe la plus accomplie, la plus joueuse, la plus technique et la plus constante qui a remporté la compétition. Quelques stats pour l’illustrer: aucune défaite, 12 buts marqués, 2 buts encaissés, le meilleur buteur de la compétition (David Villa, 4 buts), le meilleur gardien (Casillas), et d’autres joueurs encore meilleurs à leur poste (S. Ramos, Senna, Torres…). Bref des joueurs au top de leur talent et de leur forme physique. Sans oublier un entraîneur atypique Luis Aragones. A 70 ans, on le croyait, passé de mode, vieux et pas très compétent. Il a souvent brillé par ses saillies verbales très limites (comme d’avoir traité Thierry Henry de « sale nègre de merde »), et par ses problèmes d’autorité vis-à-vis des joueurs et des médias. Mais Jamais il ne s’est écarté du jeu, de l’Equipe et de la mission qui était la sienne. Il a réussi son pari avec cette victoire finale, et, à juste titre, il sera considéré comme l’entraîneur espagnol le plus brillant depuis bien longtemps. Car le pays n’avait pas remporté de titres majeurs en sélection depuis… 44 ans et la finale du Championnat d’Europe 1964. 

L’Espagne restera donc comme le principal « Top » de cette compétition. Autres bonnes réussites, toutes les équipes qui ont pratiqué du beau jeu;
la Russie, les Pays-Bas,
la Croatie. Le fair-play aussi a été au rendez-vous avec juste 3 cartons rouges enregistrés et, très peu de tensions ou de bagarres dans les matchs. L’arbitrage a été correct. Mention spéciale à
la Russie qui a fait rêvé pendant deux matchs (contre la Suède et contre les Pays-Bas), et surtout à
la Turquie qui nous a toujours offerts des fins de match à rebondissements (contre
la Suisse, Tchéquie, Croatie et même l’Allemagne). 

Mais cet Euro aura aussi consacré quelques flops; notamment les « stars » qu’on nous a annoncées avant la compétition et qui ont été, sinon transparents, du moins mauvais. Je pense aux Equipes de France et d’Italie (vice championne et championne du monde en titre), au Portugal (auto déclaré favori de l’épreuve). Des joueurs comme C. Ronaldo (Portugal), Luca Toni (Italie), Ibrahimovic (Suède), n’ont pas été à la fête. Quant au joueurs français, et notamment à ceux d’entre-eux dont on nous annonçait monts et merveilles (Benzema, Nasri, Ribéry), ils auront sans doute appris ce que c’est que le haut niveau. 

Et que, en 2010 en Afrique du sud pour
la Coupe du monde, ils devront hausser leur niveau de jeu, tout comme
la France devra proposer autre chose pour ne pas (re)connaître une pareille désillusion que celle de cet Euro 2008. Et le challenge sera encore plus grand car, il y aura deux fois plus de postulants à la victoire finale (32 équipes au lieu de 16 pour l’Euro); avec des champions venus d’Asie, d’Afrique et surtout d’Amérique du sud (Brésil, Argentine…). On attend vivement cette première coupe du monde organisée en Afrique. A laquelle l’Espagne, nouveau roi d’Europe, sera bien entendu l’un des principaux favoris. 

 

 

Mendicité, suite

Mardi 10 juin 2008

J’ai publié ici il y a quelques temps un article sur les mendiants dans les transports en commun en région parisienne. Quelques commentaires me sont parvenus à ce sujet. L’un d’eux ma particulièrement intéressé, parce que fouillé, documenté. Bref, un témoignage de quelqu’une de bien informé. Je publie donc entièrement ici cette réaction.

 

