Archive de la catégorie ‘Billet d’humeur’

Christine Ockrent, stop ou encore?

Lundi 26 novembre 2007

Christine Ockrent (CO), épouse Kouchner, est une grande dame du journalisme en France. Sa carrière, que je ne saurai présenter dans ces seules lignes, dure depuis longtemps. 40 ans au moins, si ce n’est plus. Elle a touché à tous les médias (télé, radio, presse écrite), elle a exercé depuis plus de 20 ans aussi les plus hautes fonctions dans différentes entreprises de presse écrite et/ou audiovisuelles. Outre ses activités professionnelles, elle a aussi donné des enseignements dans le domaine journalistique et a écrit de nombreux ouvrages en rapport avec le métier. C’est donc comme je le disais au début, une  »grande dame » du journalisme en France.

Si j’ai choisi de parler d’elle aujourd’hui, c’est parce que, après l’avoir regardé hier soir dans son émission Duel sur la 3, en dernière partie de soirée sur FR3, je me suis posé la question suivante: CO doit-elle continuer ou arrêter? Question simple et complexe à la fois, mais question devenue récurrente chez moi, chaque fois que je me cale sur son émission dominicale.

Contrairement à France Europe Express qu’elle présentait jusqu’aux dernières élections, émission d’une grande qualité, sa émission est d’une telle fadeur, d’une morosité que je me demande si ce n’est pas fait exprès pour pousser le peu de personne encore éveillé à cette heure si tardive d’aller au lit. Tout y est au ralenti; ses interventions, ses présentations, sont d’une lenteur et parfois même d’une vacuité qu’on se demande si on est bien sur une chaîne française. Selon les débats (ici les « duels ») elle annonce sa préférence dès le début de l’émission. Elle est assez souvent en accord avec les opinions de certains (et comme par hasard il se trouve que c’est régulièrement les membres du gouvernement ou des personnes aux idées proches de celui-ci » bref l’émission énerve, et toujours opposée aux opinions des autres (ceux qui sont critiques envers le gouvernement). Plus aucune neutralité, même pas de façade.

Le dernier conflit social avec les grèves des derniers jours en a encore donné une preuve cinglante. Lors de l’émission du 18 novembre, le représentant de Sud rail qu’elle avait convié sur le plateau a du faire face, à la fois à ses contradicteurs « officiels », mais aussi à Dame CO, qui ne manquait pas une occasion de lui dire, en substance, des phrases du genre  »vous êtes les plus durs contre la réforme admise par tous… » « vous êtes opposés à tout principe de modernité… » Des fois même, elle entrait dans un scénario fiction, nourri certainement par la rumeur, qu’elle faisait passer pour une réalité sue et connue de tous. Comme lorsque, parlant de Didier Le Peste, le Sg de la CGT Cheminots, elle s’empresse avec un grand sourire de préciser « adversaire de Bernard Thibault… »

 Il est certes très difficile, par les temps qui courent, de faire entendre une voix de neutralité sur les ondes en France aujourd’hui. Les journalistes (je parle des « grands » de ceux qui ont une grande émission de débat » ont de plus en plus de mal à prendre toutes leurs responsabilités pour mener des débats en toute équité et impartialité. La plupart du temps, volontairement ou non, ils se comportent comme partie prenante des débats qu’ils sont censés ARBITRER. Ils se « rangent » ainsi alors derrière les idées en vogue et plaident pour un principe de réalité. Par exemple, on entend presque tous les jours maintenant le sermon du, la France est à réformer parce qu’elle est en retard sur ses concurrents et qu’il faut que tout le monde accepte, même sans discussion les réformes. Sans discussion, pensent-ils.

Or précisément, il faut de la discussion. Il faut du dialogue, de la négociation et de la diversité de vues même sur des sujets dits consensuels ou sur ceux qui ne le sont pas. Et ce sont des journalistes comme CO qui sont censés organiser et permettre que ces discussions aient lieu. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Duel sur la 3 ne favorise pas une telle démarche. Le concept en sans doute bon; mais, assurément, la présentatrice n’est pas à la hauteur. Car, comme nous l’avons dit sa lenteur et sa quasi-partialité rendent cette émission énervante. Alors il serait peut-être temps que CO passe la main de la présentation. Certainement, qu’avec son expérience et son savoir-faire, elle assurerait bien la rédaction en chef de l’émission, ou alors toute autre mission de responsabilité, en coulisses, qui nous épargnerait du spectacle pas très gai qu’elle nous propose les dimanches soirs.

Si Madame Ockrent venait à suivre notre conseil, ce ne serait pour elle pas un renoncement, ni un échec. Sa carrière est jalonnée de tellement de succès et de moments glorieux. Elle est l’inspiratrice, je dirai même la référence de centaines de jeunes qui se sont engagés dans la profession en la voyant, la lisant ou l’écoutant. Il serait dommage que, de la lumière qu’elle était pour ces jeunes, et pour les millions de téléspectateurs, elle devienne aujourd’hui et demain une ombre, un anti-modèle.

Bon anniversaire Papa

Dimanche 11 novembre 2007

55 ans biens sonnés. Ca fait un bel âge. Un âge du respect, de l’expérience, du bilan aussi quelque part. Le bilan de la vie. Pas un bilan en terme d’évaluation finale; mais plutôt un point sur les années vécues, sur les années d’activités, tant professionnelle que familiale.

Mon père doit être à ce niveau. Mais tel que je le connais, il ne va pas s’arrêter pour s’évaluer. Il va continuer à vaquer à ses occupations. Pied au plancher, il l’est toujours. Parfois même, à la limite du surmenage. Mais, il a la chance de n’avoir jamais franchi la ligne de saturation; la ligne de rupture de fatigue. Car, sa force, moins que dans le physique, elle est d’abord dans le spirituel. En un mot, dans sa Foi.

Mon père ne vit pas, des fois; il prie. Il a tout dans la prière. Il croit tout possible par la Foi. La sienne est forgée sur du roc. Elle n’est pas qu’une attitude pieuse qui se manifeste dominicalement; elle est une façon de vivre au quotidien. Sa façon de vivre. Pas un sujet sur lequel il ne réfèrerait à la volonté de Dieu. Pas une affaire ou il ne demanderait pas à Dieu d’apporter l’intelligence et le soutien. Dieu est une panacée avec lui; assurément. Il n’y a de vie, d’espoir, de réussite, de santé, de bonheur qu’en Dieu. Il le croit. Il s’attelle (et se plaît aussi) à le dire. Presque chaque jour.

