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Blanc/Noir : La réponse de Fanon

Vendredi 31 octobre 2008

Je reviens à ce blog après quelques jours « d’hibernation » disons. Surtout après les Chroniques de mes vacances que je vous ai proposées. Je mettrai un peu plus d’ardeur à être présent ici, et, à refaire de ce blog, la tribune qu’il était. 

Il y a quelques semaines, je me suis mis en tête de mieux connaître Frantz Fanon. Et pour y parvenir, mieux que des notes biographiques et des textes adjacents, empruntant à sa pensée, j’ai choisi de lire certains de ses ouvrages. Je viens de terminer Peau noire, masque blancs, paru en 1952. Quel régal! Un véritable chef-d’œuvre que je vous recommande vivement. Vous ne serez pas déçu de prendre un peu de votre temps pour le lire. 

De quoi parle t-il? De nombreux sujets. Et comme son titre l’indique, de Blancs et de Noirs; de « races » donc (même si, le politiquement correct d’aujourd’hui « interdit » de considérer que « blanc » « noir » sont des races, je me mets dans la peau de Fanon, qui, en 1952, ne devait pas avoir affaire à ce genres de considérations). Peau noire, masque blanc est un essai qui  a marqué l’histoire des réflexions sur la colonisation en générale, et celle effectuée par
la France en Afrique en particulier. Fanon y analyse le colonialisme sous plusieurs angles: sociologique, philosophique, psychologique et même psychanalytique (on notera qu’il était Médecin psychiatre de formation). 

Ici, l’auteur se place dans la peau du colonisé, du « noir » pour reprendre la distinction de camp qu’il fait dans son titre. Il s’identifie à ce point de vue. Car il en est l’un des membres. Et même si son statut de médecin lui confère une place de privilégiée, Fanon rentre dans les profondeurs des misères des colonisés pour, dans cet ouvrage, restituer un témoignage authentique et inoubliable. je ne rentrerais pas dans les détails des thèmes abordés, car, comme je l’ai dit plus haut, seule la lecture de ce chef d’œuvre vous permettra d’arriver, je n’en doute pas, aux mêmes conclusions que moi. 

L’ouvrage s’ouvre sur une citation de Césaire, extraite du Discours sur la colonisation : « Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme. » Je dirai d’ailleurs que, pour mieux cerner le livre de Fanon, il faut lire également celui de Césaire. Le livre a 5 grandes parties. Dans les 3 premiers chapitres, il parle du Noir moderne. Il scrute ses attitudes, vis-à-vis du blanc, de la femme blanche, des ses frères noirs aussi. Comment existe le nègre? Par quoi? Pour quoi? Que vaut-il au milieu des autres? Ce sont là quelques-unes des questions soulevées par l’auteur dans ces premiers chapitres. Dans les autres, il poursuit dans cette voie. 

Au final, le livre montre que, à cause de la colonisation, le noir est un esclave du mythe nègre, spontané, cosmique, sent à un moment donné que sa race ne le comprend plus, et que, lui non plus ne la comprend plus. C’est l’un des effets de la colonisation que Fanon a voulu dénoncer dans ce livre et, bien plus, dans Les damnés de la terre, son autre livre phare.  

 

 

Chroniques…10

Mercredi 22 octobre 2008

 

En entrant dans le dernier week-end de mon séjour (celui du 20 au 21 septembre), je pensais déjà au retour. Epuisé par des déplacements à répétition. Bousculé aussi par un mini-accident de la circulation, sur l’une de ces routes que je décrivais dans Chroniques… Heureusement, plus de peur que de mal; en dehors d’un léger choc frontal avec le pare-brise avant de ce véhicule de transport, je n’avais rien eu d’autre. Seul le chauffeur de cette petite voiture, qui s’était assoupi au volant, s’en tira avec une légère blessure au coude gauche. C’était le vendredi 19, sur la route de Mbouda, une ville en plein cœur du pays Bamiléké, dans l’ouest Cameroun. 

