Donc, arrivée à Douala ce 2 septembre en début de soirée. Dans mon programme, je dois prendre la route après pour rejoindre Nkongsamba, à 130 km de là, lieu de résidence de ma famille. Une petite escale chez ma belle-mère où m’attendait un bon repas du pays. Entre le manger et les salutations, près d’1h30 s’écoule.
Ma mère est malade. Une crise d’hyper-tension l’affaiblit depuis le matin de ce jour; elle est sans doute renforcée aussi à l’émotion de revoir son fils après tant d’années de séparation. A table, dans ce quartier de Douala, elle avale vite fait une petite bouchée et ses médicaments. Elle est en souffrance, et moi avec. Je retrouve ma mère frêle, fatiguée. Une image qui me traumatise presque, moi qui était habitué à la voir forte, courageuse, jamais ingrate d’efforts. Ce jour où j’arrive, elle n’est pas bien. Et c’est peu de le dire. le moindre bruit fort l’indispose. Les secousses de la voiture dans les routes désastreuses de Douala aggravent encore son mal. Seule ma présence lui redonne un peu de sourire.
Pour lui permettre de se reposer au plus tôt, j’écourte un certain nombre de civilités chez mes hôtes de Douala afin que nous prenions la route pour Nkongsamba. Dans le petite voiture de mon père, nous somme 6 a y êtres entassés. 4 derrière, lui devant, ainsi qu’un de ses amis qui conduit. Ce dernier, mécano de formation, a été « réquisitionné » pour parer à toute éventualité de panne sur cette voiture qui n’est plus d’une très grande jeunesse. Il est 20h30 quand nous partons de chez ma belle-mère. La nuit est tombée depuis près de deux heures.
Un ravitaillement en essence moins d’un km plus loin, et le périple peut commencer. A la sortie de la ville, il faut passer le pont sur le Wouri. Véritable épreuve commando dans cette ville. Seul artère qui permette de sortir de la ville de Douala (la plus importante du pays avec plus de 3 millions de personnes) pour rejoindre l’Ouest du pays, le pont du Wouri est un lieu qui donne les insomnies. A toute heure de la journée, il bouchonne. Des embouteillages monstres. Aux heures de pointe, vous pouvez passer 4 heures à franchir les 1800 m qui le constituent. Avec un peu de chance, nous ne restons qu’une heure et quart sur son parcours.
Jérôme, notre chauffeur, est de bonne humeur. Avec ses saillies contre les autres usagers de la route, il agrémente notre trajet. Jurons, blagues, intimidations, il use de toute la diversité de son expression pour, soit avoir une priorité, soit s’excuser d’avoir gêné un autre conducteur… « Dégage de là avec ta vieille voiture », ou encore « tu veux que je creuse une autre route pour y circuler » sont quelques-unes des vacheries qu’il balance à ses « amis » chauffeurs. 20 km après avoir quitté notre point de départ, nous sortons complètement de la ville de Douala. Les usagers se font désormais rares, surtout à cette heure de la journée. Jérôme n’a plus de personne à « insulter ».
Sur cette route principale appelée ici « axe-lourd », nous roulons donc vers notre destination finale. Au passage, nous traversons quelques villes comme Mbanga, Loum, Manjo. À presque 24h30, nous arrivons enfin à Nkongsamba. Nous avons mis presque 4h à parcourir 130km, avec quelques petites frayeurs en prime (problèmes de frein et plaquettes, démarrage). C’est sans commentaires sur la qualité de la route et l’état du trafic (dans un prochain article). A l’entrée de la ville, Jérôme nous abandonne pour rejoindre ses pénates. Sa femme et ses enfants l’y attendent. « Bonne nuit à vous », nous lance t-il. Ce à quoi nous répondons pareil. Papa prend le volant pour les derniers kms. Une dernière petite frayeur: une panne de carburant juste devant une station d’essence du centre-ville. Ravitaillement, et ensuite, direction la maison.
Nous y sommes à presque 1h du matin. Ma sœur Mireille nous attend. Mon frère et mes cousins se réveillent aussi, ainsi que ma tante, dont la maison est attenante à la nôtre. On s’embrasse, on s’étreint, on se dit quelques mots aussi. Mais la fatigue est là. Je ne tiens plus sur mes jambes. Nicolas dort depuis longtemps. Ma plus jeune sœur va le changer et le mettre au lit. Ma mère, complètement épuisée s’en va aussi dormir sans trop s’attarder. Je discute un peu avec Mireille et les trois garçons. A 2h, je me mets enfin au lit. Dans ma chambre, nettoyée la veille par ma mère. Une petite prière pour remercier le Seigneur pour le trajet, les retrouvailles aussi. Et demander la force de bien passer le séjour.
La force, il m’en faudra en effet pour accomplir ce séjour de trois semaines. Je vous en conterai un autre épisode demain.