Je reviens à ce blog après quelques jours « d’hibernation » disons. Surtout après les Chroniques de mes vacances que je vous ai proposées. Je mettrai un peu plus d’ardeur à être présent ici, et, à refaire de ce blog, la tribune qu’il était.
Il y a quelques semaines, je me suis mis en tête de mieux connaître Frantz Fanon. Et pour y parvenir, mieux que des notes biographiques et des textes adjacents, empruntant à sa pensée, j’ai choisi de lire certains de ses ouvrages. Je viens de terminer Peau noire, masque blancs, paru en 1952. Quel régal! Un véritable chef-d’œuvre que je vous recommande vivement. Vous ne serez pas déçu de prendre un peu de votre temps pour le lire.
De quoi parle t-il? De nombreux sujets. Et comme son titre l’indique, de Blancs et de Noirs; de « races » donc (même si, le politiquement correct d’aujourd’hui « interdit » de considérer que « blanc » « noir » sont des races, je me mets dans la peau de Fanon, qui, en 1952, ne devait pas avoir affaire à ce genres de considérations). Peau noire, masque blanc est un essai qui a marqué l’histoire des réflexions sur la colonisation en générale, et celle effectuée par
la France en Afrique en particulier. Fanon y analyse le colonialisme sous plusieurs angles: sociologique, philosophique, psychologique et même psychanalytique (on notera qu’il était Médecin psychiatre de formation).
Ici, l’auteur se place dans la peau du colonisé, du « noir » pour reprendre la distinction de camp qu’il fait dans son titre. Il s’identifie à ce point de vue. Car il en est l’un des membres. Et même si son statut de médecin lui confère une place de privilégiée, Fanon rentre dans les profondeurs des misères des colonisés pour, dans cet ouvrage, restituer un témoignage authentique et inoubliable. je ne rentrerais pas dans les détails des thèmes abordés, car, comme je l’ai dit plus haut, seule la lecture de ce chef d’œuvre vous permettra d’arriver, je n’en doute pas, aux mêmes conclusions que moi.
L’ouvrage s’ouvre sur une citation de Césaire, extraite du Discours sur la colonisation : « Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme. » Je dirai d’ailleurs que, pour mieux cerner le livre de Fanon, il faut lire également celui de Césaire. Le livre a 5 grandes parties. Dans les 3 premiers chapitres, il parle du Noir moderne. Il scrute ses attitudes, vis-à-vis du blanc, de la femme blanche, des ses frères noirs aussi. Comment existe le nègre? Par quoi? Pour quoi? Que vaut-il au milieu des autres? Ce sont là quelques-unes des questions soulevées par l’auteur dans ces premiers chapitres. Dans les autres, il poursuit dans cette voie.
Au final, le livre montre que, à cause de la colonisation, le noir est un esclave du mythe nègre, spontané, cosmique, sent à un moment donné que sa race ne le comprend plus, et que, lui non plus ne la comprend plus. C’est l’un des effets de la colonisation que Fanon a voulu dénoncer dans ce livre et, bien plus, dans Les damnés de la terre, son autre livre phare.