Dans son entourage, il force le respect. Ses convictions sont tellement chevillées au corps que, toute personne aux idées tordues se rendrait compte immédiatement à quel point il est dans sa « bulle ». Je parle de bulle, car il donne souvent le sentiment de vivre à part. Mais cette façon de vivre n’entame pas ou même ne bride pas sa joie de vivre. Elle ne lui enlève pas le goût d’une bonne blague, ou d’un bon moment de compassion. Moins encore, elle ne lui fait pas être déconnecté des réalités, que ce soit au boulot, ou à la maison, ou au quartier, ou ailleurs où il peut aller. Sa foi lui donne plutôt la force, la motivation permanente pour être le même partout.

Nous sommes cinq (5) ses enfants. Enfin 6 avec sa fille qu’il a eue avant de se marier à ma mère. A chacun de nous tous, il accorde la même importance, la même chaleur, le même amour. Il le fait tellement bien que des fois, il se trompe de nom entre nous en m’appelant par exemple Alain (du nom de mon jeune frère), ou une de mes soeurs, par une autre. Pour lui, m’a t-il dit, les noms n’ont que peu d’importance. Son plaisir c’est de nous avoir et de pouvoir nous témoigner tout son amour, de la même manière, avec la même force. Il dit trouver cette justesse, je dirai même cette justice de traitement dans la Foi.

Et s’il est juste envers nous, il l’est aussi avec ma mère, son épouse depuis 31 ans. Leur histoire serait longue à narrer ici. J’y reviendrai un jour. Mon père aussi équitable avec ses deux soeurs et son frère, tous beaucoup plus âgés que lui. Il est leur cadet, leur « fils » même. Tant les relations entre lui et ses aînés sont du genre enfant et parents. Et ce n’est que normal, je dirai. Ils sont plus âgés que lui je le disais tantôt (de 10, 15, 19 ans respectivement). En outre, il a perdu son père avant d’être né (sa mère était enceinte) et sa mère quand il avait juste huit (8) mois. Ce sont ces aînés qui l’ont donc élevé. Dans l’amour et dans le respect. En compensant joyeusement les places laissées vides par ses parents.

Il a toujours vécu avec l’idée selon laquelle, sans leur présence, sans leur participation, il serait mort après le décès de sa mère. Ils lui ont donc sauvé la vie. Et aujourd’hui, il ne manque pas une occasion de les remercier pour cela. Il va leur rendre visite assez souvent. Ils s’occupent d’eux, à sa manière et avec la même fierté et joie. Cela ne plaît pas toujours à d’autres, mais lui n’en a cure. C’est un devoir, un honneur même me dit-il. Avec ses cousins et cousines, de même que d’autres membres éloignés de la famille il a le même rapport et force le respect. Ses collègues de disent pas autre chose et lui tressent assez souvent des lauriers.

Ils ne sont pas les seuls, car moi aussi, il me fascine cet homme. Par sa simplicité, par sa profondeur aussi. Honnêtement, je me suis toujours rêvé en lui. J’ai toujours nourri le rêve d’être comme lui, avec ses qualités, sa Foi surtout. Je n’en suis pas c’est vrai. Mais j’essaie. J’essaie surtout aujourd’hui de lui rendre hommage, pour ce qu’il est, pour ce qu’il continuera d’être.

Car, je pense et je souhaite qu’il soit plus tard (beaucoup plus tard même) comme il était hier, ou comme il est aujourd’hui à 55 ans. Joyeux anniversaire Papa

Aubin, ton fils

Il y a Cinq ans, de Douala à Paris

Vendredi 9 novembre 2007

Il y a cinq (5) ans, je débarquais dans ce pays qu’est la France. 5 ans jour pour jour. Une demi-dizaine d’années. Ce jour-là, je faisais un saut dans l’inconnu. Dans le grand inconnu même je dirais. En effet, parti de ma Fac de Yaoundé I, après une licence de Lettres Modernes, je devais rejoindre celle de Marne-la-vallée pour y poursuivre mon cursus de formation en Lettres. Mais, Marne-la-vallée, dont je croyais naïvement que c’était une ville, n’était pas près de Yaoundé, ou encore de Nkongsamba chez moi (chez mes parents en fait), ou même encore de Douala où je devais embarquer. Marne-la-vallée (Malava pour les initiés) étaient loin. Très loin même. A plus de 6000 bornes de chez moi. Mais je devais y aller. Je devais rallier ce lieu où j’avais choisi et où j’avais eu l’autorisation de poursuivre mes études.

Mais Malava, c’était avant tout Paris. Et donc, dans mon esprit, aller à la fac de Malava, c’était aussi un peu aller à Paris. Or, dans mon imaginaire, comme du reste dans celui de beaucoup de jeunes africains, Paris c’est un peu tout à la fois. C’est une ville mythique, joyeuse, mais aussi lointaine (voire inaccessible), repoussante… Je n’avais pas d’appréhension particulière. Pas d’émotions superflues. Sauf quelques craintes. Crainte de la déstructuration et du déracinement: pas de famille, pas de proches, presque pas d’amis. Crainte aussi du temps: les infos glanées sur Internet et auprès de quelques personnes me disaient qu’il fait froid à ce moment de l’année (début novembre); pas trop bien sûr, mais suffisamment pour quelqu’un comme moi qui vient de la fournaise de Douala. D’autres craintes existaient, mais très passagères, et, elles étaient surtout entretenues par ma mère et mes autres parents que je devais laisser. Il faut dire que pour eux, c’était un gros déchirement. Moi, l’aîné, je m’en allais; si loin, si vite aussi. La semaine de mon départ, un malheur nous avait frappé. Ma grand-mère maternelle, avec qui nous vivions depuis 18 ans était décédée. Le mercredi 6 novembre 2002 très exactement. Pour moi c’était pénible de partir dans cette configuration. Ma grand-mère était très proche de nous. Du fait qu’elle habitait avec nous depuis tout petit, elle était devenue, non plus comme une personne âgée avec qui on entretient une distance liée à son âge ou à son lieu d’habitation, une personne proche, une soeur, une complice. Et elle s’était efforcée tout au long des années qu’elle avait passé avec nous de prendre ces nouveaux statuts: elle avait appris le français pour mieux communiquer avec nous ses petits-enfants (le patois de nos parents nous était difficile voire impossible pour mes plus jeunes frères et soeurs); elle s’était aussi baptisé et communié pour partager notre engagement chrétien. Et, à ce titre, c’est avec elle que nous allions à la messe le dimanche. Parfois même, quand nous traînions la patte, c’est elle qui nous incitait à nous dépêcher. Elle partageait beaucoup d’autres choses avec nous. Les confidences de son enfance, les anecdotes sur notre mère, qui était sa dernière fille, les histoires de…grand-mère aussi. Elle nous était trop précieuse. 