D’autres frayeurs rythmèrent mon séjour. Elles tenaient plus de situations globales que des moments précis et pratiques. Par exemple, la situation des soins sanitaires dans les hôpitaux. Ou encore, la question du travail chez les jeunes. Sans oublier la sécurité ou l’insécurité (c’est selon), la pollution, les problèmes des enfants (malnutrition, éducation…). Je ne prendrai pas le temps de développer tous ces points. Ce serait interminable. Il importe de dire néanmoins que, sur ces différents sujets, beaucoup de choses doivent être faites. Et pas seulement au plan pratique, mais aussi et surtout, bien en amont. Comme par exemple sur l’insécurité: elle atteint des niveaux records au Cameroun. Violentes, gratuites, les agressions des personnes (jeunes comme vieux) se multiplient au quotidien. Elles sont, dans la majorité des cas, perpétrées par des jeunes, garçons surtout. Mais, de plus en plus, les filles ne sont pas en reste, alors qu’il y a quelques années encore, elles n’en faisaient pas partie.  

Comment arriver à aborder cette question pour, à défaut de la faire finir, la résorber au moins? Comment s’attaquer dès la base à tous ces enfants qui, dès leur jeune âge, pensent à détrousser ou agresser les gens dans la rue ou dans leur domicile? Comment faire pour éradiquer, sans la violence inouïe, le phénomène des « coupeurs de route » qui gangrène le pays? La principale réponse à tout ceci réside sans doute dans l’éducation et le travail. Les nombreux chômeurs qui peuplent les grandes, moyennes et petites villes du pays seront, sans aucun doute, moins tenté d’aller voler ou agresser, s’ils étaient actifs et gagnaient, même minimalement leur vie. Car, le travail est le meilleur moyen pour redresser les gens. Voltaire le prédisait dans son « le travail éloigne de nous trois grands maux: l’ennui, le vice et le besoin ». Si ces jeunes camerounais sont employés, l’insécurité baissera dans le pays. 

Quant à la situation sanitaire, elle est tout aussi désespérante. En plus, dans certains cas, de la vétusté du matériel et des autres problèmes d’infrastructures et d’équipements, le coût des soins est quelque chose qui, de plus en plus, n’est plus à la portée du camerounais moyen. Pour aller à l’hôpital, il faut payer un ticket d’entrée. Pour se faire soigner, il faut payer des frais de consultation et de premiers soins parfois très élevés. Du coup, ceux qui n’ont pas les moyens, sauf en cas extrêmes, ne partent pas à l’hôpital. Mais plutôt au « poteau » sorte de pharmacie en pleine rue où, quelques marchands de sommeil vendent des produits dangereux sans aucune formation, ni précaution. 

Le dernier aspect auquel j’ai pensé parler c’est Dieu et
la Religion. L’Eglise (catholique j’entends) est une institution sociale, bien établie et bien ancrée dans les différents lieux. Mais, de plus en plus, les gens y vont par reflexe pavlovien. Sans discernement, sans souci de se demander le sens de leur adhésion. Ce n’est pas un reproche, mais une simple remarque. La dévotion des gens pour les cultes, et les mouvements cultuels est même parfois suspecte. Certains remplissent leur agenda hebdomadaire de toutes sortes de réunions et autres activités à l’Eglise: Chorale, mouvement charismatique, légion de Marie… Cette adhésion au religieux est sans doute voulue aussi par l’étrange impression d’abandon et de souffrance permanente qu’ont les gens, et dont ils pensent, à tort ou à raison, qu’ils n’en seront soulagés que par Dieu. D’où l’expression très en vogue là-bas qui résume tout sur ce sujet: « C’est Dieu qui nous protège ou qui nous sauve ». Je ne la commenterai pas. 

De tous ces problèmes que je viens de souligner, j’avais une vague idée. Je les ai touchés, endurés, vécus durant ces trois jours. J’ai imaginé la difficulté, la galère même de ceux qui la vivent tous les jours, sans rechigner, sans protester, sans espérer quoique ce soit d’autres. Et à côté de tout çà, de cette misère à ciel ouvert, quelques « bénis » ont décidé de vivre, avec l’argent de l’Etat, dans une opulence exacerbée. Je n’aime pas réfléchir en opposant les gens entre eux, riches contre pauvres, puissants contre petites gens. Mais là, je n’ai pu m’empêcher de dire il y a dans ce pays « Deux mondes, deux destins ». Le célèbre écrivain Mongo Béti qui le disait dans les années 50, et qui espéraient que cette situation s’achèverait vite, doit se retourner dans sa tombe aujourd’hui en constatant qu’en 2008, le Cameroun vive encore avec un « Tanga nord » et un « Tanga sud », soit Deux mondes et Deux destins donc. Faut-il espérer que dans un avenir proche cette séparation disparaisse pour laisser une nation unie et homogène dans la prise en charge de ces citoyens et l’accès de ceux-ci aux ressources du pays? C’est un espoir, juste un espoir. 

