Bon souvenirs de Bretagne

11 septembre 2007

PS: Dernière mise à jour de ce texte commencé il ya plus de dix jours.

Mes vacances se poursuivent. Encore quelques jours avant la reprise de mon activité, ou plutôt de mes activités. Après la semaine Bretonne, que j’ai passée du 27 août au 1er septembre, voici la semaine allemande (5 au 12 septembre). Je viens en effet de passer quelques jours outre-rhin. Avec en prime, ma présence au mariage d’un pote (qui est aussi le parrain de mon fils) à Munich en Bavière le samedi 8 septembre. Un mariage fort agréable, où la mariée átait belle, les invités souriants et tout le reste (Eglise, soirée dansante) fort réussi également. Je le dis parce que c’est vrai en plus. Et puisque tout le monde dit pareil en…pareille occasion.

Pendant ce séjour de l’autre côté du Rhin donc, je n’ai eu de cesse de penser à ma semaine bretonne (plus particulièrement Beignon, petit village de la commune de Guer). Ah quelle semaine? Quel temps agréable? Quel beau moment? L’un de ces moments que l’on voudrait voir éternel; Qu’il dure ad vitam aeternam; Tellement il est beau. Ce moment était tellement agréable qu’à certains instants, je me suis même mis à invoquer la phrase du poète Lamartine, (« Oh temps suspend ton vol; et vous heures propices, suspendez votre cours », afin de la faire mienne et qu’elle s’adapte à moi. Mais je n’en ai eu que l’illusion; une belle illusion néanmoins.

Je devine que certains se demanderont pourquoi cet éloge subliminal à ce séjour; je suppose aussi que la  curiosité d’autres personnes encore voudra les pousser à me demander « qu’est-ce-qui t’a plu autant en Bretagne? » « Quest-ce-qui t’a autant marqué? ». En guise de réponses, je dirai ceci: J’ai découvert une région aux paysages agréables, dans sa variété (montagne ou plutôt colline, mer, espace vert…). Une région qui me rappelle ma région d’origine du Moungo, et plus particulièrement, de Nkongsamba au Cameroun. Une région/ville de collines, de montagnes, au paysage vert, sans la mer, ni le fleuve; mais avec une histoire, une identité et cette culture de l’ambition et de la découverte qui a fait la rénommée des « enfants de Nkongsamba ». En résumé, sur le paysage donc, la Bretagne m’a plongé dans mon enfance, et c’est avec autant plus de plaisir que j’ai savouré ces paysages que, le mien originel (celui du Moungo et de Nkongsamba donc) me manque déjà. Presque dix (10) ans que je l’ai quitté. Après y avoir vécu vingt ans.

Outre le paysage, j’ai découvert en Bretagne, des gens sensibles et attachants. Des gens au sourire facile. Certes ils aiment « faire la fête »; cette epression signifiant essentiellement « s’empifrer » de bière, de café, de vin, de clopes… Personnellement, je n’ai pas été marqué positivement par cette façon de vivre, qui m’est apparue davantage comme une inclination dangereuse vers l’alcoolisme, le simplisme, la grivoiserie… bref dans une « sale situation ». En voyant la frénésie avec laquelle certains empilaient les clopes par exemple, j’ai eu mal à mes poumons, pour ne pas dire les leurs. Ma gène n’a qu’accru quand je me suis rendu conpte que, presque tous ceux que j’avais rencontré, sans exception (garçons comme filles) se livrait allègrement à ce petit sport favori local. Néanmoins, pour atténuer mes idées, j’ai alors pensé que, peut-être y’avait-il dans cette attitude une espèce de thérapie collective, pour chasser un certain spleen ou tout autre morosité ambiante. Et que, cet amour pour les  »bouffées de fumées » et autres « molécules de la joie » était au final un passe-temps. 

Pour tenter de bien comprendre l’affaire, je suis sorti de mon malaise secret pour demander à mon hôte ce qui explique ces habitudes. « C’est un peu la façon de vivre du coin, les coutumes de chez nous, tu sais? » m’a t-elle répondu si simplement et presque de manière narquoise. Cette réponse était bien entendu loin de me satisfaire. Mais je n’en ai pas demandé plus, préférant, dans mon coin, observer attentivement ces habitudes et attitudes. Au fur a mesure des jours, ma gène fut moins grande. Avec le temps, je « comprenais » ces agissements et, même, je me suis fais une raison de m’en accomoder. Il faut dire que j’avais pas d’autres choix que de tombre dans cette décision. Toute tentative de réflexion de ma part, contre cette « coutume » était stoppée nette par mes hôtes. Donc, plutôt que de se lancer dans un débats de sourds, je me résolus à me taire et à « supporter ».