Sa disparition donc ne pouvait être qu’un gros coup de chagrin. Surtout pour moi; car elle m’avait fait venir de Yaoundé où je vivais, et d’où je m’apprêtais à m’envoler pour Paris, pour rester un moment à ses côtés. Elle avait certainement senti qu’elle partirait bientôt. Elle avait donc demandé que je vienne. J’étais arrivé 5 jours avant son décès. Comme d’habitude, elle m’avait entretenu de l’avenir. Pas trop du passé, elle n’aimait pas beaucoup çà. Elle m’avait parlé de moi, de mon grand-cousin (son premier petit-fils) de mon rôle en tant qu’ainé; elle avait aussi évoqué mes futurs enfants en me disant d’être proches d’eux et de leur apprendre sa mémoire. Pendant les trois premiers jours de mon séjour à ses côtés, elle m’avait parlé chaque instant; quasiment toute la journée. Mes plus jeunes frères et soeurs allaient à l’école, mes parents au travail. J’étais donc seul à rester à la maison avec elle. Ces moments à deux étaient donc propices à nos conversations. Lesquelles lui faisaient du bien; puisqu’elle s’en donnait à coeur joie. Progressivement, sa maladie (une asthme chronique et compliqué) s’était stabilisé. Mais, juste un jour. Et puis après, çà avait empiré. Comme si, le lot de ses confidences pour moi étaient finies et, qu’il était temps pour elle de « retourner au père ». Je dis « retourner au père » car c’est une expression qu’elle affectionnait. Dans la nuit du Mardi 5 au mercredi 6 novembre donc, elle s’était éteinte. A 83 ans. Elle s’appelait SIGNE VICTORINE.

J’avais attendu un jour. Puis deux, puis trois. Je voulais attendre plus longtemps. Afin de pouvoir participer à ses obsèques. Mais, mes parents ne voulaient pas. D’autant plus que celles-ci étaient programmées deux semaines plus tard. Ils m’avaient dit, « il est temps pour toi de partir; elle n’aurait pas aimé que tu t’arrêtes de faire ce que tu as à faire juste pour attendre qu’on l’inhume ». Je m’étais opposé à cette lecture. Meurtri de douleur, en colère qu’on puisse ne pas vouloir que je lui rende l’hommage qu’elle méritait. Mais les remarques de plus en plus nombreuses de mes parents et d’autres proches qui comptent avaient fini par me faire accepter l’idée de partir sans attendre son enterrement.

C’est ainsi que j’ai pris ma petite valise, avec quelques effets à l’intérieur, et surtout, un jujube (ce « fruit » porte-bonheur qu’il y a chez nous en pays Bamiléké) qu’elle m’avait donné juste avant sa mort. Je l’avais rangé bien dans mes effets. J’étais parti à Douala avec mes parents, tôt le matin, pour embarquer à 11H. Le vol fut une épreuve. Car à ce contexte douloureux et lourd que je viens de décrire, s’ajoutait celui qui m’attendait dans mon nouveau pays hôte. Où allais-je atterrir, où allais-je descendre? Qui allait venir me chercher, pour me conduire où? Quand j’embarquais, je n’avais aucune indication, aucune réponse à ces questions. Je savais que j’allais à Paris, puis à la fac de Malava. Mais je ne savais rien d’autre. Il est vrai que, manquant de relais sociaux (pas de famille, ni amis) à Paris, je ne pouvais pas compter sur quiconque.

C’est donc dans la plus grande confusion que j’atterris ce samedi 9 novembre 2002 à 18 h à Roissy. Moins qu’aux tracasseries des vérifications de la police aux frontières, c’est surtout au froid et à l’incertitude des modalités d’installation que j’avais été le plus confronté. J’étais sorti de la zone de contrôle, avec ma valise, mon petit sac contenant mes documents. Je n’avais regardé personne, puisque je savais que personne ne m’attendait. Autour de moi, des gens se saluaient chaleureusement, contents d’avoir rejoint qui un frère, un parent ou qui d’autre des amis. Moi, je m’étais retrouvé avec moi-même. J’avais « erré » quelques minutes là, à ne pas savoir quoi faire, ni où aller. J’avais retourné ma vie, mes projets et tout le reste dans mon esprit cent fois, et je n’avais pas trouvé de solutions aux problèmes immédiats qui se posaient à moi. Mais je n’avais pas paniqué, encore une fois parce que je ne m’attendais à rien d’autre. Seul le temps, frais, commençait à entamer mon « héroïsme ». Et surtout, plus le temps avançait, plus les gens avec qui j’avais voyagé disparaissaient. 2 h plus tard, j’étais encore là; et je ne reconnaissais plus personne de mon vol. Sans toujours avoir de solution à mon lieu d’installation sur ce jour-là au moins.

Me voyant tourner en rond, une dame noire m’avait accosté; elle m’avait demandé si j’attendais quelqu’un. Je lui avait dis « non ». Elle m’avait alors conseillé de rappeler chez moi au Cameroun et de leur dire que j’étais bien arrivé. Elle m’avait indiqué où je pouvais acheter une carte téléphonique, et comment m’en servir. Ensuite elle s’était éclipsée en me laissant son numéro de téléphone. Je l’avais remercié mille fois. J’avais suivi son conseil. Mais, plutôt que mes parents, j’avais appelé un proche de la famille, prêtre, qui m’avait aidé à trouver mon inscription, et qui venait de séjourner 4 ans à Paris. C’est d’ailleurs lui qui avait payé mon billet d’avion. Je l’avais eu presque vers 22h. Il m’avait demandé ce qui n’allait pas. et je lui avais expliqué que j’étais encore à Roissy, sans savoir où je pouvais passer la nuit. C’est alors qu’il m’avait communiqué les coordonnées d’une famille amie à lui. Il les avait appelé dans la foulée et leur avait expliqué la situation. Ensuite je l’avais rappelé et il m’avait dit de les appeler. Ce que j’avais fait. Cette famille (la famille Njomo), résidant à Colombes dans le 92 m’avait donc indiqué comment faire pour arriver jusqu’à leur domicile. « Prends tel train, puis fait la correspondance, puis tel train encore; direction ceci ou cela, ensuite le bus, direction tel, comptes les arrêts…. » Voilà à peu près la teneur du message que M. Njomo m’avait donné ce soir-là. Bien entendu pour moi c’était difficile. Je ne savais même pas ce qu’était un RER, ou encore un métro ou une direction machin-chouette. Mais, l’instinct de survie me guidait. Je pris mon courage à deux mains et je m’engageai sur le chemin. Au bout de 2 h (il était presque minuit) après moult tracasseries, j’arrivais donc en gare de La Défense, où le neveu de mon hôte d’un soir vint me récupérer. Un quart d’heure plus tard nous arrivions à leur domicile. Je poussai un grand souffle. Regardant devant moi, non pas derrière. En essayant d’oublier très vite cette journée particulière. Aujourd’hui, Cinq (5) ans ont passé. 

