Archive de la catégorie ‘Billet d’humeur’

Chroniques: mots et expressions de tous les jours (1)

Jeudi 2 septembre 2010

Comme un retour. J’avais un peu délaissé cette page ces derniers temps, tiraillé par mille (pré)occupations. J’avais même songé mettre fin à cette petite aventure d’écriture et fermer ce blog. Mais le plaisir de partager quelques réflexions, même de manière épisodique, a été plus fort que tout. Et , je reviens donc…

 

Dans les 5 prochains textes, je vais publier quelques chroniques que j’ai intitulé mots et expressions de tous les jours. De quoi s’agit-il? De mots, expressions, phrases, entendus çà et là, tous les jours. Des mots et expressions récurrents que vous aussi, vous avez déjà « croisés », sans doute.

 

D’abord je m’explique sur l’initiative. Je ne cherche pas à faire le maître d’école, je ne suis pas non plus un censeur des mots et expressions comme Caton l’Ancien était, dans la Rome antique, celui des moeurs. Je recherche juste le plaisir de partager quelques bons mots. Bénéficiant d’une double formation de Lettres et de presse, j’ai toujours souhaité combiner les deux influences dans une seule et même activité. Et comme mon emploi actuel ne m’en donne pas trop l’occasion, cette page est l’espace idéal où « expérimenter » cette initiative. En clair, il s’agira de commenter, analyser ou corriger des mots et des expressions employés tous les jours dans un sens pas tout à fait exact et que, toi, moi ou d’autres ont envie de voir disparaître.

Cas 1: « Assis-toi »

C’est une expression de plus en plus à la mode.  Qui ne l’a pas encore entendue dans la bouche d’une maman, d’un papa ou d’un aîné demandant, sur le ton de l’ordre, à un enfant un peu turbulent de se calmer et de poser son « derrière dans sa poussette ou sur une chaise »? Dans les transports en commun, au parc de loisir, dans les maisons… »assis-toi » est partout. Elle est utilisée avec une facilité et une assurance certaines (même parfois chez des gens au langage plutôt correct), et pourtant, elle est fausse. En effet, l’expression juste ou plutôt les expressions justes (puisqu’il en existe deux dans ce cas) seraient plutôt « assois-toi » ou « assieds-toi ». Parce que le verbe Asseoir ou s’Asseoir se conjugue ainsi à l’impératif (qui est le mode de l’ordre, en vigueur dans les situations décrites plus haut) même si la forme de conjugaison en « ie » et « ye » (c’est-à dire dans sa formule « assieds », « asseyons ») tend à disparaître.

Pourquoi ceux qui l’utilisent le font donc? « Il sonne bien »,  m’a répondu une connaissance, familière de l’expression. D’autres habitués de cette expression ont sans doute d’autres explications; je ne suis pas aller les recueillir toutes; mais je peux me risquer à ces interprétations: Il y’aurait sans doute une facilité à opérer ce choix parce que beaucoup de personnes le disent sans être corrigées; les formules correctes ayant un air un  peu rébarbatif et donc très peu employées, on opte donc pour la facilité.

D’autre part, il doit aussi y avoir une confusion dans l’esprit de ceux qui l’emploie; en effet ils pensent que la construction morpho-syntaxique de l’ordre pour le cas de ce verbe, se fait à partir de l’adjectif « Assis », (antonyme de « Debout » dans l’expression courante « debout – assis ») auquel il suffit juste de rajouter le pronom « toi ». Certes la tentation est grande de faire ce choix, mais à réfléchir un peu, on constaterait aussi que, « assis », c’est le verbe asseoir au passé (simple, composé…); or pour beaucoup de verbe de ce type (3e groupe en oir) l’impératif se construit sur la base du verbe conjugué au présent de l’indicatif auquel on adjoint le pronom personnel (toi, nous, vous)  équivalent. Ainsi par exemple, pour Voir ou se Voir, on aura « Vois-toi » et non « Vu-toi », ou encore pour Recevoir, « Reçois-toi » au lieu de « Reçu-toi »; et bien d’autres cas encore. Donc, dire « assis-toi », c’est non seulement faux, mais si on change « assis par un autre verbe de la même catégorie, c’est très mal sonnant; essayez de répéter « Vu-toi »…