 

Chroniques…8

Mardi 14 octobre 2008

LA ROUTE NE TUE PAS?

Se déplacer au Cameroun est une épreuve. Le pays est sans routes fiables. Aucune autoroute par exemple pour relier les deux grandes villes (Douala et Yaoundé), pourtant distantes de seulement 250 km. Une route existe, qu’on appelle là-bas « axe lourd » qui permet de voir circuler à peine 3 voitures côte à côte. Ailleurs dans le pays, la situation n’est guère meilleure. Les routes sont toutes aussi étroites. Et si elles n’étaient qu’étroites, cela ne poserait qu’un problème mineur. Elles sont aussi en très mauvais état, avec des nids de poule et autres trous en tous genres sur la chaussée. Bien plus, les abords sont souvent encombrés d’herbes ayant atteint une taille impressionnante, et, à des virages, masquant la vue aux automobilistes. La liste des problèmes de nos voies de circulation est longue qu’on ne pourrait toutes les énumérer ici. 

Mon intention n’est pas seulement de décrire ses routes. C’est surtout de dire les conséquences qu’elles produisent au quotidien sur la vie des camerounais. En effet, l’état des routes est responsable à 30% au moins des graves accidents qui se produisent quasi quotidiennement dans ce pays. Car, comment ne pas envisager qu’une route présentant les caractéristiques suivantes: 4 à 5 m de largeur, circulation à double sens, absence de terre-plein central, virages tous les 100 à 200m, absence de protection de la chaussée par des glissières de sécurité, quasi absence de trottoirs tracés permettant la circulation des piétons… ne soit pas propice à des accidents réguliers (collision, sortie de routes, renversement de piétons)? 

On ne compte plus le nombre de morts survenus sur ces routes. Des dizaines, voire de centaines de personnes y périssent tous les mois. Victimes des ces routes. Mais aussi, victimes de la folie des chauffeurs. Ces derniers, malades de vitesse, sont dans la majorité des cas responsables à plus de 50% des drames routiers cités plus haut. Car, tous veulent aller vite. Le code de la route est un gros mot pour eux. Le respect des priorités n’existe pas. Ils n’ont pas également le bon sens nécessaire à l’appréciation de certaines situations. Ils abhorrent une chose: rouler au pas. Tout le monde veut dépasser, sur ligne droite, au virage, sur les collines, bref partout. 

La conjonction des routes défectueuses et des « chauffards » produit donc des catastrophes régulières sur les routes camerounaises. Lors de mon séjour, pas moins de 4 accidents sérieux se sont produits sur des itinéraires déterminés, au moment où j’y passais. Comme cet accident entre Edéa et Douala qui a décimé un groupe de 10 commerçants qui se rendaient à Douala pour livrer leurs marchandises. Ou comme cet autre à Melong, non loin de Nkongsamba, où un car Hiace est entré en collision avec un camion arrêté en passe, faisant plus de 8 morts dont un enfant de 2 ans, décapité. 

Que font les autorités pour prévenir ou éviter ce genre de situation? Tout le monde se pose la question. A ce jour, pas grand chose. Une initiative pour le moins baroque avait cours quand j’y étais: c’était d’organiser sur les grands axes routiers une campagne de sensibilisation appelé « Prévention routière ». Mais celle-ci n’a aucun effet, car les préposés à cette mission se transformaient en agents de racket, comme le sont déjà les agents de forces de l’ordre qui doivent veiller à la circulation urbaine et interurbaine. D’autre part, des mannequins représentants un individu ont été installé à certains endroits des grandes routes, suivis du nombre de personnes décédés non loin de là il y a peu. « Ici, 10 morts », « ici, 23 morts ». Parfois, sur un trajet de 100 km, comptabiliser tous ces panneaux donne le vertige. Rien qu’à penser au nombre total de personnes mortes en si peu de temps, en si peu de distance… 

« La route ne tue pas, mais c’est nous qui tuons… », chantait un artiste camerounais dans les années 90. Il devrait réviser son jugement. Car aujourd’hui, les routes camerounaises sont bel et bien des sentiers pour la mort.  