Joyeux anniversaires MM les présidents

Mercredi 7 novembre 2007

C’est leur anniversaire aujourd’hui. 25 ans pour Paul Biya. 6 mois pour Nicolas Sarkozy. Il ne s’agit bien entendu pas de l’anniversaire de leur jour de naissance. Mais plutôt celui de leur « jour de gloire »; c’est-à-dire, celui de leur accession à la magistrature suprême de leur pays respectif (Cameroun et France). Les deux hommes se sont rencontrés il y a près de deux semaines. Ont-ils parlé, par anticipation, de ces anniversaires? Je doute que si. Mais certainement se sont-ils posés dans l’optique du temps. Le temps du pouvoir. Car tous les deux adorent le pouvoir et le temps, même s’ils n’ont pas le même rapport avec ce temps.

Nicolas Sarkozy, lui, a défini depuis longtemps sa stratégie par rapport au temps en politique. Agir vite (précipitamment?) et surtout éviter de vouloir durer. Chez Paul Biya, à l’analyse, on se rend compte que c’est tout le contraire: durer, et surtout, ne pas agir vite mais plutôt lentement et très lentement même.

Sans vouloir rentrer dans le fond des dossiers et leur signification pratique, on dirait que les 6 mois de présidence de M. Sarkozy sont au moins égal au quart de siècle de gérance de M. Biya. L’un a engagé des chantiers urgents pour son pays très rapidement, l’autre a pris son temps pour ne rien faire quasiment. Le premier a compris que, seule l’action est prépondérante quand on est aux affaires; le second s’est dit que seules la discrétion, l’effacement (l’inaction?) sont les moyens de gouverner.

On pourra toujours dire qu’on les jugera aux résultats. Mais, tordons tout de suite le bec à ce genre de jugement fallacieux du genre fuite en avant. Car, en 25 ans de présidence, le Cameroun de M. Biya ne semble pas être plus développé, plus avancé qu’il ne l’était déjà quand il prenait le pouvoir. Dans le même temps, la France a quand même changé depuis que M. Sarkozy est président; c’est-à-dire il y a 6 mois. En effet, plusieurs réformes sont mises en routes (après on n’est d’accord avec ou pas; c’est un autre débat). La classe politique, administrative, diplomatique est tout aussi mobilisée tous azimuts. « Les choses bougent » pour reprendre une expression consacrée. Et ce depuis 6 mois seulement.

Au Cameroun, on évolue à vitesse de tortue; d’ailleurs pourquoi se gêner, puisque là-bas, on dit que la vitesse de la tortue c’est la vitesse du sage. On annonce un projet, et on le « réalise » des années plus tard. A titre d’exemple, la réforme universitaire, annoncée au milieux des années 8O et faite en 93. Le projet de construction d’un stade de foot qui existe depuis 20 ans au moins et qui n’est jamais réalisé. D’autres « dossiers » plus importants encore croupissent ainsi dans les beaux esprits de notre président, sans jamais avoir l’heur de se matérialiser.

Partout, où les hommes installés au pouvoir suprême pensent avoir un peu de respect et de considération pour leur peuple, ils s’imposent de faire le bilan de leur action chaque fois qu’est venue l’anniversaire de leur accession au « trône ». Dans la France de M. Sarkozy, cela est vrai, comme çà l’était déjà avant lui et certainement çà le sera après. Tous les mois environ, lui ou ses partisans ou même ses détracteurs dressent ensemble le bilan de son action. Il y ressort des choses faites, des promesses non tenues, des réalisations à faire ou parfaire. Bref, quelque chose quand même. En revanche, au Cameroun, seul le folklore est grand en jour anniversaire. Des discours creux sur « l’homme du 6 novembre » sont pondus sans retenue par une certaine presse, qui, même par pudeur, ne dresse même plus les « grandes réalisations » effectuées par M. Biya. Le peuple n’est pas non plus entretenu par celui-là même qui se réclame de sa confiance. Pas une action, pas une descente sur le terrain, pas un discours bilan. Rien; pire même, une présence à l’étranger dans quelques lieux cossus et huppés. Certainement pour fêter tout seul « l’anniversaire » en question.

En ce 6 novembre, M. Sarkozy a rendu visite à des marins pêcheurs en grève; il a évoqué le sort de ses compatriotes détenus dans une sordide affaire au Tchad. Il est allé au Etats-Unis pour une visite officielle. Dans la même journée, il a donné son point de vue sur la crise entre l’Iran et la communauté internationale; il s’est aussi exprimé sur plein d’autres sujets. Même si, comme d’habitude il a suscité la polémique dans la plupart de ces sujets. Bref il a quand même bougé et a été actif en ce jour anniversaire de son arrivée au pouvoir. Au Cameroun, M. Biya a été absent, n’a rien dit; ni en discours, ni en communiqué, ni en descente sur le terrain. Rien, et rien de rien. Mais, c’est son avantage, n’a suscité aucune polémique. C’est çà l’avantage de jouer les Fantômas. 

Par ces deux exemples, on constate donc que chacun de nos deux protagonistes a vécu son jour anniversaire de gloire à sa manière. Bon anniversaire MM les présidents.

 

 

« Orphelins » du Darfour: ce que je crois

Dimanche 28 octobre 2007

Ca commence à ressembler à une sale affaire. Une affaire qui sent même mauvais. Cette affaire, c’est celle des enfants du Darfour qu’une Association française (l’Arche de Zoé) avait voulu « acheminer » en France pour les y faire adopter, au prétexte qu’ils sont orphelins. Une initiative que les promoteurs annonçaient comme une « opération humanitaire » se révèle être à présent un fiasco total. Pire même, c’est désormais une « affaire d’Etat » qui implique la France ainsi que deux pays africains, le Tchad et le Soudan.