Bonjour,

Je voulais réagir sur le cas de ces femmes qui mendient avec des enfants. J’ai l’impression, à la lecture de votre article, que vous cédez facilement à la pitié quand vous les voyez. Ce n’est pas mon cas. La question que je voudrais vous poser est la suivante: avez vous déjà vu une famille immigrée africaine, arabe, indienne ou autre, ne pas mettre ses enfants à l’école? Non, bien sûr. Seuls les roms refusent de mettre leurs enfants à l’école. Mais ce qui me choque encore plus dans votre article c’est que vous semblez incapable de voir que ces personnes se servent d’enfants innocents et incapables de faire valoir leurs droits, pour gagner de l’argent. Comment appelle-t-on cela déjà? Ha oui, de l’exploitation d’enfant, de l’esclavagisme! Il est encore plus choquant de constater que ces situations durent parfois depuis plusieurs années sans que qui que ce soit ne réagisse. Je connais bien le cas d’une petite fille de 11 ans qui n’a jamais été scolarisée et qui est chaque jour dans le rer à chanter avec son père, et ce depuis cinq ans. Père que nous (moi et une amie roumaine dont la jeunesse a été gâchée de 15 à 19 ans, forcée de chanter dans le rer par son frère; elle avait demandé à aller à l’école en arrivant en france, cette demande a été rejetée par sa famille qui, force de constater que c’était elle qui rapportait le plus d’argent, n’allait pas laisser le pactole lui échapper.), avons essayé de le persuader d’inscrire sa fille à l’école, en vain. On lui a dit mille fois, deux mille fois, que l’école est gratuite et obligatoire…rien n’y fait. Le plus ignoble n’est pas qu’il ait peur que sa fille soit raillée par les autres enfants, non, ça c’est la bonne excuse, le pire c’est qu’il a peur de ne plus faire pitié aux gens sans sa fille. Il faut savoir que les pouvoirs publics lui avait donné un logement,pour qu’il puisse offrir à sa fille une vie normale, logement qu’il a quitté parce que c’était trop loin du rer dans lequel il mendie, ramenant sa fille dans des squat sans eau ni électricité. 
Vous semblez avoir une vision bien naïve des mendiants qui utilisent leurs enfants pour éveiller notre pitié. Vous devriez regarder de plus près et vous verriez que ces situations sont, certes, tristes, mais aussi sordides. Les gens qui se fâchent avec les mendiants sont intolérants, mais il y a aussi des gens comme moi qui commencent à avoir envie de dénoncer l’esclavagisme des enfants qui se fait sous nos yeux, et pour cela, il faut cesser d’idéaliser le mendiant comme une victime, et commencer à le voir comme un irresponsable. Ce sont les adultes qui doivent chercher de l’argent pour faire vivre les enfants, pas le contraire. Où avez vous perdu votre sens des réalités? Nous vivons dans un pays qui défend les droits de l’Homme, alors, si vous voulez faire quelque chose pour ces mendiants accompagnés d’enfant, surtout, cessez de leur donner de l’argent et parlez leur des solutions qui peuvent leur permettre de respecter les droits fondamentaux de leurs enfants, plutôt que de condamner le ras le bol des usagers. Après tout, comment voulez vous qu’ils se sentent face à des enfants qui mendient? 
Allez, ne prenez pas mal la petite remontrance que je vous fait, je fréquente des roms depuis assez longtemps pour savoir que, sans les connaître, on ne peut avoir qu’une image idéalisée de leurs situations. Ils sont très pauvres et rejetés, mais, encore une fois, n’est-ce pas le cas de millions de familles immigrées dont les enfants vont pourtant à l’école? Ce qu’il faut c’est considérer les roms comme des sujets de droit. A partir de là, ils ont aussi des devoirs. Considérer qu’ils ont une dérogation au respect des droits de l’enfant sous prétexte qu’ils sont pauvres, c’est accuser leur rejet en dehors de la sphère des sujets de droit. Il faut tout faire pour que ces enfants soient scolarisés. Je garde sous mon lit un cartable que j’aimerais tant pouvoir donner à la petite fille de 11 ans dont je vous parlais. chaque jour je vois le cartable qui dépasse de dessous le lit, et chaque jour je me dis qu’il y a urgence. 
Pour le droit à l’éducation! Réagissez!
J’éspère pouvoir continuer cette conversation avec vous!

 A bientôt,

EMIGRATION EN France : Le Cameroun dit oui au test Adn

Mardi 20 mai 2008

Selon une information du quotidien Le Figaro de mardi 19 mai, le Cameroun serait prêt à accepter un accord de principe pour pratiquer les tests Adn sur ses ressortissants voulant émigrer en France. En visite à Yaoundé la capitale de ce pays en début de semaine, le ministre français de l’Immigration Brice Hortefeux devait finaliser cet accord avec des responsables camerounais. Le Cameroun serait ainsi l’un des premiers pays à accepter ce procédé. D’autres pays d’Afrique seraient également en passe de signer cet accord. 