 

 

Chroniques…3

Mercredi 8 octobre 2008

RENCONTRE AVEC UNE « VILLE MORTE »  

Un réveil difficile. C’est ainsi que je me suis levé de ma première nuit de sommeil à Nkongsamba, au lendemain de mon arrivée en vacances au Cameroun. La nuit a été courte, froide, et pleine de petits bruits (celui des poussins du poulailler du voisin). Qu’importe, j’ai pu fermer l’œil et me reposer de la journée marathon que je venais de passer, entre mon réveil dans ma petite ville de Banlieue parisienne, le voyage, l’arrivée à Douala, le (re)voyage jusqu’à Nkongsamba… Cette nuit me permis, outre cela, d’évaluer le parcours déjà accompli et de planifier mon programme dudit séjour. 

D’emblée, je savais qu’il y aurait beaucoup de déplacements. Naturellement, quand on revient chez soi 6 ans après, il y a un bon nombre de personnes qui veut me (re)voir. Et Moi aussi. Il fallait donc se soumettre à ce rituel. Aller saluer un tel tonton, une telle tata, un tel ami ou cousin et patati… Mais ces déplacements étaient pour plus tard. Il fallait d’abord reprendre pied avec ma ville. Dans quel état l’ai-je trouvé? Dans un état lamentable. 

Quel choc. Quel coup. Ô déception, Ô tristesse. Ma ville bien aimée ressemble à Troie dévastée. Un immense champ de ruine, et c’est peu dire. Une ville sans aucune (mais alors aucune) modernité. En 6 ans, pas un nouvel édifice, pas une nouveauté probante, pas une couche de peinture sur les principaux bâtiments du centre-ville. Et que dire des routes? Là c’est carrément des pistes pour l’enfer. Complètement détruite, « pourrie » pour dire comme les jeunes. Ces routes sont tellement mauvaises que le contingent automobile de la ville s’est réduit comme peau de chagrin, laissant place aux motos. (Je reparlerai des motos dans une autre chronique). 

Nkongsamba jadis 3e ville du pays, ne figure sans doute plus aujourd’hui parmi les dix premières. La ville est, depuis plusieurs années sur une pente descendante. Les pouvoirs publics, de même que les élites du coin l’ont abandonnée à son triste sort. Ce qui faisait son charme auparavant (cosmopolitisme, abondance de produits de consommation) n’est plus un avantage de nos jours. En plus, le café, principal culture de la région, ne fait plus recette. Les planteurs (agriculteurs) qui constituent l’essentiel de la population de la ville, ont donc perdu énormément de pouvoir d’achat. Ils ne sont pas les seuls d’ailleurs. Les autres petits commerçants de la ville ne sont pas les mieux lotis non plus. 

Pourtant, la population de la ville est jeune. Les établissements se multiplient. Pour une ville d’à peine plus de 100 000 habitants, on compte plus d’une dizaine d’établissements du secondaire, parmi lesquels 4 lycées au cycle complet (de la 6e en terminale). Un Institut supérieur, établissement post-bac, l’Institut supérieur de management du Manengouba (Ismam) s’est même ouvert dans la ville, avec plus ou moins de succès. 

Ancien pôle d’excellence sportif, Nkongsamba fait peine désormais. Pas une équipe de foot en championnat d’élite. L’Aigle de Nkongsamba, ancien porte fanion du département végète en Ligue (D3). Les autres clubs qui se sont créés dans la ville pour reprendre le flambeau ne font guère mieux et sont aussi engagés dans des échelons inférieurs du foot national. Dans les autres disciplines, ce n’est guère mieux. L’athlétisme n’a presque plus de champion licencié dans la ville. Le handball et le basket, sont quasi-morts également. 

Au final, c’est à la ville que Césaire décrit dans son Cahier d’un retour au pays natal que j’ai pensée quand j’ai revu ma ville. Une ville triste, qui ne sourit plus, qui ne rythme plus, qui se meurt. Une vraie Ville morte. 

 

 

Mon « Hommage » à Pascal Sevran

Lundi 26 mai 2008

Pascal Sevran est mort vendredi 9 Mai dernier. Son décès a été longuement commenté dans les médias, de l’animation et le milieu du show-bizz dont il était l’une des figures emblématiques depuis plusieurs décennies. Comme souvent en ce genre de circonstance, et pour une personne aussi connue, les hommages et messages onté été nombreux. Tous, quasiment, ont loué le grand talent, la grande personnalité de celui qui a consacré une grande partie de sa vie à « faire chanter la France », selon l’expression de Jack Lang.