La dernière explication que j’ai imaginée pour cette fameuse expression « assis-toi », c’est que, peut-être dans l’esprit des gens, il s’agit du verbe « assire »? Comme il existe aussi le verbe « croiver » dans  une autre expression fort récurrente du moment « …ils croivent que… »? Ce sera l’objet de deuxième post.

Des mots pour dire Bonne fête maman

Dimanche 7 juin 2009

C’est la fête des mères aujourd’hui. Partout, les gens rivalisent d’ingéniosité pour trouver les bons mots à adresser à leur mère. Quand ils ne le trouvent pas mots, ce sont les objets -je ne veux pas dire « cadeaux »- qui remplacent les bons mots. A tort, assurément. Car, encore une fois, cette initiative magnifique qu’est la fête des mères, beaucoup en conviendront, est complètement noyée dans une surenchère matérielle, de sentiments extérieurs, de faux semblants; de paraître… 

Et pourtant, les mots pour dire « Bonne Fête Maman « existent. Ils sont personnels, ils doivent venir du fond du cœur. Et, avec de l’amour, chacun doit pouvoir trouver ces mots qui sont plus justes que les bouquets de fleurs, plus tendres des les colliers, plus réconfortants que tout autre cadeau. Et s’il y en avait qui n’arrivait pas à entendre ses mots internes, ou à les mettre en verbes, alors il pourrait toujours faire recours à la littérature. 

En effet, de nombreux écrivains ont mis au cœur de leurs ouvrages l’image de la mère; ils ont célébré la « mère créatrice », « la mère nourricière », « la mère attendrissante », « la mère protectrice » et bien d’autres expressions tant à propos. Pour ma part, j’ai retrouvé un grand classique du genre. L’Enfant noir de Camara Laye. Je cite ici l’entièreté de l’introduction de ce roman paru en 1953. 

A MA MERE 

Femme noire, femme africaine, ô toi ma mère, je pense à toi… 

O Dâman, ô ma mère, toi qui me portas sur le dos, toi qui m’allaitas, toi qui gouvernas mes premiers pas, toi qui la première m’ouvris les yeux aux prodiges de la terre, je pense à toi… 

Femme des champs, femme des rivières, femme du grand fleuve, ô toi ma mère, je pense à toi… 

O toi Dâman, ô ma mère, toi qui essuyais mes larmes, toi qui me réjouissais le cœur, toi qui patiemment supportais mes caprices, comme j’aimerais encore être près de toi, être enfant près de toi! 

Femme simple, femme de la résignation, ô toi, ma mère, je pense à toi… 

O Dâman, Dâman de la grande famille des forgerons, ma pensée toujours se tourne vers toi, la tienne à chaque pas m’accompagne, ô Dâman, ma mère, comme j’aimerais encore être dans ta chaleur, être enfant près de toi… 

Femme noire, femme africaine, ô toi, ma mère, merci; merci pour tout ce que tu fis pour moi, ton fils, si loin, si près! 

  

Ses mots se passent de commentaires. Ils sont beaux, justes. Un tel hommage, qui ne Ne serait pas fier de le dire à sa mère? Camara Laye avait su les dires en son temps. Et pour ne pas les garder pour lui, il nous les a laissé en « cadeau ». C’est ce genre de cadeau qu’on devrait offrir à nos mères en ce jour si symbolique, mais aussi si important. 

  

PS. Je fais une invitation à lire l’Enfant noir. 

 

 

Drole d’ambiance au Vélodrome

Mercredi 4 mars 2009

Cet article aurait du paraître le 11 février dernier; mais il a été mal enregistré; je le publie quand même, avec quelques semaines de retard.  