Au delà de ce sujet sur lequel je ne me suis pas toujours accordé avec mes hôtes bretons, et où, c’est le moins qu’on puisse dire, je n’ai ni adhéré, ni partagé cette logique de vie, les autres moments ont été savoureux. Bien agréables même. Les discussions sur les sujets d’ordre généraux, les récits de vie de mon hôte principal, la visite chez certains de ces patients (eh oui, elle est infirmière), la balade à Ploermel ou je vis (vite fait) la statue de Jean-Paul II, et d’autres moments encore furent des instants très riches en émotions et forts d’enseignements.

C’est en grande partie pour ces derniers instants cités que, je souhaite y retourner. J’attendrai certainement une nouvelle invitation. Et j’espère qu’elle arrivera bientôt. Le souvenir de la semaine passée il y a peu est encore vivace et je veux pouvoir attiser la flamme d’amour pour cette région qui est née à cette occasion. Et, s’il en est besoin, poser les jalons d’une visite plus régulière pour plus tard, à défaut d’une installation définitive. Tout c’est est encore utopique. Un rêve. Soit. Mais un rêve dont je ferais des efforts pour qu’il devienne réalité. Merci Tiph de m’avoir fait visiter cette région et de m’avoir donné envie d’y revenir.

Etrange jeu de rôle au Cameroun

10 septembre 2007

Le Cameroun a un nouveau gouvernement. Un « réaménagement » de l’équipe gouvernementale en place a été effectué par le président Paul Biya, vendredi 7 septembre dernier. Environ dix nouvelles têtes entrent au gouvernement, en même temps aue dix autres en sortent. 

En parcourant la presse nationale sur Internet ce week-end (pour ceux des journaux qui ont pu mettre en ligne leurs articles), j’ai été frappé par les premiers commentaires et analyses nés de cet « évènement ». Dans leur majorité, ils signalaient les « départs importants » de certaines grosses pontes du régime, « limogés », « remerciés », « renvoyés », disaient presque en coeur les principaux journaux. Pour ne pas faire que du gris et du sombre, les papiers en question parlaient aussi succintement des nouveau « élus ». Le tout, dans une tonalité d’attente et de précision ultérieure à obtenir, pour « mieu informers nos lecteurs », ainsi se terminaient la plupart de ces articles.

Néanmoins, de manière générale, ce  »réaménagement »ministériel a été traité donc comme un Evènement important. « Le » gros évènement politico-administratif même de cette rentrée. Plus important encore que le contentieux électoral en cours, et qui fait suite aux dernières élections couplées (municipales et législatives) du 22 juillet dernier. Plus précieux encore que les différents domaines diplomatique, administratif, éducatif, sportif auquels le pays est engagé ces dernières semaines. Je me demande, et d’autres personnes certainement avec moi, pourquoi cet intérêt démesuré pour cet « évènement », qui en fait n’en est pas un? Pourquoi tant d’avant-papier, tant de veille, tant d’intérêt pour faire simple, pour un réaménagement ministériel dans un pays où pareil exercice se reproduit tous les ans?

Les réaménagement ou remaniement mistériels au Cameroun sont quasi toujours des spectacles bizarres où le Prince (celui du Cameroun, pas celui de Machiavel) fait et défait « ses » ministres. Ceux-ci sont censés être ses collaborateurs directs dans la gestion du pays. Mais il ne les connaît pas, ne les voit pas non plus, car il n’assiste pasaux conseils ministériels, ni à toute autre manifestation devant impliquer l’exécutif du pays (hormis le défilé de la fête nationale, et…la finale de la coupe du Cameroun de Foot). Des « décrets » et autres tetes dits du chef de l’Etat sont souvent annoncés sur les ondes des médias nationaux sans pour autant qu’on puisse certifier que c’est le Prince Biya qui les a soit signé soit redigé.

