Avec quelques jours de retard, voici le dernier article sur la trologie « Sarkozy à l’Elysée; An I ».
Un an déjà donc que le président Sarkozy a été élu. Pour quel bilan ? On ne saurait le dire, puisque son mandat ne s’achève que dans cinq ans (2012) et c’est à ce moment-là qu’il faudra tirer tous les enseignements. Mais déjà, on peut dire que les douze premiers mois de Nicolas Sarkozy à la tête de la France se sont déroulés sur un rythme soutenu. Tellement soutenus que, adversaires et même amis politiques n’ont pas pu suivre le rythme. Une vitesse, une frénésie d’action et de discours qui lui ont valu le joli surnom « d’Hyperprésident », trouvé par Laurent Fabius.
« J’ai été élu pour réformer
la France », avait-il dit dès son élection. Depuis, il s’évertue à le (re)dire régulièrement. Pour cette raison, il a donc engagé la France sur plusieurs chantiers à la fois. L’économie, l’éducation, les institutions, les retraites, l’assurance maladie, la justice et bien d’autres secteurs encore. Même s’il n’ont pas encore produit les résultats escomptés (et c’est le moins qu’on puisse dire), ils ont au moins été amorcés.
Sur le plan économique, un « paquet fiscal » a été voté quelques mois après l’arrivée au pouvoir de M. Sarkozy. Celui-ci prévoyait une défiscalisation des heures supplémentaires effectuées par les travailleurs de tous les secteurs, ainsi qu’une exonération du salaire du travail des étudiants. Ces deux aspects ont été bien perçus par les français. Mais dans cette loi, il y avait aussi un allègement des droits de succession, un crédit d’impôt sur les emprunts immobiliers et un aménagement sur l’Impôt sur la fortune. Ces dernières mesures elles ont été perçues comme des « cadeaux au riches », car, ne concernant qu’une petite minorité de la population. Le coût financier de cette loi a été si élevé qu’il a rogné la marge de manœuvre du président et de son gouvernement pour agir sur le pouvoir d’achat des plus pauvres. Pourtant, il avait annoncé qu’il voulait être « le président du pouvoir d’achat, des ouvriers, des pauvres. » Cette première année n’en a pas trop donné l’illustration.
Pour le reste des domaines de la politique intérieure dans lesquels M. Sarkozy s’est investi, on notera une grande réforme des institutions avec un accroissement du rôle du Président de
la République qui pourra désormais s’adresser au Parlement (ce qui n’était pas possible avant) et plus de responsabilités aussi pour les députés. Sur la justice, de nombreux amendements ont été votés qui rendent l’appareil judiciaire plus répressif, notamment pour les jeunes (qui n’auront plus l’excuse de minorité) et pour les multirécidivistes (qui pourront être internés même après avoir purgé leur peine).
S’il est un secteur ou la première année de présidence de Nicolas Sarkozy a atteint son paroxysme, c’est dans la politique « politicienne ». D’abord avec « l’ouverture » (le débauchage de personnalités politiques des autres camps), qui a mis un « joyeux bordel » selon l’expression d’un confrère, chez ses adversaires politiques. Puis avec un mélange de genre entre vie publique et vie privée avec l’étalage (volontaire ou pas) de ses problèmes de cœur dans la presse en général. Résultat de tout ceci, une défaite de son camp lors des municipales en mars, et surtout, depuis le début de l’année, une cote de popularité qui ne cesse de descendre jusqu’à atteindre ce mois le niveau historique le plus bas jamais enregistré par un président français.
En clair, à ce jour, la première année de Nicolas Sarkozy à l’Elysée n’est ni la « rupture », ni la « révolution », ni le « succès assuré » annoncés par lui et ses contempteurs. Mais il y a encore quatre ans pour redresser la barre et faire de
la France le pays « fort, dynamique et moderne » qu’il appelait de ses vœux lors de ses vœux à la nation le 31 décembre 2007. Au rythme d’une annonce quasiment tous les jours sur le plan national, les premières semaines de mandature ressemblait un peu à une opération d’annonce perpétuelle. Après les couacs des municipales, la récession de la conjoncture internationale, la grogne au sein de son parti (et notamment chez les parlementaires), le président a du lever le pied. Pour combien de temps? Est-on en droit de s’interroger. Va t-il abandonner en rase campagne l’essentiel de ses promesses électorales? Va t-il s’imposer aux français par les résultats de sa politique? Ou alors, va t-il tout simplement, comme ses prédecesseurs dont les premiers mois de présidence ont été parfois tout aussi tonitruants, (re)devenir un président « normal », dans la tradition de la Ve République? On le verra au cours de cette deuxième année de mandat.