D’abord un rappel; j’avais promis de ne plus parler de foot dans ces pages et de ne m’occuper que de sujets culturel, politique et économiques. Mais aujourd’hui, je me permets une petite entorse à cette règle. Et ce, pour parler du match de foot France contre Argentine qui se déroulait ce soir à Marseille.  

Sauf si vous aviez fait un tour dans un bled paumé sans Internet ou transistor ou même le petit canard local, vous avez du vous être informé que ces deux sélections s’affronteraient ce soir. La pub qui a été faite autour de cet « évènement » était tout simplement monstrueuse. Que n’a t’on entendu? Et, dans la plupart du temps, c’était pour nous parler de l’équipe…d’Argentine, et plus particulièrement de son sélectionneur, un certain Diégo Maradona.  

Je ne referais pas ici le condensé des commentaires laudateurs qu’on a entendus sur lui. Un « génie du foot », un « dieu vivant », une « légende » et tatati et tatata. Un « camé »? Un « tricheur »? Un mec à la vie dissolue? Personne pour le dire. Bref, fallait bien vendre cette « affiche de rêve », cette « confrontation inédite » et que sais-je encore.  

Il ya dans l’univers médiatique, et notamment dans ce qui tourne autour du sport (le foot en particulier), une espèce de frénésie des passionnés (les journalistes) à vouloir convaincre ceux qui ne le sont pas ou peu. Il y a souvent une surmédiatisation de certains éléments dont, à chaud ou avec le recul, on a peine à en voir l’importance. Quelle importance que Maradona soit le sélectionneur de l’Argentine (alors même qu’elle patauge en Eliminatoires de
la Coupe du monde en Amérique du sud)? Quelle valeur ajoutée qu’il vienne au Vélodrome à Marseille? Surtout, en tant de crise…  

Ce soir au Vélodrome donc, il y avait le trio habituel de « griots » de Tf1 qui commentait le match. Une impression bizarre m’animait en l’écoutant. Leurs meilleures réactions étaient toutes pour évoquer Maradona et son « successeur », comme ils disent, Lionel Messi. Le summum de ce cirque s’est manifesté quand le « successeur » a marqué le 2e but de son équipe. La joie qui animait le « trio hurlant » était invraisemblable; on aurait dit que c’est
la France qui avait marqué. Surtout, on aurait dit qu’ils attendaient ce but, pour mieux valider leurs petits commentaires d’avant et de pendant le match, sur ce joueur.  

C’est donc cette ambiance étrange, qui s’est déroulée au Vélodrome, qui a été proposée à des millions de téléspectateurs ce soir.  

  

 

 

« Le Couple a t-il un avenir? »

Mercredi 4 mars 2009

Voilà un titre coup de poing qui va en désabuser un grand nombre de personnes. D’abord un rappel, ce titre-interrogation n’est pas de moi, raison pour laquelle je l’ai mis entre guillemets. Il est de Serge Héfez pour un article paru dans le quotidien Libération de ce jour (2-3-2009). Je vous invite à aller le lire à cette adresse (http://familles.blogs.liberation.fr/hefez/2009/03/le-couple-a-t-i.html

Au hasard d’une lecture sur Internet, je suis donc tombé sur cet article que j’ai d’abord parcouru rapidement. Puis, je l’ai relu pour en comprendre tout le sens; ou plutôt, y retrouver des idées, une logique qui me parle et font écho à un certain nombre de réflexions que je mène en ce moment. 

La notion de couple est en effet au centre de bien de discussions que j’ai avec certains de mes interlocuteurs. Et ce, aussi bien pour des raisons intellectuelles que d’ordre privée. Je ne déclinerai pas ici tout ce qui se dit entre ses interlocuteurs et moi car ce serait sans intérêt. Néanmoins, une des idées force est quand même de se demander qu’est-ce que le couple? À quoi çà sert? L’avenir (et accessoirement le bonheur) de deux personnes qui se fréquentent, s’estiment, s’aiment même, passe t-il nécessairement par le couple? Et si c’est le cas, le couple a t-il un avenir? 