Il faut rappeler que la loi sur les Tests Adn a été introduite en septembre 2007 dans le projet de loi sur l’immigration en France. Elle avait été proposée par le député UMP Thierry Mariani. Elle stipule que les consulats français à l’étranger, en cas de doute sur l’authenticité d’un état civil, doivent proposer aux demandeurs de visas de plus de 3 mois (dans le cadre du regroupement familial), de recourir au test génétique (Adn) pour prouver leur filiation. Notamment entre les enfants et la mère.   

Cette proposition avait provoqué un tollé et une vague d’indignation dans la classe politique ainsi que chez les scientifiques. D’aucuns fustigeaient le fait que l’on veuille désormais établir la filiation entre un enfant et ses parents par la science plutôt que par la voie administrative, ce qui exclurait les enfants adoptés ou reconnus. D’autres « anti test Adn » rejetait aussi le fait qu’un tel procédé ne puisse s’appliquer qu’aux étrangers (africains notamment) ce qui est contraire au principe républicain d’égalité de tous devant la loi. 

Après quelques retouches et amendements, ce projet de loi a tout de même été voté et adopté en Novembre 2007. C’est donc à sa phase de mise en application que le ministre Brice Hortefeux s’investit en ce moment avec l’accord qu’il a fait signer au Cameroun et qu’il fera bientôt dans d’autres pays. Les Tests Adn seront donc bel et bien pris en compte désormais comme « pièces au dossier » pour ceux qui voudront émigrer durablement en France, et sans doute, ailleurs en Europe. Car, on apprend que l’Italie, où

la Silvio Berlusconi vient de reprendre la tête du pays bien aidé par le parti xénophobe de
la Ligue du nord, va aussi pratiquer les mêmes tests. Lors de sa présidence de l’Union européenne qui commence le 1er juillet,
la France proposera certainement à ses partenaires européens de généraliser cette pratique.   
 

Nicolas SARKOZY, An I à l’Elysée, Fin

Vendredi 16 mai 2008

Avec quelques jours de retard, voici le dernier article sur la trologie « Sarkozy à l’Elysée; An I ».

 

Un an déjà donc que le président Sarkozy a été élu. Pour quel bilan ? On ne saurait le dire, puisque son mandat ne s’achève que dans cinq ans (2012) et c’est à ce moment-là qu’il faudra tirer tous les enseignements. Mais déjà, on peut dire que les douze premiers mois de Nicolas Sarkozy à la tête de la France se sont déroulés sur un rythme soutenu. Tellement soutenus que, adversaires et même amis politiques n’ont pas pu suivre le rythme. Une vitesse, une frénésie d’action et de discours qui lui ont valu le joli surnom « d’Hyperprésident », trouvé par Laurent Fabius.

« J’ai été élu pour réformer
la France », avait-il dit dès son élection. Depuis, il s’évertue à le (re)dire régulièrement. Pour cette raison, il a donc engagé la France sur plusieurs chantiers à la fois. L’économie, l’éducation, les institutions, les retraites, l’assurance maladie, la justice et bien d’autres secteurs encore. Même s’il n’ont pas encore produit les résultats escomptés (et c’est le moins qu’on puisse dire), ils ont au moins été amorcés.

Sur le plan économique, un « paquet fiscal » a été voté quelques mois après l’arrivée au pouvoir de M. Sarkozy. Celui-ci prévoyait une défiscalisation des heures supplémentaires effectuées par les travailleurs de tous les secteurs, ainsi qu’une exonération du salaire du travail des étudiants. Ces deux aspects ont été bien perçus par les français. Mais dans cette loi, il y avait aussi un allègement des droits de succession, un crédit d’impôt sur les emprunts immobiliers et un aménagement sur l’Impôt sur la fortune. Ces dernières mesures elles ont été perçues comme des « cadeaux au riches », car, ne concernant qu’une petite minorité de la population. Le coût financier de cette loi a été si élevé qu’il a rogné la marge de manœuvre du président et de son gouvernement pour agir sur le pouvoir d’achat des plus pauvres. Pourtant, il avait annoncé qu’il voulait être « le président du pouvoir d’achat, des ouvriers, des pauvres. » Cette première année n’en a pas trop donné l’illustration.