Sans avoir ni le mérite, ni le statut des grands artistes, élus, et hommes de médias qui se sont inclinés devant sa dépouille, qu’il me soit permis de lui rendre également hommage trois semaines après. Hommage, çà n’est pas le mot juste, car il s’agit plutôt d’un point de vue sur cette personnalité récemment décédée. Et, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est aux antipodes des concerts de louanges et bonnes phrases qui ont été adressées jusqu’ici.

En Afrique, comme ailleurs je crois, on n’insulte pas un mort. Qu’il soit criminel, brigand ou malade. Mon propos ne rélèvera donc pas de l’insulte ni du diffamatoire. Simplement, une observation, un commentaire sur les déclarations qu’il a tenues sur les « noirs », que dire, sur les « nègres ».

En réponse à un journaliste qui l’interrogeait, il dit ceci: « L’Afrique crève de tous les enfants qui y naissent sans que les parents aient les moyens de les nourrir. Je ne suis pas le seul à le dire. [...] J’écris ce que je pense, si des gens bien au chaud dans leur certitude ne supportent pas d’entendre ça [...] Oui, il faudrait stériliser la moitié de la planète ».

Dans son livre Le Privilège des jonquilles, il affirme également que « Des enfants, on en ramasse à la pelle dans ce pays [le Niger] — est-ce un pays ou un cimetière ? — où le taux de fécondité des femmes est le plus élevé du monde, neuf enfants en moyenne par couple. Un carnage. Les coupables sont facilement identifiables, ils signent leurs crimes en copulant à tout va, la mort est au bout de leur bite, ils peuvent continuer parce que ça les amuse, personne n’osera leur reprocher cela, qui est aussi un crime contre l’humanité : faire des enfants, le seul crime impuni. On enverra même de l’argent pour qu’ils puissent continuer à répandre, à semer la mort ».
Ces saillies, teintées de racisme et d’eugénisme, il les a revendiquées. Il ne s’est excusé que timidement, et en secret, se vantait même d’avoir dit « tout haut ce que beaucoup pensent bas ». Pour cette raison, pour ces propos, je pense que Pascal Sevran ne méritait pas l’hommage qui lui a été fait.

Souvenons-nous d’il y a 6 ans…

Mardi 22 avril 2008

Il y a six (6) ans jour pour jour, Jean-Marie Le Pen accédait au second tour de l’élection présidentielle. Il y a six ans donc, plus de 16 millions de français accordaient leur vote à un candidat qui avait inscrit dans son programme, entre autres, la haine de l’étranger, le  rejet de tout ce qui n’est pas « FRANCAIS », le refus de l’Europe et bien d’autres idées baroques encore. La suite de l’histoire, on la connaît désormais. Deux semaines plus tard (5 mai 2002), dans un « sursaut républicain » (mon oeil!) les français avaient ensuite dit NON à la xénophobie, à la marginalisation, à la discrimination, au racisme (que certains avaient pourtant approuvé deux semaines plus tôt) proposés par M. Le Pen. Ce dernier fut ainsi battu à plates coutures au second tour de cette élection présidentielle par Jacques Chirac avec 82% des suffrages contre 18%.

Aujourd’hui, qui se souvient de ce 21 avril 2002? Pas grand monde, ou plutôt, beaucoup préfèrent ne pas s’en souvenir. Et ceci pour cause; une autre élection a eu lieu entre-temps, et, elle a effacé le souvenir de cette « date maudite » que le pays a du porter comme un boulet pendant cinq ans. Combien d’émissions spéciales ont été organisées sur cette date-évènement? Une dizaine, une Centaine… Que n’a t-on pas entendu ou lu à ce sujet dans ces émissions politiques  ou dans les journaux entre 2002 et 2007?  Chacun des analystes et des hommes politiques de tous bords agitaient en permanence, pendant cette période, le spectre d’une nouvelle « ca-ta-stro-phe ». Le « syndrome du 21 avril » était devenu un nouveau mal qui menaçait en permanence les français à chaque élection entre 2002 et 2007. On se souvient même que, François Fillon, aujourd’hui Premier ministre, avait comparé la victoire de la Gauche aux Régionales de 2004 (20 régions sur 22), de « 21 avril à l’envers ».  Ce qui lui avait, en partie, coûté son poste de ministre de l’Education nationale.