Il y a dans le texte de Serge Héfez un passage que je médite et qui résonne dans ma tête comme ci c’est moi qui avait dit ces mots: « La vitalité du couple se mesure à la souplesse du passage d’une position à une autre, à pouvoir sortir de l’affrontement pour accepter une négociation (…) Cette danse conjugale entre symétrie et complémentarité fait en permanence surgir cet angoissant questionnement : peut-on tisser des liens tout en préservant notre identité, peut-on se sentir relié sans voir surgir le spectre de la dépendance ? » 

Il y a dans ce passage quelque chose de personnel, mais sans doute aussi de commun à beaucoup de personnes; C’est l’attrait paradoxal et contradictoire que suscite le couple, pour des jeunes d’aujourd’hui, dans une espèce de « rapprochement et distance » à la fois. On veut être assez près l’un de l’autre pour valider l’étape « couple » dans notre vie, en même temps au se demande pourquoi, surtout si c’est juste pour faire comme tout le monde. On  se demande aussi s’il est possible de cultiver à fond son rêve d’autonomie, d’indépendance, bref de liberté, et épouser les contraintes du Couple. 

Ce sont là toutes choses qui taraudent, travaillent et pourrissent même l’esprit. Mais elles restent passionnantes car créent de « l’action » dans nos vies (la mienne, celle de beaucoup de copains aussi). Avec l’idée constante de ne pas se laisser embrigader dans une position doctrinaire, ni ancienne, ni nouvelle; simplement de faire les choses comme on les appréhende, comme on les accepte. Ainsi, il me semble qu’à ce jour, la notion de couple, telle qu’elle est abordée dans ce texte par Héfez me convient parfaitement; en ce sens que le couple n’a d’avenir que si les gens (moi, d’autres) intègrent parfaitement la distinction entre lien (mariage, concubinage, parentalité) et amour, entre fusion ou rapprochement et distance et liberté. Mais, tout cela est-il possible? 

 

 

Meilleurs Voeux 2009

Jeudi 1 janvier 2009

Ca y est. L’année 2008 est derrière nous. Et 2009 est déjà là. Pour 365 jours, elle nous tiendra compagnie, dans la galère comme dans la joie, pour le « meilleur » comme le « pire ». C’est  donc le moment de présenter les bons vœux; les meilleurs souhaits à tous et à toutes. 

Que dire d’autres qu’on ne vous ait déjà dits? Je suppose que tout le monde a du recevoir les vœux de Santé, de Bonheur, de Succès, de Richesse (eh oui!) et tout le reste. 

Permettez que j’y rajoute les souhaits de Paix (intérieure et extérieure) d’Amour, et que chacun et chacune soit, en cette année, plus solidaire, plus social, plus fraternel, plus généreux… 

En plus des vœux de vos proches, vous avez aussi reçu ceux de gens qui nous dirigent. Les politiques, du sommet de l’Etat au Maire de votre ville vous ont gratifié de leurs bons souhaits et de leurs bonnes promesses pour l’Année 2009. 

Mais, au delà de tout, les meilleurs vœux de « bonne année » sont ceux qu’on se formule pour soi-même. Car, qui de mieux que nous-mêmes pour savoir ce qu’on veut, ce qu’on espère, ce qu’on souhaite? Il nous appartient donc de prendre un moment de ce début d’année pour, en prière ou de quelque autre manière, s’adresser à soi-même les Meilleurs vœux possibles pour cette Année 2009. 

BONNE ANNEE A TOUS. 