Pour le reste des domaines de la politique intérieure dans lesquels M. Sarkozy s’est investi, on notera une grande réforme des institutions avec un accroissement du rôle du Président de
la République qui pourra désormais s’adresser au Parlement (ce qui n’était pas possible avant) et plus de responsabilités aussi pour les députés. Sur la justice, de nombreux amendements ont été votés qui rendent l’appareil judiciaire plus répressif, notamment pour les jeunes (qui n’auront plus l’excuse de minorité) et pour les multirécidivistes (qui pourront être internés même après avoir purgé leur peine).

S’il est un secteur ou la première année de présidence de Nicolas Sarkozy a atteint son paroxysme, c’est dans la politique « politicienne ». D’abord avec « l’ouverture » (le débauchage de personnalités politiques des autres camps), qui a mis un « joyeux bordel » selon l’expression d’un confrère, chez ses adversaires politiques. Puis avec un mélange de genre entre vie publique et vie privée avec l’étalage (volontaire ou pas) de ses problèmes de cœur dans la presse en général. Résultat de tout ceci, une défaite de son camp lors des municipales en mars, et surtout, depuis le début de l’année, une cote de popularité qui ne cesse de descendre jusqu’à atteindre ce mois le niveau historique le plus bas jamais enregistré par un président français.

En clair, à ce jour, la première année de Nicolas Sarkozy à l’Elysée n’est ni la « rupture », ni la « révolution », ni le « succès assuré » annoncés par lui et ses contempteurs. Mais il y a encore quatre ans pour redresser la barre et faire de
la France le pays « fort, dynamique et moderne » qu’il appelait de ses vœux lors de ses vœux à la nation le 31 décembre 2007. Au rythme d’une annonce quasiment tous les jours sur le plan national, les premières semaines de mandature ressemblait un peu à une opération d’annonce perpétuelle. Après les couacs des municipales, la récession de la conjoncture internationale, la grogne au sein de son parti (et notamment chez les parlementaires), le président a du lever le pied. Pour combien de temps? Est-on en droit de s’interroger. Va t-il abandonner en rase campagne l’essentiel de ses promesses électorales? Va t-il s’imposer aux français par les résultats de sa politique? Ou alors, va t-il tout simplement, comme ses prédecesseurs dont les premiers mois de présidence ont été parfois tout aussi tonitruants, (re)devenir un président « normal », dans la tradition de la Ve République? On le verra au cours de cette deuxième année de mandat.

 

LE CCFD réunit des experts du Sud à Paris pour parler de la crise alimentaire mondiale

Lundi 12 mai 2008

Comment comprendre la crise alimentaire qui frappe plusieurs pays en ce moment ? Quelles en sont les causes ? Et les moyens pour y faire face ? Comment les principaux pays concernés s’organisent-ils ? C’était à l’occasion d’une conférence organisée par le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) dans le cadre des activités marquant son 50e anniversaire, prélude au 5e Congrès national de l’association, des 10 au 12 mai prochain à Grenoble. Intitulée « Crise alimentaire : Points de vue du sud », cette assise a permis de donner la parole à des acteurs principaux du Sud (syndicalistes, personnalités et militants des ONG humanitaires), engagés dans la défense de la souveraineté alimentaire dans leur pays respectif. 

Des interventions de Jean-Baptiste Chenet (Haïti), Arze Glipo (Philippines), Ibrahim Ouédraogo (Côte d’Ivoire/Burkina Faso), et Nicholas Chinnapan (Inde), les principales idées qui ont été avancées pour expliquer cette crise alimentaire sont presque les mêmes. D’abord et surtout, qu’elle n’est pas une « catastrophe naturelle ». Mais, un phénomène conjoncturel et structurel. Conjoncturel parce que cette crise fait suite à une mauvaise santé du tissu agricole (et notamment de l’agriculture vivrière) des principaux pays concernés. En clair, les pays les plus atteints sont ceux qui déjà, ont du mal à s’auto suffire alimentairement. Structurel, du fait des politiques agricoles imposées par les pays du nord au pays du sud, qui ont favorisé les produits d’exportation (bon pour la commercialisation extérieure et pas pour la consommation locale) au détriments des denrées vivrières, pas rentables. 