La formation des gouvernements fait partie de ce genre de textes. Ce sont en clair des étranges jeu d’ombre ochestrés par un pouvoir sans relief et sans projet pour son peuple (et sa jeunesse notamment), dont les seuls but sont de repartir le « gâteau national » et…nourrir la presse d’éléments qui leur donneront matière à publier des « Editions spéciales » Celui de vendredi dernier n’échappe pas à cette logique.

De l’amour de la France

4 septembre 2007

Aimes-tu la France? Aimons-nous la France, devrais-je dire? « Nous », c’est tous ceux qui vivent en France; de nationalité française ou pas. Je dirai même, surtout de nationalité étrangère.

A l’occasion des dernières campagnes électorales, beaucoup de candidats majeurs ont recommandé presque à l’unisson « d’aimer la France ». Certains sont même allés jusqu’à ajouter que, « il fallait aimer la France ou alors la quitter ». Pas besoin de commentaires pour comprendre une telle phrase, ses non-dits… Je ne souhaite pas non plus commenter cette phrase et la thématique qui l’environne dans une vision franco-française (je ne le suis d’ailleurs pas). Simplement, il me paraît important d’analyser à ma manière cette assertion qui est aussi à la fois comprise parfois comme, d’une part, une mise en demeure au étrangers de France, d’autre part, une recommandation pour les français.

Au hasard de l’une de mes lectures, je suis tombé sur un sonnet de Joachim De Bellay (1522-1560) au titre fort évocateur de « France, mère des arts, des armes et des lois ». Ce sonnet, c’est le neuvième (9e) d’un recueil à succès de ce poète de la Renaissance, Les Regrets, publié en 1558. Pour bien l’intégrer dans le commentaire que je vais faire, et qui corroborera bien mon propos sur « l’amour de la France » que les hommes politiques nous recommandaient de manière véhémente pendant la dernière campagne présidentielle, je vais citer ce poème dans son entièreté.

France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle :
Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.
Si tu m’as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle.
Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix.

Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine,
Je sens venir l’hiver, de qui la froide haleine
D’une tremblante horreur fait hérisser ma peau.

Las, tes autres agneaux n’ont faute de pâture,
Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.

Que constate t-on à la lecture entre les lignes de ce poème, qui, pour rappel, a été publié il ya près de cinq siècles (500 ans)? Que l’amour de la France, par les français, (Du Bellay en est-un de bonne souche), ne va pas toujours de soi. Le poète, ici, certes exilé à Rome au côtés de son oncle, le Cardinal Joseph du Bellay, se languit et désespère de retrouver sa terre natale. Car son pays lui manque, et plus précisément sa terre d’Anjou (voir précisemment ici le sonnet 31). Mais en même temps, si la France lui manque (il reconnait noramment, dans le 2e vers, la préciosité de son  »lait » nourricier), il s’étonne aussi du silence de sa patrie à son appel au secours, traduit ici au vers 6 par cette question quasi-supplicatrice (« que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle? »). Certainement sans réponse, le poète poursuit sa complainte et son appel au secours, par une interpellation plus directe, sur le mode de la personnalisation, aux vers suivants, 7 et 8 (« France, France, réponds à ma triste querelle // Mais nul, sinon écho, ne réponds à ma voix »). La fin du sonnet, est le déroulé du spleen du poète, teinté d’amertume, de dépit, et surtout de crainte. La crainte que l’abandon de sa « mère nourricière », la France, ne le condamne au sort de l’agneau qui erre au milieu d’un troupeau de loup.

Dans ce texte, « l’amour de la France » du poète ne semble pas être vraiment transcendant. Il l’aime, certes, mais pas d’un amour inconditionnel et éternellement fidèle. On a l’impression qu’il l’invoque davantage pour se tirer d’affaire (ici précisément de son ennui et de son exil romain), que pour lui dire « je t’aime, bon gré, mal gré ». Néanmoins, il proclame être attacher à cette France, qui, naguère, l’allaita, mais qui, à présent, lui ferme ses oreilles et son coeur.