 

 

Noël: De la magie à la folie

Mercredi 17 décembre 2008

« La magie de Noël ». C’est l’une des expressions cultes consacrées à Noël. On l’entend beaucoup chez les nombreuses personnes qui désignent ainsi la frénésie festive qui entoure la période de Noël en particulier et des fêtes de fin d’année en général. 

Autrefois concept spirituel développé par les Religions (notamment catho) pour sublimer la naissance du Christ et sa venue parmi les hommes. « La Magie de Noël » c’était pour célébrer l’avènement de  »l’enfant Jésus » et tenter d’expliquer par cette expression, le mystère de sa naissance et ses différents symboles. En clair, c’était donc une expression, mieux un concept pour croyants, et particulièrement pour les enfants chrétiens. Seulement, comme la fête de Noël elle-même, cette expression a été détournée à d’autres fins, notamment commerciales et/ou mondaines. Et, dès lors, permet de justifier ou d’expliquer toutes les initiatives, même les plus farfelues, que les gens organisent à partir du mois de décembre. C’est le cas avec les décorations de Noël; celles qui se font à l’intérieur des maisons, mais aussi et surtout celles installées à l’extérieur.  

Dans ma petite ville d’Ozoir-la-Ferrière (département de Seine-et-Marne) par exemple, comme du reste dans beaucoup d’autres villes françaises, ce phénomène est particulièrement visible. D’abord en rappel, Ozoir est une ville presque de campagne située à une trentaine de km de Paris. 70% des habitations sont des maisons (pavillons ou résidences); il n y a pas de barres hlm gigantesques, et le logement social est en nombre très réduit, et, les rares qui existent sont vraiment confiné à la périphérie de la ville, près de la gare. Son architecture en maison donc, rend propice le phénomène de décorations de Noël à l’extérieur de la maison dont je parlais plus haut. 

Ainsi, de nombreux ozoiriens (les habitants d’Ozoir) ont donc décidé de décorer leurs maisons pendant ces fêtes de fin d’année. Question de vivre et perpétuer, à leur manière, cette « Magie de Noël ». Ces décos sont, pour certains, toutes simples, pour d’autres, très extravagantes. Dans les quartiers à fort logements sociaux comme la « cité » Anne Franck, ou en face de

la Gare SNCF, on remarque qu’il n y a pas ou alors très peu de décorations à l’extérieur des habitations (appartements pour la plupart). A peine entrevoit-on, sur un immeuble, quelques dessins ou alors des jeux lumineux installés discrètement sur les fenêtres. 

En revanche, dans les quartiers plus « pavillonnés » comme Armainvilliers, Clos-de-la-vigne, Archevêché ou encore
la Brèche aux loups, le décor est complètement différents. Et les décorations, plus (on va dire) ostentatoires aussi.  A commencer par
la Mairie elle-même, qui a tapissé le mur de son enceinte principale de petites lumières multiples. çà fait beau, certes. Mais çà sert à quoi? De même, notre mairie, comme toutes les mairies de France désormais a embelli les poteaux électriques de la ville d’autres jets lumineux bien chics mais dont on peut tout autant se demander l’utilité. 

Quand à certains locataires/propriétaires des maisons des quartiers que je citais plus haut, on en trouve qui ont juste installé un « Père Noël » à la fenêtre avec quelques boules sur la porte principale. D’autres quant à eux, par désir de nouveauté ou d’excentricité, ont, en plus des boules sur la porte, ont tapissé le mur de guirlandes, de même qu’ils en ont mis aussi dans la haie constituant la barrière, sans oublier un ou deux autres « Père Noël » installés soit sur une fenêtre, soit sur le toit. Et, summum de cette déco, les boîtes  »cadeaux » installées entre la petite barrière et l’entrée principale de la maison. 