Le sujet est brûlant, complexe aussi. Rappelons rapidement le contexte. Des français engagés comme « humanitaires » au Darfour ont été arrêtés au Tchad entrain de tenter d’emmener avec eux une centaine d’enfants africains vers la France à bord d’un avion spécialement affrété. Pour leur défense, ils disent que ces enfants sont des orphelins soudanais, dont les parents sont morts dans la guerre du Darfour. En rappel, signalons que le Darfour est une vaste région à l’ouest du Soudan qui est en proie à un grave conflit depuis quelques années. D’abord interne, il est devenu ensuite un conflit régional opposant en sourdine le Soudan et le Tchad. Il a déjà fait plusieurs milliers de victimes et des millions de déplacés; notamment les femmes et les enfants. 

C’est donc parmi ces enfants déplacés que les membres de l’association l’Arche de Zoé sont venus recueillir une centaine de gamins pour les emmener en Europe. Mais, curieusement, ils ont réalisé cette initiative sans aucune démarche légale, sans autorisation ni du gouvernement français, ni soudanais, ni tchadiens. Arrêtés par les autorités de N’djamena alors qu’ils s’apprêtaient à embarquer pour la France avec ces enfants, 6 membres de l’association et trois journalistes qui les accompagnaient sont depuis retenus prisonniers dans ce pays. Depuis quelques jours maintenant, ils sont donc au centre de cette affaire, qui risque de faire couler beaucoup d’encre et de salive. D’autant plus que, les contours de ce dossier semble être difficiles à cerner.

Accusés d’être des « esclavagistes » des temps modernes, les  »humanitaires » arrêtés ne se sont à ce jour pas montré très convaincants dans leurs explications. On a de la peine à donner du crédit aux différents arguments qu’ils avancent. De fait, la « générosité », « l’humanisme », la « solidarité » envers des pauvres petits orphelins qu’ils mettent en avant pour expliquer aussi leur initiative ne paraissent pas crédibles. Du coup, ils ne sont pas beaucoup soutenus par les autorités françaises; on pourrait même dire qu’ils sont « lâchés » par ces derniers quand on voit comment Rama Yade (nommée par ailleurs pour diriger la Cellule spéciale sur ce sujet), membre du gouvernement met une belle énergie sur les plateaux télé à condamner l’initiative controversée de cette association. Bien plus, ils sont aussi menacés par les autorités des deux pays africains concernés par le sujet; et notamment le Président Idriss Déby en personne. Ce dernier, qui a rendu visite aux enfants en question et aussi aux membres de l’Arche de Zoé arrêtés a donné son sentiment dans cette affaire. Pour lui, ces gens avaient en fait l’intention de « faire partir ces enfants pour les livrer à des réseaux de pédophiles en Europe ou même les tuer et vendre leurs organes ». Le président tchadien est même allé plus loin, car il a insinué que les membres de l’Arche de Zoé ne peuvent, en fait, être que la face visible d’un « réseau » de pédophiles ou de trafiquants d’enfants, venus d’Europe faire leur « marché » en Afrique.

Cette idée peut paraître courte et sotte, mais, à voir la conviction avec laquelle le chef de l’Etat tchadien la martelait à la télé, on ne doute pas à croire qu’elle existe et fait son chemin dans l’esprit de plusieurs de ses compatriotes et même bien au delà. D’où vient-elle? Et, qu’est-ce-qui la soutend? Difficile à dire. Il se pourrait tout simplement que, depuis les médias occidentaux diffusent les affaires de pédophilies survenues dans certains pays européens (Belgique avec l’affaire Dutroux, ou en France et le « scandale » d’Outreau…), ou même encore les histoires d’enfants enlevés et retrouvés morts sans certains de leurs organes, bon nombre d’africains n’hésitent plus à penser que les enfants sont ainsi maltraités en Europe.

En analysant la réaction du gouvernement français, qui s’est désolidarisé de l’initiative de l’Arche de Zoé, et du gouvernement tchadien, qui s’est exprimé par les propos de son président cité supra, quelques intuitions me viennent. Premièrement, j’ai peur qu’un dossier aussi sensible ne finisse pas se traiter simplement par l’agitation et la frénésie des uns et des autres à vouloir, soit ne pas y être mêler (la France), soit profiter de la situation pour des raisons inavouées (le Tchad).

Deuxièmement, il serait temps que, Paris, qui avait certainement connaissance des activités de cette association qui, comme tout le monde peut se rendre compte en rentrant sur leur site Internet (www.archedezoe.fr), qu’elle exerce bien dans cette région depuis un moment. Le projet de faire « adopter » des enfants et particulièrement ceux du Darfour est même bien explicité dans leur page d’accueil. Il serait étrange d’affirmer que dans un pays comme la France où tout semble bien être contrôlé et vérifié, que personne en tout cas dans les arcanes ministériels n’ait eu vent de cette association et de ses activités au Soudan et au Tchad. De ce fait, il serait donc important de dire si, les autorités ont donc souvent « fermer les yeux » sur ce genre d’agissements (ce qui serait grave) ou continuer à dire qu’elles ne savaient rien (ce qui est tout aussi grave).

Troisièmement, il faudrait faire attention à ce que le président tchadien et bien d’autres personnes encore sur le continent ne prennent cette affaire en otage pour des raisons autres que celles qu’elle dégage. Car, dénoncer la chose en elle-même est certainement juste. Mais, parler d’un complot ourdi par des réseaux obscurs et mal intentionnés, comme le fait Idriss Déby, sans en avancer une seule preuve, c’est aller trop loin dans l’accusation sans fondements. Le maître de N’djamena voudrait ainsi faire oublier les problèmes internes liés à ce pays, qui rendent cette situation possible. Vouloir donc l’imputer entièrement aux « européens » comme il le dit si bien, c’est fuir ses propres responsabilités de mauvais dirigeants ayant occasionné, sinon participé à la crise qui fait du Darfour aujourd’hui un lieu sinistre pour beaucoup de personnes, au premier rang desquels les enfants. Comme cette centaine de garçons et filles au centre de ce qui est aujourd’hui « l’Affaire des enfants du Darfour ». Nous y reviendrons au fur et à mesure que d’autres éléments sur les enquêtes en cours seront révélées. 