Depuis quelques années, et de manière plus accrue pendant la campagne à l’automne dernier, « on » (politiques, journalistes, sondeurs, « français de base »…) a beaucoup reproché aux petits-fils d’immigrés africains et maghébins de ne pas « aimer assez la France ». « On » a relevé leurs problèmes, passé au crible leurs hobby, tenue vestimentaire et autres; surtout, « on » a mis en avant les propos, trop souvent de manière exagéré, les propos de quelques-uns d’entre-eux qui vociféraient des « Nique la france ». A t-on jamais cherché à savoir réellement pourquoi ils proféraient de tels jurons? S’est-on demandé pourquoi certains arboraient des effigies du pays de leur parents ou grand parents sans jamais rien savoir de ces lieux qu’ils n’ont souvent jamais visité? Non.

Bien au contraire, « on » leur a même dit « la France vous aime. Vous devez l’aimer aussi, d’un amour inconditionnel, sans même vous soucier parfois de ce qu’elle vous apporte dans la concrétisation de vos rêves, dans la mise en route de votre vie d’homme, dans votre épanouissement social, professionnel aussi. On leur a commandé « aimez la france »! Comme si cela allait de soi; ou pis, comme si aimer la France était une panacée, une espèce d’antidote voire de remède miracle qui aiderait la majorité de ces jeunes, tiraillés entre le chômage, la miserre intellectuelle et finacière, ainsi que la perte de répères et de valeurs, de s’en sortir. 

Pour l’instant, ces jeunes, dans leur for intérieur, ne semblent pas avoir sacrifier complètement l’amour pour la France, leur pays. Mais ils attendent en retour, d’autres preuves d’amour de cette terre qui les vit naître et grandir. Ils attendent un geste d’elle, qui souvent, ne tient qu’à une seule chose : Un Emploi. En attendant, ils expriment leur spleen, leur mal être, leur désaffection, circonstanciée, de cette France, leur patrie. En cela, ils sont dans la droite ligne de…Du Bellay, qui, Cinq (5) siècles avant eux, le dit, et le fit aussi. 

Soyons humbles

2 septembre 2007

Les textes choisis pour la Célébration Eucharistique aujourd’hui (Hébreux 12, 18-24; Ben Sirac 3, 17-29; Evangile de LUC 14, 1-14) révèlent tous une idée essentielle de notre condition humaine: l’Humilité. Qu’est-ce-que l’humilité? Quel sens lui donner dans notre monde d’aujourd’hui?

D’abord un petit rappel étymologique: le terme humilité est à rapprocher du mot humus, qui en est la source étymologique, et qui a donné par ailleurs le terme homme. Cela semble signifier que l’humilité consiste, pour l’homme, à se rappeler qu’il est poussière (ou littéralement : « fait de terre », c’est-à-dire de la matière la plus commune). Cela semble indiquer aussi que l’humilité est une attitude proprement humaine : et de fait, si l’homme n’est pas le seul être dont on puisse dire qu’il fut tiré du limon, il paraît bien être le seul à le savoir.

Dans la Bible, et précisémment dans les textes d’aujourd’hui, l’Humilité est présenté comme la principale force du chrétien. Elle lui donne toute sa plénitide, car, le Sage (Ben sirac) la préconise dans son texte. Le Christ en fait de même dans le texte de Luc; Il va prendre son repas chez le chef des pharisiens. On se souvient aussi que dans d’autres passages, il dialogue avec une prostituée, il recommande de tendre la deuxième joue après que la première ait été frappée, il se fait aussi le serviteur de ses disciples et des hommes et femmes qui le suivent. Les exemples sont nombreux pour montrer que le Fils de Dieu a voulu que personne ne soit mis à la marge ou rejeté définitivement, quelque soit ce qu’il a fait. En cela, il a donné tout son sens à l’humilité; mieux même, « il a incarné l’humilité ».

Depuis toujours, pour le chrétien et même pour d’autres croyants et non-croyants, l’humilité est une des choses que les Hommes recherchent à atteindre. Mais parfois en vain. L’Homme n’y arrive presque jamais; pourquoi? Est-ce, par faiblesse? Par renoncement? Se peut-il que notre condition humaine s’améliore si l’humilité devienne la chose du monde la mieux partagée, contrairement au bon sens cartésien?

Personnellement, je n’en sais rien. Mais une intuition me fait croire que si l’homme actuel, s’attache moins à la matière, croit moins que la vie est éternelle, donne un autre sens à « profiter de la vie » que celui de faire la fête, verse moins dans la course effrénée à la matière et aux choses qui passent, bref devient plus humble, alors certainement que notre monde sera meilleur.