Que révèle tout cela? Que signifie cette tendance voire cette propension à étaler ainsi ces décorations de Noël en dehors de chez soi? Quelques réponses. Je pense qu’elle illustre la conception exclusivement festive et même banale de Noël que beaucoup de citoyens ont désormais; conception fortement et essentiellement matérielle qui fait donc des éléments extérieurs, le seul ressort de la fête de la nativité. Agréger les signes extérieurs, les éléments du paraître, les produits de consommation, symbolisée ici par une décoration abondante et dispendieuse, voilà comment ils ont choisi de vivre et célébrer la « Magie de Noël ». 

Pourtant, est-ce si difficile, qu’à défaut d’être discret à l’extérieur, que les ozoiriens et d’autres encore ne remplissent de cadeaux et de décos que les intérieurs de leurs maisons? Est-ce impossible d’observer qu’en temps de crise, pareils signes devraient être, du moins discrets, du moins adaptés au contexte (par exemple exposés des « Père noël » moins ventripotents… non je rigole)? Songent-ils, la mairie en tête, à la facture énergétique de ces décorations, à l’heure où on ne parle que de précautions écologiques? Est-il impossible de restaurer Noël dans sa vocation de fête des enfants, de la solidarité, de l’humilité et du partage? Enfin est-il possible de redonner à Noël son caractère de « Magie » plutôt que de « Folie »? 

   

 

 

Les fous d’Obama

Jeudi 13 novembre 2008

La victoire d’Obama à la présidentielle américaine est entrain de bouleversé le monde. Si certains la prennent, ni plus ni moins, comme l’évènement politique majeur de ce début de 21e siècle (on peut en discuter), d’autres ont choisi de voir dans cette élection une manifestation divine. Rien que çà. Et, dans ce dernier registre, les effets de cette approche sont plutôt atypiques. Comme cette histoire que j’ai vécue il y a trois jours. 

Mardi, jour férié, en fin d’après midi, je suis dans un train qui m’amène de ma banlieue à Paris. Dans mon wagon, il y a peu de personnes. A un arrêt intermédiaire, un jeune homme noir monte dans le train et nous rejoint dans notre voiture. Malgré les nombreuses places assises non occupées, il reste debout, l’air soucieux. La trentaine bien portant, il a un sac en bandoulière rempli, sans doute, de livres, à en croire sa forme. Il préfère rester debout malgré les nombreuses chaises vides. Après le buzzer de fermeture de portes et le départ du train, il s’avance au milieu du wagon et attaque: « excusez-moi mesdames messieurs de vous dérangez pendant votre trajet ». A l’écoute de cette première phrase, je me dis qu’il s’agit d’un de ces mendiants qui investissent souvent les trains pour faire l’aumône. Que non. 

L’homme en question est un « born again » tendance Obama. J’en connaissais des allumés en tout genre, mais de Après sa phrase initiale de politesse, l’homme poursuit avec un accent chantant : « Un ami m’a dit que nous avons remporté la victoire. Barack Obama a gagné. Obama notre président, Obama notre sauveur ». A ce moment, j’ai commencé à cerner l’histoire. Car, sans s’interrompre, il a « prêché » ainsi pendant 3 minutes sa bonne parole, mettant au centre de son discours Jésus et Obama, qui doivent certainement voisiner dans sa tête. Comme dans la tête de nombreuses personnes qui, ces derniers jours, portent au pinacle le futur occupant de
la Maison Blanche, en lui tressant des lauriers que seul un être surnaturel ou transcendantal peut avoir. 

Plus « soft », mais tout aussi baroque est l’initiative de certains africains qui ont décidé le week-end dernier d’organiser çà et là en région parisienne, pour « fêter la victoire de Barack Obama », des soirées festives, des séances de prières, et même des rencontres sportives. Bref, des actions d’encouragement et de soutien qui frise bien l’idolâtrie. Or, habituellement, un individu est adulé pour ses œuvres, ses réalisations, son parcours de gestion et/ou de direction. M. Obama est sans doute l’un des rares personnages à être une Légende avant même d’avoir vécu. Bien lui en prenne. Il faut juste espérer que, dans mois ou années à venir,
la Légende, le mythe, ou encore le « sauveur » même, comme le pensait le jeune homme du train, ne déçoive pas ses adorateurs. Et que le héros ne soit pas, par l’absence de résultat à la mission à laquelle il a été élu, un imposteur.  