Jean-Baptiste Clément a ainsi expliqué par exemple qu’à Haïti, l’Agence américaine pour le développement international plus connue sous le nom de Usaid, avait encouragé son pays à accroître sa production des fruits en assurant aux paysans que le marché américain tout proche absorberait toujours ces produits. Malheureusement, c’est au préjudice de cultures plus utiles directement à l’alimentation des haïtiens que s’est développée la culture des fruits destinés au marché américain. 

M. Ibrahim Ouédraogo a fait à peu près le même constat au sujet des deux pays qu’il a présenté. Il a rappelé que, en Côte d’Ivoire, le pays a longtemps privilégié le Cacao et le Café, dont il était respectivement 1er et 3e exportateur mondial. Plus loin même, ici comme au Burkina et au Sénégal qu’il a aussi abordé, le choix d’accentuer le travail des cultures de rentes s’accompagnaient d’une certitude que, les produits de première nécessité (riz et autres céréales) s’achèteraient à bon marché (moins cher en fait) aux pays asiatiques que sont
la Thaïlande et le Vietnam. 

C’est le résultat de ces mauvais choix cités plus haut, combinés à d’autres éléments comme le subventionnement des agricultures des pays du Nord qui rend ainsi toute concurrence impossible avec celle du Sud, plus pauvre et non subventionnée, qui explique en très grande partie les graves problèmes alimentaires dans certains pays du monde en ce moment. La résolution de cette crise est d’une urgence capitale car, en même temps qu’elle fait courir des risques de famine générale (et ses conséquences) à de nombreux Etats, elle a aussi des conséquences socio-politiques. Et les émeutes sanglantes qui ont secoué Haïti, le Cameroun, le Sénégal,
la Côte d’Ivoire et d’autres pays encore sont là pour en témoigner. Malheureusement.  

 

Nicolas SARKOZY, An I à l’Elysée, suite

Samedi 10 mai 2008

« Nicolas Sarkozy Président », c’est une success story littéraire. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour en libraire et de voir le nombre d’ouvrages parus sur lui depuis le début de l’année dernière, date de l’annonce officielle de sa candidature à la présidence de la république française. En effet, nombreux sont les projets éditoriaux qui ont été publiés sur lui. On parle de 76 livres. Un record. Quels sont-ils?

D’abord, il y a eu ceux d’avant l’élection présidentielle. Pour la plupart, ils analysaient de manière assez équilibré, la vie, le caractère, les ambitions… de celui qui n’était encore « que » ministre de l’Intérieur et président de l’Ump. On peut citer en vrac, Sarko star de Michaël Darmon (2004), Nicolas Sarkozy au fond des yeux de Nicolas Domenach (2004), Nicolas Sarkozy, Enquête sur un homme de pouvoir de Frédéric Charpier (2006), Un pouvoir nommé désir, de Cathérine Nay (2006), La Saga Sarkozy de Christophe Barbier (2007)… Candidat parmi d’autres, bien que jouissant d’une force de frappe politique et en terme d’image, il était vu comme un des favoris du scrutin d’avril-mai. Dans son livre Le Rebelle et le roi (Albin Michel, 2004), la journaliste du Monde Béatrice Gurrey analyse les rapports entre Nicolas Sarkozy ministre de l’Intérieur (Le Rebelle) et le président de la République Jacques Chirac (le roi). Rapports difficiles et quasi-conflictuels au quotidien, surtout depuis que, deux ans, plus tôt, M. Sarkozy avait dit ouvertement qu’il serait candidat à l’Elysée en 2007. La suite, on la connaît.

Après ce scrutin de 2007 dont il sortit vainqueur, ont fleuri dans les maisons d’édition un ensemble d’ouvrages panégyriques à son sujet. On a même assisté à une surenchère de flagornerie pour savoir qui racontera le mieux la « fabuleuse histoire » du nouveau président. En majorité, ces livres étaient signés de journalistes et/ou d’écrivains tout acquis à la cause de l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine, ou alors de son bord politique (
la Droite). Dans ce contingent, les livres, les plus sollicités furent sans doute ceux écrits directement sur lui (le « roman » de Yasmina Reza, L’Aube le soir ou la nuit (août 2007), ou alors sur certains de ses proches comme son ex-épouse Cécilia Sarkozy (Cécilia, Portrait de Anna Bitton (2008), Ruptures de Michaël Darmon, Cécilia, la face cachée de l’ex-première dame, (2008)Denis Demonpion et Laurent Léger), ou encore sur Rachida Dati (Je vous fais juges (2007) entretien avec Claude Askolovitch, Rachida Dati, Biographie (2007) de Lionel Cottu) sa ministre de la justice, un temps vue comme l’image resplendissante et triomphante du Sarkozysme, et présente de manière saturante dans les médias.