Pour « rendre l’homme meilleur », certains penseurs avaient cru bon de faire le procès de l’humilté. Nietzsche par exemple considérait en gros que l’humilité était une invention de la Religion pour ramollir l’homme. Que l’homme humble était forcément l’homme soumis, dépendant et faible. Au contraire de quoi, lui proposait la « volonté de puissance » (ce que certains appeleraient aujourd’hui le volontarisme), seule capable de produire des hommes fiers, debouts, insoumis, forts; en clair des « surhomme ». On sait ce que cette « théorie du surhomme » a joué dans l’idéologie nazie. Que ce soit dans son élaboration, sa propagande que sa mise en acte.

Pour rendre l’homme meilleur aujourd’hui, que faut-il, si ce n’est l’Humilité?

 

Remember Thomas Sankara

31 août 2007

Il y a presque 20 ans (le 15 octobre 1987), disparaissait Thomas Sankara (TS), président de la république du Burkina Faso de 1983 à 1987. Il avait à peine 38 ans.

Les qualificatifs n’ont jamais manqué pour le désigner; panafricaniste, révolutionnaire, anti-néocolonialiste, patriote… et que sais-je encore. Que retenir de sa vie, de son action? Comment appréhender et cerner son héritage? Est-elle encore vivace? Ou a t-elle disparu, victime comme lui même de ceux qui ont souhaité (et continuent de le faire) que son pays en particulier, et l’Afrique en général soit toujours sous-tutelle occidentale (ici, française en particulier)? Existe-til une « Légende Sankara »? Qu’est-ce qui la fonde ou qui la justifie? Que garde de lui la jeunesse africaine, qu’il chérissait tant?

Les questions sont nombreuses, que ce texte seul ne pourra apporter des réponses. Nous souhaitons juste ouvrir un débat, et partager quelques réflexions sur l’homme Thomas Sankara. Nous avons choisi pour cela un axe bien précis; celui de la littérature. En clair, quelle est sa « présence » en Littérature (essayistique, biographique, et surtout fictionnelle)? Comment les ouvrages de chercheurs, journalistes, historiens, mais surtout de romanciers, dramaturges et poètes ont-ils traité de sa figure dans les oeuvres? Y’a t-il un impact de cette traitement littéraire dans l’édification du « mythe Sankara »? Comment la littérature accompagne t-elle la  »légendification » de cette personnalité? 

Voilà l’axe principal et les pistes secondaires qui orienteront notre réflexion. Je la construirais au quotidien et progressivement ici. Elle sera, in fine, ma modeste contribution à l’hommage rendu à Thomas Sankara en ce 20e anniversaire de sa mort.

Carnets de France 2

31 août 2007

Il est des situations et des moments qui stimulent la réflexion, et incitent la pensée à être en mouvement. Tenez, les vacances par exemple. Les situations, çà peut être une épreuve douloureuse, un évènement heureux… Les moments, le week-end, les vacances. Les vacances! Ah les vacances! ce temps de repos que les Ouvriers arrachèrent aux patrons bourgeois au début du siècle dernier. Les vacances, chômées et payées ont été instituées en France en 1936 par le gouvernement du Front Populaire. A cette époque, seuls les patrons et autres familles aisées savaient ce que c’était que d’avoir du « temps pour soi et pour sa famille ». Aujourd’hui, tout le monde ou presque en bénéficie. Beaucoup « partent » ailleurs (près, loin…) pendant leurs vacances. D’autres, le nombre est certes limité, ne « partent » pas. Faute de moyens essentiellement.

Ailleurs dans le monde, dans les pays riches d’occident, c’est le même modèle que celui en vigueur en France. Soit cinq semaines de vacances par an; sans compter les RTT, les « arrêts de maladie », les jours fériés qui sont parfois autant de jours de repos. Dans d’autres pays, notamment dans ceux du Tiers-monde comme en Afrique, les vacances sont une chimère. Exceptés les élèves, étudiants et tous ceux qui travaillent dans le domaine de l’éducation, les autres salariés, fonctionnaires notamment n’ont pas souvent de temps de vacances déterminés. Chez moi au Cameroun, il y a de nombreux fonctionnaires qui n’ont jamais « pris » de vacances depuis plusieurs années. Hors, le droit national du travail le prévoit. mais par méconnaissance, ces agents de l’Etat n’en font pas usage. Pourtant, cela leur serait d’une grande utilité. Peut-être qu’un jour, quand ils le voudront, le demanderont à prendre des vacances pour se reposer en famille.