Aujourd’hui donc, personne n’en parle. Pas même le principal acteur de cet évènement, Jean-Marie Le Pen ou ses affidés. Le grand perdant de ce « 21 avril », Lionel Jospin, n’y fait pas non plus allusion. Ni Jacques Chirac, ni personne d’autre. Pourquoi ce mutisme? Pourquoi pas d’émission anniversaire comme il s’en prépare beaucoup ces jours-ci sur « Mai 68″, sur le « premier anniversaire de Sarkozy à l’Elysée »? A t-on désormais honte de cette date? Ou alors, se peut-il que la blessure ne soit pas encore totalement cicatrisée? Seuls les principaux acteurs de la vie politico-médiatique de ce pays peuvent répondre à ces questions. Ne pas l’évoquer, l’éluder comme ils le font, laisserait germer et naître tous les fantasmes possibles sur ce 6e anniversaire du « 21 avril 2002″. 

 

GREVE DES SANS PAPIERS

Mardi 22 avril 2008

« Régularisation de tous les sans papiers ». C’est le mot d’ordre lancé par 530 immigrés clandestins en grève depuis plus d’une semaine à Paris. Ils sont soutenus par différentes associations de droits de l’homme et de soutien aux immigrés en France. Fait nouveau même, ces travailleurs immigrés clandestins sont également appuyés par leurs patrons, qui ont choisi de les accompagner dans ce mouvement de revendication d’un titre de séjour. 

D’origine africaine (maliens, sénégalais, ivoiriens, camerounais), ces personnes vivent en France depuis plusieurs années. Ils travaillent et paient des impôts. Certains ont des enfants scolarisés. Embauchés après avoir présenté soit un faux papier, soit celui d’un proche, ils sont aujourd’hui excédés de vivre dans une situation de grande précarité administrative et parfois professionnelle. En effet, malgré le fait qu’ils travaillent, ils courent toujours le risque de se faire arrêter et rapatrier à tout moment, pour défaut de titre de séjour. De même, les entreprises qui les emploient courent le risque de lourdes sanctions financières et judiciaires pour « travail dissimulé et aide au séjour irrégulier ». 

 

Commencé à Paris et dans sa région, ce mouvement de grève des sans-papiers a désormais pris de l’ampleur et s’étend à d’autres localités de province. Aussi, il défraie la chronique dans les médias et son traitement occupe une bonne place des journaux télévisés et dans la presse écrite nationale. 

Pour l’instant, l’administration française n’a pas réagi que très timidement à ce « dossier ». Hier lundi, les représentants de ces sans-papiers et des syndicats qui les soutiennent ont été reçus par le directeur de cabinet du ministre de l’Immigration Brice Hortefeux. De cet entretien, il est ressorti que, « sur instruction du ministre », les préfectures traiteront leurs dossiers de régularisation avec « bienveillance ». Une façon de dire qu’ils seront tous régularisés ? Nous le saurons dans les prochains jours. 

Mais dores et déjà, cette grève soulève quelques questions. Alors que Nicolas Sarkozy a déclaré
la France en « chantier », le pays peut-il se priver de personnes qui travaillent de manière assidue et compétente dans des secteurs clés et peu prisés des français comme le BTP, la restauration, l’entretien? Les petits patrons qui emploient ces clandestins et qui peinent à trouver de la main d’œuvre, vont-ils être sacrifier sous l’hôtel de la lutte contre l’immigration clandestine, alors même qu’ils contribuent à leur manière à l’effort de croissance du pays ?
La France peut-elle continuer à faire la politique de l’autruche sur cette question alors même que des études montrent qu’elles a besoin des immigrés pour soutenir sa croissance et assurer son système de retraite ? Serait-ce encore illogique pour les autorités d’entreprendre une vaste campagne de régularisation des sans-papiers conditionnés par leur accès au marché du travail, comme cela s’est fait en Espagne et en Italie ? 

Autant de questions auxquelles, en plus de gérer la situation ponctuelle de ces 530 sans papiers, les autorités françaises devront s’atteler  pour résoudre celle des milliers d’autres clandestins travailleurs qui vivent sur son territoire. 

 

Césaire enterré avec son Cahier…

Lundi 21 avril 2008

Ca y est. Césaire repose à jamais. Il a été inhumé hier chez lui en Martinique dans la sphère familiale au cimetière La Joyau. Après des obsèques nationales qui auront vu des rassemblements en son honneur à Paris, en Afrique et surtout à Fort-de-France, où une grande manifestation a eu lieu dans le stade de foot de la ville.