Après son divorce d’avec Cécilia Sarkozy en fin d’année dernière (novembre), soit moins de six mois après sa victoire, les livres moins sympathiques ont été plus réguliers, dont certains qui avaient été écrits bien avant, mais n’avaient pas eu de rayonnement ni en librairie, ni dans les médias. On peut citer ici Misère du sarkosisme, cette droite qui n’aime pas
la France
de Paul Ariès (2005), Traité de démagogie appliquée : Sarkozy, la récidive et nous de Serge Portelli (2006), ou encore
la Bande dessinée à succès de Philippe Cohen et Richard Malka
La Face Karchée de Nicolas Sarkozy (2006). Il y a aussi ici ceux sur sa rupture avec Cécilia que nous avons cités plus haut. Avec des révélations plus ou moins croustillantes sur le personnage, ses fréquentations, ses qualités, ses défauts. Enfin d’autres hommes politiques sont également allés de leur belle plume sur le président.

Mais, les livres les plus cinglants sont signés de journalistes politiques marqués à Gauche ou de personnalités politiques déçues rapidement par le nouveau président. Dans ce dernier cas, on notera le brûlot devenu best-seller de l’ancien ministre de
la Défense François Léotard, Ca va mal finir (2008), qui l’avait pourtant soutenu lors de la campagne présidentielle. De même, le directeur du quotidien de Gauche Libération, Laurent Joffrin, a signé un tonitruant Le roi est Nu (début 2008). Il s’y attaque notamment à ce qu’il considère comme une  »monarchie républicaine » fustigeant au passage l’écart monstrueux qui existe entre les promesses de campagne du candidat Sarkozy et ses premières réalisations en tant que président de la République.

 

Au final, de quelques côtés qu’on soit, il faut dire que Nicolas Sarkozy a été, continue et sera encore (?) un bon filon littéraire, et très prisés des français. Ne dit-il pas lui-même souvent qu’il « fait vendre »? Les livres sur lui se sont toujours assez bien vendus. Anna Bitton a écoulé 170 000 exemplaires; c’est presque autant pour François Léotard et juste un peu moins Cathérine Nay et Laurent Joffrin. Même la BD de Richard Malka et Philippe Cohen (La face Karchée de Nicolas Sarkozy) s’est bien écoulée. Tantôt héros aimé, adulé ou mal-aimé et mitraillé, Nicolas Sarkozy a le mérite de donner du grain à moudre aux plumitifs, puis d’occuper les rayons des librairies et des grandes surfaces, et surtout de faire vendre tout en enrichissant ceux qui le dépeignent. Quand sera venu l’heure de tirer son bilan, par lui-même ou par d’autres, sans doute que, sa présence en littérature (essayistique ou fictionnelle) occupera une très bonne place.

Nicolas SARKOZY, An I à l’Elysée

Vendredi 9 mai 2008

Il y a un an, Nicolas Sarkozy était élu triomphalement (53%) par les français à la présidence de la République. Douze mois plus tard, que peut-on dire de cette première année de gestion du pays? Pas grand chose et beaucoup à la fois. Pas grand chose parce que, le mandat pour lequel il a été plébiscité (le mot n’est pas fort) est de 5 ans. Et en un an, il n’est même pas encore à mi-parcours. Il serait donc illusoire et même maladroit de le juger sur un temps si court alors que le meilleur ou le pire (c’est selon) peuvent arriver après. On pourrait aussi dire beaucoup de chose car, son élection s’est réalisée dans une espèce de liesse démocratique populaire (plus de 85% de participation, Record), qui, naturellement ont créé des attentes nombreuses chez les français. En plus, son accession à la présidence de la République était la continuité quasi-logique d’une carrière politique menée tambour battant, au cours de laquelle il aura trusté la plupart des grands postes de responsabilités de ce pays (maire, député, président de conseil général, président de parti, plusieurs fois ministres dont Intérieur, Budget, Economie…). Enfin, élu pour faire (bouger la France » selon ses propres termes, il avait aussi décidé de sortir de la posture de « président-arbitre » pour être « président-acteur ». En cela, en un an, il devrait avoir réalisé ou non certaines actions. Est-ce le cas?