J’ai choisi de parler de vacances aujourd’hui parce que je suis moi-même en vacances. Ce n’est pas quelque chose d’extraordinaire, mais je me rends compte à quel point notre organisme et notre esprit ont besoin d’un tel temps de repos. Ne serait-ce-que pour avoir du temps pour soi et pour les siens, chacun, en Europe ou en Afrique, devrait pouvoir jouir de ce moment. Pour notre plus grand bien 

Le « pillage des pieds »

30 août 2007

Avez-vous regardé les Championnats du monde d’Athlétisme qui se déroulent en ce moment à Osaka au Japon (25 août au 2 septembre)? Un phénomène curieux ne peut pas vous échapper: Celui de la présence de nombreux athlètes africains sous des couleurs non-africaines. Combien sont-ils? 10, 20, 30? Certainement beaucoup plus. Car, dans ce contingeant (hommes et femmes réunis), il y a les anonymes, mais aussi les grands champions, qui, à cette occasion ou à bien d’autres encore, gagnent des médailles qui ne profiteront pas à l’Afrique mais à leurs nouveaux pays.

Ce phénomène, j’ai choisi de l’appeler  »la fuite ou le pillage des pieds »; en référence à « la fuite ou le pillage des cerveaux » qui qualifie le départ des intellectuels ou futurs intellectuels du continent vers d’autres cieux. « La fuite des pieds » en athlétisme a commencé au milieu des années 80. A cette époque-là déjà, quelques athlètes africains de renom faisaient défection de leur sélection nationale au profit d’autres pays, essentiellement européens. C’est le cas des camerounais Issa Nthépé, Sylvie Mballa Eloundou qui avaient rejoint l’Equipe de France. C’est aussi le cas du kenyan Wilson Kipketter (champion du monde et olympique) qui troqua sa tunique rouge kenyane pour une autre, rouge également, celle du…Danemark. Bien d’autres noms peuvent être listés ici comme les ex-nigerians Obikwelu (Portugal), Alozie (Espagne)…

C’est l’appetit des pétro-monarchies du Golfe arabo-persique pour l’athlétisme que le phénomène va connaître une croissance exponentielle. Disposant de beaucoup d’argent, ces pays vont réaliser un véritable pillage dans le collectif d’athlètes de pays comme le Kenya, l’Ethiopie ou encore le Soudan. Ainsi, dans les disciplines de demi-fond et de fond, les représentants des pays comme Bahrein, les EAU, le Qatar sont quasi-essentiellement d’anciens coureurs de pays d’Afrique. Certes les responsabilités individuelles de ces athlètes qui tournent casaque doivent être signalées et dénoncées; mais les pressions financières et matérielles orchéstrées pars ces derniers pays ne laissent pas souvent trop de choix à ces athlètes; lesquels acceptent sans trop de peine de changer de pays, mais aussi dans le même temps, de nom, de religion…. Ces pressions, et toutes les manoeuvres qui les accompagnent ne sont condamnées que du bout des lèvres par les autorités sportives internationales compétentes dans ce domaine. elles le sont encore moins par les dirigeants des Etats d’origine de ces athlètes, qui, au-delà des contestation de principe, ne font rien d’autres pour retenir les champions ou futur champions. Par une telle attitude, ils laissent la porte ouverte à d’autres assauts venus d’autres pays; déjà la Suède, les Pays-bas, l’Allemagne se sont mis sur les rangs. Sans oublier les « historiques » dans ce domaine, que sont la France, la Grande-Bretagne, l’Espagne.

Osaka a revélé à travers le visage de Bernard Lagat (ancien champion kenyan, primé aujourdhui au 1500m pr les Usa), Christine Ohuruogou (ex-Nigeria, championne du 400m pour les britaniques), sans compter les anciens kenyans qui ont rapporté des médialles à leurs nouveaux pays du Golfe dans les disciplines de demi-fond et de fond. Comme eux, d’autres athlètes déjà sont sollicités aussi par les fédérations de ces pays « riches » en prévisions des JO de Pékin et d’autres grands rendez-vous à venir. Et, ce qui est sûr, c’est que beaucoup accepteront les propositions sonnantes et trébuchantes qui leur seront faites. Et ils déserteront les pays d’origine pour aller offrir des médailles et de l’auréole à leurs nouvelles contrées.