  

Ce que je crois

Jeudi 11 octobre 2007

L’actualité de ces derniers jours, en France, fait toujours une place belle et nette à l’immigration. Et plus précisément sur cette histoire de « test ADN ». Sur ce sujet, je me suis exprimé dans ce blog et dans d’autres colonnes. J’ai rendu compte, sans trop donner mon avis profond, de ses pérégrinations au parlement, des polémiques qu’il a créées et bien d’autre encore. C’est un sujet proprement délicat et sensible aussi. A ce jour, il a suscité pas mal de querelles, et charrié aussi beaucoup réactions, parfois très caricaturales.

Ce que je pense de ce texte? Que c’est quelque chose de dangereux. Simplement rédigé sur papier en ce moment, il a déjà suscité beaucoup de querelles. Qu’en serait-il s’il venait à être appliqué? Sincèrement ce serait pire encore. Quand je me réveille le matin, et que j’entends aux infos radio cette histoire de Test ADN et ces derniers rebondissements, çà me met mal à l’aise. Un malaise d’autant plus compréhensible que, je me dis, c’est sur des personnes étrangères comme moi qu’on veut pratiquer ce truc. Sans le justifier par aucun argument de raison si ce n’est celui de les discriminer ou de les humilier. Car, comment ne pas, pour « freiner » l’immigration familiale en France (c’est semble t-il ce à quoi doit servir ce test génétique) envisager autre chose que ce procédé? Pourquoi ne pas faire confiance à l’ensemble des mesures déjà suffisamment contraignantes et difficiles qui existent déjà? Pourquoi créer une nouvelle source d’humiliation après les différentes épreuves auxquels les candidats à l’immigration font face dans les consulats, ou…en mer et/ou dans le désert du Sahara?

Chaque matin donc, je traîne un malaise provoqué par ce sujet. Malaise qui commence au pied du lit et se poursuit jusqu’au boulot; en passant par la salle de bain, et dans les transports en communs aussi, que j’emprunte tous les jours. Souvent, je regarde mes compagnons de voyage de manière gêné, perturbé même. J’ai envie de crier, de leur dire, ce pays est entrain de prendre une mauvaise voie. On ne peut pas laisser faire cet ignoble projet de piqûre, heu Test ADN; il faut le dénoncer, pacifiquement, mais vigoureusement. Il faut s’en offusquer, chacun à sa manière et partout où on peut. On a le droit de dire qu’on ne veut plus d’immigrés, mais on n’a pas le droit de dire qu’on va faire un test pour savoir qui est le père de qui, ou qui est la mère de qui, juste parce que certains enfants veulent venir en France. Le fait-on pour les français? Même pour ceux qui s’en vont adopter? Ou encore, on en parle moins, pour ceux qui, tels des négriers partent chercher dans les pays pauvres les futurs champions sportifs, les acteurs culturels et autres scientifiques qui redoreront le blason de ce pays?

Au final, sur le même document, il y’ aurait donc un double regard; avec notamment les « bons » états civils pour les sportifs et autres talents, et, les « mauvais », « faux » états civils pour les enfants candidats au regroupement familial. C’est sans doute cela la nouvelle vision sur l’immigration; la fameuse « immigration choisie ». Vu comme c’est parti, à travers ce « vrai » premier dossier, on va certainement touché des sommets. Les immigrés vont devoir avaler d’autres couleuvres, je dirai même plutôt des pythons.

 

 

Dieu et l’argent

Dimanche 23 septembre 2007

Peut-on servir Dieu et l’argent? C’est, sous forme d’interrogation, le message essentiel des textes choisis lors de la célébration eucharistique d’aujourd’hui (25e dimanche du temps ordinaire). En effet, dans la première lecture (livre d’Amos, 8, 4-7) et l’Evangile (Luc 16, 1-13) surtout, révèlent cette réalité.

La réponse du prophète Amos est claire et directe: « Non. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent ». Pour l’expliciter, Amos raconte ce qui se passait plusieurs siècle avant l’arrivée du Christ. Il montre qu’en Israël, à cette époque-là, une poignée de personnes s’enrichissaient considérablement; ceux-ci se faisaient construires des maisons luxueuses aux sols de marbre et aux murs incrustrés d’ivoire. Ceux qui y vivaient, en majorité des commerçants véreux, baignaient dans une opulence exacerbée. Dans le même temps, une grande partie du peuple vivait dans la misère, se faisant même piller par les premiers le peu de ressources qu’ils pouvaient avoir. Dans son texte, moins qu’aux aspects extérieurs de leur personnalité, le prophète Amos s’attèle à exposer les pensées sécrètes des riches. Il dénonce leur vénalité et leur cupidité, et s’insurge aussi du fait qu’ils soient entièrement au service de l’argent au point d’oublier par exemple d’être charitable ou de fermer boutique le jour du repos. Et, attirés de plus en plus par le lucre, ils n’hésitent plus à recourir à la fraude et au détournement pour augmenter leurs gains. en conclusion de son texte, le prophète dit que, cette façon de vivre ne plaît pas à Dieu, et qu’il châtiera ceux qui vivent de cette manière.

Dans l’Evangile de Luc, le Christ procède par morale par la négation pour dénoncer également l’amour de l’argent et de la richesse que certains pratiquent au détriment de Dieu et de leur prochain. En effet, il raconte une histoire qui s’est passée en Galilée. Là-bas, les grands propriétaires avaient des intendants. Ceux-ci, dans l’exercice de leurs fonctions, allaient très vite devenir des spécialistes du détournement et des professionnels du pillage des ressources qui ne leur appartiennent pas. Ils piquaient dans la fortune de leur patron, parti en voyage à Jérusalem. Lorsque l’un de ces intendants était pris la main dans le sac, il s’empressait de soudoyer les autres et d’étouffer ainsi toutes velléités de dénonciation. Tous les autres intendants faisaient pareil. Bien plus, ils faisainet même parfois preuve d’une certaine « générosité », en diminuant la dette de certains de leurs débiteurs; mais c’était uniquement pour faire taire ces derniers.