Je proposons ici une modeste lecture de ce que j’ai pu observer de cette première année de mandat de Nicolas Sarkozy à l’Elysée sur trois points: à l’international, en politique intérieure, et en librairie.

 

SARKOZY AN I : le bilan à l’international 

 

30. C’est environ le nombre de déplacements officiels que Nicolas Sarkozy a effectué à l’étranger depuis son élection il y a un an. Dans ce nombre, on compte moins d’une dizaine de séjours en Afrique (Libye, Algérie, Maroc, Tunisie, Sénégal, Gabon, Afrique du Sud). Le président français snoberait-il le continent noir ? Officiellement non, même si, de manière officieuse, il a toujours été confessé que l’Afrique n’était pas sa tasse de thé. Soit.Mais, s’il n’est pas allé énormément sur ce continent au cours de sa première année de mandat, c’est que, dans le domaine international, Nicolas Sarkozy s’est beaucoup investi dans d’autres régions du monde. Sans doute, en fonction d’une certaine hiérarchisation des priorités.

Ainsi, c’est d’abord l’Europe qui a été explorée. En grande partie grâce à lui, les 27 pays membres de l’UE se sont mis d’accord, le 23 juin 2007, sur un « traité simplifié » pour l’Europe communautaire. Il faut dire que le large rejet (55%) en 2005 du Traité constitutionnel par
la France ne lui donnait pas d’autres choix que de s’y investir prioritairement. En effet, son pays portait par ce rejet, une grande partie de l’échec ou du blocage des institutions européennes pendant 2 ans. Cet accord est sans doute l’une des plus belles réussites internationales de cet cette première année de mandat.

 

Toujours au chapitre des relations remises en bon ordre, l’alliance Franco-allemande. Même si elle ne battait pas particulièrement de l’aile sous l’ancienne présidence (notamment entre Jacques Chirac et Gerhard Schröder), M. Sarkozy, en recevant officiellement douze (12) fois en un an la chancelière allemande Angela Merkel, a voulu montrer que rien en Europe ne pouvait se faire sans une coopération (très) renforcée entre les deux pays. Le « moteur franco-allemand » tient donc ainsi toujours malgré les différences de style entre les deux leaders.

 

En plus de son voisin d’Outre-rhin, Nicolas Sarkozy a aussi choyé ses voisins d’Outre-manche, les Britanniques. En campagne électorale, il avait déjà dit vouloir appliquer le modèle économique britannique en France (avec juste 5% de chômage,
la France en compte presque 10%). En visitant ce pays il y a quelques semaines, renouvelé ce vœu. De plus, autant il a été séduit par le Premier ministre Tony Blair (même si celui-ci a quitté ses fonctions peu après), autant son volontarisme est apprécié là-bas à Droite comme à Gauche. Cerise sur le gâteau, sa nouvelle épouse Carla Bruni a séduit les britanniques lors de cette visite.

 

Ce tour d’horizon des bonnes actions à l’international serait incomplet si on n’évoquait pas le renouveau des relations entre
la France et les États-Unis d’Amérique que M. Sarkozy, atlantiste et fervent admirateur du modèle de vie américain, a entrepris de (re)séduire. Les deux pays étaient fâchés depuis l’épisode de l’entrée américaine en Irak, en 2003, que Jacques Chirac et Dominique de Villepin (alors ministre des Affaires étrangères) avait condamnée. Aujourd’hui, cette brouille appartient au passé et, Nicolas Sarkozy a pu le dire lors de son discours très acclamé au Congrès le 7 novembre 2007. Bien plus, il s’est même engagé à aller plus loin que cette simple « renormalisation » des rapports entre les deux pays en décidant il y a un mois de l’envoi de 1000 soldats français supplémentaires en Afghanistan aux côtés des troupes américaines qui combattent les Talibans dans ce pays.