 

 

Chroniques : La fin

Mercredi 22 octobre 2008

Voici venu la fin du récit de mes carnets de voyage. Ils ont pris autant de temps que le séjour lui-même (3 semaines). J’en suis fort désolé. J’aurai aimé être un peu plus rapide et prompt dans cette narration, mais comme je vous l’ai indiqué dans le précédent, d’autres projets m’accaparaient aux moments à consacrer à ce Blog. Nonobstant cela, je parviens quand même à la fin de l’objectif que je m’étais fixé, celui de donner le plus grand nombre d’information sur ce séjour. Certes, il y a d’autres sujets, d’autres aspects aussi que j’aurai aimé abordés. Mais comme on dit trivialement, « on ne peut pas parler de tout » dans ce genre de situation. Je reste néanmoins disposé, si vous m’en faites la demande, à revenir sur un détail, ou à apporter une précision, ou même encore à aborder un sujet oublié dans un avenir proche. N’hésitez donc pas à formuler votre demande dès que possible. En outre, vos autres commentaires seront également pris avec beaucoup d’intérêt, et comme toujours, publiés au bas de l’article concerné. Merci. 

 

Chroniques…5

Jeudi 9 octobre 2008

DES HOMMES ET DES MOTOS 

John Steinbeck me pardonnera. Il avait écrit Des souris et des hommes (1937), magnifique roman sur les relations humaines. Je lui emprunte son titre, pas intégralement, mais dans sa structure et sa composition. 

Car, pour titrer cette autre Chronique, rien de plus intéressant que de jouer sur les mots et les positionnements comme c’est le cas avec « Des hommes et des motos ». Et si je l’ai fait, c’est aussi parce que, le Cameroun est devenu un pays de la moto-roi. Des motos partout. Dans les villes, les villages, les quartiers. Des motos par centaines, milliers. Des motos et des Hommes dessus. Des motos en mouvement; toujours. Elles se faufilent, vrombissent, se déploient tel des fourmis magnans ou de la mauvaise herbe dans un jardin. De fabrication chinoise, elles sont toutes siglées « Moto Nanfang ». Je n’ai pas cherché l’explication, mais on m’a dit que c’était des motos chinoises. 

Il y en a partout. Des motos pour tous. Accessible à tous. Dessus, pour les conduire, des jeunes hommes à peine matures et conscients. Derrière eux, des personnes de tous les sexes, tous les âges, toutes conditions sociales, toutes tenues vestimentaires (aussi bien les costards-cravates, que les jeans-jeans, ou les treillis). Les mototaximen se prennent au quotidien pour des as de la vitesse et du faufilage. Ils ne reculent devant aucune difficulté; ni les véhicules plus grands (surtout les camions qui sont souvent sans freins), ni l’état des routes. Pour eux, un seul objectif: transporter le plus grand nombre de « clients » dans la journée, pour avoir une recette considérable le soir. Pour cela, il faut aller vite, très vite même, au risque de se faire écraser avec son ou ses clients. Pour y parvenir aussi, tous les moyens de gruger sont bons: surtaxe du prix du trajet, arrêt du moteur sur les pentes pour économiser le carburant (les taxis-brousses aussi le font) et surtout, transport de deux « clients » sur l’engin. 