Et l’Afrique demeurera, une fois de plus, une terre de pillage; un lieu où il est bien de venir faire son petit marché. Dans le cliquetis des médailles d’Osaka aujourdhui, de Pékin demain et d’ailleurs encore après, qui osera se lever pour denoncer cela? Pour ma part, dans le classement général que je fais pour ces championnats du monde d’Osaka, je comptabiliserai les les médailles remportées par ces athlètes comme des lauriers en faveur de leur pays…d’origine. Rien que çà!

La mort d’un Baron de la Françafrique

29 août 2007

Pierre Messmer est mort ce jour. Coïncidence, c’est le jour ou est inhumé Raymond Barre, décédé lui-même il y a quatre jours. En l’espace de quelques jours, deux grands commis de l’Etat français sont ainsi « partis ». Deux barons de la Françafrique aussi. c’est ce dernier aspect qui nous intéresse.

Si l’implication de Raymond Barre (Premier ministre français de 1976 à 1981) dans les affaires africaines a été plutôt discrète, voire moindre, celle de Pierre Messmer fut ô combien importante. Il est même considéré par certains observateurs avertis comme l’un des principaux ténors de la politique française de l’Afrique sous l’ère De Gaulle, Pompidou, et Giscard. Pour avoir une idée de « l’activité » de cette personnalité sur le continent africain et dans les autres colonies françaises, il faut se reporter à ce paragraphe du quotidien français Le Monde :

« A partir du début des années 1950, il parcourt l’Afrique. Il est gouverneur général de Mauritanie puis de Côte d’Ivoire avant de devenir haut-commissaire de la République, au Cameroun d’abord, en Afrique équatoriale française ensuite, en Afrique occidentale française enfin.

Entre deux missions, il dirige, en 1956, le cabinet de Gaston Defferre, ministre de la France d’outre-mer et auteur d’une loi-cadre qui donne aux territoires coloniaux l’autonomie interne, premier pas vers l’indépendance. Dans ses différents postes, Pierre Messmer prépare la décolonisation. D’où le titre de cet autre livre, paru en 1998 : Les Blancs s’en vont. « Le colonisateur le plus habile n’efface pas le sentiment national quand il existe », souligne-t-il. Il écrit aussi : « Le colonial que j’étais est ainsi devenu acteur de la décolonisation ». En 1959, il quitte Dakar, dernier gouverneur général de l’Afrique occidentale française. « Avec vous, lui dira François Jacob, c’est la France qui évacue ses colonies d’Afrique. Une ère s’achève ».

La figure de Pierre Messmer est donc, jusqu’à un certain degré, intimement liée à une période de l’histoire de l’Afrique. Et il ne s’agit pas d’une période rose ou gaie. Car, comme on vient de le voir dans le bref résumé sus-cité, il a été présent sur le continent à la fin de la période coloniale. A cette époque, il y a occupé d’importants postes de responsabilités: Gouverneur de plusieurs pays notamment. Quand on revisite l’histoire du continent à cette période-là, et qu’on prend connaissance de l’ampleur des « dégâts », répressions, violences, tortures et autres qui ont été commis sur les peuples « indigènes » par l’administration coloniale, on ne peut que constater que ce Monsieur, vu le poste qui était le sien, a participé de manière directe à ces exactions.

Il ne serait dans l’intérêt de personne aujourd’hui de faire un procès en histoire à M. Messmer. Mais, rappeler des éléments comme celui-ci sont bien pour que, dans le concert d’hommages « émouvants » qui lui sont rendus aujourd’hui, que personne n’oublie qu’il fut aussi un méchant tortionnaire. 