 

Hors ces cas sus cités, les autres terrains étrangers que Nicolas Sarkozy a visités n’ont pas été autant de succès. S’il a semblé être dicté par des raisons diplomatiques et/ou économiques dans ses déplacements en Chine, en Inde, en Libye et au Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc) par exemple, il a été en revanche moins regardant sur les problèmes de démocratie, de libertés de la presse et surtout des Droits de l’homme. Lui qui déclarait pourtant dans son discours du soir de son élection vouloir que la « France (soit) aux côtés de tous ceux qui souffrent de l’arbitraire dans le monde » en est encore bien loin. De cette déclaration de principe très idéaliste, le chef de l’Etat français a du se résoudre depuis, bon gré mal gré, à la réalité pratique des relations diplomatiques et tout ce qu’elle comporte de renoncements et désistements.

 

De même, il a du se résoudre à ce même pragmatisme diplomatique au sujet de l’Afrique noire, et notamment de l’ancien pré-carré français. Juste élu, il avait souhaité la « rupture » d’avec les vieilles pratiques de

la Françafrique. Pourtant, à la première occasion de venir sur notre continent, il est allé rendre à celui qui incarne le mieux ces vieilles habitudes, Omar Bongo du Gabon. Outre cela, il a même réussi à renvoyer en mars dernier, son ministre de
la Coopération (des Affaires africaines) Jean-Marie Bockel, au motif que ce dernier lui avait juste rappelé de tenir son engagement de mettre fin à une certaine vision de
la France en Afrique, incarnée par
la Françafrique ; comme par exemple, l’intervention de soldats français au Tchad pour sauver le régime d’Idriss Déby. Le clou de l’impair ou de la maladresse (pour ne pas dire plus) avec notre continent reste sans conteste son séjour au Sénégal en juillet 2007. dans son discours à cette occasion, devenu le fameux « Discours de Dakar », il avait eu des mots très peu aimables (pour dire le moins) envers « l’homme noir » qui, selon lui « n’est pas assez entré dans l’histoire ». Le Pr Achille Mbembé, dans deux commentaires (qu’on peut lire aux adresses ci-bas), en avait montré toute  l’inanité, les contresens, les bizarreries…  

 

Il reste quatre ans au président Sarkozy pour changer ou continuer ( ?) sa gouvernance tant nationale qu’internationale. Il lui reste surtout 4 ans pour changer ou continuer sa politique diplomatique avec le continent africain. Qu’elle soit de « rupture » ou de « continuité » peut importe ; les africains espèrent juste qu’elle soit moins ténébreuse, moins condescendante, moins paternaliste…mais plus claire, plus juste. Et pour y parvenir, 4 ans ne sont pas de trop. Afin de briser son image quasi-détestable qui s’installe dans la jeunesse africaine notamment après le Discours de Dakar. Afin de mettre également la pression, ouvertement, sur les pays africains amis qui boycottent encore régulièrement les principes démocratiques les plus élémentaires comme les élections libres et transparentes. Afin enfin de faire de
la France l’amie de ces pays et non sa tutrice ou son ennemie. Y arrivera t-il ? On en saura un peu plus dans un an, quand il faudra célébrer « l’An II » de Nicolas Sarkozy à la tête de
la République française. 

 

 

http://www.congopage.com/article4872.html

http://www.africamaat.com/Achille-MBEMBE-demonte-le-mensonge

 

 

 

CRISE ALIMENTAIRE MONDIALE : des experts des pays du sud se concertent à Paris

Mercredi 7 mai 2008

Jean-Marc Bikoko, président de
la Centrale syndicale du secteur public du Cameroun planchera vendredi prochain à Paris sur la grave crise alimentaire que connaissent certains pays du monde actuellement. Ce sera à l’occasion d’un atelier-conférence organisé vendredi 9 mai par le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement) à
la Place du Châtelet, dans le 1er arrondissement de Paris.

Avec l’expert camerounais, seront également présents des experts venus de Haïti, des Philippines, de Côte d’Ivoire, du Nicaragua, du Guatemala… Tous essayeront d’analyser les causes et les raisons de l’actuelle crise alimentaire. Aussi, ils présenteront chacun aussi la situation qui prévaut à ce sujet dans leur pays respectif. Sans doute qu’ici, M. Bikoko évoquera la cherté des produits de premières nécessité au Cameroun (Riz, Huile, Poisson, Viande…) et l’impossibilité pour les populations au faible pouvoir d’achat, de faire face à l’augmentation croissante des prix de ces produits.

Nous présenterons ici les grandes résolutions et pistes de cette réunion de Paris dans un autre article.

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