« La magie de Noël ». C’est l’une des expressions cultes consacrées à Noël. On l’entend beaucoup chez les nombreuses personnes qui désignent ainsi la frénésie festive qui entoure la période de Noël en particulier et des fêtes de fin d’année en général.
Autrefois concept spirituel développé par les Religions (notamment catho) pour sublimer la naissance du Christ et sa venue parmi les hommes. « La Magie de Noël » c’était pour célébrer l’avènement de »l’enfant Jésus » et tenter d’expliquer par cette expression, le mystère de sa naissance et ses différents symboles. En clair, c’était donc une expression, mieux un concept pour croyants, et particulièrement pour les enfants chrétiens. Seulement, comme la fête de Noël elle-même, cette expression a été détournée à d’autres fins, notamment commerciales et/ou mondaines. Et, dès lors, permet de justifier ou d’expliquer toutes les initiatives, même les plus farfelues, que les gens organisent à partir du mois de décembre. C’est le cas avec les décorations de Noël; celles qui se font à l’intérieur des maisons, mais aussi et surtout celles installées à l’extérieur.
Dans ma petite ville d’Ozoir-la-Ferrière (département de Seine-et-Marne) par exemple, comme du reste dans beaucoup d’autres villes françaises, ce phénomène est particulièrement visible. D’abord en rappel, Ozoir est une ville presque de campagne située à une trentaine de km de Paris. 70% des habitations sont des maisons (pavillons ou résidences); il n y a pas de barres hlm gigantesques, et le logement social est en nombre très réduit, et, les rares qui existent sont vraiment confiné à la périphérie de la ville, près de la gare. Son architecture en maison donc, rend propice le phénomène de décorations de Noël à l’extérieur de la maison dont je parlais plus haut.
Ainsi, de nombreux ozoiriens (les habitants d’Ozoir) ont donc décidé de décorer leurs maisons pendant ces fêtes de fin d’année. Question de vivre et perpétuer, à leur manière, cette « Magie de Noël ». Ces décos sont, pour certains, toutes simples, pour d’autres, très extravagantes. Dans les quartiers à fort logements sociaux comme la « cité » Anne Franck, ou en face de
la Gare SNCF, on remarque qu’il n y a pas ou alors très peu de décorations à l’extérieur des habitations (appartements pour la plupart). A peine entrevoit-on, sur un immeuble, quelques dessins ou alors des jeux lumineux installés discrètement sur les fenêtres.
En revanche, dans les quartiers plus « pavillonnés » comme Armainvilliers, Clos-de-la-vigne, Archevêché ou encore
la Brèche aux loups, le décor est complètement différents. Et les décorations, plus (on va dire) ostentatoires aussi. A commencer par
la Mairie elle-même, qui a tapissé le mur de son enceinte principale de petites lumières multiples. çà fait beau, certes. Mais çà sert à quoi? De même, notre mairie, comme toutes les mairies de France désormais a embelli les poteaux électriques de la ville d’autres jets lumineux bien chics mais dont on peut tout autant se demander l’utilité.
Quand à certains locataires/propriétaires des maisons des quartiers que je citais plus haut, on en trouve qui ont juste installé un « Père Noël » à la fenêtre avec quelques boules sur la porte principale. D’autres quant à eux, par désir de nouveauté ou d’excentricité, ont, en plus des boules sur la porte, ont tapissé le mur de guirlandes, de même qu’ils en ont mis aussi dans la haie constituant la barrière, sans oublier un ou deux autres « Père Noël » installés soit sur une fenêtre, soit sur le toit. Et, summum de cette déco, les boîtes »cadeaux » installées entre la petite barrière et l’entrée principale de la maison.
Que révèle tout cela? Que signifie cette tendance voire cette propension à étaler ainsi ces décorations de Noël en dehors de chez soi? Quelques réponses. Je pense qu’elle illustre la conception exclusivement festive et même banale de Noël que beaucoup de citoyens ont désormais; conception fortement et essentiellement matérielle qui fait donc des éléments extérieurs, le seul ressort de la fête de la nativité. Agréger les signes extérieurs, les éléments du paraître, les produits de consommation, symbolisée ici par une décoration abondante et dispendieuse, voilà comment ils ont choisi de vivre et célébrer la « Magie de Noël ».
Pourtant, est-ce si difficile, qu’à défaut d’être discret à l’extérieur, que les ozoiriens et d’autres encore ne remplissent de cadeaux et de décos que les intérieurs de leurs maisons? Est-ce impossible d’observer qu’en temps de crise, pareils signes devraient être, du moins discrets, du moins adaptés au contexte (par exemple exposés des « Père noël » moins ventripotents… non je rigole)? Songent-ils, la mairie en tête, à la facture énergétique de ces décorations, à l’heure où on ne parle que de précautions écologiques? Est-il impossible de restaurer Noël dans sa vocation de fête des enfants, de la solidarité, de l’humilité et du partage? Enfin est-il possible de redonner à Noël son caractère de « Magie » plutôt que de « Folie »?