Le Christ raconte cette histoire à ses disciples, en souriant de temps à autre pendant son discours. A cause de ce sourire, on aurait penser qu’il se rejouissait de cette histoire. En clair, qu’il faisait une espèce d’éloge des Intendants fraudeurs et véreux. Oh que non! En fait, C’est moins sur les pratiques douteuses des intendants que le Christ fixe le centre de son propos. Mais il « salue » plutôt l’habileté de ceux qui les pratiquent d’opérer leurs fraudes et magouilles. D’autant plus que ceux-ci sont crédités d’un bon bilan dans la gestion des affaires qui leur sont confiées. Donc, s’ils sont fraudeurs, ils sont aussi des gestionnaires dont le bilan n’est pas défaillant. Le Christ recommande donc à ses disciples d’être également habiles; mais dans une autre intention et dans un autre domaine: l’amour pour le royaume de Dieu. Il leur demande donc ceci: « Et vous, les enfants de lumière, êtes-vous aussi habile pour le royaume de Dieu? ». Il va même plus loin en leur dire que les Intendants, même s’ils ont fraudé, ont tenu leur gestion à jour; et, de la sorte, ils pourront certainement avoir une autre tâche du genre à effectuer. Mais, poursuit-il, « quel gestionnaire qui ne tiendra pas bien son affaire sera reconduit à quelque poste que ce soit, même s’il n’a pas fraudé? »

Ces textes sont d’une grande actualité. Dans notre société actuelle où seul compte le bilan des gestionnaires, quelques soient les moyens utilisés, la « leçon » du Christ sonne comme un mode d’emploi pour beaucoup de dirigeants. Mais ceux-ci ne l’appliquent qu’à moitié; notamment le fait de truander pour obtenir de « bons résultats », ou encore, faire preuve d’habileté, et ressembler ainsi aux Intendants de la parabole sus-évoquée. Mais, pourront-ils user de cette « bonne gestion » et de leur habileté pour « gagner le ciel? » Pas sûr.

Bon souvenirs de Bretagne

Mardi 11 septembre 2007

PS: Dernière mise à jour de ce texte commencé il ya plus de dix jours.

Mes vacances se poursuivent. Encore quelques jours avant la reprise de mon activité, ou plutôt de mes activités. Après la semaine Bretonne, que j’ai passée du 27 août au 1er septembre, voici la semaine allemande (5 au 12 septembre). Je viens en effet de passer quelques jours outre-rhin. Avec en prime, ma présence au mariage d’un pote (qui est aussi le parrain de mon fils) à Munich en Bavière le samedi 8 septembre. Un mariage fort agréable, où la mariée átait belle, les invités souriants et tout le reste (Eglise, soirée dansante) fort réussi également. Je le dis parce que c’est vrai en plus. Et puisque tout le monde dit pareil en…pareille occasion.

Pendant ce séjour de l’autre côté du Rhin donc, je n’ai eu de cesse de penser à ma semaine bretonne (plus particulièrement Beignon, petit village de la commune de Guer). Ah quelle semaine? Quel temps agréable? Quel beau moment? L’un de ces moments que l’on voudrait voir éternel; Qu’il dure ad vitam aeternam; Tellement il est beau. Ce moment était tellement agréable qu’à certains instants, je me suis même mis à invoquer la phrase du poète Lamartine, (« Oh temps suspend ton vol; et vous heures propices, suspendez votre cours », afin de la faire mienne et qu’elle s’adapte à moi. Mais je n’en ai eu que l’illusion; une belle illusion néanmoins.

Je devine que certains se demanderont pourquoi cet éloge subliminal à ce séjour; je suppose aussi que la  curiosité d’autres personnes encore voudra les pousser à me demander « qu’est-ce-qui t’a plu autant en Bretagne? » « Quest-ce-qui t’a autant marqué? ». En guise de réponses, je dirai ceci: J’ai découvert une région aux paysages agréables, dans sa variété (montagne ou plutôt colline, mer, espace vert…). Une région qui me rappelle ma région d’origine du Moungo, et plus particulièrement, de Nkongsamba au Cameroun. Une région/ville de collines, de montagnes, au paysage vert, sans la mer, ni le fleuve; mais avec une histoire, une identité et cette culture de l’ambition et de la découverte qui a fait la rénommée des « enfants de Nkongsamba ». En résumé, sur le paysage donc, la Bretagne m’a plongé dans mon enfance, et c’est avec autant plus de plaisir que j’ai savouré ces paysages que, le mien originel (celui du Moungo et de Nkongsamba donc) me manque déjà. Presque dix (10) ans que je l’ai quitté. Après y avoir vécu vingt ans.

Outre le paysage, j’ai découvert en Bretagne, des gens sensibles et attachants. Des gens au sourire facile. Certes ils aiment « faire la fête »; cette epression signifiant essentiellement « s’empifrer » de bière, de café, de vin, de clopes… Personnellement, je n’ai pas été marqué positivement par cette façon de vivre, qui m’est apparue davantage comme une inclination dangereuse vers l’alcoolisme, le simplisme, la grivoiserie… bref dans une « sale situation ». En voyant la frénésie avec laquelle certains empilaient les clopes par exemple, j’ai eu mal à mes poumons, pour ne pas dire les leurs. Ma gène n’a qu’accru quand je me suis rendu conpte que, presque tous ceux que j’avais rencontré, sans exception (garçons comme filles) se livrait allègrement à ce petit sport favori local. Néanmoins, pour atténuer mes idées, j’ai alors pensé que, peut-être y’avait-il dans cette attitude une espèce de thérapie collective, pour chasser un certain spleen ou tout autre morosité ambiante. Et que, cet amour pour les  »bouffées de fumées » et autres « molécules de la joie » était au final un passe-temps. 

Pour tenter de bien comprendre l’affaire, je suis sorti de mon malaise secret pour demander à mon hôte ce qui explique ces habitudes. « C’est un peu la façon de vivre du coin, les coutumes de chez nous, tu sais? » m’a t-elle répondu si simplement et presque de manière narquoise. Cette réponse était bien entendu loin de me satisfaire. Mais je n’en ai pas demandé plus, préférant, dans mon coin, observer attentivement ces habitudes et attitudes. Au fur a mesure des jours, ma gène fut moins grande. Avec le temps, je « comprenais » ces agissements et, même, je me suis fais une raison de m’en accomoder. Il faut dire que j’avais pas d’autres choix que de tombre dans cette décision. Toute tentative de réflexion de ma part, contre cette « coutume » était stoppée nette par mes hôtes. Donc, plutôt que de se lancer dans un débats de sourds, je me résolus à me taire et à « supporter ».

Au delà de ce sujet sur lequel je ne me suis pas toujours accordé avec mes hôtes bretons, et où, c’est le moins qu’on puisse dire, je n’ai ni adhéré, ni partagé cette logique de vie, les autres moments ont été savoureux. Bien agréables même. Les discussions sur les sujets d’ordre généraux, les récits de vie de mon hôte principal, la visite chez certains de ces patients (eh oui, elle est infirmière), la balade à Ploermel ou je vis (vite fait) la statue de Jean-Paul II, et d’autres moments encore furent des instants très riches en émotions et forts d’enseignements.