L’un des principaux enseignements qu’on retiendra de ces quatre jours de frénésie ouvert avec l’annonce de sa mort jeudi dernier jusqu’à son inhumation hier dimanche, c’est que partout les manifestations d’hommage se sont déroulés dans le calme et conformément à ce que le poète lui-même aurait souhaité. C’est-à-dire dans sous le signe de la fraternité, de l’amitié, de l’universalité, de la culture.

Ceux qui ont organisé ces obsèques ont aussi pris la bonne décision en faisant rythmer de ces textes les différents temps forts des obsèques. Ainsi, on a vu que devant la Place de la Sorbonne Samedi, sur l’esplanade de l’Hôtel de ville à Paris, ou dans le stade de Dillon à Fort-de-France, ce sont des artistes, des comédiens, des écrivains qui ont tenu le haut de l’affiche. Ce sont eux qui ont lu les extraits de textes de Césaire. Des textes forts, lourds de sens, et dont on aura pu, à l’occasion (re)apprécier la beauté. Ils ont lu tour à tour des extraits des Armes miraculeuses, de Soleil cou coupé, Cadastre, Ferrements… Certains ont mimé des scènes de ces pièces de théâtre comme Une Saison au Congo, La Tragédie du roi Christophe. Incontestablement, c’est Cahier d’un retour au pays natal qui a été le plus cité dans ses obsèques; et à juste titre. Ce long poème en prose étant certainement l’ouvrage le plus connu de l’auteur.

A des amis qui me demandaient vendredi dernier « avec lequel de ses livres l’accompagnera t-on dans sa dernière demeure? » Je leur avais répondu « certainement, avec Cahier… » Comme pour Zola, en 1902, où les mineurs descendus du Nord de la France criaient « Germinal » (du nom de son oeuvre principale) en accompagnant sa dépouille au cimetière de Montmartre à Paris, la foule rassemblée pour les obsèques de Césaire pensait et criait…en silence « Cahier d’un retour au pays natal« . 

 

 

Obsèques de Césaire: Pourquoi la frénésie des politiques?

Dimanche 20 avril 2008

Pourquoi sont-ils tous allés, Nicolas Sarkozy en tête, à Fort-de-France enterrer Césaire? Par amour pour le poète martiniquais? Par respect de sa carrière, de son oeuvre, de sa pensée? Peut-être. Sans doute même, puisqu’ils l’ont tous confessé, la main sur le coeur même. On va les croire.

On va aussi supputer un peu. Sur la présence du président de la République par exemple. Pourquoi est-il allé aux obsèques de Césaire, alors qu’il avait un agenda bien chargé, avec notamment une intervention télé (Tf1 et Fr2) lundi 21? Sans doute parce que, après son élection, il avait promis d’être « le président de tous les français ». A ce titre, il est déjà allé aux obsèques de plusieurs citoyens, morts pour la plupart dans l’exercice de leurs fonctions. Il a aussi honoré de sa présence les obsèques de personnes dont la carrière ou l’activité avait contribué au rayonnement du pays.

Césaire s’inscrit sans doute dans cette dernière catégorie. Et même bien au delà. Pour cela, Nicolas Sarkozy ne pouvait donc pas s’abstenir d’aller à son inhumation. En plus, au plus bas dans les sondages (le dernier en date paru aujourd’hui révèle que 79% des français sont mécontents de l’action du gouvernement), c’est certainement aussi une manière pour lui de coller à l’actualité et de se montrer le plus proche possible des français. En espérant un retour d’ascenseur de leur part dans les enquêtes d’opinion, où il espère remonter au plus vite.

L’autre raison que ne pouvait ignorer Nicolas Sarkozy en allant aux obsèques de Césaire, c’est le « précédent Senghor ». En 2001, à la mort du poète-président sénégalais, grand ami de la France, député, ministre et académicien de cette République, ni Jacques Chirac, président de la République, ni Lionel Jospin, premier minstre, ne s’était déplacé à Dakar pour rendre un hommage digne de ce nom à l’illustre disparu. Une réaction qui en avait outré plus d’une personne en Afrique et certains dans la classe intellectuelle française.

On se souvient à cette occasion de la tribune de l’académicien Erik Orsenna dans Le Monde. Il y disait tout le mal qu’il pensait des dirigeants de son pays, et sa honte d’être français. Sans doute, si Nicolas Sarkozy n’avait pas été porté Césaire en terre, d’autres comme Orsenna auraient réagi de la même manière que lui à propos de senghor.