Si j’avais eu le choix, je n’aurai jamais emprunté ces motos pour un trajet lors de mon séjour. mais, parfois, en l’absence d’autres moyens, ou pour gagner un peu de temps, ou encore pour aller à une destination précise (loin de la route bitumée), je n’avais pas d’autres choix que de monter sur une moto. Non sans mal je l’avoue. Car, à chaque instant, je pensais y jouer ma vie (d’ailleurs il y a pas que sur les motos que ce sentiment d’insécurité sur la route règne quand on est au Cameroun; en voiture aussi, et même à pied, c’est pareil. Au quotidien, les nouvelles d’un accident de circulation impliquant une moto sont nombreuses. Pas une semaine ne se passe d’ailleurs sans que, à Douala ou à Yaoundé, ou même dans une autre petite bourgade du pays, un mototaximan ne finisse sous les roues d’une voiture, ou d’un camion. 

Et pourtant, malgré ces dangers, les camerounais dans leur ensemble plébiscitent désormais la moto comme moyen de transport en commun le plus sollicité. Loin devant les bus de
la Socatur et même des taxis. Ce n’est que normal d’ailleurs. Car, les vrais propriétaires de ces motos sont des entreprises chinoises qui ont décidé de lancer une offensive de charme sur l’économie locale. La moto n’est que l’un des « éclaireurs » de cette ambition. Au grand bénéfice et/ou risque des camerounais. 

 

 

Chroniques…4

Mercredi 8 octobre 2008

UN JOUR DANS MA VILLE 

Nkongsamba, ma ville. Une « ville morte » donc tel que je l’ai décrit dans
la Chronique précédente. J’y suis resté 70% du temps de mon séjour de vacances. Que faisais-je dans cette « ville morte »? Je me pose moi-même la question. Des amis me l’ont demandé également. En fait, je pense qu’un attachement indescriptible me lie à cette ville. Comme un amour passionnel. La passion d’un homme à sa terre nourricière, au lieu de ses 400 premiers coups, au territoire où une partie de son histoire s’est écrite. Bref, Nkongsamba et moi, c’est une histoire d’amour forte. 

Raison pour laquelle, durant ce séjour, je ne pouvais ne pas y rester le plus de temps possible. Ainsi, je me suis baladé dans les coins et recoins de la ville, à la rencontre de vieux amis, de proches ou d’autres personnes. J’ai été faire du sport avec des amis. Je suis allé au champ avec mes frères. Mais je suis aussi allé dans mes anciens établissements. Au foyer des jeunes aspirants de la Congrégation des prêtres du Sacré-Cœur, où j’ai revu un pote de promotion qui est aujourd’hui prêtre, curé du Sanctuaire. 

Je suis passé au Lycée du Manengouba, où j’ai obtenu le Bac. Mais c’est au Collège Jeanne d’Arc, établissement où je suis passé de 1994 à 1996 que j’ai passé plus de temps. Certains de mes amis du collège, avec qui nous sommes allés à la fac de Yaoundé, sont désormais enseignants là-bas. Ils disent faire de leur mieux pour dispenser le savoir aux jeunes élèves. Leur grande difficulté ce sont les salaires. « Trop maigres, pas réguliers ». Certains voudraient aussi pouvoir bénéficier des conditions de travail plus modernes, c’est à dire avoir un ordinateur dans chaque classe, avec une connexion Internet. Un doux rêve en somme, que ne peut s’offrir le collège, ni d’autres établissements de ce type d’ailleurs. 

Dans la ville, seul l’Ismam est équipé d’une grande salle multimédia, qui tient lieu de cybercafé également. C’est le lieu de rendez-vous de plusieurs profs et élèves des collèges environnants, mais aussi de tous ceux qui veulent avoir accès à Internet pour un quelconque service. Pour consulter mes mails, c’est donc au cyber de l’Ismam que je venais régulièrement. Le temps semble s’être arrêté à Nkongsamba. Ceux qui vivent dans la ville, n’ont pas ce sentiment. Car pour eux, les choses ont toujours été comme çà. Pour moi qui suis allé ailleurs, revenir voir la ville dans un tel état a été une épreuve difficile. Et ce n’est pas la seule épreuve pénible de mon séjour. La prolifération des mototaxis dans toutes les villes du pays en est une autre. J’en parlerai demain.   

 

 

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