Achille MBEMBE à la Une

29 août 2007

Il est sur tous les fronts ces temps-ci. Le Pr Achille Mbembé fait feu de tout bois en ce moment. Il occupe l’actu. il la fait même. Plateau télé, Point de vue, Table-ronde, conférence, interview… Pour donner un aperçu de cet activité tout azimuth, on va citer ses deux « tribunes » en réaction au Discours du président français sur la « jeunesse africaine », tenu à Dakar au Sénégal, le 24 juillet denier. Dans ces deux textes, largement diffusés sur la Toile et dans lusieurs journaux, A MB s’inscrivait en faux contre la quasi-totalité des idées émises par M.Sarkozy dans son adresse aux jeunes africains. Il les a qualifiées (ces idées) « d’anachoniques, racistes et discriminatoires ». Autre sujet, autre présence, les « relations entre la France et l’Afrique ». Là dessus aussi, Achille Mbembé intervient en tant que expert ou consultant dans nombres d’émissions diffusés dans les chaînes de télé en france et ailleurs en Afrique.

ce dernier domaine le tient tellement à coeur qui a décidé d’être l’invité-phare d’une Conférence organisée par le Club Millénium à Paris, vendredi 31 Août; elle aura pour titre « La France et l’Afrique: Rupture ou Regression? » Je donnerai ici, un compte-rendu de cette conf, qui, je le dévine, sera très courrue, par tous ceux qui s’intéressent un peu aux travaux de cet éminent univerrsitaire. Bien plus, je reviendrai aussi sur un ou deux aspects de son dernier livre, qui a pour titre De la postcolonie, dont la 2e édition est sortie en 2005 aux Editions Karthala à Paris. Enfin, si cela est possible, je diffuserai aussi une Interview du Pr, si il a la gentillesse de m’accorder un entretien à la fin de sa conférence de vendredi prochain.

Pour rappel, Achille Mbembé est un universitaire camerounais de renommée internationale. Spécialiste d’histoire, mais aussi de Sciences politiques, il est âgé d’une quarantaine d’années. Diplômée de La Sorbonne en France, il a enseigné à l’université de Yaoundé au Cameroun. Il est actuellement professeur titulaire aux universités de Witwatersrand (Afrique du Sud) et de Californie (USA), et, en même temps, professeur invité dans les universités d’autres pays dans le monde.

Carnets de France

28 août 2007

Je suis en vacances. Depuis vendredi 24 dernier. Et ce, pour 3 semaines. J’ai prévu de « bouger » de me déplacer beaucoup et aussi de me reposer. L’année qui s’achève n’a pas été de tout…repos. Du coup le repos (çà en fait trop de ce terme déjà non!) que je m’impose pendant ces quelques jours, arrive à point nommé, et, en outre, me permettra, je l’espère, de récharger les batteries à fond, pour repartir sur une nouvelle année.

Pleine de promesses, de joies, de réussites et aussi de surprise. Je souhaite d’autant plus tout cela que, j’ai l’impression d’être sur un nuage en cette fin d’été. Car après avoir passé trois semaines avec mon fils (eh oui, nous deux, papa et nico seulement). Ce temps de complicité, d’amour et de (re)connaissance était nécessaire. Avec Nicolas, on a pas eu beaucoup de temps à être tous les deux jusqu’ici. Bien plus, du fait qu’on ne vivent pas ensemble, a même renforcé une petite distance entre ce grand garçon de 21 mois et moi son papa. çà commençait à me peser tout çà; et même me rendre malheureux. Je suppose que lui aussi en souffrait. avec ce premier essai de « moment » ensemble, s’ouvre, j’ose le croire, une longue période de « moments » semblables.

Je suis arrivé à Rennes lundi soir; une ville somme toute agréable. Je découvre cette région et ces charmes. Je fais aussi la connaissance de plein de personnes toutes aussi agréables. Je réside, pour ce séjour, dans une ville (heu, un village) Beignon, à Mi-chemin entre le département du 35 (Rennes) et le 56 (Vannes). Je resterai jusqu’à la fin de semaine. Ensuite, retour à Paris, où je m’en irai peut-être le Week-end voir mon cousin pasteur à Lillr. Mi semaine prochaine, départ pour munich, où Arnold Wandji le parrain de mon fils se marie le 8 septembre. Un moment de détente et aussi, un moment d’émotion au cours duquel je témoignerai une fois de plus toute mon estime à ce grand pote.Enfin, de nouveau je viendrai en Bretagne certainement. 

Entre tous ces moments, je continuerai quelsques-une de mes reflexions sur l’info et l’actualité ici. 

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