 

Voici l’intégralité de la tribune d’Erik Orsenna après l’absence de Jacques Chirac et Lionel Jospin aux obsèques de Léopold Sédar senghor.

Le Monde,04.jan.02 – 13h06 – analyse – On se le disait, le répétait, sans oser y croire. Les masques sont tombés. L’affaire est entendue. La France, désormais, se moque de l’Afrique. De ses fidélités passées, de ses douleurs présentes, de l’avenir de sa jeunesse. Chacun chez soi. Le Nord avec le Nord. Les gueux du Sud entre eux. Merci la Méditerranée. La mer nous protège des appels des plus pauvres.

Un grand d’Afrique vient de mourir, son dernier  » Vieux ». Un grammairien, c’est-à-dire un gourmand de règles sous le désordre du monde. Un poète, c’est-à-dire un chasseur d’échos secrets. Un démocrate, c’est-à-dire un respectueux de la dignité humaine. Un ministre du général de Gaulle en même temps qu’un militant indomptable de son pays. Un ami indéfectible de la France en ce qu’elle a d’universel : sa langue, celle de la liberté.

Quatre-vingt-quinze années d’une telle existence, ça se salue.

On se déplace, et l’on ôte son chapeau quand on porte en terre celui qui a si hautement vécu.

Eh bien non !

Nos autorités en ont décidé autrement. Qui avait ses vœux à préparer. Qui ses vacances à ne pas interrompre. On a envoyé à Dakar un Raymond, de Belfort, et un Charles, des Côtes-d’Armor. Leur valeur ni leur personne ne sont en cause, mais leur statut. Pas de président de la République française. Ni de premier ministre. La terre sur Léopold Sédar Senghor s’est refermée sans eux.

Alors j’ai honte. Honte pour eux et pour nous, Français qu’ils représentent. Honte de leur oubli et de leur petitesse. Petitesse de vision. Croient-ils une seconde vivre en paix, de plus en plus riches, dans la citadelle Euroland.

A Matignon, depuis cinq ans, décide un socialiste. Jamais, depuis des décennies, notre aide publique au développement n’a tant baissé. Malgré une manne budgétaire jamais aussi grasse.

Alors j’avoue ne plus rien comprendre. Pour moi, le socialisme – auquel j’ai adhéré dès le cœur de l’adolescence – était d’abord la défense des plus faibles. Donc du tiers-monde.

Bonne chance, messieurs, pour les élections à venir. Les masques sont tombés. La France pour vous n’est plus qu’une mutuelle. Faut-il déplacer un peuple entier pour choisir le dirigeant d’une société d’assurances ? Un voyage à Dakar vous aurait appris, notamment, l’étymologie. Que Senghor vient du portugais senhor. Un monsieur, un seigneur. Comme celui qui vient de s’en aller.

Je comprends que vous ayez craint son ombre.

CESAIRE ENTRERA T-IL AU PANTHEON ?

Dimanche 20 avril 2008

   

 

Césaire doit-il entrer au Panthéon de Paris (le monument où reposent les Grands hommes de la nation)? C’est la grande question qui est venue « animée » un peu la disparition d’Aimé Césaire, au point même de devenir un sujet politique opposant Droite et Gauche. Ségolène Royal, ex-candidate du PS à la présidentielle de 2007 l’a demandé dès l’annonce du décès du poète. A sa suite, d’autres personnalités de son camp ont suivi. Même Christine Albanel, ministre de
la Culture est allée dans le même sens. En face, les grands leaders de
la Droite ont fait la sourde oreille. Officiellement, personne n’a refusé catégoriquement cette hypothèse. Mais, de manière astucieuse, les dirigeants de l’Ump au pouvoir et d’autres opposants à cette idée ont préféré évoquer l’attachement viscéral que Césaire avait pour les Antilles. Et donc, selon eux,
la Martinique doit être son panthéon ». 

Il faut rappeler que, l’entrée au Panthéon relève en France d’une décision du Chef de l’Etat, en parfaite entente avec la famille du défunt. Cette dernière étant opposée à cette idée, il est donc peu probable que Césaire y repose. A moins que la 3e voie défendue par le Conseil représentatif des associations noires de France ne l’emporte au final ; c’est-à-dire qu’une stèle portant le nom de Césaire soit apposée dans ce Panthéon. Au fronton du Panthéon, il est marqué « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ». Césaire y aurait toute sa place, car c’était un grand homme. 

 

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