C’est en grande partie pour ces derniers instants cités que, je souhaite y retourner. J’attendrai certainement une nouvelle invitation. Et j’espère qu’elle arrivera bientôt. Le souvenir de la semaine passée il y a peu est encore vivace et je veux pouvoir attiser la flamme d’amour pour cette région qui est née à cette occasion. Et, s’il en est besoin, poser les jalons d’une visite plus régulière pour plus tard, à défaut d’une installation définitive. Tout c’est est encore utopique. Un rêve. Soit. Mais un rêve dont je ferais des efforts pour qu’il devienne réalité. Merci Tiph de m’avoir fait visiter cette région et de m’avoir donné envie d’y revenir.

Soyons humbles

Dimanche 2 septembre 2007

Les textes choisis pour la Célébration Eucharistique aujourd’hui (Hébreux 12, 18-24; Ben Sirac 3, 17-29; Evangile de LUC 14, 1-14) révèlent tous une idée essentielle de notre condition humaine: l’Humilité. Qu’est-ce-que l’humilité? Quel sens lui donner dans notre monde d’aujourd’hui?

D’abord un petit rappel étymologique: le terme humilité est à rapprocher du mot humus, qui en est la source étymologique, et qui a donné par ailleurs le terme homme. Cela semble signifier que l’humilité consiste, pour l’homme, à se rappeler qu’il est poussière (ou littéralement : « fait de terre », c’est-à-dire de la matière la plus commune). Cela semble indiquer aussi que l’humilité est une attitude proprement humaine : et de fait, si l’homme n’est pas le seul être dont on puisse dire qu’il fut tiré du limon, il paraît bien être le seul à le savoir.

Dans la Bible, et précisémment dans les textes d’aujourd’hui, l’Humilité est présenté comme la principale force du chrétien. Elle lui donne toute sa plénitide, car, le Sage (Ben sirac) la préconise dans son texte. Le Christ en fait de même dans le texte de Luc; Il va prendre son repas chez le chef des pharisiens. On se souvient aussi que dans d’autres passages, il dialogue avec une prostituée, il recommande de tendre la deuxième joue après que la première ait été frappée, il se fait aussi le serviteur de ses disciples et des hommes et femmes qui le suivent. Les exemples sont nombreux pour montrer que le Fils de Dieu a voulu que personne ne soit mis à la marge ou rejeté définitivement, quelque soit ce qu’il a fait. En cela, il a donné tout son sens à l’humilité; mieux même, « il a incarné l’humilité ».

Depuis toujours, pour le chrétien et même pour d’autres croyants et non-croyants, l’humilité est une des choses que les Hommes recherchent à atteindre. Mais parfois en vain. L’Homme n’y arrive presque jamais; pourquoi? Est-ce, par faiblesse? Par renoncement? Se peut-il que notre condition humaine s’améliore si l’humilité devienne la chose du monde la mieux partagée, contrairement au bon sens cartésien?

Personnellement, je n’en sais rien. Mais une intuition me fait croire que si l’homme actuel, s’attache moins à la matière, croit moins que la vie est éternelle, donne un autre sens à « profiter de la vie » que celui de faire la fête, verse moins dans la course effrénée à la matière et aux choses qui passent, bref devient plus humble, alors certainement que notre monde sera meilleur.

Pour « rendre l’homme meilleur », certains penseurs avaient cru bon de faire le procès de l’humilté. Nietzsche par exemple considérait en gros que l’humilité était une invention de la Religion pour ramollir l’homme. Que l’homme humble était forcément l’homme soumis, dépendant et faible. Au contraire de quoi, lui proposait la « volonté de puissance » (ce que certains appeleraient aujourd’hui le volontarisme), seule capable de produire des hommes fiers, debouts, insoumis, forts; en clair des « surhomme ». On sait ce que cette « théorie du surhomme » a joué dans l’idéologie nazie. Que ce soit dans son élaboration, sa propagande que sa mise en acte.

Pour rendre l’homme meilleur aujourd’hui, que faut-il, si ce n’est l’Humilité?

 

Carnets de France 2

Vendredi 31 août 2007

Il est des situations et des moments qui stimulent la réflexion, et incitent la pensée à être en mouvement. Tenez, les vacances par exemple. Les situations, çà peut être une épreuve douloureuse, un évènement heureux… Les moments, le week-end, les vacances. Les vacances! Ah les vacances! ce temps de repos que les Ouvriers arrachèrent aux patrons bourgeois au début du siècle dernier. Les vacances, chômées et payées ont été instituées en France en 1936 par le gouvernement du Front Populaire. A cette époque, seuls les patrons et autres familles aisées savaient ce que c’était que d’avoir du « temps pour soi et pour sa famille ». Aujourd’hui, tout le monde ou presque en bénéficie. Beaucoup « partent » ailleurs (près, loin…) pendant leurs vacances. D’autres, le nombre est certes limité, ne « partent » pas. Faute de moyens essentiellement.

Ailleurs dans le monde, dans les pays riches d’occident, c’est le même modèle que celui en vigueur en France. Soit cinq semaines de vacances par an; sans compter les RTT, les « arrêts de maladie », les jours fériés qui sont parfois autant de jours de repos. Dans d’autres pays, notamment dans ceux du Tiers-monde comme en Afrique, les vacances sont une chimère. Exceptés les élèves, étudiants et tous ceux qui travaillent dans le domaine de l’éducation, les autres salariés, fonctionnaires notamment n’ont pas souvent de temps de vacances déterminés. Chez moi au Cameroun, il y a de nombreux fonctionnaires qui n’ont jamais « pris » de vacances depuis plusieurs années. Hors, le droit national du travail le prévoit. mais par méconnaissance, ces agents de l’Etat n’en font pas usage. Pourtant, cela leur serait d’une grande utilité. Peut-être qu’un jour, quand ils le voudront, le demanderont à prendre des vacances pour se reposer en famille.

J’ai choisi de parler de vacances aujourd’hui parce que je suis moi-même en vacances. Ce n’est pas quelque chose d’extraordinaire, mais je me rends compte à quel point notre organisme et notre esprit ont besoin d’un tel temps de repos. Ne serait-ce-que pour avoir du temps pour soi et pour les siens, chacun, en Europe ou en Afrique, devrait pouvoir jouir de ce moment. Pour notre plus grand bien 

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